Page:Laurenceau - Le Petit neveu de l'Arretin, ouvrage posthume trouvé dans le portefeuille de son grand oncle, BnF Enfer-373, 1800.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 30 )

La poussière autour d’eux s’élève en tourbillons,
Et dérobe aux chasseurs leurs nombreux bataillons.

Au milieu des piqueurs l’impétueux Ascagne
Caracole monté sur un cheval d’Espagne,
Brûle de voir un ours, une louve, un lion :
Gibier digne des coups des enfans d’Illion.

L’horizon cependant d’un voile épais se couvre ;
L’éclair vif et fréquent le déchire et l’entrouvre ;
Sur les rocs caverneux le tonnerre a grondé,
Les cœurs ont tressailli ; les vits ont débandé.
Alors sauve qui peut ; le tonnerre et la grêle
Font fuir de toutes parts les chasseurs pêle-mêle,
Les monts avec fracas vomissent les torrens.
La reine, et le troyen dans la nuit sombre errans.
Arrivent tous les deux à la même caverne ;
C’est l’amour qui, muni de sa sourde lanterne
Avait conduit la belle en cet antre écarté,
Où le héros amant subjugua sa fierté.

Muse, ô toi qui n’as pas le scrupule futile,
Qui jadis alarma la pudeur de Virgile,