Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 9, part. 3, J-K.djvu/310

Cette page n’a pas encore été corrigée

1162

KAPN

semblée religieuse pour amener à une fusion les deux religions du pays et réunir en un seul ordre les moines tao-see et ho-chang, éprouva une vive résistance, mais imposa momentanément sa volonté en livrant aux supplices ceux, qui résistaient. Ce prince, « sans réserve et sans dignité, dit Ch. Labarthe, parcourait les rues s’attablant avec le premier venu. Par ce singulier mélange de popularité et de tyrannie, il joignait, à la haine qu’inspiraient son usurpation et sa cruauté, le mépris qu’il donnait pour sa personne. > Il mourut exécré de ses sujets.

KAO-YAO, célèbre ministre chinois, mort en 2204 avant notre ère. Après avoir rempli de hautes fonctions sous les empereurs Tchoan-hio et Yao, il devint, sous le règne de Chun, ministre de la justice, puis premier ministre, conserva ce dernier poste sous Yu, refusa à deux reprises de monter sur le trône et mourut dans un âge très-avancé. Ce fut Kao-Yao qui établit cinq sortes de supplices pour punir les coupables selon la gravité des crimes ; mais le peuple, dit-on, se montra si fidèle observateur des cinq devoirs capitaux indiqués par le ministre, que les peines édictées par lui reçurent de très-rares applications. Il était du nombre des sages qui furent appelés pakai (les huit).

KAPA-MARA s. m. (ka-pa-ma-ra). Bot. Un des noms de l’acajou à pommes.

K.APANÉ s. f. (ka-pa-né). Antiq. gr. Sorte de voiture traînée par des mules : La kapané des Grecs ressemblait au carpentum des Humains. (Suppl. de l’Acad.)

KAPELLE (Jean van), peintre de marine hollandais du xviie siècle. La date de sa naissance et celle de sa moi’t sont inconnues. Ses œuvres, disséminées d»ns les musées de l’Europe et les cabinets d’amateur, l’égalent aux plus fameux peintres de paysage et de marine de l’école hollandaise : Albertj Cuyp, Van de Velde, Van Goyen. Il excellait à rendre les eaux et les ciels, et reproduisait les vaisseaux d’une touche magistrale. Son coloris est chaud et harmonieux ; ses effets de soleil sur la mer et les canaux sont surtout d’une grande vérité.

KAPILA, ancien sage indou, dont l’origine et les aventures sont devenues autant de mythes, si bien qu’il est impossible de savoir si l’on a affaire à un homme réel ou à une personnification. D’après la légende la plus accréditée, il était petit-fils de Kardama et de Dévahouti, fille d’un manou. Il habitait le centre du globe ; c’est là que les 60,000 Ikchoakavas, tous fils de Sagara, le trouvèrent absorbé dans une profonde méditation, auprès du beau coursier à la recherche duquel ils étaient ; ils accusèrent Kapila d’être le voleur du cheval, ils le frappèrent et l’injurièrent ; a la fin, le vieillard, ramené violemment sur la terre, les consuma d’un souffle de ses narines. Quelquefois, on regarde Kapila comme une incarnation ou avatar de Vichnou. C’est à lui que l’on attribue l’invention du système

Êhilosophique connu sous le nom de sûnkhyâ.ans le commentaire de Gaud’apa’da sur le Sûnkhya-Karika, il est dit que Kapila fut le fils de Brabma, et un des sept grands vichis, ou saints, nommés dans les Pouran’as ou Théogonies comme les émanations de cette divinité. Ses deux disciples les plus distingués, Aasouri et Pantchasira, y sont élevés au même rang et à la même origine divine. Un autre commentateur l’assimile, non à Brahma ni à Vichnou, mais à Agni. Dans le fait, le mot Kapila, outre sa signification ordinaire de couleur basanée, a pareillement celle de feu, et cette ambiguïté de sens a servi de fondement à plusieurs légendes, dans les théogonies indiennes, concernant le "sage de ce nom ; on peut se demander si Kapila ne serait pas un personnage entièrement mythique, auquel le véritable auteur du Sâiih/iyd, quel qu’il soit, aurait attribué cette doctrine. Une collection de Soufras, ou Aphorismes succints, en six leçons attribuées à Kapila lui-même, existe sous le titre de Sdnkhyâ pravatchuna, et l’on en possède un commentaire intitulé Knpila-Dràchia. Ces deux œuvres diffèrent complètement sur un point capital dans la mythologie indoue, l’idée qu’on doit se faire de Dieu, l’un l’admettant comme créateur et l’autre non ; elles diffèrent, en outre, dans des matières moins importantes, non sur des points de doctrine, mais dans le degré de valeur que les exercices extérieurs, des raisonnements abstraits et l’étude possèdent comme préparations requises de la contemplation, qui est la vraie vie du sage.

