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habitants d’Harfleur prirent les armes et ouvrirent les portes aux révoltés. L’anniversaire de cette délivrance a été célébré presque jusqu’à nos jours. Les Anglais réussirent à s’emparer d’Harfleur deux ans après ; mais les Français la reconquirent en 1450, et depuis lors cette ville n’a jamais cessé de leur appartenir.

Gonneville, célèbre marin du XVIe siècle, qui découvrit les terres australes, est né a Harfleur.


HARGNEUX, EUSE adj. (ar-gneu, eu-ze ; h asp. ; gn mll. — du vieux français hargne, formé lui-même, selon Diez, de l’ancien haut allemand harmjam, injurier, d’où l’anglais to harry et l’anglo-saxon hergian, tourmenter, inquiéter).’Qui est d’humeur chagrine, inquiète, encline à tourmenter autrui : Femme hargneuse. Humeur hargneuse. Caractère hargneux. Je hais un esprit hargneux et triste, qui glisse par-dessus les plaisirs de la la vie et s’empoigne aux malheurs. (Montaigne.)

Qu’une femme hargneuse est un mauvais voisin !
                    Corneille.

— Prov. Chien hargneux a toujours l’oreille déchirée, Les gens querelleurs attrapent toujours quelque désagrément. Ce proverbe est un vers de La Fontaine.

— Syn. Hargneux, querelleur. L’homme hargneux est triste, chagrin par caractère, et son humeur chagrine se répand sur tous ceux qui l’entourent ; il n’est jamais content d’eux et il manifeste son mécontentement en les harcelant par des reproches continuels. Le querelleur n’est pas triste ; il aime le bruit, il cherche à exciter le mécontentement des autres pour se donner le plaisir de la lutte. On évite la compagnie des gens hargeux parce qu’elle est fatigante ; on craint celle des gens querelleurs parce qu’elle est dangereuse.


HARGNIÈRE s. f. (ar-gniè-re, h asp. : gn mll.). Pèche. Bout de filet à larges mailles, usité en Normandie.


HARGRAVES (Edmond-Hammond), voyageur anglais, célèbre par la découverte des mines d’or de l’Australie, né à Gosport (Sussex) en 1816. À l’âge de quatorze ans, il s’embarqua sur un vaisseau marchand, avec lequel il fit presque le tour du monde, puis s’établit comme colon en Australie (1834), d’où il se rendit en Californie (1849), en apprenant la découverte des mines d’or de cette contrée. Tout en explorant les placers de la Californie, il fut frappé, bien qu’absolument étranger à la science minéralogique, de la ressemblance des districts qu’il visitait avec ceux qu’il avait parcourus en Australie, et en conjectura qu’il devait exister d’abondantes mines d’or dans cette dernière contrée. Désireux de vérifier au plus vite ses conjectures, Hargraves quitta l’Amérique, arriva en 1851 à Sidney, traversa les montagnes Bleues et parvint enfin à la colonie de Guyong, qu’il avait habitée dix-huit ans auparavant. Accompagné d’un seul guide, il partit de cette localité, longea plusieurs cours d’eau et atteignit enfin au confluent de la Macquarie, où la découverte de gisements d’or très-abondants confirma ses prévisions. Il retourna alors à Sidney et communiqua sa découverte aux autorités coloniales, qui le mirent à la tête d’une compagnie de mineurs, puis, en voyant la prodigieux succès de l’entreprise, le nommèrent commissaire des domaines de l’État, avec mission de chercher dans les divers districts australiens les gisements de métaux précieux. Le conseil législatif de Nouvelle-Galles du Sud lui vota une pension annuelle de 250,000 fr., pour le récompenser de sa découverte, et des dons volontaires vinrent bientôt l’enrichir. En 1852, il donna sa démission de commissaire et alla, deux ans plus tard, se fixer en Angleterre. Hargraves a publié un intéressant volume : l’Australie et ses gisements aurifères (1854, in-8o), dans lequel il raconte l’histoire de sa découverte et donne sur lui-même des détails autobiographiques.


