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Chez ceux-ci, la seule chose à considérer, la seule chose existant réellement, c’est le dollar ! Un jour j’étais allé me reposer dans une maison de santé située dans une petite ville non loin de New York. Le docteur m’avait conseillé de sortir une demi-heure par jour pour me distraire. Dans cette ville on ne parlait qu’anglais, chacun ne vivait que pour soi et j’avais un peu l’allure d’un chien étranger qui traverse un village. Je ne tardai pas à avoir l’impression très nette, la conviction intime que s’il m’arrivait d’être malade et de tomber dans la rue, personne ne viendrait à mon secours. Chacun court à ses affaires. Les policemen sont payés pour ces accidents-là. Les populations de ces petites villes sont composées de Grecs, d’Italiens, d’Irlandais, d’Autrichiens, d’Allemands, de Russes, d’Espagnols, de Roumains, de nègres, tous rivaux et prêts à tout pour gagner une fortune. Mais revenons au Canada.

Outre leur grande moralité, il y a une autre qualité qui distingue les Canadiens-Français des autres races du Continent : c’est leur large esprit de tolérance.

En Ontario, on ne supporterait pas que les policemen, les employés des postes, des téléphones, des banques parlassent trop souvent en français. Toutes les affiches, les avis, les décrets, les lois nouvelles y sont rédigées en anglais seulement au mépris de la loi et en dépit du nombre croissant des Canadiens-Français qui viennent s’y établir.