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vandières. || Quelques auteurs emploient ce mot au féminin.

— Ichthyol. Poisson qu’on trouve près d’Amboine, et qui est une espèce d’holacanthe.


HOCHER v. a. ou tr. (o-ché ; h asp.). Secouer, branler. N’est plus usité que dans la locution Hocher la tête : Vous n’avez que faire de hocher la tête et de faire la grimace. (Mol.)

— Techn. Faire de petites entailles sur le bord d’une étoffe ou d’une lisière que l’on veut coudre.


HOCHET s. m. (o-chè ; h asp. — rad. hocher, à cause du mouvement qu’on fait avec le hochet pour le faire sonner). Jouet qu’on donne à un petit enfant, pour qu’il le porto à sa bouche et le presse entre ses gencives, pendant le travail de la dentition : Un hochet garni de grelots. Un.hochet de buis, de corne, d’ivoire, de verre, d’argent.

— Par ext. Jouet quelconque : Il faut des hochets aux enfants pour les empêcher de briser tes meubles de la maison. (Aristoie.) Ou amuse les enfants avec des hochets et les hommes avec des paroles. (Lysaiidei.)

— Fig. Chose futile, qui amuse l’esprit : Il est des hochets pour tout âge. (Fonton.) tlieu de plus commun qu’un vieiliard qui meurt sans avoir vécu ; la plupart des hommes meurent un hochet d la main. (Dider.) La vie, sans les maux qui ta rendent grave, est un hochet d’enfant. (Chateaub.)

Est-il juste, grand Dieu ! qu’ici-bas d’un seul homme Des millions d’humains soient les bètes de somme, Que tant d’Êtres de chair soient des hochets sanglants ?

A. Barbier.

— Àgric. Sorte de bêche employée dans les terres légères.


HOCHEUR a. m. {o-cheur ; h asp.— rad. hocher). Mumm. Nom vulgaire d’une espèce de guenon ou cercopithèque.

— Encycl. Mamm. Le hocheur a un peu plus de 1 mètre de longueur, y compris la queue j le pelage est en général d’un noir assez intense, pointillé de gris verdâtre, quelquefois gris ou jaunâtre et mélangé de noir ; le nez long, assez large, renflé, mais non aplati, recouvert d’une tache blanche arrondie ; les

’ oreilles rougeâtres ; les extrémités nues et d’un noir foncé ou brunâtre ; la queue longue et noire. Cet animal a la singulière habitude de hocher continuellement la tête, d’où son nom vulgaire. Il est originaire de la Guinée. Buifon l’a décrit sous le nom de guenon à long nez proéminent. C’est un des singes les plus gentils et les plus agréables ; mais on le voit rarement dans nos ménageries. On l’appelle quelquefois guenon à nez blanc ; mais il ne faut pas le confondre avec une espèce voisine, appelée blanc-nez, ascagne ou pétauriste, et chez laquelle la tache blanche du nez est beaucoup plus apparente,

HOCHFELDEN, bourg de France (Bas-Rhin), ch.-l. de cant., arrond. et à 15 kilom. N.-E. de Saverne, sur la Zorn et le canal de la Marne au Rhin : pop. aggl., 2,619 hab.pop. tôt., S,633 hab. Moulins à blé et à huile, tuileries, fabrique de chaux hydraulique, tannerie, sécheries de garance. Commerce do fer, cuivre, poterie.

HOC11HE1M, bourg de Prusse, prov. de Hesse, régence et à 10 kilom. S. de Wiesbaden, k 4 kilom. E. de Mayence, près du confluent du Rhin et du Mein ; 2,000 hab. Ce bourg est situé sur une colline dont les flancs sont couverts de riches vignobles qui produisent un via blanc estimé.

HOCHICAT

cain xoc

du genre toucan, qui habite l’Amérique centrale.

HOCHKIRCHEN, village du royaume de Saxe, cercle et à 15 kilom. S.-E. de Bautzen ; 732 hab. En 1758, les environs de ce village furent le théâtre d’une sanglante bataille entre l’armée autrichienne et l’armée prussienne commandée par Frédéric II en personne. V. l’article suivant.

llocbkireben (BATAILLE DE), gagnée par le

feld-maréchal autrichien Daun sur Frédéric II, le M octobre 1758. Après sa victoire de Zorndorf, le roi de Prusse vola en Saxe au secours du prince Henri, son frère, vivement pressé par le général autrichien, et réussit à le dégager. Forcé de renoncer à ses projets, Daun opéra sa jonction avec Laudon et manœuvra de manière à couper au roi le chemin de la Silésie. Malgré l’infériorité numérique de ses troupes, Frédéric essaya d’amener l’impassible Daun a une bataille. Il se décida dans ce but à un mouvement hardi, et alla braver l’armée autrichienne jusque dans la position qu’elle occupait près de Hochkirchen. Dans cette guerre, les ennemis n’avaient jamais osé prendre l’offensive contre lui ; ce souvenir allait lui inspirer une confiance fatale.

