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NANETTE.

N’entendez-vous pas… ce bruit de voix dans la cour de la maison voisine ?… (Elle va à la fenêtre de droite et regarde.) Ah ! mon Dieu !…

GASTON, se levant.

Qu’y a-t-il ?

NANETTE, qui a entr’ouvert.

Mais oui… des soldats du guet…

LUCILE, effrayée, se levant aussi.

Des soldats !

NANETTE, lui faisant signe.

Chut !… écoutez !… Ils parlent d’un enlèvement !

GASTON, allant à elle.

Ah ! peste !

NANETTE.

Deux jeunes gens partis d’Étampes ce matin…

GASTON.

Plus de doute… c’est nous qu’on cherche… Fuyons !… (Il veut emmener Lucile.)

NANETTE, les arrêtant.

Impossible !… ils sont en bas !

LUCILE.

Que faire, alors ?…

NANETTE.

D’abord, ne pas perdre la tramontane, et puis… (Apercevant les vêtements sur les fauteuils.) Ah !… oui… c’est cela… prenez ces vêtements de M. et madame Denis.

GASTON, riant.

Ah ! je devine. À moi la douillette… (Montrant la perruque.) et cette perruque !

NANETTE, à Lucile.

Pour vous ce bonnet à barbes et cette… grande pelisse. (Elle aide Lucile à se déguiser[1].)

LUCILE.

Mon Dieu, mon Dieu, si l’on allait nous reconnaître !

NANETTE.

Donnez-vous l’air bien vieux et cassés.

GASTON, prenant la contenance et la voix d’un vieillard.

Nanette !… Na… a… nette !…

NANETTE, riant.

C’est cela !… (À Lucile.) Et vous, mademoiselle ?

LUCILE.

Na… Na… Ah ! je ne pourrai jamais… j’ai trop peur !…

NANETTE.

Alors… ne dites rien… et faites mine de dormir… là, au

  1. Gaston, Nanette, Lucile.