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Junon pressait alors d’une amoureuse cuisse
Le ferme braquemart de son vigoureux suisse,
Et secondant les coups de ce maître des vits,
Autour d’elle ébranlait le céleste parvis.
Quand des pleurs du plaisir son œil encore humide,
Apperçut de Didon l’horrible suicide,
Vit son ame souffrante arrêtée au guichet,
Et fit partir Iris avec son noir tranchet ;
Car d’autant qu’à l’insu du divin bourguemaistre,
La belle désertait sans congé, ni semestre,
Proserpine vouant sa tête au sombre bord
N’avait pas sur sa motte arraché le poil d’or.
Iris de sept couleurs pompeusement vêtue,
Des vastes champs de l’air traverse l’étendue,
Et dirigeant son vol vers le fatal bûcher,
Sous la jupe royale elle va se nicher :

« Reçois le passe-port que ma main t’expédie,
» Du séjour des fouteurs Junon te congédie. »

Ainsi dit la déesse, et l’immortel ciseau
Coupe sur le nombril le fragile réseau.
Alors tout mouvement cesse : par chaque pore
De son sang arrêté la chaleur s’évapore,