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En procédant ainsi, il mettait ses troupes à l’abri des soudaines attaques des chouans, les garantissait contre toute surprise. Pour vaincre plus facilement les insurgés, il s’attachait surtout à isoler les divers corps royalistes, qu’il battait alors les uns après les autres. Par cette nouvelle façon de procéder, Hoche obtint des résultats si satisfaisants, que le comité de Salut public joignit à son commandement celui de l’armée de Cherbourg, de sorte qu’il étendait ses opérations depuis la Somme jusqu’à la Loire. Tout en battant les chouans, il entama avec eux des négociations et les appela à des conférences, dans lesquelles la supériorité de son intelligence et la dignité de son caractère frappèrent vivement les chefs royalistes. Le 15 février 1795, la pacification de La Jaunais était conclue. Hoche en fut médiocrement satisfait. Connaissant les menées des émigrés, il comprit que cette pacification partielle serait de peu de durée et qu’elle n’aurait point le résultat sur lequel comptait la République. Il continua donc à sa tenir sur le qui-vive et à prendre des mesures de précaution pour éviter toute surprise. Cette conduite, dictée par la prudence, lui fut cependant imputée à crime. Accusé à la fois par les uns de vouloir entretenir la guerre civile en Bretagne, par les autres, de trahir la République, en usant à l’égard des Vendéens d’une modération coupable, Hoche était sur le point de perdre son commandement, lorsque Puisaye et d’Hervilly débarquèrent avec un corps d’émigrés (15 juillet 1795). Réunissant aussitôt ses cantonnements épars, le jeune général fond sur les royalistes, à la tête de 9,000 hommes, leur enlève le fort Penthièvre, les accule à la mer, les bloque dans la presqu’île de Quiberon, les écrase en partie le 21 juillet, et, tandis qu’un certain nombre s’embarque précipitamment sur les vaisseaux anglais, il fait le reste prisonnier. Hoche poursuivit du côté de Saint Malo les bandes de Tinténiac. Investi, le 1er septembre, du commandement de l’armée de l’Ouest, il prit les mesures les plus énergiques pour réduire Charette et toute la Vendée, et se mit à procéder à un désarmement successif, en établissant un vaste réseau de postes reliés entre eux, qui enveloppaient peu à peu le pays. Après l’installation du Directoire, Hoche reçut le commandement en chef des trois armées de l’Ouest, réunies sous le nom d’année de l’Océan et comprenant 100,000 hommes (28 décembre 1795). Investi des pouvoirs les plus étendus, il porta alors le dernier coup à l’insurrection, battit successivement Stofflet et Charette, qu’il fit fusiller, comprima le mouvement du Berry et fit procéder au désarmement du Morbihan et du reste de la Bretagne. Victorieux sur tous les points, complètement maître du pays, Hoche s’attacha à éteindre l’esprit d’insurrection en substituant à l’état de guerre l’empire des lois, en ménageant les chefs subalternes, en rassurant les populations. « Voici où son génie apparaît, dit Gambetta. En voyant cette masse de paysans aveugles, égarés comme un troupeau de bœufs que pousse un pâtre irrité, il se dit : « Non, non, il faut leur faire grâce, il faut leur faire comprendre qu’on vient les délivrer de la dîme et de la corvée. » À cette politique, qui allait au cœur du paysan, il en ajouta une autre bien autrement hardie pour l’époque. Il dit, il écrivit : « Dans ce pays, vous n’aurez la paix, le calme, à l’avenir, qu’avec la tolérance religieuse. » Il fit mieux que de le dire et de l’écrire, il mit ce principe en pratique : « C’est là, dit-il, la secret de la pacification. » Le 15 juillet 1796, un message du Directoire annonça aux Assemblées législatives que la lutte contre les insurgés de l’Ouest était enfin terminée, et un décret du même jour proclama que l’armée de l’Océan et son chef avaient bien mérité de la patrie. Depuis lors, le grand général, qui, par son habileté, sa modération et son humanité, avait mis fin à cette terrible guerre civile, reçut le surnom de Pacificateur de la Vendée, un de ses plus beaux titres de gloire.

