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un petit souvenir personnol dont Philibert sera le héros, pour la commodité du récit, pour obéir au mot de Pascal : « Le moi est haïssable. »

Or, Philibert avait de six à sept ans, et, à cette époque, il fréquentait l’école primaire tenue par le digne et excellent père Simonnot (Dieu veuille avoir son âme !). Un jour d’avril 1833 (aie I que cela me semble antédiluvien ! ), par un beau soleil qui avait engagé le bon père Simonnot à faire un petit bout de sieste vers trois heures de l’après-midi, et qui, par compensation, avait délié la langue de Philibert et de trois ou quatre de ses acolytes, une conversation des plus intéressantes s’était engagée entre lesdits écoliers. Bien que nous ayons complètement oublié quelleétait la question mise sur le tapis, nous croyons cependant pouvoir affirmer, la main sur la conscience, qu’elle était des plus étrangères aux. dix parties du discours.

Toutes

Mettent le nei û l’air, montrent un peu la tête.

Fuis rentrent dans leurs nids à rats,

Puis, ressortant, font quatre pas,

Puis enfin se mettent en quête.

Mais voici bien une autre fête ! Le pendu ressuscite.

C’est exactement l’image de ce qui arriva dans cette mémorable circonstance : la conversation intime, commencée d’abord sur un ton bas et prudent, s’était graduellement élevée jusqu’aux tons les plus hauts du diapason, lorsque notre Argus s’arracha brusquenlent des bras de Morphée..

« Philibert, qu’est-ce que le verbe ?— Le verbe, m’sieu, lit l’étourdi pris au trébuchet, le verbe.... cest un.... substantif.... qui s’accorde en genre et en nombre avec l’adverbe pour former un produit qu’on appelle total. »

Sur cette mirifique réponse, débitée avec Un certain aplomb, Philibert reçut l’invitation de passer au cabinet noir qui faisait suite k la salle de classe. C’est dans ses flancs ténébreux qu’avaient lieu les exécutions capitales ; non pas que la tête fût en jeu : il ne s’afissait que des deux hémisphères qui s’arronissent au sud du département du Bas-Rhin. C’est là que l’orage se concentra tout entier, sous la forme d’un martinet à dix-huit ficelles, manié par une main qui n’était pas légère, comme disait J.-J. Rousseau. Vous dépeindre la colère et l’humiliation de Philibert est un effort qui défie toutes les imaginations. Tout en se frottant la partie foudroyée, il jura in petto de se venger. Mais où, quand, comment ? Là était la difficulté. Toutefois, après avoir longtemps rêvé, il poussa une exclamation de joie, il cria aussi : Eurêka ! La. vengeance était trouvée, et elle devait être terrible. Si la vengeance est douce aux dieux, jugez ce qu’elle doit être pour un écolier outrageusement fessé.

Les préparatifs prirent toute la soirée, toute la matinée du lendemain et tout l’intervalle qui s’écoule entre les deux classes À une heure, Philibert arrive et se rend k sa place de l’air le plus riant du monde. Le bon père Simonnot s’applaudit d’avoir un élève si peu boudeur, si peu rancunier. Sur cette réflexion rassurante, il croit pouvoir entamer sa sieste : assurément l’exécution de la veille a jeté la terreur dans tous les esprits....

Bientôt on entend dans la classe, immobile et silencieuse, car tout le monde a le mot, un bourdonnement qui s’élève : c’est un hanneton qui se promène de ça et de là dans l’espace libre : le bruit augmente, redouble, c’est un autre hanneton, cinq, dix, quinze, vingt hannetons qui prennent également leurs ébats ; enfin le bourdonnement, allant toujours crescendo, ressemble au roulement lointain du tonnerre ; il y a là cinquante, cent, trois cents, cinq cents hannetons qui décrivent en l’air les arabesques les plus folles. Ils vopt, viennent, se heurtent, s’entre-croisent, se bousculent, s’abaissent, se relèvent, se précipitent contre les carreaux de la fenêtre soigneusement fermée, et les font vibrer sous leurs assauts. C’est une nuée, une bourrasque, une tempête : les hannetons, en bétes intelligentes, faisaient un tel vacarme, avec leurs quatre ailes et leurs antennes déployées, que, n avait été le beau soleil, on se serait cru à un concert de sorcières à cheval sur leur manche à balai. Au milieu de ce tapage infernal, il n’y a pas de sommeil de juste qui puisse tenir ; aussi le brave père Simonnot ne tarda-t-il pas à s’étirer les bras pour nous faire comprendre qu’il reprenait possession de sa conscience. Il était temps, car nous tournions k l’épilepsie. À l’aspect de ce déchaînement, il crut que tous les hannetons de la province s’étaient donné rendez-vous dans son école. Comme Phèdre à la vue d Hippolyte, il rougit et pâlit subitement. De colère, il arrache sa calotte.... Horreur 1 Cinq ou six hannetons, fatigués de tournoyer dans le vide, y avaient élu leur domicile provisoire ; plu- • sieurs viennent en même temps se buter contre son nez, s’accrocher à ses cheveux.... Non, jamais écolier n’a si bien savouré le suprême plaisir des dieux. Enfin le digne père Simonnot a la bonne inspiration d’ouvrir la fenêtre, et aussitôt le torrent s’écoule en grondant ; puis d’une voix furieuse, étranglée :