Frédéric assit son camp sur des hauteurs, à 3 milles des Autrichiens, dans une situation telle, qu’on ne conçoit pas qu’un hoinmo de guerre aussi habile que le roi de Prusse ait osé la prendre devant le maréchal Daun, général circonspect, il est vrai, mais doué d incontestables talents militaires. Aussi le maréchal Keith, l’ami du roi, ne put-il s’empê IHICAT s. ni. (o-chi-ka : h asp. —mexiochitenacatl, même sens). Ornith. Oiseau

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cher de lui dire : ■ Si les Autrichiens nous laissent tranquilles dans ce camp, ils méritent d’être pendus. — J’espère bien, répondit Frédéric en riant, que Daun aura plus peur de nous que de la corde. »

Frédéric avait établi sa droite sur une chaîne de hauteurs que domine le village de Hochkirchen, et la croyait inexpugnable. Mais, dans la nuit du 13 au 14 octobre (1758), Daun, laissant ses feux allumés, commença son mouvement, après avoir formé son armée en trois divisions qui devaient assaillir les Prussiens sur tous les points a la fois. L’attaque commença a cinq heures du matin. Daun et Laudon fondent sur le camp prussien, s’emparent des batteries et égorgent tout ce qui ne peut fuir assez promptement. Favorisés par un épais brouillard, ils se trouvent, au point du jour, en bataille au milieu des lignes prussiennes.

Toute autre armée eût été anéantie sans retour ; mais les soldats de Frédéric, soutenus par leur admirable discipline, ne tardèrent pas à se rallier. Le roi, a la tête de trois brigades, tourne Hochkirchen pour prendre l’ennemi en flanc ; après avoir chargé plusieurs fois, la cavalerie de sa droite renverse celle des Autrichiens, et plus du la moitié des grenadiers ennemis sont hachés. Mais la supériorité du nombre, dans de telles circonstances, devait inévitablement l’emporter. Enveloppé lui-même de tous côtés, Frédéric ne fut dégagé que par l’intrépidité de ses hussards. Keith et le prince Maurice d’Anhalt-Dessau, suivis de quelques bataillons, s’efforcèrent de pénétrer dans Hochkirchen et de ressaisir leurs batteries. Ces efforts héroïques furent impuissants : Keith tomba criblé de balles ; le prince, mortellement blessé, fut fait prisonnier et rendit le dernier soupir entre les mains des ennemis ; enfin, un boulet de canon emporta la tête au prince de Brunswick, frère de îa reine et de ce Ferdinand, un des plus illustres chefs des alliés. Le roi voulut alors tenter un dernier, un suprême effort avec son aile gauche ; mais le duc d’Aremberg, avec la droite des Autrichiens, se jeta sur cette partie de la ligne et la mit en désordre, et tout fut fini.

L’armée prussienne avait perdu 100 pièces de canon, ses tentes, ses bagages et son camp ; les munitions étaient épuisées, le roi et presque tous ses généraux blessés. Quant aux tués et aux blessés, la perte fut à peu près égale de chaque côté : elle monta à 9,000 ou 10,000 hommes de part et d’autre.

Frédéric ne perdit pas courage ; jamais même il ne se montra si grand qu après cette catastrophe. Retiré au camp de Doberschutz, sans artillerie et sans poudre, il sut néanmoins prévenir à l’instant même toutes les conséquences de son désastre. ■ Daun nous a laissés sortir de l’échiquier, dit-il à ses généraux ; la partie n’est pas perdue. Nous nous reposerons ici quelques jours, et puis nous marcherons en Silésie. » Et il conserva une si ftère attitude que le vainqueur n’osa pas attaquer le vaincu.

IlOCHST, bourg de Prusse, prov. de Hesse, régence de Wiesladen, dans l’ancien duché de Nassau, à 9 kilom. O. de Francfort-surle-Mein ; 3,700 hab. Fabrication de tabac. On y remarque une vieille église et un ancien palais de l’électeur de Mayence. Le 11 octobre 1795, le général autrichien Clerfayt y battit les Français, commandés par Jourdan.