En voyant les Anglais s’attacher à fomenter incessamment sur notre sol la guerre civile, Hoche avait conçu le projet de les frapper à leur tour en employant les mêmes moyens. L’Irlande frémissante n’attendait qu’un signal pour se soulever. Le pacificateur de la Vendée demanda au Directoire de profiter de l’occasion, de faire opérer une descente en Irlande, et parvint à le faire entrer dans ses vues. Ce fut sur ces entrefaites que, le 17 octobre 1796, il faillit être assassiné par un Vendéen, nommé Guillaumot, qui lui tira un coup de pistolet à la sortie du théâtre de Rennes. Quelques jours après, il était à Brest, organisant l’expédition d’outre-Manche, dont il avait le commandement ; mais là il eut à vaincre toutes sortes de difficultés ; le Directoire était hésitant et les préparatifs étaient loin de se faire au gré de son impatience. C’est alors qu’il écrivait au compositeur Champein, son meilleur ami : « Quel est le poste où l’on me tient enchaîné ! Les Français sont déshonorés par cette indolente campagne. Ô vainqueurs de Fleurus, que faites-vous donc ? Qu’est devenu ce bouillant courage qui fit trembler l’Europe ? » Enfin, le corps expéditionnaire d’Irlande, composé de 18,000 hommes sous ses ordres, quitta le port de Brest le 16 décembre 1796. L’escadre qui le portait et que commandait Morard était parvenue à tromper la vigilance de la flotte anglaise, lorsque, à la hauteur d’Ouessant, une effroyable tempête vient disperser les navires. Ils arrivent néanmoins un à un au lieu du rendez-vous, à la baie de Bantry. Un seul manque à l’appel, c’est la frégate la Fraternité, qui porte Hoche et l’amiral Morard. En l’absence du chef, Grouchy, commandant en second de l’expédition, n’ose prendre sur lui de débarquer, et la flotte rentre au port de Brest le 1er janvier 1797, après avoir laissé prendre deux de ses vaisseaux aux Anglais. Lorsque Hoche, entraîné au loin par la tempête, aborda dans la baie de Bantry, il n’y trouva ni vaisseaux ni soldats, et apprit des Irlandais que son armée avait regagné la France. Le désespoir dans l’âme, il dut renoncer à son expédition, et, après avoir échappé comme par miracle aux croiseurs anglais, il arriva à l’île d’Aix le 13 janvier. L’entreprise avait été menée avec un tel secret que le gouvernement anglais avoua n’en avoir eu aucune connaissance.

« Si Hoche eût débarqué en Irlande, dit Napoléon Ier, il aurait sans doute réussi dans ses projets, parce qu’il possédait toutes les qualités nécessaires pour en assurer le succès. Il était accoutumé à la guerre civile, et savait comment s’y prendre pour la faire réussir à son avantage ; il avait pacifié la Vendée, il aurait dirigé les Irlandais avec intelligence. »

Comme Hoche n’était en rien responsable de l’insuccès de son entreprise, le Directoire, qui voulait reprendre la guerre interrompue sur le Rhin, lui donna le commandement de l’armée de Sambre-et-Meuse, forte de 80,000 hommes (février 1797). Après avoir donné à ses troupes une forte organisation et pourvu à tous leurs besoins, il entra en campagne, bien résolu à pénétrer au cœur de l’Allemagne et « à créer sur les bords du Rhin, dit Thiers, une république indépendante, amie et alliée de la nôtre, sous le nom de Cis-Rhénane. » Mettant comme toujours en pratique le précepte militaire qu’il formulait ainsi : « La réflexion doit préparer et la foudre exécuter, » Hoche ébranle tout à coup ses colonnes, franchit rapidement le Rhin, arrive le surlendemain à Neuwied, où il culbute les Autrichiens, les bat successivement à Ukerath, à Altenkirken, à Diedorff, prend Wetzlar, et va écraser définitivement l’ennemi d’un seul coup, lorsque la nouvelle de l’armistice conclu à Léoben entre Bonaparte et l’archiduc Charles vient au milieu de ses triomphes le forcer à suspendre sa marche à Giessen. En quatre jours, Hoche avait fait trente-cinq lieues dans un territoire occupé par les Autrichiens, remporté la victoire dans trois batailles et cinq combats, fait 8,000 prisonniers et pris trente pièces de canon.

