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elle créa le rôle de Cendrillon, dans l’opéra d’Étienne et Nicolo(22 février 1810). (J’est là qu’il est mort, confit en dévotion.

On attribue à cet acteur : l’Ivrogne tout seul, monologue-vaudeville eD un aete, en société avec Brazier ; Pari* et Londres, vnudeville en deux actes, avec Armand Danois et Brisset. Dès son séjour aux Variétés (Montansier), il avait commencé une série de caricatures de ses camarades dans leurs meilleurs rôles, et c’est à lui qu’est due, en grande partie, la collection des portraits d’acleurs publiée pendant une longue Suite d’années par l’éditeur Martinet, rue du Coq.

JOLY (Joseph), littérateur français, né à Salins en 1772, mort à Paris en 1840. Il avait à peine seize ans qu’il professait déjà les humanités au collège de Juilly. Appelé à l’armée, il fit les premières campagnes d’Allemagne, puis revint à Paris, apprit les principales langues de l’Europe, se familiarisa avec les littératures de l’Allemagne, de l’Angleterre, de l’Italie, obtint, grâce à Daunou, son ancien maître, un emploi dans les bureaux du Directoire (1795), et fut ensuite conservateur des monuments artistiques et secrétaire de la commission française en Toscane (1799-1801). De retour en France, Joly refusa les emplois qui lui furent offerts sous l’Empire et sous la Restauration, afin de conserver son indépendance. Nous citerons de lui : Sophocle et Aristophane, comédie en deux actes, jouée sur le théâtre Louvois en 1797 ; Épître sur l’indépendance des gens de lettres (1805, in-8o) ; des traductions des Aventures de Sapho, de Verri (1803), des Fables de Gay (1811) ; des Fables de Phèdre (1813) ; de Vivian ou VHomme suns caractère, de miss Edgeworth ; de l’Italie avant la domination des liomains, de Micali (1824), etc. On a également de lui des articles insérés dans i’Aimanach des Muses, dans le Répertoire de littérature, etc.

JOLY (Jean-Baptiste-Jules dk), architecte et lithographe français, né à Montpellier en

1788, mort vers 1860. Élève de Deiespine et de l’École des beaux-arts (1805-1815), il "oignit à l’étude de l’architecture celle de la

itbographie. De Joly a organisé les expositions industrielles du Louvre en 1823 et 1827, restauré et agrandi les ministères de l’instruction publique et des cultes (1826), construit l’ancienne salle des séances de la Chambre des députés (1833), et approprié le palais Bourbon, dont il devint l’architecte, à sa nouvelle destination. On a de lui : Recueil classique d’ornements et de bas-reliefs de sculpture pris dans les monuments anciens et dans ceux de la Renaissance (1819, in-fol.), dont il a exécuté les planches lithographiées, en collaboration avec Fragonard ; Vue de Métaponie, pour les Antiquités de Métaponte de M. de Luynes (1833) ; Plans, coupes, élévation et détails de la restauration de la Chambre des députés (1840, in-fol.), etc.

JOLY (Vincent-Victor), écrivain belge, né a Bruxelles en 1807, mort en février 1870. A vingt-trois ans, il s’adonna aux lettres, se lit connaître par des brochures, des pièces de théâtre, dont quelques-unes jouées à Paris, et par des écrits divers. M. Joly a collaboré aux Belges peints par eux-mêmes, aux Belges illustres, et est devenu rédacteur en chef du Sancho en 1852. Nous citerons de lui : Gonsalve ou les Proscrits, drame en trois actes (1833) ; le Juif errant, mystification fantastique (1834) ; Une tuerie au xvie siècle (183G) ; Jean de Werth (1839) ; Des jésuites et de quelques engouements littéraires (1847), etc.