KAPIRAT s. m. (ka-pi-ra). Ichthyol. Poisson du genre notoptère,

KAPNIST (Wasili Wasiliewitsch), poète russe, né en 1756, mort en 1823. Il était parent de Derzawine, qu’il prit pour modèle. Kapuist suivit la carrière administrative, devint conseiller d’État, et consacra ses loisirs à la culture des lettres. Il était, à sa mort, membre de l’Académie de Saint-Pétersbourg. Ses poésies lyriques, dont le recueil fut publié en 1806, se distinguent par la pureté du style et l’élévation des pensées. On a encore de lui une excellente traduction d’Horace en langue russe ; une critique de l’Odyssée, qui repose sur do simples hypothèses, et qui est

tilus ingénieuse que profonde ; une comédie, a Chicane (1700), dans laquelle il attaque ouvertement et avec beaucoup d’esprit les

KARA

vices de l’administration judiciaire russe ; une tragédie, Antigone (1815), etc. — Une petite-fille de Kapuist, Elisabeth Wasiliewa Kobylin, comtesse de Salias, s’est fait connaître à notre époque comme romancière, sous le pseudonyme d’Eugénie Turh. Il a paru en 1859, à Moscou, un recueil en 4 volumes de ses Contes et Nouvelles.

KAPNOFUGE adj. V. CAPNOPUGE.

KAPORNA, lieu de Hongrie, près d’Erlau. Succès des généraux autrichiens Schlick et Windischgrœtz sur les Hongrois, commandés par Goergei et Dembinski, généraux de l’insurrection hongroise en 1849.

KAPOSVAR, bourg des États autrichiens (Hongrie), ch.-l. du comitat de Somogy ou Schimègh, sur le Kapos, à 145 kilom, S.-O de Bude ; 3,072 hab. Gymnase catholique, culture de tabac. Ancien château fort pris par les Turcs en 1555, 1654 et 1686.

KAPOUR, ville de l’Inde. V. Campour.

KAPPA ou CAPPA s. m. (kapp-pa). Philol.

V. CAPPA.

KAPPAR s. m. (ka-par). Mêtrol. Nom d’une mesure de capacité usitée en Suède, et qui vaut Utj’it^go.

RAPPEL, village de Suisse. V. Cappel.

KAPpeln, bourg de Prusse, prov. du Slesvig-Holstein, à 28 kilom. N.-E de Slesvig, sur la Slei, et près de son embouchure dans le Petit Belt ; 1,473 hab. Port, chantiers de construction ; importante pèche au hareng et navigation active.

KAPRENA, bourg de la Grèce moderne, dans le diocèse de Béotie, ch.-l. du dème de Chéronée, k il kilom. E. de Lébadée, et près de l’emplacement de l’ancienne Chéronée.

KAPRONCZA, ville de Hongrie. V. Koprei-

NITZ.

KAPSALI, ville de la Grèce moderne, ch.-l. de l’île de Cérigo, sur la côte méridionale ; 5,000 hab.

KAPSPERGER (Jean-Jérôme), célèbre compositeur et virtuose allemand, qui vivait au xvne siècle. Le lieu et la date de sa naissance, ainsi que l’époque de sa mort, sont complètement inconnus. On sait seulement qu’il vivait en Italie, qu’il habita d’abord Venise, puis Rome, où il termina probablement ses jours. Un de ses contemporains, Doni, a représenté cet artiste comme un triste vaniteux, jaloux de ses émules, qu’il dépréciait à outrance, et cherchant tous les moyens possibles de popularité. Cette assertion est en partie confirmée par les incroyables dédicaces qu’il a fait placer en tête de ses ouvrages. D’après M. Èétis, la musique vocale de ce compositeur ne serait qu’une imitation de la manière de Monteverde et de Uabrielli, et son harmonie, généralement mal écrite, fourmillerait de dissonances. Ses œuvres, placées, pour la plupart, sous le patronage du pape Urbain VU ! et des grands personnages de Rome, et qui ont joui d’une grande vogue dans leur temps, se composent principalement de : tablatures de guitare (chilarone) et de luth ; villanelles à plusieurs voix ; Arie passeggiate ; motets ; ballets, gaillardes et courantes ; symphonies ; Poèmes et Chants de Barberini mis en musique ; les Pasteurs de Bethléem à la tiaissunce de Notre-Seigneur, dialogue récitatif à plusieurs voix ; un épithalame ; drames divers ; concerts spirituels ; dialogues latins et italiens.