HARGREAVES (James), mécanicien anglais, mort vers 1775. Il était fileur à Stanhill, dans le comté de Lancastre, lorsqu’il inventa, en 1760, une espèce de carde appelée carde à bloc (stock-card). Par la suite, en 1768, il apporta quelques modifications à la pince de la jenny, machine à filer que venait d’inventer Thomas Highs, et obtint par ce perfectionnement un résultat véritablement merveilleux, Hargreaves alla, quelque temps après, habiter Nottingham, où il créa une fabrique ; mais, sur ces entrefaites, Richard Arkwright inventa la filature à cylindre, dite continue, et ce système, bien supérieur aux jennys, vint les remplacer. Hargreaves en éprouva un profond chagrin et mourut peu après dans la misère. C’est à tort que quelques écrivains lui ont attribué l’invention de la jenny.


HARI, nom du dieu Vichnou dans la mythologie indienne. Siva était également surnommé Hara. Des statues de Hara et de Hari réunies, ou faisait quelquefois un seul groupe ressemblant aux hermapollons des Grecs. La statue avait quatre bras et deux pieds ; une moitié était noire et l’autre blanche ; on l’appelait Harikara. On raconte à ce sujet qu’un jour Lakchmi et Dourga se disputaient devant Siva sur la prééminence de leurs époux. Vichnou survint, et, pour prouver qu’ils étaient égaux, il entra dans le corps de Siva et ne forma qu’un tout avec lui. On rapporte d’une autre manière l’origine de ce symbole : on dit que Siva pria un jour Vichnou de reprendre cette forme de femme qui avait autrefois charmé les Açouras, que Vichnou avait consenti à ses désirs, et que Siva, épris de sa beauté, l’avait poursuivi ; qu’en vain Vichnou avait repris sa forme ordinaire, et que Siva, dans l’ardeur de ses embrassements, s’était confondu avec lui, comme Salmacis avec le fils de Mercure.


HARICOT s. m. (a-ri-ko ; h asp. — étym. inconnue. On croit qu’on nomma d’abord ainsi le ragoût qui porte encore ce nom, puis le légume qui accompagnait souvent le ragoût ; mais il est resté impossible jusqu’ici d’assigner une origine plausible au nom du ragoût lui-même). Bot. Genre de plantes, de la famille des légumineuses, type de la tribu des phaséolées : La classification des nombreuses variétés de haricots cultivés présente beaucoup de difficultés. (P. Duchartre.)|| Graine comestible de quelques-unes de ces plantes : Des haricots blancs. Des haricots rouges. Un gigot aux haricots. De la purée de haricots. Les estomacs vigoureux peuvent seuls digérer les pois, les haricots et les lentilles avec leur écorce. (L. Curveilhier.) Le haricot de Soissons est supérieur à tous les autres. (V. de Bomare.) || Haricots verts, Gousses comestibles de haricots encore vertes : Des haricots verts à l’huile. Les haricots verts sont une friandise et non un aliment. (Raspail.) || Haricot d’Égypte, Nom vulgaire des dolics. || Haricot en arbre, Nom vulgaire de la dioclée glycinoïde. || Haricot du Pérou, Nom vulgaire du fruit d’un jatropha,

— Hist. Hôtel des haricots, Nom donné par plaisanterie à la prison destinée aux gardes nationaux de Paris : À midi, j’arrive à la prison de la garde nationale, hôtel Darricaud, vulgairement appelé des haricots. (Villemot.)

— Art. culin. Espèce de ragoût fait ordinairement avec du mouton et des navets ou des pommes de terre.

— Encycl. Bot. Le genre haricot peut être considéré comme le type d’un groupe assez important de la famille des légumineuses. Les haricots sont des plantes herbacées, à tiges le plus souvent volubiles, à feuilles trifoliolées articulées, à fleurs en grappes, terminant des pédoncules opposés aux feuilles. Le calice, campanulé, a deux lèvres, dont la supérieure porte deux dents, et l’inférieure trois divisions. La corolle a l’étendard réfléchi en arrière. La carène est contournée en spirale avec les organes sexuels. La gousse, tantôt comprimée, tantôt arrondie, est très-longue, droite ou arquée et polysperme. Bentham compte quatre-vingt-cinq espèces, qui ont chacune leurs variétés ; la plupart de ces espèces sont annuelles, et cultivées, dans presque tous les pays de l’Europe, comme plantes alimentaires. Quelques-unes, telles que le haricot multiflore et le haricot d’Espagne OU écarlate, sont surtout cultivées comme plantes d’ornement, bien que leurs graines soient aussi alimentaires.