Le Directoire offrit à cette époque à Hoche le ministère de la guerre, qu’il dut refuser, n’ayant point encore l’âge exigé par la loi pour occuper ces fonctions. Il reprit alors le projet, qu’il n’avait point abandonné, de faire une descente en Irlande, et il s’apprêtait à agir de concert avec la flotte batave, lorsque le Directoire, en lutte avec les conseils dont la majorité royaliste était dirigée par Pichegru, lui demanda son aide pour abattre un parti qui menaçait l’existence même de la République et les conquêtes de la Révolution. Dans une pareille situation, Hoche n’hésita point. « Je vaincrai les ennemis de la République, dis-il, et quand j’aurai sauvé ma patrie, je briserai mon épée. » Il fit alors marcher des troupes vers la capitale ; mais le Corps législatif protesta, le Directoire faiblit, et il reçut l’ordre de faire rétrograder ses soldats. À deux mois de là, Augereau exécutait le coup de main projeté (18 fructidor an V). On dit que Hoche, très-irrité contre les directeurs, dont il avait vu de près la faiblesse et la versatilité, n’avait consenti à les aider dans cette circonstance qu’en mettant à leur disposition une somme d’argent, toute la dot de sa femme. Quoi qu’il en soit, dès que le coup d’État eut été consommé, le Directoire réunit sous son commandement l’armée de Sambre-et-Meuse, celle de Rhin-et-Moselle, qu’on enlevait à Moreau, devenu suspect. Attaqué par les royalistes, fatigué par les misérables intrigues dont il venait d’être témoin, abreuvé de dégoût, Hoche se retira dans son camp à Wetzlar. Quelques jours après, il était atteint d’une maladie étrange et subite. À des convulsions nerveuses, accompagnées de toux et de crachement de sang, succédèrent bientôt des douleurs d’entrailles si violentes, qu’il disait à ses amis : « Suis-je donc enveloppé de la robe empoisonnée de Nessus ? » Mais bien qu’en proie à d’horribles souffrances, il conserva jusqu’à la fin son calme et sa sérénité, et il expira le 19 septembre, à l’âge de vingt-neuf ans.

La mort de ce véritable héros, enlevé si jeune à la République, frappa de stupeur la France tout entière. L’opinion générale attribua au poison cette fin subite, et l’autopsie du cadavre fit découvrir dans les intestins et l’estomac des taches noires qui fortifièrent les soupçons, sans que la science pût néanmoins constater les marques certaines d’un crime. Pendant que, sur le Rhin, on portait en grande pompe les restes du général républicain auprès de ceux de Marceau, dans la redoute de Pétersberg, le Directoire et le Corps législatif faisaient célébrer au Champ-de-Mars une imposante cérémonie funèbre en l’honneur de ce grand citoyen, et Marie-joseph Chênier composait pour cette triste solennité un hymne dont Cherubini fit la musique. Peu après, on éleva un monument à la gloire de Hoche, à Wissenthurn, près de Neuwied. Après la révolution de Juillet 1830, sa statue en marbre, exécutée par Milhomme, fut érigée à Versailles sur la place qui, depuis lors, porte son nom (3 août 1832). Quatre ans plus tard, le 31 juillet 1836, cette statue était remplacée par une statue en bronze, due à Lemaire. La veuve de Hoche, Adélaïde Dechaux, avait déposé dans un caveau du cimetière de l’Est, à Paris, ce qu’elle avait pu réunir des restes de son mari. Après sa mort (1860), la fille du pacificateur de la Vendée, la comtesse des Roys, offrit à Versailles les dépouilles vénérées, qui furent transférées dans cette ville le 28 mai de la même année, et déposées, peu après, dans un tombeau érigé dans l’église Notre-Dame. Le 24 juin 1868, la municipalité de Versailles résolut de célébrer avec éclat le centième anniversaire de la naissances de Hoche ; mais le gouvernement, craignant les manifestations qui pouvaient se produire au souvenir du héros républicain, interdit les banquets et les discours, et donna à cette fête un caractère essentiellement militaire. Enfin, une nouvelle manifestation en l’honneur de Hoche a eu lieu à Versailles le 24 juin 1872. Dans un banquet donné en commémoration du jour de sa naissance, plusieurs orateurs prirent la parole pour célébrer le général qui avait été « l’image vivante des grands principes de 1789, » selon l’expression de M. Rameau, et Gambetta y prononça un très-remarquable discours, dont nous avons cité des passages dans le cours de cette biographie.