KAPTCHAK, dénomination par laquelle on désignait, au moyen âge, le pays situé au N. de la mer Caspienne, entre l’Oural et l’Aluta, et qui était habité par les Cumans ou Polovtses. Kaptchak était d’ailleurs le nom particulier d’une des nombreuses hordes qui erraient au milieu de ces immenses steppes auxquels leur nom finit par rester. Les Monfols ou Tartares y fondèrent, vers 1224. un hanat connu dans l’histoire d’Orient sous le nom d’empire de Kaptchak ou delà Morde d’or, et aussi de la Grande Horde (du mot mongol orda, qui signifie tente, et par extension bande, armée). Ce vaste empire, après s’être agrandi aux dépens des Russes, subit plusieurs démembrements. Au milieu du xve siècle, il formait cinq khanats : l<> le khanat des Tartares Nogaïs, sur les bords de la mer Noire et de la mer d’Azor, entre le Don et le Dniester, qui fut détruit au jcvmc siècle ; 2° le khanat de Crimée, tributaire des Russes eu 1474, puis soumis aux Turcs, qui le cédèrent à la Russie en 1784 ; 3<> le khanat d’Astrakhan, entre le Volga, le Don et le Caucase, conquis par les Russes en 1554 ; 4° le khanat de Kaptchak proprement dit, au N. du précédent, entre l’Oural et le Volga, détruit par Ivan III en 1481 ; 5° le khanat de Kazan, depuis la Samarie jusqu’à Viatka, soumis par Ivan III en 1486, et de nouveau par Ivan IV en 1552.

KAPTUR s. m. (ka-ptur). Sorte de gouvernement provisoire qui fonctionnait en Pologne pendant les interrègnes.

KAR, le maître du vent, dans la mythologie du Nord. Il est fils du géant Fornjoter ; ses descendants s’appellent Frosti (la gelée), lôkul (la glace) et Snâr (la neige). Il habitait le Groenland.

KARA (mer de), formée par l’océan Glacial arctique, entre la Russie d’Europe et lu Russie d’Asie, au S. de la Nouvelle-Zemble. Elle

KARA

baigne, dans sa partie S.-O., le gouvernement d’Arkhangel, et à l’E. celui de Tobolsk. Elle a environ 150 lieues de longueur du N.-E. au S.-O. Les glaces l’embarrassent continuellement vers le N. Trois principaux détroits donnent entrée dans la mer de Kara ; le plus grand, au N.-E., est entre la partie orientale de la Nouvelle-Zemble et l’extrémité septentrionale du gouvernement de Tobolsk ; les deux autres, au S.-O., sont les détroits de Vaitgatsch et de Kara, le premier entre le continent et l’île de Vaigatsch, et le second entre cette île et la Nouvelle-Zemble. La partie méridionale de cette mer porte le nom de golfe de Kara ; c’est là que débouche la rivière de Kara, qui coule sur la limite de l’Europe et de l’Asie

KARA, rivière de la Russie septentrionale. Elle sort du versant occidental des monts Our rais coule au N., puis au N.-O., forme une partie de la limite entre l’Europe et l’Asie, et se jette, par une grande embouchure, dans le golfe de son notn7qui n’est qu’une division de la mer de Kara, après un cours de 250 kilom. Son affluent principal est la Silova, qu’elle reçoit à gauche.

KARA (détroit de), détroit formé par l’océan Glacial arctique, entre la Nouvelle-Zemble et l’île de Vaigatsch, près des côtes de la Russie d’Europe, à l’O. de la mer de Kara. Sa largeur est d’environ 15 lieues.

KARA-AM1D, ville de la Turquie d’Asie. V. Diarbékir,

KARA-ANGOLAM s. m. (ka-ra-an-golamm). Bot. Nom que les Indous donnent à l’alangion hexapétale, arbre indigène du Malabar.

KARA (George), général serbe. V. Czkrnt.

