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Qu’aux tournois de l’amour consacra sa tendresse.
À peine elle apperçoit son bûcher que l’on dresse,
Elle y saute à pieds joints, et d’un bras peu chrétien,
Tire de son fourreau le sabre phrigien,
Ce sabre qu’en faveur de son droit de jambage
Lui donna son amant pour un moins triste usage.

Si-tôt que du parjure elle eut apperçu là,
Et le frac du matin, et l’habit de gala,
Ce lit sur-tout, ce lit où sa chaude moniche
Au priappe Énéen servit long-tems de niche,
Suspendant un moment ses pleurs et ses sanglots,
Elle s’y précipite et dit ces derniers mots :

« Ô restes précieux, ô dépouille chérie,
Tant que le ciel permit le bonheur à ma vie !
Voiles qui receliez des appas si nerveux,
Ouvrez-moi votre sein où logeaient tous mes vœux.
Recevez-y mon ame à regret exhalée,
Qu’elle n’y soit jamais de noirs soucis troublée.