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hommes de l’âge de pierre n’avaient d’autres habitations que les cavernes, c’est-à-dire des anfractuosités creusées dans les rochers et à peine façonnées. Tout ce qu’on a pu découvrir de plus parfait dans ce genre d’habitations est une caverne à plusieurs étages, avec des ouvertures représentant des portes et des fenêtres. Dans ces habitations, on a trouvé quelques traces de feu, des cendres, des os de mammifères divers fendus pour en extraire la moelle ; les débris immondes de cette cuisine primitive jonchaient le sol des habitations comme on le voit encore dans les huttes des Esquimaux : dès que l’homme avait quitté sa tanière, les hyènes venaient dévorer les restes de ses repas.

Dans la fin de l’âge de pierre, l’homme eut peut-être une habitation moins sauvage ; beaucoup de tumuli, dans le nord de l’Europe, paraissent avoir servi de demeures à nos ancêtres. C’étaient des huttes creusées sous terre, et recouvertes d’une butte comme on voit encore les habitations souterraines des Lapons et des Esquimaux ; en d’autres parties de la Gaule, il y eut de véritables villages de huttes, défendues par un amas de pierres formant comme un rempart protecteur. Quelle était, dans ces habitations primitives, l’existence de cet homme de l’âge de pierre ? la plus sauvage et la plus misérable qu’on puisse imaginer. Retiré dans sa tanière ou dans sa caverne pendant la nuit ; le jour, occupé à poursuivre les animaux sauvages qu’il convoitait pour sa nourriture, réussissant quelquefois à les tuer à coups de pierres ou de bâton, à coups de hache ou de massue, vêtu dans les grands froids de leurs dépouilles à peine préparées, souvent nu malgré une température très-inférieure à celle qui règne aujourd’hui, n’ayant aucune agriculture, point d’animaux domestiques, sinon le chien qui lui servait à la fois de compagnon et de nourriture, toujours en guerre avec ses voisins, vivant dans une méfiance perpétuelle, obligé de se défendre sans cesse contre les animaux sauvages et contre ses semblables, ayant à peine le loisir de faire un peu de feu pendant les froids les plus rigoureux, à l’aide des procédés les plus primitifs, tel vivait ce misérable sauvage, notre ancêtre, tels vivent encore dans les régions éloignées les plus infimes représentants des races inférieures.

Cependant il faut croire que l’état de sauvagerie dans lequel vivait notre ancêtre put, avec le temps, se modifier, et qu’un commencement de civilisation pénétra enfin dans cette société sauvage. Y fut-elle apportée par la conquête, ou fut-elle le résultat du développement progressif de la race autochthone ? Sur ce point les avis sont fort partagés. Ce qui est positif, c’est qu’à un certain moment le métal se substitue à la pierre pour la fabrication des armes et des instruments du travail. Mais ce n’est pas encore le fer ; ce métal, toujours à l’état de minerai, était d’une préparation trop difficile pour l’homme primitif. On ne connut d’abord que le cuivre et l’étain, métaux plus faciles a travailler et a fondre, qu’on unit facilement pour en former l’alliage appelé bronze. Encore qu’il soit impossible de savoir si le bronze fut apporté par les négociants phéniciens, ou exploité par les habitants mêmes du continent européen, on sait, par l’exploration des gisements, qu’il y eut une époque où le fer n’était pas encore connu, et où le bronze était d’un usage commun : c’est ce que les archéologues ont appelé l’âge de bronze. Lors de la découverte de l’Amérique, les peuples qui habitaient ce vaste continent en étaient encore à l’âge de bronze, et beaucoup de peuplades demi-sauvages en sont restées, jusqu’aujourd’hui, à cette industrie primitive. Chez les Américains, il y avait même eu un âge de cuivre, pendant lequel on ne savait pas allier l’étain au cuivre pour en faire le bronze ; mais en Europe il parait avéré que le bronze succéda directement à la pierre. Sans doute, la valeur de ce métal était de beaucoup supérieure à celle de la pierre, et les gisements de cette époque contiennent encore un grand nombre d’outils et d’armes de silex ; les riches seuls pouvaient sans doute posséder les armes de métal.