JOLY (Nicolas), médecin et physiologiste français, no à Toul (Meurthe) en 1812. D’abord maltro d’étude à Grenoble, puis répétiteur à Montpellier, il se fit recevoir docteur es sciences dans cette ville ; puis, désirant obtenir une chaire de Faculté, il se rendit à Paris, où il se fit recevoir agrégé de l’Université. Envoyé, en 1840, à Toulouse pour y suppléer M. Quatrefages, Joly se livra dans cette ville à une foule de recherches scientifiques, fut nommé, en 1848, adjoint au maire de Toulouse, puis reprit ses travaux, et se fit recevoir docteur en médecine en 1851. On doit à ce savant d’importantes recherches sur les métamorphoses des crustacés, sur la girafe au point de vue historique et paléontologique, sur les œstrides, sur les extrémités des mammifères, sur la maladie des vers à soie, etc. ; mais il s’est surtout fait connaître du monde scientifique par ses travaux sur l’hétérogénie ou génération spontanée, dont il est un des partisans les plus convaincus. M. Joly a publié plusieurs mémoires, notamment sur 1 Existence supposée d’une circulation péritrachéenne chez tes insectes (1850) ; Sur le développement et la métamorphose d’une salicoque d’eau douce (1850) ; Sur la main et le pied de l’homme, et sur les extrémités des mammifères, etc. Citons encore : Considérations sur la vie physique et ses principales manifestations ; Principes d’ostéologie comparée ; des Éloges de Delille, de Sennefelder ; des biographies dans la Biographie universelle de Michaud, etc.

JOLY (Aristide), littérateur français, né à Chàtillon (Seine) en 1824. Il se fit recevoir docteur es lettres à Paris, en 1856, et fut nommé professeur de littérature française à la Faculté de Caen. Il est membre de l’Académie des sciences et belles-lettres de cette ville. Oa lui doit : Elude sur J. Sadoles

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(Caen, 1856), thèse de doctorat ; Recherches sur Benoet du Lac ou le Théâtre de la basoche à Aix à la fin du xvi= siècle (Lyon, 1SG2) ; Marie de France et les fables du moyen âge (Caen, 1863) ; les Procès de Mirabeau en Provence, d’après des documents inédits (1865) ; Antoine de Montchrétien, poète et économiste normand (1865) ; Recherches sur les juges des Vaudois (1866) ; Lettres de cachet dans la généralité de Caen au xvmc siècle (1868), etc. M. Joly a publié, en outre, plusieurs études dans les Mémoires de l’Académie de Caen.

JOLY (Maurice), avocat et publiciste français, né en 1831. Il avait été secrétaire des commandements de la princesse Mathilde, et il exerçait la profession d’avocat à Paris lorsqu’il fit paraître en Belgique, sous le voile de l’anonyme, en 1865, un écrit intitulé Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu, ou la Politique de Machiavel au xrxo siècle, par un contemporain. Ce pamphlet, dans lequel l’auteur prenait vigoureusement k partie le futur héros de Sedan, à propos de la Vie de César qu’il venait de publier, eut un grand retentissement et émut le chef de l’État. Une visite de la police chez M. Joly amena la saisie de plusieurs exemplaires du Dialogue aux enfers. Traduit en police correctionnelle, il se défendit lui-même et se vit condamner, le 28 avril 1865, à dix-huit mois de prison, peine qui fut confirmée par la cour d’appel et par la cour de cassation. Cette condamnation valut à M. Joly une assez grande popularité. Après le vote de la loi sur le droit de réunion (1868), on le vit fréquemment prendre la parole dans les réunions publiques, et se signaler par ses fougueuses sorties contre l’Empire. Après la révolution du 4 septembre 1870, il sollicita vainement des fonctions du nouveau gouvernement. Au mois de janvier 1873, lorsque M. Casimir Périer eut amené une scission dans le centre gauche, et fondé avec des éléments monarchiques la réunion de la république conservatrice, ce fut l’ex-fougueux orateur des réunions populaires qui fut choisi pour rédiger le bulletin autographié des dissidents. En même temps, il est entré à la rédaction de la Liberté, où il n’a cessé de faire la guerre aux républicains de la gauche. Outre le pamphlet précité, on a de M. Joly : Ce que sera l’Adresse (1860) ; le Barreau de Paris (1863) ; les Principes de 1789 (1864) ; César (1865) ; Recherches sur l’art de parvenir (18C6) ; Mon passé, mon programme (1871) ; le Tiers parti républicain ; Lettres à M. Casimir Périer (1872).

JOLY (Albert), avocat français, né a. Versailles le 10 novembre 1844. Il fait partie du barreau de cette ville, où il est membre du ronsél municipal ; député de Seine-et-Oise. M. Joly a révélé tout à coup son remarquable talent de parole dans les nombreuses plaidoiries qu’il a prononcées devant les conseils de guerre de Versailles, pour arracher à la déportation ou à la mort des malheureux accusés d’avoir pris part aux événements de Paris, sous la Commune. C’est lui notamment qui défendit Rossel avec une rare éloquence, et qui, après avoir fait de suprêmes efforts pour le sauver, se montra l’ami de la dernière heure. La défense de Henri Rochefort n’eut pas moins de retentissement, et il ne se montra pas moins dévoué à son nouveau client, qui, au mois de novembre 1872, tint a honneur de l’avoir pour témoin de son mariage. Outre de nombreux articles de journaux, on doit à M. Albert Joly : Code annoté de la garde nationale sédentaire (1871) ; la Peine de mort en matière politique (1871), etc.

