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pour porter l’hommage, le seigneur dominant pouvait l’y contraindre par la saisie féodale du fief. La saisie féodale ne dépouillait pas, il est vrai, irrévocablement le tenancier retardataire, mais elle attribuait au suzerain saisissant la possession du fief servant, et lui en faisait acquérir les fruits et produits utiles de toute nature, jusqu’à ce que le feudataire eût satisfait à ses devoirs de vasselage par le port régulier de la foi. La rigueur de cette mainmise, qui s’est perpétuée jusqu’en 1789, était, certes, peu en rapport avec l’importance si amoindrie de l’hommage féodal. La question d’argent, chez les seigneurs, fut plus tenace que la question d’honneur,

HOMMAIRE DE HELL (Ignace-Xavier MORAND), géologue et voyageur français, né à Altkirch (Haut-Rhin) en 1812, mort à Ispahan le 29 août 1848. Élève de l’école des mines de Saint-Étienne, il concourut au projet du chemin de fer de Lyon à la Méditerranée. En 1835, il partit pour l’Orient, explora la Crimée et la Nouvelle-Russie au point de vue géologique, et remplit diverses missions scientifiques pour le compte du gouvernement russe, qui lui doit la découverte des mines de fer des bords du Dniéper. Après son retour en France (1842), il fit paraître les Steppes de la mer Caspienne, le Caucase, la Crimée et la Russie méridionale (1844-1847, 3 vol. in-8°), le meilleur livre qui existe sur ces contrées, et dont une grande partie est due à la plume de sa femme, compagne de toutes ses fatigues. Chargé par le gouvernement français, en 1846, d’explorer la Turquie et la Perse, il succomba avant d’avoir pu achever ce dernier voyage, dont la relation a été publiée en 1854 (4 vol. in-8°, et atlas), par J. Laurens, un de ses compagnons.

HOMMAIRE DE HELL (Jeanne HÉRIOT, dame), femme auteur française, épouse du précédent, née vers 1815. Elle partit avec son mari pour l’Orient en 1835, l’accompagna dans son exploration scientifique au Caucase et dans la Russie méridionale, et écrivit les deux premiers volumes de l’ouvrage intitulé : les Steppes de la mer Caspienne, le Caucase, la Crimée et la Russie méridionale. Ces volumes, consacrés à la description des lieux et des usages des peuples, sont plus pittoresques que scientifiques. On lui doit, en outre : Rêveries d’un voyageur (1845), recueil de poésies ; Voyage dans Les steppes de la mer Caspienne et dans la Russie méridionale (1860), et elle a pris part à la rédaction du Voyage en Turquie et en Perse (1854-1860) et de l’Annuaire des voyages.

HOMMASSE adj. (o-ma-se — rad. homme). Par dénigr. Se dit d’une femme dont les traits, le son de voix, la taille, les manières tiennent plus de l’homme que de la femme :

Ciel ! que je hais ces créatures fières,
Soldats en jupe, hommasses chevalières.

                    VOLTAIRE.

HOMME s. m. (o-me — V. l’étym. à la partie encycl.) Animal doué de raison, qui appartient à ln classe des mammifères, mais qui se distingue de tous les autres animaux par l’excellence de son organisation intellectuelle : De tous les animaux qui respirent ou qui rampent sur la terre, le plus faible et le plus misérable, c’est l’HOMME. (Homère.) L’HOMME est une âme qui se sert d’un corps, (Proclus.) Il appartient à l’HOMME d’être faible, et à Dieu d’être indulgent. (Fén.) L’HOMME est un automate intelligent. (Spinosa.) L’HOMME est un animal qui fait des outils. (Franklin.) L’HOMME naît sans dents, sans cheveux et sans illusions, et il meurt de même, sans cheveu, sans dents et sans illusions, (Alex, Dumas} L’HOMME est une volonté éclairée par une intelligence et sollicitée pur des passions. (J. Simon.)

L’homme de la nature est le chef et le roi.
               BOILEAU.
L’homme est, je vous L’avoue, un méchant animal.
               MOLIÈRE.
Borné dans sa mature, infini dans sesvœux,
L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux.
               LAMARTINE.

