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traîné lui-même par l’émotion, et tout entier au souvenir de son ami et de son maître Jean Hus, il osa dire à ceux mêmes qui l’avaient condamné aux flammes : « Je l’ai connu depuis son enfance, et il n’y eut jamais aucun mal en lui. C’était un homme excellent, un juste, un saint ; il fut condamné malgré son innocence, il monta au ciel comme Élie, du milieu des flammes, et de là il appellera ses juges au redoutable tribunal du Christ. Moi aussi, je suis prêt à mourir ; je ne reculerai pas devant le supplice que me préparent mes ennemis et des témoins imposteurs, qui rendront un jour compte de leurs impostures devant le grand Dieu que rien ne peut tromper. » Et pour ne laisser aucun doute sur la douleur et le repentir qu’il ressentait de sa rétractation, il ajouta : « De tous les péchés que j’ai commis depuis ma jeunesse, aucun ne me pèse davantage et ne me cause de plus poignants remords que celui que j’ai commis en ce lieu fatal, lorsque j’ai approuvé la sentence inique rendue contre Wicleff et contre le saint martyr Jean Hus, mon maître et mon ami. Oui, je le confesse de cœur et de bouche, je le dis avec horreur, j’ai honteusement failli par la crainte de la mort, en condamnant leur doctrine ; je supplie donc, je conjure le Dieu tout-puissant qu’il daigne me pardonner mes péchés et celui-ci, le plus grave de tous, selon cette promesse qu’il nous a faite : « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais je veux qu’il se convertisse et qu’il vive ! »

La sentence n’était pas douteuse ; elle fut motivée sur sa rétractation et sur l’approbation donnée aux doctrines de Wiclefl et de Jean Hus. En conséquence, condamné comme relaps et hérétique, il fut livré au bras séculier et conduit au lieu du supplice. Pendant les préparatifs du moment suprême, il pria et chanta l’hymne : Salve, festa dies. Voyant un pauvre laboureur apporter un fagot à son bûcher, il sourit et dit : « Ô simplicité sainte ! mille fois plus coupable est celui qui t’abuse ! » L’exécuteur mettant le feu par derrière pour n’être pas vu : « Avance hardiment, lui dit Jérôme, et mets le feu devant moi ; si je l’avais craint, je ne serais pas ici. » Ses cendres furent jetées dans le Rhin, comme celles de Jean Hus. Mais son idée restait.


JÉRÔME DE TRÉVISE ou TREVIGI, peintre et ingénieur italien, né à Trévise en 1508, mort en 1541. On croit que son véritable nom était Pcmiuci.i. Il eut pour maître Paris Bordone, et compléta son talent par l’étude des maîtres de l’école romaine, particulièrement de Raphaël. Sa réputation le fit appeler en Angleterre, où Henri VIII le prit à son service, lui donna une pension et l’employa à la fois comme peintre, comme architecte et comme ingénieur militaire. Jérôme de Trévise avait été chargé, en qualité de principal ingénieur, par le roi d’Angleterre, de diriger le siège de Boulogne, lorsqu’il fut tué d’un coup de canon. Les tableaux de cet artiste sont remarquables par le choix de la composition, la beauté des types, la grâce des ngures et l’extrême finesse de la touche. On cite comme une de ses meilleures œuvres : 'Histoire de saint Antoine de Padoue, tableau qu’on voit dans l’église Sainte-Pétrone à Bologne.

JérCuie, roman de Pigault-Lebrun (1804, 4 vol.). Jérôme est un enfant trouvé recueilli par la gouvernante d’un curé, Ml’B Javotte, jeune et jolie personne, dont il tombe amoureux. Mais M !le Javotte est devenue Mme Ruder et lutte contre sa passion pour Jérôme, qui est, à seize ans, le plus beau cavalier du monde. Elle finit par succomber la veille du départ pour l’armée de Jérôme, qui lui jure une fidélité éternelle, et, à peine en route, se hâte de manque* à sa parole. Ruder est tué et sa veuve sacrifie tout à Jérôme, fortune et réputation. Mais la chair est faible, et Jérôme reconnaît tant de dévouement par de nouvelles infidélités. Mme Ruder se résigne à n’être plus que son amie et le marié à une jeune religieuse, dont il a, chemin faisant, trop instruit la naïve ignorance.