L’époque de bronze est nécessairement plus riche que l’époque de pierre ; il nous reste de plus importants et de plus nombreux vestiges de l’industrie de cet âge. Ce sont des haches, des moules de terre pour les fondre, des têtes de flèche et des pointes de lance, des couteaux, des rasoirs, des épées, des dagues, des harpons, des ornements de toute espèce, colliers, bracelets, plaques, etc., etc. Dans tous ces instruments la perfection du travail est portée à un point de beaucoup supérieur à celui auquel il était resté dans l’âge de pierre.

Les hommes de l’âge de bronze étaient déjà en possession d’une industrie qui faisait honneur à leur intelligence et à leur goût artistique ; mais on ignore s’ils ont eu une écriture et possédé un alphabet. Leurs monuments sont caractérisés par la grandeur et l’énormité du travail ; ils ne travaillaient pas la pierre, mais employaient de grands blocs de pierres brutes qu’ils soulevaient et disposaient symétriquement en cercles, en lignes, en allées couvertes, etc.

Les menhirs, les dolmens de l’Armorique, les pierres levées de Carnac et d’autres lieux, les monuments mégalithiques de Stonehenge et d’Abury, dans la Grande-Bretagne ; les tumuli, si nombreux dans le Danemark, la Belgique, la Grande Bretagne et les îles de la Scandinavie ; les cercles de pierre, le fort de Staigues dans le Kerry, sont les principales constructions de cette époque, et les spécimens de l’art celtique dans la période de bronze.

Les tombeaux de l’âge de bronze sont des éminences de terre, de capacité variable, creusées très-souvent d’une sorte de salle funéraire qui contient les cadavres ; mais les tumuli sont loin de caractériser l’âge de bronze, car il paraît certain que ce genre de sépulture était adopté pendant les derniers temps de la période de pierre et qu’il se continua pendant l’âge de fer qui succéda à l’âge de bronze. On pense même qu’à certains caractères il est possible de reconnaître l’époque relative du tumulus, et sir John Lubbock les formule ainsi : « À l’époque de pierre appartiennent les tumuli à salles entourées de grandes pierres dressées ; les cadavres y sont ensevelis dans la position assise, les genoux réunis sous le menton ; ils y sont entourés d’objets de silex. Pendant l’âge de bronze, les tumuli sont entièrement composés de terre et de petites pierres ; les cendres des cadavres y sont déposées dans des urnes funéraires en poterie grossière, et on trouve près de ces sépultures des instruments d’or et de bronze, des modèles réduits d’armes, des vêtements, et des vases qui pouvaient contenir des aliments ou des bijoux ayant servi au défunt. Enfin, l’âge de fer se caractérise par la position étendue du cadavre et la présence d’instruments de fer. Ce qui est certain, c’est que ces distinctions sont souvent très-difficiles à faire, et que les règles que nous venons d’énoncer ont souffert un grand nombre d’exceptions ; la coutume d’enterrer les morts dans de vieux tumuli, coutume qui s’est propagée jusqu’au temps de Charlemagne, a jeté une grande confusion dans les données archéologiques de l’époque qui nous occupe. »

Des poteries ou des fragments de poteries se retrouvent fréquemment dans les tombeaux de l’âge de bronze ; ces poteries sont faites d’une argile grossière, mêlée de cailloux et de graviers de silex ; elles sont faites à la main, le plus ordinairement séchées au soleil, et leur ornementation, des plus simples, se borne à des impressions en creux de lignes et de points. Ces ornements sont produits par impression dans l’argile molle, soit à l’aide de l’ongle, soit à l’aide d’un poinçon ; on n’y trouve jamais de lignes courbes ni de représentations d’objets naturels.