Les différentes espèces de haricots cultivés en Europe ont été divisées en trois groupes. Le premier comprend le haricot caracolle, vivace, cultivé seulement pour ses belles fleurs blanches, teintées de rose ou de Lias. Le second renferme le haricot d’Espagne, écarlate, et sa variété à fleurs blanches. Le haricot écarlate, bien que cultivé en Belgique, dans les provinces de Namur et de Luxembourg, pour l’alimentation de l’homme et des animaux, n’est guère propre à être introduit dans les potagers. La variété à fleurs blanches, au contraire, est assez estimée en grains secs ou tendres ; en vert, elle ne vaut guère plus que le haricot écarlate. Le haricot vulgaire ou commun, le haricot renflé, le haricot comprimé, le haricot tacheté et le haricot sphérique forment le troisième groupe. C’est à ces cinq espèces que se rapportent toutes les variétés cultivées dans nos potagers.

Le haricot vulgaire comprend toutes les variétés à feuilles presque lisses, à cosses droites, pendantes, très-peu renflées par places, allongées en pointes par le bas, à graines ovales, à peine aplaties sur les côtés. Parmi ces variétés, nous allons décrire succinctement les suivantes, dont la culture est le plus répandue.

Le haricot blanc commun mérite la première place, non à cause de ses qualités, mais parce qu’il paraît être le type le mieux caractérisé. Il est fécond, robuste, mais de qualité médiocre. Sa tige reste basse à l’état de nature ; cependant, quelques-unes de ses sous-variétés sont devenues grimpantes par la culture.

Le haricot blanc des vignes de Bourgogne est plus petit et d’un blanc moins clair que le précédent. Il est peu cultivé, quoique divers auteurs le disent supérieur au soissons.

Le haricot suisse ventre de biche est une variété très-petite, à fleurs lilas, à grains saillants sous la cosse, couleur ventre de biche. Il est très-recherché à l’état sec.

Le haricot renflé a produit le haricot prédomme ou prud’homme, à graine blanche, ronde et petite ; c’est un mange-tout ; sa cosse est absolument sans parchemin, et encore bonne étant presque sèche. Les graines sèches sont très-estimées. Il y a une sous-variété à graine jaune.

Le haricot de Soissons, le haricot sabre, le suisse gris de Bagnolet, le flageolet de Laon, le haricot à l’aigle sont les principales variétés issues du haricot comprimé ou à grains aplatis sur les côtés. Le haricot de Soissons, ou nain, ou gros pied, a la tige haute de 0m,50 à 0m,70, les feuilles larges, les fleurs blanches. Les cosses, très-droites, légèrement marquées par la saillie des grains, longues de 0m,13 à 0m,14 larges de 0m,015 à 0m,016, épaisses de 0m,010 à 0m,011, contenant chacune cinq à six grains, se trouvent réunies au nombre de 15 à 25 sur le même pied. Les grains sont blancs, avec une tache jaunâtre sur le côté contigu à l’ombilic, réniformes, légèrement contournés et irréguliers, longs de 0m,016, larges de 0m,010, épais de 0m,007. Cette variété, très-productive, est excellente à manger en grains secs ; elle jouit en France d’une réputation méritée.

Le haricot sabre est une excellente variété, très-productive. Ses cosses sont remarquables par leurs grandes dimensions ; jeunes, elles font d’excellents haricots verts ; même presque parvenues à leur maturité, elles sont encore tendres et charnues, et peuvent être consommées en cet état, soit fraîches, étant coupées en morceaux, soit en hiver, après avoir été divisées en lanières et confites au sel. Le grain est au moins aussi bon que celui du haricot de Soissons. Cette variété est de très-haute taille, et demande, par conséquent, à être ramée très-haut.

Le haricot suisse gris, plus connu, aux environs de Paris, sous le nom de haricot de Bagnolet, a des fleurs d’une belle couleur lilas foncé, des cosses longues, vertes et marquées de violet, des grains d’un brun violacé, avec des taches fauves. Il est très-productif, ne file pas et est très-recherché à Paris pour la consommation en vert.

Le haricot flageolet de Laon est une variété naine, très-native et bonne à toutes fins, en cosses, en grains frais et en grains secs. Ses cosses sont assez longues et très-tendres en vert ; son grain, allongé, d’un blanc sale, est un peu dur, mais de bon goût. C’est une des variétés les plus cultivées aux environs de Paris. Elle fournit longtemps, lorsqu’on l’arrose ou qu’il survient des pluies au commencement de l’été.

