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Le ministre du ciel (mon cœur vous le cachait ;
M’a remis ce matin ma lettre de cachet ;
Je l’ai vu plus léger qu’un des enfans d’Éole,
Descendre couronné de la sainte auréole,
Et du son de sa voix j’ai le tympam félé,
Modérez donc l’aigreur de ce long démêlé ;
Croyez que malgré moi… Tandis qu’il parle encore
D’un crachat sur le nez la reine le décore,
Et lançant contre lui des regards de travers,
D’un silence pénible elle sort par ces vers :

Non, tu n’es pas sorti d’une source divine,
Le sang de Dardanus n’anime pas ta pine,
Né du Caucase affreux, par les tigres nourri,
De pierre et de cailloux ton cœur dur fut pétri,
Pourquoi dissimuler ? qu’attendre ? Le parjure
Peut-il pousser plus loin la fourbe et l’imposture ?
Non, pour peindre son cœur, et lâche, et déloyal,
Je ne vois point de noms… dans l’apparat royal.
A-t-il plains mes ennuis ? A-t-il à mes alarmes
Donné quelques soupirs, accordé quelques larmes ?