KARABAGH, c’est-à-dire Jardin noir, contrée de la Russie d’Asie, dans le gouvernement de Chemoki, sur les deux rives de l’Araxes, à l’E. de la mer Caspienne et au S. du Kour ; elle est limitée, à l’O., par l’Arménie russe et la Géorgie. Elle a environ 40 lieues du N. au S., et autant de l’E. k l’O. Ses rivières les plus importantes sont l’Araxes, le Kour et le Bergouchet. Le territoire produit en abondance des céréales, du riz, du chanvre. On y élève des vers k soie et des bestiaux ; il y a beaucoup de gibier et d’abeilles sauvages. On y compte plus de 100,000 hab., Turcomans et Arméniens, et dans ces dernières années, cette population s’est encore augmentée d’un grand nombre de Grusiens et de Russes. Le chef-lieu est Schascha ou Schousehi. Ce pays est célèbre dans l’histoire du moyen âge par le séjour qu’y fit Timour. Il tire son nom de Karabagh de l’ancienne résidence de ce prince, dont il n’existe plus aucun vestige.

KARABE s. m. (ka-ra-be). Mar. Petit bâtiment qui était en usage chez les Grecs du moyen âge.

KARABÉ ou CARABE s. m. (ka-ra-bémot persan qui signif. tire-paille).. carabe.

KARABIQUC adj. (ka-ra-bi-ke — rad. ka. rabéj. Chira. Syn. de suuciniq.uk.

KARABOULAKS, nom d’une tribu de montagnards qui habitent les défilés du Caucase, et qui ne se soumirent à la domination russe qu’après avoir longtemps disputé leur indépendance à l’ambition moscovite.

KARABOCNAR, ville de la Turquie d’Asie, dans la Caramanie, sandjak et à 120 kilom. S.-O. de Koniéh, Mosquée construite par le sultan Sélim.

KARACATIZA s. m. (ka-ra-ka-ti-za). Moll. Nom vulgaire des poulpes sur les bords de la mer Noire.

KARA-CHEHER, c’est-à-dire Ville noire, ville du Turkestan chinois, dans la petite Boukharie, province de Thian - chan, a 500 kilom. N.-E. de Kaschgar, au pied des monts Célestes, et près de la rive septentrionale du lac Bosteng. Habitée par des Kalmouks Torgouts.

KARACOULAK s. m. (ka-ra-kou-lak). Mamm. Nom du caracal en Orient.

KARA-DAGH, c’est-à-dire Montagne noire, district de la Perse, dans la partie septentrionale de l’Aderbaïdjan, sur les limites des possessions russes, dont il est séparé par l’Araxes. Le chef-lieu de ce district, riche en mines de fer, est Akhar.

KARADJA-DAGH, le Masius mons des anciens, chaîne de montagnes de la Turquie d’Asie, dans le Diarbékir, entre les bassins de l’Euphrate et du Tigre. La direction de cette chaîne est de l’O. au S.-E.

KARADJÉ-BOUROUN, cap de Crimée, au S., sur la mer Noire, par 44° 28’de lat. N., et 31° 30’de long. E. Anciennement, cap CriouMetopon.

KA RADJ1TSCH ou KARAJ1 CU(Vuk-Stephanwoilseh), célèbre poète serbe, néàTrtschitsch (district de Jadar) en 1787, mort en 1864. Fils d’un pauvre paysan, il montra de bonne heure une intelligence remarquable, ce qui décida ses parents a le destiner à l’état ecclésiastique, la seule carrière ouverte alors aux sujets chrétiens de la Turquie. Ils l’envoyèrent successivement aux monastères de Ternosch et de Loznica ; mais bientôt ils ne purent suffire aux frais que nécessitait son séjour loin d’eux, et Vuk fut forcé de revenir | dans son village et de garder les troupeaux. I

KARA

Pour charmer les ennuis de ses longues heures de solitude, il se mit à composer des vers, des chansons, et bientôt les joueurs ambulants de guzla accoururent de toutes parts lui demander des chansons nouvelles.

Le mouvement national de la Serbie vint pour un temps mettre un terme à ses travaux. À l’appel de Kara-Georges (1804), il s’enrôla dans 1 armée de l’indépendance et, tout en faisant courageusement son métier de soldat, servit de secrétaire à plusieurs chefs des insurgés. Le soulèvement ayant été comprimé, il dut se réfugier en Autriche et se rendit à Carlstadt pour y suivre les cours des éc’oles serbes. La guerre s’étant bientôt rallumée, il vint reprendre son poste parmi les défenseurs de sa patrie, et, après la prise de Belgrade en 1806, devint successivement secrétaire du sénat de Belgrade, plénipotentiaire de Kara-Georges pour le règlement de certains intérêts relatifs à la passe de Widdin et chef du district de Berza-Palonka, sur le Danube. L’insurrection ayant de nouveau été comprimée en 1813, Vuk fut encore réduit à s’enfuir en Autriche et se rendit à Vienne, où le savant Kopitar se fit à la fois son maître et son protecteur et obtint pour lui un emploi à la bibliothèque de cette ville. D’après ses conseils, il entreprit non-seulement de faire connaître la poésie des Slaves orientaux, mais encore de fixer la langue serbe, qui n’existait alors qu’à l’état d idiome parlé ; et comme le vieil alphabet du slave ecclésiastique, qui était la seule langue littéraire, n’avait pas assez de signes pour rendre tous tes sons de la langue usuelle, il emprunta à l’alphabet russe la plupart de ses caractères. Le premier ouvrage qu’il publia fut une Grammaire de la langue serbe (Vienne, 1814), que suivirent bientôt un recueil de Chants populaires serbes (1814-1815, 2 vol.) et un Dictionnaire serbe-allemand-latin (ISIS).