JOLY-CLERC (Nicolas), naturaliste français, mort à Paris en 1817. Il fit partie de la congrégation de Saint-Maur, et, après la Révolution, devint professeur d’histoire naturelle à l’école centrale de l’Oise. Ses principaux ouvrages sont : Cours complet et suivi de botanique (1795, in-8o) ; Principes élémentaires de botanique (1795, in-8o) ; Principes de la philosophie du botaniste ou Dictionnaire interprété et raisonné des principaux préceptes et des termes que la botanique, la médecine, la physique et l’agriculture ont consacrés à l’étude et à la connaissance des plantes (1798) ; Apologie des prêtres mariés (1798) ; Physiologie universelle ou Histoire naturelle et méthodique des plantes (Paris, 1799, 5 vol. in-8o, avec atlas) ; Cours de minéralogie (1802, in-8o). C’est lui qui le premier a traduit en français le Système sexuel des végétaux de Linné (1798, in-8o), et la Cryptogamie du même (1798, in-8o).

JOLY DE BÉVY (Louis-Philippe-Joseph), magistrat et écrivain religieux français, né à Dijon en 1736, mort dans la même ville en 1822. Il était président à mortier du parlement de Dijon, lorsqu’un écrit anonyme qu’il publia sous le titre de Le parlement outragé (1762) fut poursuivi par ordre du chancelier, joly s’en déclara alors l’auteur et se démit de sa charge. On a de lui plusieurs ouvrages dans lesquels il défend l’ordre de choses renversé par la Révolution. Nous citerons parmi ses écrits : De la nouvelle Église de France (Dijon, 1816), où il attaque le Concordat, et blâme à ce sujet avec beaucoup de vivacité la conduite du pape et du clergé ; De l’ordre de ta noblesse et de son antiquité chez les Francs (Dijon 1827) ; Prières à l’usage des fidèles dans les temps d’affliction et de calamités (Dijon, 1817) ; Instruction pour

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un pécheur touché de Dieu (Dijon, 1820) ; Recueil d’autorités proposées à la méditation des fidèles (1821, in-8o), etc.

JOLY DE FLEURY (Guillaume-François), magistrat, né à Paris en 1675, mort en 1756. Après avoir été quelque temps avocat, il devint successivement avocat général à la cour des aides, puis au parlement de Paris (1705), et remplaça d’Aguesseau en qualité de procureur général (1717). Il fit mettre en ordre les registres du parlement, d’où il sut tirer un grand nombre de renseignements précieux sur des points de droit et d’histoire, renseignements qui gisaient ensevelis dans la poussière séculaire des greffes. Joly de Fleury se démit de sa charge en 1746. On a de lui des mémoires manuscrits surdes questions de jurisprudence.

JOLY DE FLEURY (Orner), magistrat, fils du précédent, né à Paris en 1715, mort en 1810. Il embrassa la carrière de la magistrature en 1735, et fut successivement avocat général au grand conseil (1737), avocat général au parlement de Paris (1746) et président de ce corps (1763). Plusieurs de ses réquisitoires, remarquables par une éloquence pleine d’énergie, ont été vivement attaqués par Voltaire.

JOLY DE FLEURY (Jean-François), magistrat, frère du précédent, né à Paris en 1718, mort en 1802. Il avait été conseiller au parlement, maître des requêtes et conseiller d’État lorsqu’il fut appelé, en 1781, à succéder à Necker comme ministre des finances. Pendant son passage aux affaires, il ne sut prendre l’initiative d’aucune réforme. Suivant les errements du passé, il se borna à accroître les impôts, à faire de constants emprunts, et excita contre lui le mécontentement général. C’est à son sujet qu’on fit une chanson avec ce refrain : « Si c’est du fleuri, ce n’est pas du joli. > Au bout de deux ans, il donna sa démission et eut d’Ormesson pour successeur. Pendant la Révolution, Joly de Fleury vécut dans une profonde retraite.