Le caractère de Jérôme est un des plus vrais qu’on puisse trouver ; jeune et ardent, il adore sa maîtresse et la trompe au moment où, de bonne foi, il vient de lui jurer une éternelle constance. Les sens chez lui parlent trop haut, mais le cœur n’est pas coupable ; aussi, en dépit de ses défauts, et peut-être même à cause de ses défauts, obtient-il toutes les sympathies du lecteur. Sans doute, on peut reprocher à ce roman une certaine licence, une gaieté qui tourne à la bouffonnerie, des tableaux parfois un peu trop libres ; mais il se recommande par une peinture fidèle, maligne et comique des mœurs, par un style enjoué, spirituel et correct, par la vivacité du récit, qui fait assister le lecteur aux scènes que décrit Pigault-Lebrun. Les pages que 1 auteur a consacrées, dans ce roman, à la bataille de Marengo passent pour les meilleures de l’ouvrage.

Jérôme Paturot à la recherche d une position sociale, roman satirique (par M. Louis Reybaud (1843, 2 vol. in-S<>). Objet de louanges hyperboliques à son apparition, ce livre a vu diminuer sa vogue, sans perdre pourtant toute sa valeur ; il est de beaucoup supérieur à la suite politique que l’auteur lui a donnée quelques années plus tard, et reste comme une amusante peinture de la société française, sous le gouvernement issu de la

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révolution de Juillet. Cette révolution, en ouvrant nombre de carrières fermées sous la Restauration, a certainement produit, dans la jeunesse bourgeoise, des aspirations et des déclassements qu’il était intéressant d’étudier ; c’est ce qu’a fait M. L. Reybaud, et il a composé un tableau dont quelques parties sont d une vérité de mœurs indiscutable. Jérôme Paturot est un type réel et pris sur le vif ; qui de nous ne le connaît, cet homme qui se croit propre à tout et qui ne sait réussir à rien, ce fruit sec de la société, tout aussi apte à faire un danseur qu’un calculateur, et qui, selon les temps, est tour à tour poète chevelu, romancier, réaliste, saintsimonien, faiseur d’affaires, boursier, journaliste, feuilletoniste, publiciste officiel, aux gages des gouvernements, et finit par où il aurait dû commencer, par se faire bonnetier, comme l’était son père ?

La conclusion naturelle du livre serait donc que les professions doivent se transmettre de père en fils, sans que nul en dévie ; en ce cas elle serait fausse. Mais l’auteur ne va pas si loin ; il veut seulement montrer que des aspirations ne sont pas des aptitudes et que la plupart des jeunes gens sont impuissants à se frayer eux-mêmes une carrière, en suivant ce qu’ils croient être une vocation. C’est décourageant, mais c’est assez vrai. Voilà toute la morale du livre de Jérôme Paturot. Pour être à la portée de tout le monde, elle n’est cependant pas k dédaigner ; mais l’auteur a-t-il su tirer de son idée tout le parti qu’il pouvait en tirer ? Certes, c’était une heureuse idée de personnifier dans un homme cette fièvre qui pousse les classes laborieuses à la conquête d’une position sociale, par simple vanité individuelle. Toute époque s’intéresse aux mœurs qu’elle crée ou qu’elle subit, et on dut forcément s’intéresser à ce Jérôme Paturot, qu’on rencontre à tous les coins de rue, à ce héros sans dignité, si bon enfant et si aisément dupe, gonfle d’ignorance ou d’importance, ridicule dans toutes ses ambitions, et dans la plupart même de ses malheurs. L’œuvre, au reste, il ne nous coûte rien de le dire, est originale et piquante par la vérité des détails ; mais pour qu elle fût durable, il lui manquait une seule chose : le génie. Ce livre, si attrayant qu’il soit par la forme, a l’immense défaut de ne laisser aucun idéal dans l’imagination, pas même celui de l’habileté ou de l’aventure, comme dans GH Blas. Pour que la leçon fût complète, l’auteur aurait dû montrer qu’il ne suffit même pas des talents naturels, véritables, pour réussir et gagner sa place au soleil ; qu’il faut encore, et surtout, des convictions profondes, un but certain vers lequel, quoi qu’il arrive, on soit prêt à diriger tous ses efforts, une conscience à l’abri de toutes les suggestions de l’égoîsme ou de l’envie, un idéal enfin, qui soit notre force, notre guide, et, comme die Je poète i notre pilier d’airain. »

Le roman, en lui-même, est intéressant, et écrit d’un style rapide, facile, mais un peu affecté, et quelquefois trivial à force de vouloir être simple. Certains épisodes, comme le souper des trois amis au ministère, la fondation du journal l’Aspic, la séance de l’initiation saint-simonienneàMénil montant, sont vivement traités, et dans la bonne manière humoristique ; d’autres, au contraire, dépassent les limites du plaisant pour tomber dans le ridicule et le grotesque. Jérôme Paturot a eu plusieurs éditions successives et les honneurs de la traduction en plusieurs langues étrangères.