— Individu appartenant au genre humain : Si l’on vous dit qu’une montagne a changé de place, croyez-le si vous voulez ; si l’on vous apprend qu’un HOMME a changé de caractère, n’en croyez pas un mot. (Prov. arabe.) Il est plus aisé de connaître l’HOMME en général que de connaître un HOMME en particulier. (La Rochef.) Les HOMMES sont sots et méchants ; mais, tels qu’ils sont, j’ai à vivre avec eux, et je me le suis dit de bonne heure. (Fonten.)

Un homme, quelque titre enfin dont on le nomme,
Ne peut, sans son aveu, disposer d’un autre homme,
                          ANCELOT.

— Personne humaine douée des qualités qui honorent et distinguent sa nature ; personne humaine digne du nom d’homme : Réside où tu veux, et acquiers de la science et des vertus ; elles te tiendront lieu d’ancêtres. Certes, l’HOMME est celui qui dit : « Voilà ce que je suis ; » l’HOMME n’est pas celui qui dit : « Mon père a été ceci ou cela. » (Maxime arabe.) Faites des HOMMES et tout ira bien. (Michelet) En toutes choses, dans les instincts rudes et dans les instincts mâles, les Germains se montraient des HOMMES. (H. Taine.) Les HOMMES manquent dans le prolétariat aussi bien que dans la démocratie. (Proudh.)

Les républicaine sont des hommes,
Les esclaves sont des enfants.
                 M.-J. CHÉNIER.

— Personne humaine ou ensemble des personnes humaines du sexe masculin : Un HOMME et une femme. L’HOMME et la femme. On doit inculquer à chaque moment dans la tête d’une jeune fille qu’elle est destinée à faire le bonheur d’un HOMME. (Mme  Bernier.)

. . . Dieu veut qu’on reste ici-bas,
La femme guidant l’homme et l’homme aidant la femme
            Pour les douleurs et les combats.
                                 V. HUGO.

— Individu mâle qui est parvenu à l’âge adulte : Quand cet enfant sera HOMME. Une troupe d’HOMMES et d’enfants.

— S’emploie souvent avec un adjectif dont le sens peut être variable selon qu’il est placé avant ou après le nom, Nous donnons, par ordre alphabétique de l’adjectif, celles de ces locutions qui demandent une explication.

Brave homme, Honnête homme, homme bon, franc, obligeant :

On offense un brave homme, alors que l’on l’abuse.
                       MOLIÈRE.

|| Mon brave homme, Expression familière dont on se sert avec un inférieur. || Homme brave, Homme doué de bravoure.

- Bon homme, Homme simple et franc, plein de droiture ét de candeur : La première qualité dans la société est d’être un BON HOMME. (Acad.) || Bonhomme. (V. ce mot à son ordre alphabétique.) || Homme bon, Homme doux et obligeant.

Fameux homme, Homme très-remarquable en son genre : J’oubliais de vous dire que le défunt était un FAMEUX HOMME pour composer des chansons. (Dumas-Hinard.) || Homme fameux, Homme illustre, célèbre : Érostrate est un HOMME FAMEUX, mais on ne peut dire qu’il ait été un fameux homme.

Galant homme, Homme d’honneur sur la parole de qui l’on peut compter : Victor-Emmanuel a reçu de son peuple le titre de roi GALANT HOMME. (Aug. Humbert.) || Homme galant, Homme empressé auprès des femmes.

Grand homme, Homme qui a jeté un grand éclat par ses qualités éminentes ou par d’éclatantes actions : Le GRAND HOMME perd à être vu de près ; on se fait toujours de lui une idée que la réalité dément. (Alex. Dumas fils.) || Homme grand, Homme de grande taille : Charlemagne était un de ces très-rares grands hommes qui sont aussi des HOMMES GRANDS. (V. Hugo.)

Honnête homme, Homme probe, de principes, de mœurs sévères : Plus on est HONNÊTE HOMME, moins on soupçonne les autres de ne l’être pas. (Cicéron.)

L’argent en honnête homme érige un scélérat,
                       BOILEAU.
On peut être honnête homme et faire mal des vers.
                       PIRON.

|| Homme honnête, Homme poli, qui connaît et remplit les devoirs sociaux : L’HOMME le plus HONNÊTE de la cour n’est pas le plus honnête homme du monde. (D’Alemb.) Être un HOMME HONNÊTE ne suffit pas, il faut encore être honnête homme. (Ch. Nod.)