JOLY DE FLEURY (Jean-Omer), écrivain ecclésiastique, cousin des précédents, né à Paris en 1700, mort en 1755. Chanoine de Paris en 1724, il devint ensuite abbé d’Aumale (1729), puis de Chézy (1731). On a de lui : la Science du salut (1746, in-12) ; Paraphrase et explication de l’Ancien Testament (1750, 4 vol. in-12), etc. Joly prit part à la rédaction du Traité de la véritable religion, de son ami La Chambre, dont il publia l’Abrégé de philosophie en 1754.

JOLY DE MA1ZEROY (Paul-Gédéon), tacticien français. V. Maizerot.

JOMÀNÉ5, nom ancien de 1a Djoumnar.

JOMARD (Edme-François), ingénieur géographe et archéologue, membre de l’Institut, né à Versailles le 17 novembre 1777, mort le 23 septembre 1862. Il fit partie de la première promotion de l’École polytechnique en 1794, et fut désigné par Monge pour suivre l’expédition d’Égypte. Il concourut pour une grande part aux travaux géodésiques destinés à fournir les éléments de la carte du pays. Après diverses missions aux Iles Ioniennes et en Bohême, il fut rappelé à Paris, en 1803, pour travailler à la publication du grand ouvrage qui devait préserver de l’oubli les découvertes scientifiques de la commission d’Égypte.

Philanthrope éclairé, il s’occupa avec zèle de l’organisation de l’enseignement primaire en France, et y réussit en partie malgré les tracasseries de la Restauration. Il fut nommé, en 1828, conservateur administrateur à la Bibliothèque royale.

Ses principaux ouvrages sont : Voyage à l’oasis de Syonah (1819) ; Remarques sur le cours du Nil, du Sénégal et de la Gambie (1822-1828) ; Aperçus et coups d’œil sur les nouvelles découvertes dans l’Afrique centrale (1824-1827) ; Recueil d’observations et de mémoires sur l’Égypte ancienne et moderne (extrait du grand ouvrage publié par ordre du gouvernement).

Il a publié, en outre, un grand nombre de brochures relatives à l’enseignement élémentaire : Arithmétique élémentaire ; description de la règle à calcul (qu’il avait importée d’Angleterre) ; Progrès des écoles d’enseignement mutuel ; Du nombre des délits criminels comparé à l’état de l’instruction primaire (1827) ; Tableaux sommaires de l’état et des besoins de l’instruction primaire et nécessité de ta faciliter pour tous les Français. Jomard avait été élu, en 1818, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres ; chevalier de la Légion d’honneur sous l’Empire, i Louis-Philippe l’avait nommé officier en 1S3S ; il a été promu commandeur en 1862. |

JOMARIN s. m. Co-ma-rain — contr. de jonc et de marin). Bot. Un des noms vulgaires de l’ajonc. |

JOMBARBE s. f. Con-bar-be). Bot. Nom vulgaire de la joubarbe, dans quelques localités.

JOMBARDE s. f. Con-bar-de). Mus. Sorte I de flûte à trois trous.

JOMBERT (Charles-Antoine), littérateur français, né à Paris en 1712, mort à Saint-Germain-en-Laye en 1784. Tout en exerçant

la profession de libraire (1736) et celle d’imprimeur (1754), à Paris, il se livra à l’étude

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des mathématiques, de l’architecture, de l’art militaire, du dessin, de la peinture, etc. On a de lui, entre autres ouvrages : Nouvelle méthode pour apprendre à dessiner sans maître (Paris, 1740) ; Architecture moderne ou l’Art de bâtir (1754, 2 vol. in-4o), ouvrage de Briseux, qu’il a considérablement augmenté ; Répertoire des artistes {1765, 2 vol. in-fol.) ; Théorie de la figure humaine, trad. de Rubens (1773). Il a dressé des Catalogues des Œuvres de Cochin (1770), d’Étienne Labello (1772), de Sébastien Le Clerc (1774), et a travaillé à divers ouvrages de Le l’autre, Bélidor, etc., dont il a été l’éditeur.

JOMELLI ou JOMMELLI (Nicolas), célèbre compositeur italien, né le il septembre 1714 à Aversa (royaume de Naples). mort à Naples le 28 août 1774. A seize ans, il entra au conservatoire de San-Onofrio, à Naples, puis

passa à la Pietà dé Turchini, où il reçut des leçons de Feo et de Léo. Jomelli composa d’abord des ballets, qui furent peu remarqués ; mais il révéla bientôt par des cantates sa profonde entente du sentiment dramatique. En 1737, il donna son premier opéra, 1 Errore amoroso, que suivit de près l’opéraséria Odoardo (1738), tous deux accueillis avec transport.