« Hoche, disait celui qui organisa la défense nationale pendant la guerre de 1870, fut à la fois un grand citoyen, un capitaine d’élite, un diplomate, un politique, un administrateur consommé, une grande conscience et un héros… Fils de la Révolution, il lui resta toujours fidèle, ce qui ne l’empêcha pas d’être le plus modéré des hommes, le diplomate le plus adroit, l’administrateur le plus habile, le plus avisé des capitaines. »

Hoche avait une probité scrupuleuse qu’il mettait au-dessus de toutes les vertus sociales. Son intelligence était prompte, pénétrante, mais réfléchie. Dans les affaires ordinaires, il méditait longtemps avant de prendre une détermination ; quand il l’avait prise rien ne pouvait la changer. Dans les affaires urgentes, il voyait, décidait et exécutait avec une rapidité surprenante. Un air martial, un caractère grave tempéré par une grande bienveillance, un génie fécond en ressources, un coup d’œil rapide sur le champ de bataille, tout concourait à faire de lui un militaire accompli, et, à ces qualités, il réunissait encore celles de l’homme d’État. Généreux et bon, il se montrait, lorsqu’il s’agissait de discipline, d’une inflexible sévérité ; mais à cette sévérité, il joignait sur le champ de bataille un entrain joyeux et brillant qui enlevait ses soldats. En entendant gronder les canons ennemis, au début de l’affaire de Frœschwiller, il eut l’idée de les mettre à l’encan : « À six cents livres pièce les canons, mes camarades, s’écria-t-il. — Adjugé ! » répondirent les soldats ; et, après la victoire, les commissaires de la Convention tinrent la promesse du général. Un jour, ayant eu deux chevaux tués sous lui, il demande le cheval d’un dragon qui l’accompagnait : « Ces messieurs, lui dit-il en riant, voudraient me faire servir dans la ligne ! » L’élévation de son esprit le rendait incapable de tout sentiment de jalousie, et nul mieux que lui ne se plaisait à rendre justice à ses compagnons d’armes. On sait avec quelle chaleur il prit la défense de Bonaparte, qu’il croyait républicain, à l’époque de ses triomphes en Italie. « Ah ! brave jeune homme, écrivait-il dans une lettre adressée par lui au ministre de la police, le 30 juillet 1796, quel est le militaire républicain qui ne brûle du désir de t’imiter ? Courage ! courage, Bonaparte ; conduis à Naples, à Vienne nos armées victorieuses ; réponds à tes ennemis personnels en humiliant les rois, en donnant à nos armes un lustre nouveau. Laisse-nous le soin de ta gloire, et compte sur notre reconnaissance. Compte aussi que, fidèles à la constitution, nous la défendions contre les attaques des ennemis de l’intérieur. » Dans son rapport sur la bataille de Neuwied, Hoche oublia de dire que les sept drapeaux enlevés à l’ennemi avaient été pris par Lefebvre. « L’armée a pris sept drapeaux, » se contente-t-il d’écrire. Lefebvre lui fait parvenir sur-le-champ une missive naïve : « J’en ai pris sept aussi, cela fait donc quatorze. » Préparée, cette réponse eût été spirituelle ; spontanée, sans méchanceté, elle est belle et grande. Lefebvre ne doutait pas de son chef, ne pouvait le soupçonner. C’est là un bel hommage rendu à la droiture de Hoche. « Non, non, lui répond Hoche, il n’y a que sept drapeaux, comme il n’y a