110CIISTAÎDT, ville de Bavière, cercle de Souabe, ch.-l. du district de ce nom, à 35 kilom. N.-O. d’Augsbouig, sur la rive gauche du Danube et la route d’Ulm à Donawerth ; 2,500 hab. Cette petite ville, connue dès le îxa siècle et ayant appartenu successivement aux maisons de Hohenstaufen, de Bavière et de Neubourg, est célèbre par la victoire qu’y remporta, en 1703, l’armée franco-bavaroise sur les Autrichiens, commandés par le général Styrum. Un an après, les vainqueurs se virent battus sur les mêmes lieux par Marlborough et Eugène ; le maréchal Tallart fut fait prisonnier avec une partie de son armée. Moreau y défit les Autrichiens le 19 juin 1800 llocbsimdi (batailles de). Trois batailles célèbres ont été livrées par les Français dans les plaines de HochstOîdt, mais avec des résultats bien différents : si nous y avons été deux fois vainqueurs, nous y avons aussi subi une défaite dont le douloureux souvenir étouffe celui de notre double victoire.

I. La succession d’Espagne fut le signal d’une effroyable coalition contre la France ; à peine Philippe V eut-il pris possession de Madrid (1701), que Louis XIV, devenu trop redoutable à l’Europe, vit s’organiser contre lui une nouvelle ligue entre l’empire, la Grande-Bretagne, la Hollande, le Portugal, la Prusse et la Savoie.

Les hostilités débutèrent pour nous d’une manière presque brillante ; l’actif et hardi capitaine auquel Louis XIV, encore bien inspiré, confiai armée d’Allemagne en 1703, ouvrit la campagne dès le commencement de février. Villars était en ce moment le seul général que nous pussions opposer aux deux redoutables capitaines qui commandaient les années ennemies, Eugène et Marlborough. Nous n’avions qu’un seul allié, l’électeur de Bavière, et Villars, posté sur le Rhin, reçut de Versailles l’ordre d’aller le rejoindre à travers l’Allemagne. Rien ne put l’arrêter dans cette marche hardie ; il avait chargé Tallart, commandant du corps d’armée destiné

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2t rester sur le Rhin, de tenir en échec le prince de Bade, et il avait manœuvré de manière à faire croire à l’ennemi que son intention était de forcer les passages des montagnes Noires ; c’est la, que s’était inutilement concentrée 1 attention des impériaux.

Mais alors commencèrent entre Villars et l’électeur de Bavière des dissensions interminables, qui firent perdre presque tout le fruit que l’on devait attendre de la réunion de leurs forces. Le général français, désespéré, alla jusqu’à demander son rappel, pris d’un amer découragement, en se voyant à la tête d’une armée sans armes, sans munitions, et associé à un prince dont la faiblesse paralysait toutes les inspirations de son génie. Le périt croissait tous les jours autour de lui ; lé maréchal de Tallart, chargé de surveiller les mouvements du prince de Bade, l’avait laissé échapper, et le prince s’avançait à marches forcées pour rejoindre le comte de Styrum, commandant l’armée impériale, qui tenait l’électeur en échec. Il avait 20,000 hommes sous ses ordres, et sa jonction avec le prince de Bade allait créer une situation menaçante pour les alliés. Villars, qui, en se réunissant a l’électeur, avait laissé une partie de son armée au cainp de Dillingen, apprit que le comte de Styrum se trouvait il ia hauteur de cette position et qu’il se portait au-devant du prince de Bade, pour attaquer avec lui le camp de Nordendorf, au sud du Danube, où était concentrée la masse des forces francobavaroises. Villars entrevit aussitôt le parti que l’on pouvait tirer de cette disposition des armées, et il proposa à l’électeur de déjouer l’ennemi par une combinaison inverse, c’est-à-dire de gagner une journée de marche sur le prince de Bade et de se portera la rencontre de Styrum, que le camp français de Dillingen prendrait en queue. À cette proposition hardie, le prince hésita, temporisa, répondit qu’il en conférerait avec ses ministres et ses généraux. « Eh bien, reprit Villars, j’y marcherai seul avec les Français. ■ Et il donna aussitôt l’ordre du départ. Cette prompte décision entraîna enfin l’électeur, et, dans la nuit du 19 au 20 septembre, le prince et le général français traversèrent le Danube à Donawerth. Le lendemain, ils rencontrèrent le comte de Styrum dans les plaines de Hochstœdt. Le marquis d’Husson, qui commandait le camp français de Dillingen, avait déjà commencé prématurément l’attaque, et il succombait sous les efforts des impériaux, qui avaient sur lui une écrasante supériorité numérique ; mais l’arrivée de l’armée franco-bavaroise sur le champ de bataille changea en un instant la face du combat et jeta un effroyable désordre dans les lignes du comte de Styrum. Il essaya de les réformer, mais inutilement ; néanmoins, il eût pu mettre à profit un incident bizarre, qui montre quel rôle le caprice de la fortune peut jouer dans les batailles. Les soldats français et allemands, saisis en même temps d’une terreur panique, prennent la fuite de tous côtés, malgré les efforts de leurs officiers pour arrêter cette déroute. Pendant quelques minutes, Villars se vit presque seul sur le champ de bataille ; mais, dans cette circonstance critique, où les meilleurs généraux eussent senti leur esprit troublé, il conserva tout son sangfroid, se jeta au milieu des soldats, ranimes à sa vue et à su voix, les rallia autour de lui et les lança sur l’ennemi. La victoire ne fut plus qu’un jeu pour les Français ; les impériaux, que les charges successives de nos escadrons et de nos bataillons avaient achevé de disperser, s’enfuirent en désordre jusqu’à Nordlingen, laissant sur le champ de batailla 12,000 hommes tués ou prisonniers et 33 pièces de canon en fonte, qui formaient toute l’artillerie du comte de Styrum. Nous avions perdu à peine quelques centaines do combattants (21 septembre 1703).