Jérôme Paturot û la recherche de la meilleure ries république», par M. Louis Reybaud (1818, in-8°, illustré par Tony Johannot). Dans le premier Jérôme Paturot, l’auteur avait vu la société française composée exclusivement de marchands, d’avocats, de journalistes ; dans le second, il voit tout le inonde transformé en solliciteurs et aspirant à devenir « le gouvernement. » Le lendemain de la révolution de 1848, Jérôme se regarde dans son miroir et se trouve le profil républicain ; il veut retourner à Paris, à la grande terreur de Malvina, sa femme, et de sa légion d’enfants. Auparavant, il assiste au remue-ménage que cause la république dans sa petite ville. Il y a là quelques chapitres plaisants : les républicains de la veille, qui se voient supplantés par les républicains du lendemain ; les réactionnaires, qui s’étonnent de ne pas voir mettre la ville à sac et les populations emmenées en esclavage ; les exaltés, qui prétendent que l’on n’est pas en république, puisque les rues sont tranquilles et que les gens s’occupent de leurs affaires ; ils demandent des clubs, des promenades en corps, avec bannières tricolores, pétards et lampions. Ces peintures, assez vraies peut-être pour la province, dégénèrent en chargea dès que l’auteur les applique à Paris ; ainsi, dans un chapitre qu’il croit être spirituel, sont bafoués les membres du gouvernement provisoire, le plus honnête gouvernement que la France ait eu. M. Reybaud le trouve composé • d’une lyre éolienne (Lamartine), d’un astrologue tombant dans les puits (Arago), d’une tête de parade, bonne à mettre sur une devanture de boutique (Ledru-Rollin), d’un bon vieillard qui serait excellent accommodé au sel et au poivre, à la mode de Sumatra (Dupont de l’Eure), d’une insuffisance notoire de taille (L. Blanc), et d’un abu3 de disgrâce physique (Crémieux). • Cette satire a bien vieilli. Dans les ministères.

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dans les clubs et dans les ateliers nationaux, Jérôme Paturot ne rencontre que des grotesques ou des mendiants. Certes, il est amusant de se moquer de tout, et on ne peut disconvenir qu’il n’y ait de la verve et de ta malice dans les détails ; toutes les célébrités de 1848 défilent, comme dans une procession de masques tous les ridicules d’une période d’effervescence sont impitoyablement mis à nu. Mais derrière ces masques, il y avait des souffrances réelles ; et ne voir que des pantalonnades dans les actes du gouvernement

provisoire, c’est abuser étrangement des privilèges du satirique. Aussi, loin de soutenir la vogue du Jérôme Paturot à la recherche d’une position sociale, ce Paturot politique, après avoir été prôné outre mesure, a-t-il entraîné son aîné dans un oubli, d’ailleurs, fort mérité.

Une bonne note, pourtant, doit être donnée à M. L. Reybaud ; parmi ses grotesques figurait le prince Louia-Napoléon, plaisamment représenté avec son aigle empaillé et ses acolytes déguisés en dragon3 de la vieille garde. Eu voilà un qui ne l’avait pas volé.

Jérôme Pointu, comédie en un acte et en prose, de M. de Beaunoir (Variétés, 13 juin 1781). Cette petite pièce est une farce désopilante, comme on n’en fait presque plus. Jérôme Pointu, un procureur de la vieille roche, a pour maître clerc un beau jeune homme, Léandre, qui, ayant passé la nuit hors de la maison de son patron, s’est amusé à jouer et a gagné une grosse somme. Léandre rentre de grand matin, et demande à Jeannette, la jeune et joiie cuisinière de maître Pointu, si le procureur s’est aperçu de son absence ; il lui montre tout l’or qu’il a gagné, ce qui le consolé de l’humeur témoignée par son patron. Jeannette félicite Léandre sur sa bonne fortune, qu’il lui propose de partager, si elle veut être un peu moins farouche ; et en même temps il s’efforce de l’embrasser. Jeannette se défend, et M. Pointu, qui les surprend, renvoie Léandre de chez lui, après lui avoir reproché trois défauts terribles : le vin, le jeu et les femmes. Léandre, en sortant, s’est bien promis de se venger ; il reparaît déguisé en capitaine de vaisseau anglais, et voit M. Pointu aux genoux de sa servante. Le faux Anglais prétexte une affaire qu’il a contre un officier français, et en confie la poursuite à M. Pointu, auquel il commence par donner cent louis pour les frais, en lui demandant à déjeuner. Le procureur, séduit par des manières si généreuses, ordonne de servir un splendiderefias. Léandre grise Pointu, et, tout en buvant, e bonhomme chante la palinodie : il fait l’éloge du vin, de l’amour et du jeu ! Son ancien clerc, le voyant dans cet état, propose un passe-dix, que M. Pointu accepte avec