Jeune homme, Adolescent, homme entre l’âge de puberté et l’âge mûr :

Un jeune homme, toujours bouillant dans ses caprices,
Est prompt à recevoir l’impression des vices.
                      BOILEAU.

|| Homme jeune, Homme fait, qui n’est pas ou ne paraît pas avancé en âge.

Pauvre homme, Homme à plaindre, digne de pitié : Tâchez de faire quelque chose pour le PAUVRE HOMNE.

. . . . Tartufe ! Il se porte à merveille,
Gros et gras, le teint frais et la bouche vermeille.
— Le pauvre homme !
                       MOLIÈRE.

|| Homme qui n’est bon à rien, ou qui n’est nullement estimable : C’est un PAUVRE HOMME, allez. || Homme pauvre, Homme misérable, sans fortune,

Homme public, Homme qui s’occupe des affaires publiques : L’HOMME PUBLIC n’est point vertueux, s’il n’a que les vertus de l’homme privé. (Mass.)

L’homme de, Le représentant, le commis, le délégué, le protégé de : Il est L’HOMME DU ministre, il peut obtenir tout ce qu’il veut. L’avocat plaidant n’est pas L’HOMME DU premier venu toujours, mais presque toujours. (Cormen.) || L’homme dévoué aux intérêts, au service de : Dieu n’a fait un homme roi que pour être L’HOMME DES peuples. (Fén.) || L’homme qui convient à, qui est fait pour, désiré, attendu, annoncé, désigné par : Voici MON HOMME. Vous n’êtes pas SON HOMME. Il y a dans l’homme deux hommes : L’HOMME DE son siècle, L’HOMME DE tous les siècles. (Chateaub.) || Homme en état de lutter contre : Il a trouvé SON HOMME. Parbleu ! chevalier, te voilà mal ajusté, tu as trouvé TON HOMME. (Mol.) || Homme soumis aux ordres de, commandé par : Le capitaine rassembla SES HOMMES. Vous me ferez porter ce paquet par un de VOS HOMMES. || Homme dont il s’agit, dont on parle :

Voici notre homme ; ah ! comme il est bâti !
                      MOLIÈRE.
C’est mon homme, ou plutôt est celui de ma femme.
                      MOLIÈRE.

Mon homme, notre homme, Mon mari, dans le langage des femmes de la campagne : J’irai avec MON HOMME souper chez vous. (Acad.)

— S’emploie avec différents compléments, donnant lieu à de nombreuses locutions qui réclament une explication,

Homme d’affaires, Homme chargé d’administrer les affaires de quelqu’un : Entendez-vous avec mon HOMME D’AFFAIRES. || Agent d’affaires : J’ai confié le soin de mon procès à un HOMME D’AFFAIRES intelligent. (Acad.)

Homme d’argent, de finance, Banquier, agioteur, homme qui trafique sur le numéraire ou les valeurs commerciales. || Personne intéressée, qui ne pense guère qu’à amasser de l’argent : L’HOMME D’ARGENT est rarement un homme de cœur.

Homme d’armes, Cavalier qui était armé de toutes pièces.

Homme de bien, Homme vertueux, qui pratique le bien : Le magistrat qui n’est pas un héros n’est pas même un HOMME DE BIEN. (D’Aguess.)

Homme de couleur, Mulâtre, homme provenant du mélange de la race Blanche et de la race noire.

Homme de cour, Celui qui fréquente la cour, qui fait partie de la cour du souverain : Un HOMME DE COUR ressemble à certaine colonne de marbre ; il est dur, poli et bigarré comme elle. (Christine de Suède.)

Homme de Dieu, Homme fort dévot, saint homme.

Homme d’Église, Prêtre, membre du clergé :

Je sais bien qu’un homme d’Église,
Qu’on redoutait fort en ce lieu,
Vient de rendre son âme à Dieu ;
Mais je ne sais si Dieu l’a prise.
                    DE CAILLY.

Homme d’épée, Officier, homme qui suit la carrière des armes :

Entre l’homme d’épée et l’homme de science,
Les femmes au premier inclineront toujours.
                    LA FONTAINE.

