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lement rester là, mais encore s’y multiplier. Le fait est qu’ils pullulent, qu’ils fourmillent au point que de soixante mille ils sont devenus près de quatre millions. La province de Québec ne leur suffit plus, ils débordent dans les provinces voisines, ils ont même franchi le 45ième degré et environ un million des leurs sont passés aux États-Unis. Voici donc quatre millions d’êtres qui maintiennent sur cet immense continent, notre langue, notre foi, nos mœurs, en un mot tout ce qui constitue le génie de notre race. N’y a-t-il pas de quoi faire bondir notre cœur d’enthousiasme ?

Mais de l’autre côté, les Canadiens-anglais soutiennent que le pays est à eux par droit de conquête et qu’ils entendent l’administrer à leur guise. Leur programme est celui-ci : une race : la leur naturellement ; une langue : la leur ; une religion : la leur. Heureusement nos Canadiens-français tiennent bon, ils défendent farouchement leur race, leur langue, leur religion. Que faire ? L’Angleterre qui est une nation très libérale et qui n’a pas l’intolérance des anglais du Canada en a pris son parti. Elle a fait de nos Canadiens-français des sujets anglais en leur garantissant tous les droits qui s’attachent à ce titre et en même temps elle leur a laissé le libre exercice de leur foi, de leur langue et de leurs institutions, le tout dûment écrit et enregistré dans la Constitution. Théoriquement cela est très beau et d’une haute sagesse : pratiquement cela aboutit à des « frictions ».