filaisir. D’abord le procureur gagne trois cents ouis ; mais la chance tourne bientôt. Léandre s’est muni de faux dés, à l’aide desquels il gagne à M. Pointu toute sa fortune, et sa charge même. Alors il se fait reconnaître, et se contente, pour payement, de la main de la fille du procureur, laquelle est au couvent. Pointu consent à l’union des jeunes gens, payant ainsi les frais de la leçon qu’il avait méritée. Le conte de Voltaire, intitulé Alemnon, a donné l’idée de cette petite pièce, qui est écrite avec beaucoup de gaieté.

JÉRONYMITE s. m. Cé-ro-ni-mi-te). Hist. relig. Membre d’un ordre religieux fondé en Espagne au xive siècle. Il On dit aussi ermite de Saint-Jérôme.

JÉROSE s. f. Cé-ro-ze — contr. de Jéricho et rose). Bot. Syn. de rose de Jéricho ou

ÀNASTATIQUE.

JÉROSOLYMITAIN, AINE s. et adj. Céro-zo-li-mi-tain, è-ne). Géogr. Habitant de

Jérusalem ; qui appartient à cette ville ou à ses habitants : Les JékoSolymitainS. La population JÉROSOLYM1TAINE. Il Oll dit aussi H1ÉROSOLYM1TK.

JERPHAMOS (Gabriel-Joseph, baron de), statisticien et administrateur français, né au Puy en 1758, mort à Lyon en 1832. Il était syndic du Velay avant la Révolution, durant laquelle il fut emprisonné, devint préfet de la Lozère en 1800, préfet de la Haute-Murne en 1802 et reçut letkre de baron de Louis XVlII. jerphanion s’occupa beaucoup de numismatique et de statistique. On lui doit, entre autres écrits : Statistique du département de la Lozère (Mende, 1801, in-8°).

JERRARA s. m. Cèr-ra-ra). Arachn. Grand scorpion de l’Inde.

— Encycl. Cet énorme ccorpion a le corps tout noir et couvert de poils hérissés ; sa queue, d’un vert foncé, est tachetée de rouge sur l’aiguillon. La piqûre de cet aiguillon est presque toujours mortelle, et il est bien difficile de s’en préserver, car cet hôte malfaisant se glisse dans l’intérieur des tentes et des maisons et pénètre jusque dans les coins les plus secrets. Rien de moins rare que de voir, au matin, un énorme jerrara sortir de dessous vos draps, en brandissant sa queue armée du mortel aiguillon. C’est surtout à l’époque des pluies que le jerrara, chassé de ses retraites ordinaires par l’inondation, cherche un refuge dans las habitations de l’homme. Les indigènes ne s’effrayent pas outre mesure de cette cohabitation. Quand ils peuvent se saisir du jerrara, ils le font entrer dans un petit pot de terre, dont ils scellent le couvercle avec de l’argile ; puis ils met JERS

tent le tout sur un bon feu. Au bout d’une heure, il ne reste rien de la bête venimeuse qu’un petit monceau de cendre, laquelle, administrée par dose d’un demi-grain pour un adulte, est, dit-on, un remède souverain contre les plus violentes coliques.

JERROLD (Douglas), auteur dramatique et romancieranglais, né à Londres en 1803, mort dans la même ville en 1857. Fils d’un directeur de théâtre, il fut d’abord marin, puis correcteur d’imprimerie, et se lit connaître par des drames et des comédies d’un caractère original, qui attirèrent la foule à Drury-Lane. Ayant voulu prendre la direction de cette scène, il se ruina. Il entra alors dans la rédaction du Punch, auquel il fournit une série d’articles très-spirituels, signés 0, et créa plusieurs journaux-feuilletons qui eurent un succès populaire, entre autres le Douglas Jerrold’s shilling Magazine (1852), où il insérait des romans de sa composition. En 1858, il devint éditeur du Lloyd s Weekly Newspaper, l’un des journaux les plus importants et les plus répandus de l’Angleterre à notre époque. Jerrold est considéré par ses compatriotes comme un des écrivains les plus originaux et les meilleurs de la littérature anglaise contemporaine. D’une rare indépendance dans