« Qui est-ce qui a introduit ici toutes ces nbominables bêtes ? «

Point de réponse.

IIANN

« Est-ce toi, Philibert ? Oui c’est toi.

— Non m’sieu ; d’mandez à Xavier (horreur ! son propre fils).

— Alors, ce ne peut être que toi, Xavier.

— Non, p’pa, d’mandez à Philibert. • Jamais le père Simonnot ne put se dépêtrer

de ce cercle vicieux. Il lui fallut passer l’éponge de l’amnistie sur la tète de tous les petits mauvais sujets que ne parvenait pas toujours à discipliner son redoutable martinet.

0 bon, digne et excellent père Simonnot 1 si, du haut des cieux, votre demeure actuelle, vous abaissez les yeux sur ces lignes où se trouve enfin révélé pour vous le secret du complot des hannetons, vous sourirez à cette confession tardive, et vous étendrez sur Philibert votre indulgente absolution, comme il vous pardonne lui-même les dégâts exercés dans le cabinet noir sur cette zone que vous connaissiez si bien.

Qu’on vienne dire après cela que le hanneton n’est pas un insecte précieux pour l’écolier, et qu’on s’étonne encore de I affinité réciproque qui les rapproche l’un de l’autre ! Elle est plus évidente que toutes les combinaisons chimiques. Aussi, nous ne pouvons nous empêcher de déplorer en passant la cruauté de ces enfants qui, méconnaissant les véritables services qu’ils peuvent tirer du hanneton, ne savent que lui mutiler la patte en l’attachant k un fil, dans l’espoir de le faire voler sur l’air de la vieille chanson si connue, comme on excite la danse au son du violon :

Hanneton, vole, vole, vole ; Ton mari est il l’école, Qui m’a dit, si tu ne voles, . Qu’il te couperait la gorge....

Ah ! par exemple, c’est bien de ces vers-là que Molière aurait dit :

« La rime n’est pas riche, et le style en est vieux. >

Non, elle n’est pas riche ; mais.., elle est à son aise.

HANNETONIDE s. f. (a-ne-to-ni-de ; h asp. — rad. hanneton). Chim, Substance colorante fixe, existant, dans la proportion de plusieurs centigrammes, dans le hanneton : La HANNiiTONiDii, qui varie du jaune de chrome au jaune d’or, suivant le degré d’humidité, a été découverte par M. Jouglet.

HANNETONNAGE s. m. (a-ne-to-na-je ; A asp, — rad. hannetonner). Arboric. Action de hannetonner, de détruire les hannetons.

HANNETONNER v. a. ou tr. (a-ne-to-né ; A asp. — rad. hanneton). Arboric. Secouer les arbres, pour en faire tomber les hannetons et les détruire ; HaNNETONNiîH des frênes.

HANNIBAL, illustre général carthaginois. V- Annibal.

HANNIBALIEN (Flavius Claudius), roi de Pont. V. Annibalien.

HANNON s. m. (ann-non ; A asp.). MoH. Nom vulgaire de plusieurs coquilles du genre pétoncle.

HANNON, nom de plusieurs généraux et amiraux carthaginois, dont les plus remarquables sont les suivants ;

HANNON, navigateur carthaginois qui vivait à une époque incertaine. On poss de de lui un Périple ou relation d’un voyage d’exploration sur la côte O. d’Afrique, qu’il exécuta l’an 1000 avant 3.-0., suivant les uns, en 500, suivant d’autres. Cet ouvrage, écrit originairement en langue punique, ne nous est connu que par une traduction grecque, qui n’est peut-être qu’un extrait. V. Périple.