Homme d’esprit, Homme d’une intelligence vive, qui comprend aisément et exprime avec délicatesse : L’HOMME D’ESPRIT est porté à la critique, parce qu’il voit plus de choses qu’un autre et les sent mieux. (Montesq.) Personne ne se croit propre comme un sot à duper un HOMME D'ESPRIT. (Vauven.)

Homme d’État, Personnage politique ; homme habile dans la direction des affaires publiques : Ce n’est point une pénétration supérieure qui fait les HOMMES D'ÉTAT, c’est leur caractère. (Volt.) Je pense que, dans une société bien constituée, l’HOMME D’ÉTAT n’a besoin que de probité et de bon sens. (La Fayette.)

Homme de guerre, Général, chef d’armée ; soldat en général : Un illustre HOMME DE GUERRE.

Homme de lettres, Écrivain, auteur, littérateur : La critique afflige plus les HOMMES DE LETTRES qu’elle ne peut leur nuire. (Villem.)

Homme de loi, Homme instruit dans la jurisprudence, qui s’occupe de l’étude ou de l’application des lois : Une mauvaise affaire rapporte plus à un HOMME DE LOI qu’une bonne cause. (Mérimée.)

Homme de mer, Marin ou homme au courant de la science navale : D’Estrées s’étudiait autant qu’il pouvait à faire croire qu’il était très-habile HOMME DE MER. (E. Sue.)

Homme du monde, Homme qui vit dans le grand monde, qui en connaît les usages et en a les manières : Un HOMME DU MONDE est celui qui a beaucoup d’esprit inutile. (Vauven.)

Homme de paille, Homme de néant, de nulle considération. || Prête-nom, homme mis en avant pour prendre la responsabilité extérieure dont un autre ne veut ou ne peut se charger : Faire pousser une adjudication par un HOMME DE PAILLE. Comment justifier cette institution du gérant HOME DE PAILLE, espèce de champion qui faisait métier de son corps et allait en prison pour de l’argent quand le journal était condamné ? (L. Combes.)

Homme de peine, Manouvrier, homme qui fait des travaux manuels n’exigeant proprement aucun apprentissage.

Homme de pied, Fantassin : Dix mille HOMMES DE PIED et quinze cents cavaliers.

Homme de qualité, Noble de naissance.

Homme de rien, Homme sans naissance, sans fortune, sans influence. || Homme vil, méprisable : Il m’a traité comme un HOMME DE RIEN.

Si vous lisez dans l’épitaphe
De Fabrice qu’il fut toujours homme de bien,
         C’est une faute d’orthographe :
         Passant, lisez homme de rien.
                         Le Brun

Homme de robe, Magistrat ou docteur : Chez nous, le soldat est brave, et l’HOMME DE ROBE est savant ; chez les Romains, l’HOMME DE ROBE était brave, et le soldat était savant. (La Bruy.)

Homme à, Homme capable de, habile ou propre à : Il est HOMME À tout entreprendre. Il n'est pas HOMME À soufrrir une insulte. || Qu’il faut, qu’il convient de : C’est un HOMME À ménager.

Ce n’est pas un homme, C’est un homme faible, sans énergie : Si tu fais cela, TU N'ES PAS UN HOMME.

— Prov. L’homme propose et Dieu dispose, Souvent nos entreprises tournent d’une manière opposée à nos vues, à nos espérances. || Tant vaut l’homme, tant vaut la terre, Les terres rapportent en proportion de la capacité de celui qui les fait valoir.

— Écrit. sainte. Les enfants des hommes. Ceux qui vivent dans le monde, dans l’iniquité ; les hommes en général : O ENFANTS DES HOMMES, jusqu’à quand aimerez-vous vos inquiétudes et vos chaînes ? (Mass.)

— Ascét. Nouvel homme ou Homme nouveau, Chrétien régénéré par la grâce. || Homme-Dieu, Nom donné à Jésus : Appliquer aux pécheurs les mérites de l’HOMME-DIEU. || Dépouiller le vieil homme, se dépouiller du vieil homme', Se défaire des inclinations mauvaises propres à l’humanité.

— Hist. Homme du roi, Celui qui avait quelque commission du roi pour remplir une fonction soit au dedans, soit au dehors du royaume : Il était l’HOMME DU ROI aux états de Languedoc. (Acad.} || Homme de foi, Vassal qui devait foi et hommage à son seigneur. || Homme de pléjure, Vassal qui servait de caution ou gage pleige pour son seigneur. || Homme de poursuite, Serf attaché à la glèbe, que le seigneur pouvait poursuivre et réclamer en tout lieu.

