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Traversaient de la mort les nocturnes royaumes.
Empire du néant, vains palais des fantômes ;
Comme en un bois la nuit, quand Phœbé décroissant,
Blanchit l’azur des cieux d’un rayon pâlissant.
À sa lueur infidèle une troupe égarée
Marche à pas incertains dans la route ignorée.
Les Soucis inquiets, les Chagrins, les Remords
Tapissent le portail du noir séjour des morts ;
La Fièvre au teint plombé, la Vieillesse chagrine,
La Faim, mère du crime, et l’affreuse Ruine,
La Pauvreté honteuse, et la Mort et le Deuil,
siègent sur des tombeaux, autour du triste seuil.
Près d’eux gît, assoupi sous l’infernal portique,
Le frère du Trépas, le Sommeil léthargique ;
Plus loin veille la Haine aux sourdes trahisons
Aiguisant ses poignards et broyant ses poisons.
Ici rugit la voix des guerres homicides ;
Là sur des lits de feu heurlent les Euménides,
La Discorde frémit, et contre les passans
Fait dresser sur sa tête et siffler ses serpens.


fin du quatrième livre de l’Énéïde.