ses jugements, il passait pour amer et sceptique ; au fond, il ne faisait que haïr l’injustice et mépriser toutes les tyrannies. Parmi les romans de cet écrivain, nous citerons : Suzanne aux yeux noirs (1823) ; le Jour de la redevance (1830) ; les Anglais peints par euxmêmes (1837 ; trad. eu franc., 1839) ; les Hommes de caractère (1838, 3 vol.), galerie de types originaux ; les Chroniques de Clooernook (1846) ; Lettres de Punch à son fils'([Si3), etc. Celles de ses pièces qui ont obtenu le plus de succès ont pour titre : le Temps fait meroeille, les Bêtises du jour et Retiré des affaires (1851). La Vie et les Œuvres posthumes de Jerrold ont été publiées par son fils (Londres, 1858).

JEItUOLD (William-Blanchard), littérateur anglais, fils du précédent, né à Londres en 1820. Destiné d abord à l’étude des beaux-arts, il y renonça bientôt pour se consacrer à la littérature, et, après s être fait cou naître comme journaliste, il aborda le théâtre, auquel il a donné un certain nombre de comédies et de pièces bouffonnes. Deux surtout ont eu un succès de fou rire ; ce sont : Frais comme un concombre (1850) et la Boite aux caquets (1859). En 1852, il fit en Suède une excursion, dont il publia la relation sous ce titre : Esquisses suédoises (1852), et séiourmt fil us tard assez longtemps à Paris, où il puisu a matière de deux autres ouvrages : Pari* impérial (1855) et les Enfants de Lutèce (1S64). À la mort de son père (1857), il lui a succède comme éditeur du Lloyd’s Weekly Newspaper.

JERSEY, ancienne Csesarea, île de la Manche, l’une des îles anglo-normandes, à sokil. O. du département français de la Manche, à 140 kiloin. S. de la côte d’Angleterre, dépendant du comté de Southampton ; 22 kilom, de long sur 15 kilom. de large ; 5C,07S hab., dont 4,000 Irlandais et Anglais catholiques, relevant de l’évêque qui réside à Londres, et 2,000 Français. Le sol de Jersey, généralement granitique, est assez accidenté, surtout dans la partie où la côte est formée de rochers inabordables. Quelques petits cours d’eau circulent dans des vallées étroites. On trouve à Jersey du fer et du manganèse. La faune et la flore sont identiques à celles de la côte française.

L’île de Jersey n’existaitpasavant l’an 709. Jusqu’à cette époque, la mer qui sépare aujourd’hui Jersoj’ de la France était une vaste forêt, parsemée de villages, et s’étendant d’Ouessant au cap de la llogue. Il est parfaitement prouvé que, dans les premières années du vnie sjècle, on allait à pied de Jersey à Coutances. La route partait de Gorey. Quand elle avait atteint le rocher des Bœufs, qui se voit encore à la marée basse, elle traversait sur un pont de planches la petite rivière de Coutances. En 709, un cataclysme noya la route et la forêt. La profondeur du brus de mer qui sépare Jersey de la France n’est que de sept brasses au plus. Le 9 janvier 1735, la mer se retira si loin de la côte normande que l’on put voir en pleine eau les ruines d’un village. Le même fait s’est reproduit vers 1812, et il n’est pas rare, de nos jours encore, de voir des pécheurs de Jersey ramener avec leurs dragues des troncs et des racines de hêtres ou.de saules, débris des forêts anciennes que l’Océan a englouties.

Dans les premiers temps de la monarchie franque, Jersey était un nid de pirates saxons. Conquise sur les pirates, elle reçut comme exilé Prétextât, archevêque de Rouen, l’ennemi de Frédégonde. Prétextât passa sept ans à Jersey, qu’il convertit au christianisme. En 912, Jersey devint normande, par suite du mariage de Giselle, fille de Charles le Simple, avec Rolion. Dès ce jour commence la séparation réelle de Jersey et de la France, La conquête de l’Angleterre par les Normands acheva de placer les îles sous la domination étrangère. Jean sans Terre, lors de sa querelle avec Philippe-Auguste, dota Jersey d une charte de franchises spéciales, qui fut longtemps en vigueur. Pendant la guerredeCent ans, les Jersiais se réfugièrent dans le château de Gorey, la place forte de l’Ile, où iis auraient probablement été forcés, sans le résultat de la bataille de l’Ecluse, où la floua