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Arrêter, repousser leurs efforts désastreux ;
C’est envain qu’à l’abattre ils s’escriment entre eux,
Et de ses bras rompus jonchent au loin la terre,
L’arbre au sol attaché se fout de leur colère ;
Son pied du roi des morts foule le noir taudis,
Et son front orgueilleux est prêt du paradis :
Également battu, l’inexpugnable Énée
Tient bon contre les cris d’une femme effrénée,
Vainement son cœur parle et son vit se roidit,
Il fait taire son cœur, et fait baiser son vit.

Sure enfin des projets d’une pine infidelle,
Et veuve de l’espoir d’en parer sa chapelle,
Didon dans son angoise implore le trépas ;
Car de quoi sert la vie alors qu’on n’y fout pas ?
De prodiges sans nombre un sinistre cortège,
À chaque instant du jour la poursuit et l’assiège ;
Tandis que sur l’autel où brûle un pur encens,
Aux dieux hospitaliers elle offrait ses présens,
(Ma pine à ce récit, et se crispe, et se glace)
Elle a vu du saint lieu les murs changer de place,
Dans les vases sacrés les liqueurs se noircir,
Le vin en sang caillé changer et s’épaissir ;