Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sa robe nuptiale ; puis l’assistance, après avoir salué les mariés, s’éloigne en continuant ses chants, qui se perdent peu à peu.

Scène ii. — Elsa, accablée par une douce émotion, tombe dans les bras de son amant, qui l’entraîne vers le lit de repos, où il la tient tendrement enlacée. Il murmure à son oreille des paroles d’amour, auxquelles elle répond avec ardeur : leurs cœurs, avant de se connaître, s’étaient déjà entendus et compris. Ne l’avait-elle pas déjà vu en rêve, celui que, dans sa détresse, elle avait appelé pour la défendre ? et lui, à cet appel lointain, n’était-il pas accouru, attiré par la force invincible de l’amour ?

Il redit alors passionnément le nom de la bien-aimée, qui déplore de ne pouvoir à son tour prononcer celui de l’époux auquel elle s’est donnée tout entière ; pourquoi ne consentirait-il pas à le lui révéler maintenant qu’ils sont seuls et que nulle oreille indiscrète ne peut les entendre ? Il feint de ne pas comprendre ces paroles et, l’embrassant avec tendresse, il l’entraîne près de la fenêtre pour respirer avec elle les parfums enivrants qui montent des fleurs. Mais Elsa, obsédée par la fatale idée que lui ont suggérée Orlrude et Frédéric, réitère sa question, se fait plus pressante ; en vain son époux la conjure-t-il d’avoir en lui la confiance absolue que lui a eue en elle alors que, sans preuves, il a cru en son innocence et s’en est porté garant, Elsa insiste ; le chevalier, pour la calmer, lui assure qu’elle n’a rien à craindre de son origine, qui est plus élevée même que celle du roi, et que la région d’où il vient est splendide et divine.

Ces paroles ne font qu’exciter la fièvre de curiosité d’Elsa, qui se change bientôt en un véritable délire : elle croit voir arriver le cygne venant lui ravir son héros, et, au comble de l’angoisse et de la déraison, elle formule