HANNON, général carthaginois, fils de cet Amilcar qui fut tué en Sicile en 480 av. J.-C. Il fut chargé, avec ses frères Hiinilcon et Giscon, du gouvernement de l’Espagne méridionale, fit une expédition en Lusitanie et força les peuples de cette contrée à faire avec Carthage un traité par lequel ils s’engageaient à fournir un contingent de 8,000 hommes, qui fut envoyé à l’armée de Sicile.

HANNON, général carthaginois, mort vers 350 avant notre ère. Il fut mis à la tête d’une expédition envoyée contre Denys de Syracuse, devint un des plus riches et des plus puissants citoyens de Carthage, et forma le projet de renverser la république et de s’emparer du souverain pouvoir. Pour arriver à ce but, il résolut d’empoisonner les membres du sénat dans un festin ; mais son odieux projet fut découvert. Il se retira alors dans une forteresse, réunit autour de lui 20,000 esclaves ou mercenaires, appela les Maures à la révolte et s’apprêtait à marcher sur Carthage, lorsqu’il tomba entre les mains des chefs du pouvoir, qui le firent mettre en croix avec ses enfants et tous ses parents.

HANNON, général carthaginois, mort en 309 avant J.-C. Il reçut avec Bomiicar Je commandement d’une armée destinée à repousser Agathocle, tyran de Sicile, qui venait de débarquer près de Carthage, chargea l’ennemi k la tète du bataillon sacré, enfonça l’aile gauche et périt en combattant. Ses soldats battirent alors en retraite.

HANNON, général carthaginois. Il vivait au mo siècle avant notre ère. À l’appel d’une partie des Mamertins, il se rendit en Sicile avec une flotte et une armée, établit garnison dans Messine, repoussa et battit dans un combat naval (204) le général C. Claudius, appelé aussi à Messine p : ir le parti Contraire, cl qui,

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ayant essayé de débarquer, fut battu et perdit une partie de ses vaisseaux, que le général carthaginois lui rendit généreusement. Cluudius fiurvint cependant à débarquer et ouvrit nvec es Mamertins une conférence à laquelle Hannon eut l’imprudence d’assister, et où il fut traîtreusement arrêté par les Romains. En échange de sa liberté, Hannon eut la faiblesse de livrer Messine au général ennemi. Il retourna alors à Carthage pour essayer de justifier sa conduite ; mais le sénat indigné le condamna au supplice de la croix.

HANNON, général carthaginois. Il fut envoyé avec Hiéron (264 av. J.-C.), pour reprendre la ville de Messine livrée à C. Claudius par cet autre Hannon dont nous venons de parler. Les chefs carthaginois parvinrent à débarquer et commencèrent une sorte de blocus ; mais un renfort conduit par Appius Claudius étant arrivé aux Romains, ils furent battus l’un après l’autre et obligés de se retirer dans la partie occidentale de l’Ile.

HANNON, dit l’Ancien, général carthaginois. Il reçut l’ordre de secourir Annibal bloqué dans Agrigente (262 av. J.-C), remporta d’abord quelques avantages, mais fut ensuite complètement battu et condamné à l’amende par le sénat de Carthage. Regulus et Manlius Vulso lui firent essuyer une nouvelle défaite k la bataille navale d’Eenome (250).

HANNON, amiral carthaginois, mort vers 240 avant notre ère. Chargé de conduire uno flotte formidable en Sicile pour secourir Ainilcar Barca, il rencontra près des îles./Egades (241) la flotte romaine commandée par le consul Lutatius Catulus. Hannon essuya une défaite complète, eut 70 vaisseaux pris, 50 coulés bas, et regagna avec les débris de son armée navale Carthage, où le sénat le fit mettre en croix. Cette défaite mit fin à la première guerre punique.

HANNON, lo Grand, général carthaginois, né vers 270 avant J.-C, mort vers 190. Il fut pendant longtemps le chef du parti aristocratique à Carthage et le rival d’Amilcar Barca. Son impopularité était telle, que le sénat dut lui associer ce dernier dans le commandement, lors de la guerre contre les mercenaires, où il avait commencé par se faire battre Les dissentiments de ces deux chefs amenèrent des désastres qui mirent Carthage dans les plus graves embarras ; le danger de la patrie les rapprocha pour un moment, et ils écrasèrent enfin les révoltés. L’incapacité militaire d’Hannon était, au reste, notoire ; mais il était le chef d’un parti puissant et ii conserva pendant toute sa vie la plus haute influence dans la cité. Pendant la deuxième guerre punique, il s’opposa constamment à ce qu’on envoyât des secours k Annibal, et, poursuivant jusqu’à la fin le rôle antipatriotique qui était celui Je son parti, il se fit le complaisant serviie de la politique romaine dans l’affaire des empiétements de Masinissa sur le territoire carthaginois.