En 1740, Jomelli se rendit à Rome, s’y concilia la faveur du cardinal d’York, et ses ouvrages furent aussi goûtés qu’à Naples. Pendant son séjour dans cette ville, il fit représenter deux nouveaux opéras, Ricimero (1740) et Astianasse (1740) ; puis il se rendit à Bologne, où il alla voir le Père Martini, un des plus savants maîtres italiens, dont il reçut d’utiles conseils. En 1745, Jomelli se rendit à Vienne, y composa Didone et Achille in Sciro, et s’y lia intimement avec le poêle Métastase. Étant retourné à Naples en 1746, il y donna son Eumène, qui eut un succès extraordinaire, et se rendit ensuite à Venise, où sa Mérope (1747) souleva tellement l’enthousiasme, que le conseil des Dix le nomma directeur du conservatoire des Filles-Pauvres, Rappelé à Rome en 1748, il fut nommé maître de chapelle de Saint-Pierre du Vatican, fonctions dont il se démit au bout de six ans pour se rendre à Stuttgard, en qualité de maître de chapelle et de compositeur de la cour. Son séjour dans cette ville dura environ vingt ans, et il s’opéra dans son talent, sous l’influence allemande, une transformation presque complète ; les modulations devinrent plus fréquentes, son orchestration s’enrichit, et il s’acquit par ce changement la profonde estime de ses auditeurs allemands. Malheureusement, cette modification ne fut pas du goût de ses compatriotes quand il revint en Italie. L’audition de ses nouvelles œuvres exigeait une certaine attention dont les Napolitains étaient incapables ; les transitions harmoniques les déroutaient, l’orchestre les assourdissait ; de plus, après une absence de plus de vingt années, le nom de Jomelli avait coulé doucement au flot de l’oubli, et de nouvelles individualités s’étaient produites, qui avaient effacé le souvenir du maestro ; il lui fallait donc recommencer sa carrière musicale. Jomelli n’hésita pas et rentra en lice. Armida, qu’il écrivit pour San-Corlo (1771), ne fut comprise que des artistes ; Demofoonlc (1772) réussit encore moins, et Ifigenia (1773), massacrée par d’ignares chanteurs, subit une chute retentissante. Ces trois échecs successifs, dans sa ville natale, après une vie de triomphes, portèrent un tel coup au grand artiste, qu’il fut frappé d’une attaque d’apoplexie. À peine rétabli, il se mit à composer son merveilleux Miserere, a deux voix, sur une traduction italienne de Mattei, puis brisa sa plume, et mourut quelques mois après son dernier chant.

Jomelli, qu’on a surnommé avec raison le Gluck d« 1 Italie, eut l’immense mérite do faire subir à la pimpante mélodie italienne la transformation imposée par le grand artiste allemand à la mélopée française. Il s’occupa de la vérité scénique, des sentiments à exprimer ; en un mot, s’ii nous est permis d’employer une aussi grosse expression, il amena la réalité dans l’art. Grâce à lui, les récitatifs, trop négligés jusqu’alors, revêtirent l’énergie et le naturel nécessaires à cette partie de l’opéra. On lui a reproché d’avoir trop dramatisé la musique d’église ; nous ne nous associerons point à ce blâme, qui est pour nous le plus bel éloge qu’on puisse faire de l’œuvre religieux de ce maître.

Jomelli n’a pas laissé moins de quarante-quatre opéras. Outre ceux que nous avons déjà cités, nous mentionnerons : Ezio (174S), lncantato (1749), Ifigenia in Tauride (1751), Attilio Regolo (1752), Semiramide, Pénélope, Bajazette (1754), Enea nel lazio (1755), il Re pastore, Didone, Alessandra neÙ’ Indie, la Clemenza di Tito, Demofoonle, Endimione, Vologeso, ’Olimpiade, VAsilo d’amore, la Pastorella illustre, il Malrimonio per corso, etc. On doit, en outre, à ce compositeur cinq cantates, quatre oratorios, plusieurs messes à quatre et cinq voix avec orchestre, et un grand nombre de psaumes, hymnes, graduels, motets et répons.


JOMINI (Henri, baron), général et écrivain suisse, né à Payerne, canton de Vaud, en 1779, mort à Passy en 1869. Son père était syndic (maire) de la petite ville de Payerne. Destiné à entrer dans les régiments suisses au service de la France, le jeune Jomini apprit de bonne heure le métier des armes ; mais les