— Jurispr. Devant Dieu et devant les hommes, Formule de serment par laquelle le chef du jury commence la lecture du verdict qu’il va rendre.

— Jeux. Homme d’Auvergne, Sorte de jeu de cartes, qui est surtout on usage en Auvergne,

— Min. Vieil homme, Nom donné par les mineurs allemands aux pierres provenant d’une ancienne exploitation.

— Manège. Homme de bois, Appareil qu’on fixe sur la selle des jeunes chevaux non dressés, pour les habituer à porter un cavalier.

— Mamm. Homme des bois ou Homme sauvage, Nom vulgaire de l’orang-outang. || Homme marin, Nom vulgaire des dugongs et des lamantins :

— Adjectiv. Qui a des qualités viriles ou humaines : Il n°y a que le roi de Prusse que je mets de niveau avec vous, parce que c’est de tous les rois le moins roi et le plus HOMME. (Volt.)

Encycl. Linguist. Le mot homme vient du latin homo, probablement de la même racine qui nous a donné humus, sol, et humilis, humble. Comparez le grec chamai, le zend zem, le lithuanien zem, et zmenes, les hommes, exactement le latin homines. Le latin homo signiflerait donc proprement celui qui a été formé du limon de la terre ou le terrestre. Bopp indique une autre étymologie, le sanscrit bhuman, créature, de la grande racine bhu, être. Une autre antique appellation de l’homme était le sanscrit marta, le grec brotos, le latin mortalis, dérivé secondaire, et maritus. Marta, de la racine mor, mourir, signifie celui qui meurt ; et c’est un fait curieux à relever qu’alors que tout dans la nature changeait sans cesse, se flétrissait et mourait, ce nom de mortel ait été choisi comme appellation distinctive de l’homme. Il y a un troisième nom qui désigne l’homme en l’appelant le penseur, et c’était le principal nom de l’homme chez les anciens Aryas. en sanscrit signifie mesurer ; de là on a tiré la racine dérivée man, penser, laquelle à son tour a donné le substantif sanscrit manu, l’homme par excellence, et aussi le nom du premier homme chez les Aryas. (V. MANOU.) Manu, le penseur, s’entendait plus spécialement de l’homme de race aryenne, tandis que le reste des humains, tenus pour inférieurs, étaient appelés simplement les anavas, les vivants, à en juger par l’emploi de ce mot dans les Védas. Dans le sanscrit moderne, nous rencontrons d’autres dérivés, tels que mânava, mânusha, manuthya, qui ont tous la même signification. Ce nom se retrouve sûrement dans le gothique man, manna, commun à tous les dialectes germaniques, et dont l’anglo-saxon mennisc, ancien allemand mennisco, allemand moderne mensch, sont des formes dérivées. Le manou traditionnel se reconnaît aussi dans le mannus de Tacite. Pictet ramène également à ce groupe le kymrique mynw, personne, individu, ainsi que le menw des traditions bardiques.

— Hist. nat. I. DÉFINITION DE L’HOMME. SA PLACE DANS LA SÉRIE DES ÊTRES. Linné, le premier, osa prêter l’appui de son autorité respectable à une opinion qui régnait dans l’esprit de tous les naturalistes de son temps, mais qu’aucun d’eux n’avait encore formulée ; il plaça l’homme dans la série naturelle des êtres, en tête du règne animal. Notre génération semble devoir être mûre pour accepter franchement cette classification, et pourtant l’assentiment est loin encore d’être unanime ; on se souvient de l’orage qui, dernièrement, s’éleva au sein d’un de nos plus grands corps de l’État, lorsqu’un naturaliste y fut dénoncé pour avoir osé, dans un dictionnaire d’histoire naturelle, définir l’homme : un bimane de l’ordre des primates et de la classe des mammifères. Quant à nous, qui nous plaçons sur le terrain de l’histoire naturelle, nous n’avons pas à transiger avec la vérité scientifique. Que les attributs moraux de sa nature propre fassent de l’homme un être à part, que, par la conscience de sa supériorité, il se place de lui--