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Et ce cyclope affreux que le cotillon cache
D’un sang inattendu voit rougir sa moustache.
Dans le palais désert elle court en fureur
En meurtrissant son corps, en heurlant sa douleur ;
Elle arrive, et témoin du spectacle effroyable,
Elle accuse le sort, le ciel, et donne au diable
Sa sœur qui tristement rendait son ame à Dieu.

« Quoi, dit-elle, ( en effet c’était ici le lieu)
Quoi ! ces feux, ces autels, ce pieux sacrifice,
Pour me tromper, ma sœur, n’étaient qu’un artifice ?
Femme ingrate ! as-tu dû si peu m’apprécier ?
Mon sort ne pouvait-il au tien s’associer ?
Au même instant que toi j’aurais ployé bagage,
Et nos âmes de front auraient fait le voyage.
J’aurai donc élevé ce bûcher odieux,
Barbare, pour t’y voir expirer à mes yeux,
Et toi même hâtant ta triste catastrophe,
Pour une tache au drap, jeter au feu l’étoffe.
Ton précoce trépas, ton départ impromptu
Entraînent ton état du même coup foutu,