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« Il y a longtemps que le Canada est découvert : vous n’avez rien d’un explorateur. »

Je sais bien que d’autres avant moi ont instruit les Français des choses canadiennes, témoin Maurice Barrès pour ne citer que celui-là. N’empêche que sur 38 millions de Français il n’y en a pas deux millions, que dis-je, pas même un million qui sachent ce qu’est le Canada français. Vous en doutez ? Faisons ensemble une expérience. Allons à Paris, le centre de l’intellectualité française, asseyons-nous à la terrasse d’un café, sur les grands boulevards à l’heure où sortent les midinettes et les ouvriers. Adressons-nous, sans choisir, au premier qui passe et posons-lui la question : « Qu’est-ce que le Canada ? »

Cet ouvrier, cette midinette ignorent peut-être l’existence de ce pays, il y a belle lurette que l’un et l’autre ont oublié l’histoire et la géographie. Pourtant s’ils en ont encore gardé quelques bribes dans leur souvenir, ils vous répondront que le Canada est une possession anglaise, qu’il est peuplé d’Anglais et de quelques Peaux-rouges, derniers survivants de l’occupation. Ils ajouteront, peut-être, qu’on y voit encore quelques rares Français disséminés çà et là.

Nous n’obtiendrons pas davantage et encore cela sera bien beau.

Renouvelons notre question à dix, vingt, trente personnes : la réponse ne variera pas ou bien peu.