Le haricot à l’aigle, connu aussi sous les noms de haricot du Saint-Esprit ou haricot à la religieuse, est un peu moins haut que celui de Soissons. Sa cosse, droite, verte ou jaunâtre, présente des panachures violettes, affectant la forme d’un aigle ou d’une colombe. Ses grains sont réniformes, réguliers, d’un blanc terne. Il est assez productif. Une sous-variété de seconde saison fournit des grains excellents pour être consommés secs.

L’espèce tachetée a donné naissance à des variétés de haute taille, à gousse droite, bossuée, pointue et tachetée de rouge avant la maturité. Ces variétés, cultivées communément dans nos campagnes, entrent plus rarement dans les potagers bien tenus. Elles sont généralement très-rustiques. Nous n’en ferons pas une mention spéciale. Le haricot sphérique a produit des variétés de haute taille, comme les précédentes, à fleurs d’un violet pâle, à grains en forme de boules et toujours colorés. Les principales sont le haricot d’Orléans et celui de Prague. Le premier, bien que classé parmi les nains, a une taille assez élevée, des fleurs blanches et des grains d’un rouge brun, carrés aux extrémités. Il est très-cultivé dans le centre de la France ; on l’estime particulièrement pour être consommé sec. Le haricot de Prague ou pois rouge a un grain rond, d’un rouge violet. Il est fort tardif, mais extrêmement productif dans les automnes favorables. On doit le ramer très-haut. La cosse est sans parchemin, et, par conséquent, bonne à manger tendre. Le grain, quand il est sec, a la peau un peu épaisse ; mais il est très-farineux, d’une bonne saveur et d’une pâte sèche, analogue à celle de la châtaigne. On rencontre une sous-variété bicolore.

La division qui précède appartient aux botanistes ; elle n’est pas parfaite, cela va sans dire. Les jardiniers en ont une autre, qui ne l’est encore moins, mais qui a le mérite tout spécial de répondre mieux aux besoins de la culture. Ils divisent les haricots en deux grandes sections, comprenant : l’une, les haricots grimpants ou à rames ; l’autre, les haricots nains. Chacune de ces sections renferme des variétés à parchemin et sans parchemin. La première compte les haricots les plus estimés, parmi lesquels nous citerons : le soissons à rames, le haricot sabre, le prédomme, le beurré d’Alger et le haricot de Prague marbré. Les variétés comprises dans la seconde section sont très-nombreuses ; les plus recommandables sont : le soissons nain, le hâtif de Hollande, le flageolet, le suisse gris ou bagnolet.

Le haricot, originaire de l’Inde, craint les gelées dans nos climats. C’est tout au plus si, dans le nord de la France, il trouve le temps de croître et de mûrir entre les dernières gelées du printemps et les premiers froids de l’automne. Il lui faut une terre fraîche, légère, substantielle, et une exposition chaude. Il préfère cependant un sol aride à un sol marécageux. La rouille l’attaque souvent lorsqu’il est placé à l’ombre. Les vents violents lui sont contraires, et cependant il lui faut beaucoup d’air. La sécheresse et les pluies trop prolongées lui sont également défavorables. La culture du haricot est très-productive, puisque, dans les bons terrains, le rendement ne saurait être évalué à moins de 25 hectolitres par hectare ; malheureusement, elle exige beaucoup de soins ; aussi est-elle relativement peu répandue. Dans les campagnes, on le cultive dans les jardins, mais seulement pour les besoins du ménage. Sous le climat de Paris, on peut semer dès les premiers jours de mai, dans un sol léger, perméable, facile à s’échauffer ; dans un sol froid, compacte, il est bon de ne faire les semailles qu’une quinzaine de jours ou même trois semaines plus tard. Le terrain, quelle que soit d’ailleurs sa nature, doit être bien ameubli, La graine sera enterrée seulement à 0m,02 ou 0m,03. Le semis peut se faire par touffes, mais il réussit mieux en rayons. Ce dernier mode, d’ailleurs, plus expéditif, convient également pour le potager et pour la culture en grand. En général, il y a avantage à ne pas planter trop serré. Peu de temps après la levée, on bine, en ayant soin de ramener un peu la terre autour des jeunes plants. On éclaircit, s’il y a lieu. On donne un second binage lorsque la plante est un peu plus forte. Pour récolter en vert, on peut semer jusque vers la mi-août. À la maturité, on arrache les pieds, autant que possible le matin, à la rosée, afin d’empêcher que les cosses ne s’ouvrent, et on les dépose sur le sol en petits tas. Il est essentiel que les grains soient parfaitement secs avant d’être rentrés. Si l’on veut conserver la récolte quelque temps avant de la battre, il sera bon de la placer dans un endroit bien aéré. Les grains destinés à servir de semence se conservent mieux dans leurs cosses ; on ne les bat d’ordinaire qu’au moment de s’en servir.