Les habitations des hommes de l’âge de bronze ont beaucoup varié. Dans la Scandinavie, la Grande-Bretagne et la partie septentrionale des Gaules, il n’y avait probablement pas de différence entre l’habitation durant la vie et le tombeau après la mort. Les ganggraben et les excavations tumulaires connues sous le nom de maisons des Pictes étaient probablement des habitations creusées sous terre et recouvertes d’un tertre, comme sont encore les habitations des Lapons, des Esquimaux, etc. ; après leur mort, on y laissait les défunts en compagnie des objets qui leur avaient servi, et on murait la porte d’une pierre ou d’un amas de terre. Dans d’autres parties de la Gaule, en Irlande, et surtout en Suisse, les habitations avaient un caractère bien plus extraordinaire ; elles sont connues sous le nom de crannoges, en Irlande, et de pfalbauten en Suisse, ou d’habitations lacustres. Sur de grands terre-pleins reposant sur pilotis et formant des chaussées très-étendues et entourées d’eau, on construisait des habitations en forme de huttes, comme furent plus tard les habitations gauloises décrites et figurées par les Romains. Ces huttes, par leur réunion, formaient d’immenses villages extrêmement peuplés, où l’homme était à l’abri des animaux carnassiers et se livrait à la pêche, à la fabrication des filets, et au tissage d’étoffes de laine grossières.

L’existence de l’homme, à cette époque, n’était pas exempte de privations, car s’il se nourrissait de la viande délicate du bœuf, du cerf, du porc, du chevreuil, de l’élan, du castor, on voit qu’il était souvent obligé (faute de mieux sans doute) de dévorer la chair du renard, de l’ours et du chien. Cependant il possédait quelques animaux domestiques en petit nombre, pratiquait la culture des fruits et des céréales, fabriquait une sorte de pain sans levain et savait faire des provisions d’hiver en fruits et poissons séchés.

Ici se termine l’histoire de l’homme primitif. À une époque déjà bien éloignée de nous et fort antérieure même à l’occupation romaine, les Celtes furent en possession d’une industrie avancée, et il leur fut donné de prendre rang parmi les populations qui ont une histoire.

— IV. Antiquité de l’homme. Le problème de l’antiquité de notre race sur la terre a été posé bien souvent et à des époques bien différentes ; il fallait arriver à notre temps pour en entrevoir seulement la solution. Manéthon, chargé par Ptolémée Philadelphe de lui présenter l’histoire de l’Égypte, fait remonter l’antiquité de la nationalité égyptienne à 35,000 ans avant ce Ptolémée, qui régnait l’an 200 avant Jésus-Christ. Diodore de Sicile recueille des renseignements analogues, et établit une série de quatre cent soixante-dix rois égyptiens dans une période de 33,000 ans. L’historien chaldéen Bérose donne 430,000 ans d’existence aux dynasties chaldéennes, et compte 35,000 ans du déluge seulement à Sémiramis. D’autres chronologies se sont établies postérieurement sur des données différentes ; l’interprétation des textes saints a fait adopter dans nos ouvrages classiques une chronologie qui restreint singulièrement l’antiquité de la race humaine, puisqu’elle fixe à l’an 3,308 avant Jésus-Christ la date du déluge, et à l’an 4,004 ou 3993 l’époque de l’apparition du premier homme.

Mais des difficultés d’un autre ordre surgissent. L’archéologie historique a pu déterminer avec précision la date à peu près certaine de beaucoup d’anciens monuments égyptiens et assyriens, et les conclusions inévitables auxquelles est amené l’historien consciencieux sont que la race humaine est plus ancienne que ne veut en convenir la chronologie classique.

Le docteur Bunsen, auteur de la Genèse de la terre et de l’homme, dit avec beaucoup de sens « qu’une des grandes difficultés que nous avons à surmonter quand nous essayons de regarder, comme on le fait ordinairement, toute la race humaine comme descendant d’un seul couple..., c’est le fait que les monuments égyptiens, qui datent presque tous du XIIIe, du XIVe et du XVe siècle avant notre ère, représentent des individus de nations nombreuses, Africains, Asiatiques, Européens, différant autant par les caractères physiques qu’un nombre semblable d’individus de nations diverses à notre époque, si on les groupait ensemble. Nous y retrouvons, par exemple, de vrais nègres de la Nigritie, représentés avec une fidélité de couleur et de traits qu’un habile artiste moderne pourrait à peine surpasser. Il est probable que quiconque s’est occupé de l’anatomie ou de la physiologie ne voudra pas croire que de telles diversités aient pu se produire entre cette époque reculée et le déluge de Noé. » Mais cette argumentation, quelle qu’en soit la valeur, n’atteint qu’un côté de la question ; les partisans de la pluralité originaire des espèces humaines échappent en effet à ces conséquences.