HANNON, général carthaginois. Il fut chargé par Annibal, se rendant en Italie, en 218 av. J.-C, de défendre l’Espagne contre les Romains-Attaqué par Cn. Scipion, près de la ville de Cissa, il fut complètement battu et tomba entre les mains du vainqueur.

HANNON, général carthaginois, fils de Bomiicar. Il vivait dans la seconde moitié du tue siècle avant notre ère. Il accompagna en Italie, en 218, Annibal, dont iffut un des meilleurs lieutenants, força le passage du Rhône, défendu par les Gaulois, prit, part k la bataille de Cannes, fut battu par T. Sempronius à Grumentura (216), s’empara de Crolonc, dans le Brutiuin, essuya une seconde défaite près de Bénevent (214) battit k son tour les troupes levées par L. Pomponius (213), éprouva des pertes graves en essayant d’amener k Capoue un grand convoi de vivres (212), mais répara co désastre par la conquête de Thurium. En 204, Hannon quitta l’Italie et alla prendre, à la place d’Asdrubal, le commandement de l’armée d’Afrique, qu’il ren" t bientôt après à Annibal.

HANNON, officier carthaginois. Il fut chargé de la défense de Capoue par Annibal, en 212 avant J.-C. Bloqué avec Bostar dans cette ville, il ne put rompre les lignes des Romains, malgré des prodiges de valeur, et fut réduit par la famine k capituler.

HANNON, général carthaginois. Il fut chargé, après la prise de Syracuse pur les Romains, en 211 avant J.-C, d’empêcher ces derniers de se rendre maîtres de 1 île. Il s’établit k Agrigente, se fit battre par Marcellus, destitua, par un esprit d’étroite jalousie, son lieutenant Mutines, chef de la cavalerie numide, dont l’irritation fut telle qu’il livra Agrigente aux Romains, ce qui mit fin à la guerre de Sicile.

HANNOVER (Adolphe), médecin danois, né k Copenhague en 1814. Il a acquis une assez grande réputation par ses recherches sur l’anatomie, qui lui ont valu, en 1S56, une récompense de l’Académie des sciences de Paris. Nous citerons parmi ses ouvrages : Tableau micrométrique pour servir à la réduction des diverses mesures gui sont employées dans la micromélrie microscopique (Copenhague, 1842) ; Recherches micrométriques sur le système nerveux des animaux vertébrés et invertébrés (1842, in-4o), publiées en français (1844) ; Sur CépWtéluma (1802) ; Documents sur l’anatomie, la physiologie et ta pathologie

HANO

de l’a-il (1850, in-S0) ; Sur l’importance de la menstruation (1851) ; De la construction et de l’emploi du microscope, trad. en français en 1855, etc.

HANNUYER, ÈRE s. et adj. (a-nui-ié ; A asp). Géogr. Habitant du Hainaut ; quiup partient à ce pays ou à ses habitants : Les hannuyërs. La population hannuybhb,

HANOCHE s. f. (a-no-che). Fagot fait avec des branches dé om,05 à om,06 d’épaisseur.

HANOTEAU (Hector), peintre français, né k Decize (Nièvre) en 1823. Il s’adonna d’abord à la peinture de genre, puis étudia le paysage sous la direction de Gigoux et ne tarda pas k se faire avantageusement connaître par des tableaux, dont beaucoup ont été gravés par Pierdon et reproduits par des journaux illustrés. Les œuvres de cet artiste se recommandent par un vif sentiment de la nature et par une exécution soignée. Nous citerons de lui : Campement arabe (iS55) ; les Prés de Charency : Un étang dans te Nivernais (1857) ; Une matinée sur les bords de la Crtuna (1859) ; Une matinée de pêche (1861) ; Un ruisseau à Charencu (1861) ; Chevaux libres (1863) ; la Hutte abandonnée (18G4) ; Un coin de parc (1865) ; le Soir à la ferme ; Après la pêche (1866) ; le Garde-manger des renardeaux (18C8) ; les floseaux (1SGD) ; la Passée du grand gibier (1S09), etc. M. Hauoteau a obtenu des médailles k diverses expositions.

