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Et sans cesse au dragon servait pour nourriture
Des tourtes, moitié crème, et moitié confiture ;
Son art a le pouvoir de délivrer les cœurs
Des folles passions, des lubriques ardeurs,
Et par un jeu contraire allumer dans une ame
L’ardente soif du foutre et l’histérique flamme,
Faire rétrograder tous ces astres errans.
Près d’elle tous sorciers ne sont que de francs ânes ;
Du manoir ténébreux elle évoque les manes ;
Tu verrais sous ses pas la terre s’entr’ouvrir,
Les pins du haut des monts à sa voix accourir.
Du puissant dieu du jour, ô pine diaphane,
Je vous prends à témoin que, malgré moi profane,
Et de l’art infernal empruntant le secours,
À la négromancie à regret j’ai recours.
Chère Anne, de mon cœur confidente sensible,
Des cours de mon palais choisis la moins visible ;
Qu’en secret par tes soins on y dresse un bûcher ;
Ta main y placera tout ce qui me fut cher,
Les armes du perfide et ses tristes dépouilles
Ce lit où m’inonda le doux jus de ses couilles ;