La question peut encore être envisagée à un autre point de vue. « Ce ne sont pas seulement les archéologues, pendant ces derniers temps, dit l’auteur de l’Homme avant l’histoire, qui ont regardé comme insurmontables les difficultés que présente la chronologie de l’archevêque Usher ; historiens, philologues et physiologues, tous ont admis que la courte période attribuée à la présence de la race humaine sur la terre peut à peine se concilier avec l’histoire de quelques nations orientales ; que cette période ne permet ni le développement des divers langages, ni l’épanouissement des nombreuses particularités physiques qui distinguent les différentes races d’hommes. »

La question est donc insoluble sur le terrain de l’histoire, et l’archéologie monumentale ne nous guide pas mieux. Elle établit, il est vrai, et fixe avec quelque précision la date de la construction des grands monuments de l’antiquité ; mais elle ne nous dit rien, elle ne peut rien nous dire sur cette longue suite de siècles qu’a traversés l’humanité dans son laborieux enfantement. Combien a-t-il fallu d’années ajoutées aux années pour que l’homme, primitivement sauvage, réduit à sa seule force musculaire, suffisant à peine à se procurer une nourriture grossière conquise au prix de mille travaux, pût arriver à se former une langue, une science, une industrie compliquée ? Avant seulement qu’il ait pu tailler la pierre et le bois, avant qu’il ait songé à éterniser sa reconnaissance pour les dieux qu’il adorait, avant qu’il ait eu la notion même d’un culte et la croyance à la durée de sa race, combien de siècles a-t-il dû traverser au sein de l’ignorance, de la misère et de la barbarie ?

Est-il possible de remonter assez haut dans l’histoire des temps pour fixer approximativement la date de l’apparition première de l’homme ? Ce problème, absolument insoluble pour nos pères, n’est pas aujourd’hui éloigné d’une solution acceptable. Mais il ne faut plus compter sur la tradition, sur l’étude des monuments représentant un art avancé, sur les supputations historiques et les documents apocryphes des auteurs anciens ; il faut se baser sur les documents fournis par la science géologique ; il faut lire l’histoire impartiale écrite dans les entrailles mêmes de la terre. Étant donnée la profondeur à laquelle on a trouvé des débris de l’industrie humaine ou des ossements humains, on en déduirait l’époque à laquelle remontent ces débris, si l’on connaissait la loi qui préside à la surélévation progressive des terrains. On voit tout de suite à quelles chances d’erreur sont soumis ces calculs ; il est trop évident que l’accumulation des sédiments est extrêmement variable en différents points du globe, et qu’alors même qu’on est en possession de quelques points de repère qui permettent de connaître quelle a été, en un temps donné, la surélévation du terrain, il resterait à prouver que les conditions dans lesquelles se sont déposés les sédiments n’ont jamais varié depuis un laps de temps extrêmement considérable. Ces réserves faites, nous pouvons donner une idée des calculs basés sur les découvertes géologiques et des conséquences qu’on a voulu en tirer.

M. Horner, en Égypte, sous les auspices de la Société royale de Londres et du gouvernement égyptien, entreprit de calculer l’ancienneté de l’homme sur la terre d’Égypte. Adoptant comme point de repère la date avouée de la construction de l’obélisque d’Héliopolis, 2300 avant J.-C., on en déduit que, dans un espace de 4,150 ans, il s’est déposé au pied de l’obélisque, qu’on peut mettre à nu, 11 pieds anglais de sédiments, soit 3,18 pouces par siècle. D’autre part, les mêmes calculs appliqués à propos du grand colosse de Rhamsès II, à Memphis, donnent 3 1/2 pouces par siècle. Les conséquences se déduiront avec facilité : si la surélévation du sol égyptien par les dépôts limoneux du Nil a suivi une marche constante, si les débris de l’industrie humaine ont été trouvés à des profondeurs de 39 pieds, il en faut conclure que ces débris, avaient environ 30,000 ans d’existence.