H ANOUARD OU HANOUART, HANNOUARD ou HANNOUART s. in. (a-nou-ar ; A asp.-Ce mot vient probablement du celtique : bas breton halennour, marchand de sel, saunier ; kyinrique halenwr, du bas breton ou kymrique Au/en, sel, peut-être le même que le grec als et le latin sal. On trouve naloinor pour marchand de sel, et haloin pour sel, dans lo Z>i’ctionnaire cornouaillais du XI/o siècle, publié par M. Zeuss). Nom donné anciennement aux porteurs de sel, organisés en corporation : Les hanouaiîds avaient le privilège de porter le corps du roi défunt jusqu’à un endroit déterminé de la roule de Saint-Denis, ou ils le livraient aux mains des religieux.

HANOUMAN, singe ami de Râma-Tchandra, dans la mythologie indienne. Il contribua aux triomphes de ce héros et il a aussi sa part dans les hommages qu’on lui adresse. Il était filsd’Andjanâ, femme du singe Kesari ; mais la légende scandaleuse lui donne pour père le dieu Vichnou, qui l’aurait engendré en répandant de la liqueur prolifique sur l’oreille d’Andjanâ. Une autre légende veut que ce célèbre dieu-singe soit né de Siva lui-même. Pavana, dieu du vent, intermédiaire officieux entre Siva et Andjanâ, fut ensuite regardé comme le père de ce singulier personnage, qui, dès sa naissance, fort joueur et fort plaisant, prenant le soleil pour un fruit ou un joujou, s’était élancé vers le char de ce dieu et l’avait brisé. Indra, effrayé, l’avait foudroyé, et Pavana avait obtenu qu’il revînt à la vie. Cependant, en tombant, il s’était brisé les os de la joue, et, depuis cet accident, il avait été surnommé Hanouinan. Cet être est immortel, et on l’honore pour obtenir une longue vie. Il était doué d’une force et d’une légèreté extraordinaires ; dans le Itamâyana, on le représente franchissant d’un saut le détroit qui est entre Ceylan et le continent et transportant une montagne entière sur laquelle se trouvait une plante jugée nécessaire pour sauver les jours du dieu Lukchmânn. Ses espiègleries lui avaient une fois attiré la malédiction de plusieurs brahmanes qui méditaient, les yeux fermés, au bord d’un lac : il avait jeté un énorme rocher qui avait fait remonter l’eau et forcé les brahmanes à s’éloigner. Aussitôt après, il avait repris le rocher, et quand les saints personnages, achevant leur prière, voulurent l’aire leurs ablutions, ils virent que le lac n’était plus auprès d’eux. Cette plaisanterie s’était renouvelée jusqu’au moment où, s’apercevant qu’ils étaient joués, ils l’avaient, par une imprécation, privé de sa force. C’est alors que le malin singe, pour les fléchir, devint leur humble serviteur, leur apportant des fruits et des racines qu’il allait chercher dans la forêt. Ils le bénirent et lui annoncèrent qu’il verrait Ràma et possèderait le double de la force qu’il avait perdue. Dans la guerre de Ràma contre Ràvana, il montra le plus grand dévouement. Envoyé comme espion k Lanka, il découvrit la retraite de Sitâ et lui donna des preuves du tendre intérêt que lui portait Ràma, son époux. Seul, il porta dans la capitale de l’ennemi le désordre et la mort. Arrêté par Indra-Djit, fils de Kâvana, il parut devant le tyran, qui fit mettre le feu k sa queue. Mais ce fut pour le malheur de Lanka : le singe, sautant de maison en maison, communiqua ce feu à toute la ville. Plus tard, il sauva la vie à Ràma et k son frère. On ne lu représente pas seulement comme guerrier : on veut qu’il ait été poëte et qu’il ait célébré les actions de Ràma en vers gravés sur le roc. On prétend que l’auteur du fiamàyana, Wàimlkî, vit ce poème et voulut sacrifier son propre ouvrage, et que le généreux singe jeta alors k la mer les pierres où il avait gravé ses productions ; que, plus tard, on en retrouva quelques fragments, qui, arrangés et commentés pur Dâmodara Misra, devinrent la pièce intitulée : Hanouman Nâtaka. Hanouman est regardé comme l’inventeur du troisième système de musique en usage chez les Indiens.