IT. L’Angleterre et la Hollande, ou, pour parler plus justement, Marlborough et son ami le pensionnaire Heinsius s’étaient entendus pour secourir l’empereur, menacé dans ses États héréditaires par la jonction des Hongrois révoltés, des Bavarois et des Français. Le général anglais s’était fait donner carte blanche pour aller rejoindre Eugène au fond de l’Allemagne. Marsin était alors en Bavière, auprès de l’électeur, qui tenait ses troupes chez lui et avait ses avantpostes en Autriche ; Tallart commandait l’armée d’Alsace ; mais le prince do Bade séparait les généraux français, tandis que les débris de l’année de Styrum, après avoir reçu de nombreux renforts, se déployaient depuis les lignes de Biihl jusqu’en Franconie, sous le commandement du prince Eugène en personne. La campagne sembla néanmoins s’ouvrir sous des auspices rassurants : Tallart, par une marche habilement dissimulée, parvint à rejoindre l’électeur et Marsin à Villingen, près des montagnes Noires, et remit à ce dernier douze à treize mille soldats qu’il avait été chargé de lui conduire. Mais, au lieu de rester avec l’armée franco-bavaroise, pour agir en masso au centre de l’empire, il retourna sur le Rhin. L’électeur et Marsin se replièrent alors sur Ulm, tandis que le prince Eugène arrivait au camp do Bade, à Echingen. De son côté, Marlborough s’avançait n la rencontre d’Eugène, amusant, trompant l’imbécile Villeroy, chargé de l’observer, et recueillant sur sa route les renforts de la Prusse et de la Hesse. Comme aucun do nos généraux ne fut assez avisé pour

