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Et dans un défilé l’arrêtant au détour :

« Perfide, espérais-tu me cacher un tel tour,
Dit-elle, et méditant une lâche retraite,
Déloger de chez moi sans tambour ni trompette.
Ni ton amour juré, ni ces plaisirs secrets
D’un hymen incertain à-comptes indiscrets,
Ni même ta Didon à périr toute prête,
Ne peuvent donc t’ôter tes projets de la tête ?
Quoi ! tu veux de l’hiver affronter les dangers ?
Si tu ne fuyais pas vers des bords étrangers,
Sur un sol inconnu qu’un faux titre t’octroie,
Si Troie était encore, irais-tu chercher Troie
À travers les écueils d’une mer en courroux ?
Est-ce moi que tu fuis ? fuis-tu des nœuds si doux ?
Perfide, par ces pleurs d’une amante éconduite ;
Par ta main à branler jadis si bien instruite ;
Par ton vit (puisqu’enfin dans son goût dépravé,
Didon, hormis ton vit, ne s’est rien réservé,)
Par ces premiers transports dont ma motte enivrée,
Se vit combler trop tard, se voit trop tôt sevrée.