La place des haricots, dans un assolement, varie suivant la composition des terrains. Dans certaines contrées de la France, on ne les ramène à la même place que tous les sept ou huit ans. Dans le Midi, on les regarde comme épuisants ; les cultivateurs du nord de la France sont d’un avis tout opposé. En général, on se trouve bien de les placer avant le froment ou après l’avoine. Les engrais qui contiennent beaucoup de potasse sont très-favorables à cette culture. Néanmoins, il faut aussi tenir compte de la nature du sol. Le fumier de vache, par exemple, produit un très-bon effet dans les terrains sableux des environs de Paris. Dans le Nord, où les fumiers chauds ne sont pas à craindre, on pourra employer avec avantage les tourteaux, la courte-graisse et le fumier de ferme. Malgré la valeur des produits qu’elle donne, la culture des haricots sera longtemps encore essentiellement restreinte dans notre pays. La raison de ce fait consiste en ce que cette légumineuse exige un terrain parvenu à un assez grand degré de fertilité, et que, de plus, elle demande, pour réussir convenablement, la réunion de circonstances particulières difficiles à obtenir. Du reste, elle ne redoute d’autres maladies que la pourriture et les taches rousses sur les cosses. Ces deux affections ont la même cause, l’humidité trop prolongée et les brusques variations de température. La culture potagère des haricots est bien plus répandue que la culture en plein champ ; mais, comme elle ne diffère pas sensiblement de cette dernière, les règles établies plus haut lui sont généralement applicables. Nous dirons seulement quelques mots de la culture forcée. On ne force guère que le haricot nain hâtif de Hollande, sous-variété du flageolet de Laon, caractérisée par un grain un peu plus court et par sa précocité. Le forçage des haricots ne commence guère qu’à la fin de janvier. On les sème, assez épais, sur une couche de printemps terreautée et d’une épaisseur d’environ 0m,12. Après le coup de feu, on répand un peu de terreau, et on recouvre de panneaux et de paillassons. Quand les cotylédons sont bien ouverts, ce qui a lieu, d’ordinaire, une semaine après le semis, on transplante à demeure sur une couche encaissée à 0m,45, épaisse de 0m,60 et chargée de 0m,15 de terre fine un peu échauffée. On plante, à la main, deux pieds dans chaque trou, pour former touffe. Jusqu’à la floraison, on se contente de donner le plus qu’on peut d’air et de lumière ; mais, à cette époque, les soins les plus minutieux sont nécessaires. On enlève les feuilles sèches et quelquefois même les vertes, lorsqu’elles gênent la circulation de l’air et l’accès de la lumière. On fait la cueillette tous les trois jours ; une seule couche produit ordinairement pendant deux mois. Vers la fin d’avril, la seconde couche peut être remplacée par la pleine terre convenablement terreautée. Cette pratique est particulièrement en usage chez les maraîchers des environs de Paris.

— Art culin. Peu de légumes sont aussi généralement employés que le haricot, et surtout avec autant de profit. Il présente l’avantage de se bien conserver et de ne craindre que peu les insectes, ce qui en fait une précieuse ressource pour la marine et même pour les années de terre. La prodigieuse consommation de ce légume par la classe ouvrière, les bureaux de bienfaisance, les hospices et les hôpitaux a donné lieu à plusieurs procédés de décortication. Les Anglais ont adopté un système qui consiste à soumettre les haricots à l’action de deux meules convenablement espacées. Les haricots ainsi préparés cuisent en un quart d’heure. Ce procédé n’a pas été adopté chez nous.