Après la reconsti’ution de la Serbie en principauté, sous le gouvernement de Milosch, Karadjitsch revint en 1820 dans sa patrie ; mais il eut à lutter contre la formidable opposition organisée par les adversaires que lui avaient faits ses innovations grammaticales. Cette opposition ne fit que s’accroître lorsque, appelé par Milosch à coopérer à l’organisation de l’enseignement public, il eut fait connaître sonprojet de mettre en vigueur la muthode de Laiicaster. Se voyant impuissant à vaincre ses adversaires, il se décida à revenir à Vienne. Mais les chants de guerre qu’il avait publiés et qui s’étaient rapidement répandus parmi les populations slaves du sud de l’Autriche avaient éveillé en elles le sentiment de leur nationalité, et bientôt le gouvernement autrichien en vint à regarder Karadjitsch comme un agitateur politique des plus dangereux. Aussi, lorsque, son premier recueil épuisé, il voulut en publier une seconde édition, la censure viennoise s’y opposa-telle formellement. Il se rendit alors à Leipzig, et ce fut là qu’il publia cette nouvelle édition, considérablement augmentée, sous le titre de Chants nationaux serbes (1823-1824,

4 vol.).

En 1828, Milosch le rappela pour prendre part aux travaux de la commission chargée d’élaborer un code pour la Servie. Il rendit d’éminents services à cette commission, et, lorsqu’elle eut terminé ses travaux, en 1830, il fut nommé président de la ville de Belgrade. Mais, l’année suivante, il donna sa démission et alla se fixer à Vienne, qu’il ne quitta plus que pour entreprendre quelques voyages en Russie et dans les possessions slaves de l’Autriche. En 1S4S, il se rendit au congrès général des Slaves à Leipzig, mais refusa de jouer aucun rôle politique. Ses travaux favorisl’absorbaientemiereinent. Avant cette époque, il avaitencore publié : le Prince Milosch Obrenowitsc/i C’esth, 182S) ; Proverbes populaires serbes (Cettigne, 1S3S) ; le Monténégro et les Monténégrins (Stuttgard, 1837) ; une nouvelle édition de ses Chants populaires (Vienne, 1841-1846, 3 vol.), à laquelle ilajouta plus tard (1862) un quatrième volume ; Trésor de l’histoire, de la langue et des usages des Serbes des trois rites (1849), publication qui renfermait de précieux matériaux, mais qui malheureusement ne fut pas continuée ; enfin on lui doit une deuxième édition de son Dictionnaire serbe-allemand-latin (Vienne, 1852, grand in-8°), édition qui peut être regardée comme un nouvel ouvrage, car elle renferme plus de 47,000 mots, tandis que la première n’eu comptait que 24,000 ; un annuaire littéraire intitulé I Aurure (Vienne, 1826-1834,

5 vol.), où l’on trouve de précieux documents pour l’histoire et la philologie ; un recueil de Contes populaires serbes (Vienne, 1853) et une étude historique intitulée : le Sénat serbe au temps de Czerny-Georges (Berliû, 1857).

Karadjitsch ne s’est pas borné à écrire de remarquables poésies dans une langue jusqu’alors méprisée des lettrés. Il dota cette langue d’une grammaire et d’un dictionnaire, l’assouplit à des formes nouvelles, lui imposa des règles certaines et créa ainsi un instrument qui ne le cède à aucun autre idiome slave en richesse et en souplesse. De plus, ses recueils de chants populaires, en rappelant à ses compatriotes le glorieux souvenir de leur grandeur passée, réveillèrent les sentiments de nationalité et d’indépendance qui sommeillaient au fond de leurs cœurs, et appelèrent sur les Serbes l’attention du monde civilisé. Les Chants populaires de Karadjitsch ont été traduits dans presque toutes les lan-