Le torrent de la Tinière a graduellement élevé sur le sol un cône de graviers et d’alluvions, à l’endroit où il se jette dans le lac de Genève, auprès de Villeneuve. Le passage d’un chemin de fer ayant sectionné ce cône sur une longueur de 1,000 pieds et sur une profondeur de 32 pieds, et ayant mis à nu la structure très-régulière des couches disposées horizontalement, il y avait là les éléments d’un calcul qu’entreprit M. Morlot. Chaque couche révélait une industrie différente : à la partie supérieure, des débris de l’art romain ; plus bas, les poteries grossières et les instruments de bronze ; enfin, plus bas encore, d’autres poteries plus grossières et des débris humains d’une race brachycéphale semblable à la race mongole, et qui vivait en cet endroit vers la fin de l’âge de pierre. En prenant pour point de repère la date connu» de l’occupation romaine, qui correspond à la tranche inférieure de la couche supérieure, on calcule pour le cône entier d’alluvion une période de 10,000 ans, et 47 à 70 siècles pour la durée seule de l’âge de pierre.

Troyon a fait porter ses calculs sur les constructions lacustres d’Yverdon ; il arrive au chiffre moins élevé de 3,300 ans ; mais ses calculs, d’ailleurs contestés par Jayet, ne déterminent que l’époque d’existence de l’homme contemporain de l’âge de bronze.

En creusant le sol pour la fondation de l’usine à gaz de la Nouvelle-Orléans, on mit un jour à nu des ossements d’hommes de l’ancienne race américaine, reposant à une profondeur considérable sous une couche de tourbes et de cyprès enfouis, d’une épaisseur telle que, d’après les calculs de M. Bennet-Dowler, il n’a pas fallu moins de 158,400 ans pour que les alluvions du Mississipi pussent la former. Ce même calcul donne au moins 57,000 ans aux crânes américains les plus récents.

Nous pourrions multiplier ces exemples et reproduire les calculs des savants anglais sur les couches fossilifères de la Grande-Bretagne, Ils ne nous mèneraient pas à des conclusions plus rigoureuses. Tous ces calculs, d’ailleurs, ne s’appliquent pas à l’homme primitif, mais, le plus ordinairement, à des hommes pourvus d’une industrie plus avancée, très-postérieurs à ceux qui fournirent le crâne d’Engis et celui du Neanderthal. Tout ce qu’il est permis de conclure, c’est que l’homme est d’une antiquité devant laquelle pâlissent les plus audacieuses chronologies ; c’est qu’il existait au déclin de la période glaciaire, en compagnie des grands mammifères de la formation quaternaire.

— Philos, et Physiol. La vie humaine se divise généralement en quatre périodes, savoir : l’enfance, l’adolescence, l’âge mûr et la vieillesse. On pourrait les réduire à deux, qui représenteraient les phases d’accroissement et de dépérissement communes à tous les êtres organiques.

À l’article enfant, nous avons décrit les premières modifications que subit l’être humain à sa naissance. La première impression qu’il reçoit est une sensation de douleur, triste présage des misères qui l’accueilleront dans sa courte existence. D’après Buffon, ce ne serait qu’une sensation corporelle, semblable à celle qui fait pousser des cris à tous les animaux nouveau-nés, et ce n’est qu’après quarante jours que le rire et les larmes, produits de sensations intérieures, commenceraient à révéler la présence d’une âme dans cette frêle enveloppe de chair. Des organes de l’enfant, le premier qui s’exerce, ce sont les yeux. Il commence à discerner les objets, mais sans avoir encore l’idée de l’espace et des distances. L’action de la lumière sur la rétine de l’enfant est intense et produit une émotion agréable ; elle provoque son premier sourire. Heureuse la mère qui, en accomplissant elle-même l’un des principaux devoirs de la maternité, en reçoit la première récompense ! L’ouïe reste plus longtemps confuse. Ce n’est qu’après six mois et plus que l’enfant paraît distinguer les sons qui frappent son oreille. Le goût et l’odorat sont peu éveillés. Le toucher est obtus.

La nature, cette bonne mère que nous vantent tant les poètes, vend ses bienfaits plus qu’elle ne les donne. Les premières armes dont l’enfant va être pourvu lui coûteront bien des cris : à de rares exceptions près, la dentition est douloureuse. Les premières dents, dites œillères ou canines, apparaissent du hui-