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soupçonner le but de sa marche, ils craignirent pour la France. Un ordre exprès de Versailles défendit, en conséquence, à Villeroy do s’écarter, c’est-à-dire qu on lui enjoignit de ne pas s’opposer à la marche de Marlborough. Il serra l’Alsace et s’y réunit aux deux corps qu’y commandaien t Tallart et Coigny. Les trois généraux se trouvèrent alors en présence de quinze mille hommes d’Eugène, restés pour observer ; ils pouvaient les écraser, car ils étaient quatre fois plus nombreux ; mais ils durent respecter Eugène comme Marlborough, afin de ne point découvrir l’Alsace dans leurs opérations, comme s’ils craignaient que la France ne fût esvahie par ces quinze mille hommes. Tandis que la moindre marche ou contre-marche de leur part devait se régler sur des ordres qui avaient cent vingt lieues à franchir, Eugène et Marlborough, ne relevant que de leurs propres inspirations, imprimaient à tons leurs mouvements une rapidité et un ensemble admirables. Le général anglais joignit le prince de Bade près d’Ulm ; puis ils abordèrent ensemble Donawerth et les lignes do Suhoilenberg, derrière lesquelles était retranché le maréchal bavarois d’Arco. Ils l’y forcèrent après un combat sanglant, et marchèrent sur l’électeur, posté à Augsbourg, en ravageant tout sur leur passage, afin de contraindre ce prince à se détacher de l’alliance do Louis XIV. Mais déjà le roi avait donné ordre à Tallart de rejoindre les troupes francobavaroises avec une armée de trente - cinq mille hommes. Comme tous les défilés des montagnes étaient gardés, et qu’il craignait de ne pouvoir s’ouvrir un passage, Tallart demanda aux Suisses la permission de traverser leur territoire et s’y prépara, malgré leur refus. À cette nouvelle, les généraux de l’empire portèrent leur attention sur les issues de la Suisse et y concentrèrent leurs forces. C’est ce qu’attendait le général français : il marcha rapidement sur Fribourg, entra dans la vallée de Saint - Pierre, qui était a peine gardée, et parvint ainsi à se réunir à l’électeur et à Marsin. De son côté, le prince Eugène avait suivi le mouvement de Tallart et 1 observait de l’autre côté du Danube ; le 11 août (1704), il opéra sa jonction avec Marlboroug à Donawerth. Malgré cette réunion de leurs forces, les généraux ennemis se fussent trouvés fort embarrassés si l’électeur avait conservé plus d’empire sur lui-même. Ils se trouvaient dans un pays dévasté et couraient Je risque imminent de se voir coupés de leurs magasins, établis à Nuremberg et à Nordlingen ; cette circonstance allait même les contraindre à quitter leur position. Les généraux français n’avaient donc qu’à inquiéter les convois ennemis et à menacer leurs communications, pour rendre inutile cette redoutable concentration de forces. Mais l’électeur, furieux des ravages exercés dans ses provinces, voulait en tirer une vengeance éclatante ; il exigea la bataille et entraîna l’armée entre Blenheim et Lutzingen, avec le projet de marcher de là sur Donawerth, quartier général des Anglo-Bataves et des impériaux. Mais ils furent prévenus dans ce mouvement par Eugène et Marlborough, qui avaient de meilleures raisons pour accepter le combat que les Français et les Bavarois pour le livrer. L’ennemi comptait environ trente-trois mille fantassins et vingt - neuf mille chevaux, auxquels nous avions à opposer trente-cinq mille fantassins et dix-sept ou dix-huit mille cavaliers. La plaine de Hochstœdt, où se rencontrèrent les deux armées, occupe un espace de deux lieues, de Munster à Dillingen ; elle est coupée par plusieurs ruisseaux qui la rendent assez marécageuse, comme beaucoup de campagnes do l’Allemagne. La rivière de Warnitz la limite vers l’est ; à l’ouest et au nord, elle est fermée par (les bois fort épais ; au sud, par le Danube. Un ruisseau, le Kessel, séparait les deux armées et couvrait le front des Franco-Bavarois. Le 13 août 1704, au matin, Eugène et Marlborough s’ébranlèrent et marchèrent sur le camp français. Tout y était tranquille : Tallart, Marsin et l’électeur n’avaient pas cru qu’on oserait les attaquer, et ils s’imaginèrent d’abord que la manœuvre offensive de l’ennemi n’était qu’une ruse pour masquer le mouvement qu’ils projetaient vers leurs magasins. Leur ordre de bataille dénotait une négligence, sinon uno incapacité déplorable : il offrait l’aspect de deux années accolées l’une à l’autre. Celle du maréchal de Tallart était appuyée à droite sur le Danube ; celles de l’électeur et de Marsin, à l’armée de Tallart, chacune ayant son infanterie au centre et sa cavalerie aux deux ailes ; eu sorte que c’était un corps de cavalerie qui formait le centre de l’armée totale. Pour comble de bizarrerie, vingt-sept bataillons de l’infanterie de Tallart étaient entassés danjs Blenheim, où ils ne pouvaient agir, et un intervalle immense s’étendait, de plus, entre l’armée et le ruisseau fangeux qui en couvrait la front. Marlborough, avec les Anglo-Bataves et leurs auxiliaires soldés, faisait face à Tallart ; Eugène, avec les Austro-Allemands, à l’électeur et à Marsin.

. Le feu commença entre midi et une heure, et fut d’abord très-meurtrier pour les Anglo-Bataves, qui restèrent, pendant plusieurs heures, exposés aux décharges de toute l’artillerie française, forte de quatre-vingt-dix pièces de campagne. Il leur fallait traverser le ruisseau pour aborder l’armée française, et

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