qu’un Lefebvre. » Les proclamations de Hoche sont d’une éloquence noble, simple et surtout honnête. « Français, dit-il dans la première proclamation qu’il adresse à l’armée de la Moselle, de toutes parts nos armées sont triomphantes ; nous sommes les derniers à vaincre, mais nous vaincrons. Des patriotes tels que vous, lorsqu’ils sont disciplinés, pour réussir n’ont qu’à entreprendre. Nous allons propager la liberté. Vous avez déjà fait beaucoup de sacrifices pour elle ; mais que ne devez-vous pas faire encore ? Vos pères, vos parents, vos femmes, vos enfants l’attendent de vous. Ce n’est point assez, il faut la faire aimer… Braves soldats, vous serez les premiers à réprimer les excès… » Quelle différence avec les ordres du jour adressés par Bonaparte à l’armée d’Italie ! Dans toutes ses actions, dans toutes ses paroles, on retrouve la même ardeur patriotique, le dévouement le plus absolu à la cause de la liberté. « Camarade, écrivait-il au général Vincent le 25 brumaire an II, lorsque je t’en donnerai l’ordre, fonds sur l’ennemi comme l’aigle sur sa proie. Songe aux maux que nous souffrons. Frappons si vigoureusement les rois, qu’aucun de ceux qui s’échapperont ne soit tenté de revenir à la charge. L’heure arrive où il faudra que l’Allemagne salue avec respect le drapeau de la République. » Le S nivôse an II, il adresse au comité de Salut public ces deux lignes : « Liberté : liberté ! Landau est à la France. Point de fêtes. Gardons notre poudre pour f….. de nouvelles piles aux ennemis de la République. » Lorsque Pichegru, jaloux de ses succès, voulut faire dissoudre l’armée de Hoche et lui enlever Lefebvre, le noble général écrivit aux commissaires de la Convention, le 5 nivôse an II : « Pichegru me demande de sacrifier Lefebvre. Eh bien ! non, Lefebvre est trop bon soldat ; mais savez-vous ce qu’il y a à faire ? Donnez à Pichegru, par un acte authentique, le commandement des deux armées. La cause de la liberté commande des actes de dévouement ; je suis prêt à tout ce qu’elle exige. » Y a-t-il quelque chose de plus beau que ce langage, même chez les hommes de Plutarque ?

« Le général Hoche, dit dans ses Mémoires le maréchal Soult, possédait les qualités qui constituent le grand capitaine, et il les faisait ressortir par les dons extérieurs les plus séduisants. Son front noble et majestueux, sa physionomie ouverte et prévenante attiraient la confiance à première vue, comme sur le champ de bataille toute son attitude commandait l’admiration. Un coup d’œil prompt et sûr, un caractère entreprenant qu’aucune difficulté n’était capable d’arrêter, des sentiments très-élevés et en même temps une très-grande bonté, une sollicitude constante pour le soldat, il n’en fallait pas tant pour que l’armée aimât en lui un chef qui avait toujours été heureux, et qui avait la gloire d’avoir pacifié la Vendée. »

« Possédant à vingt-sept ans, dit de son côté M. Thiers, une réunion de qualités militaires et civiles qui devient souvent dangereuse à la liberté, nourrissant même une grande ambition, Hoche n’avait pas cette coupable audace d’esprit qui peut porter un capitaine illustre à ambitionner plus que la qualité de citoyen. Il était républicain sincère et égalait le patriotisme et la probité de Jourdan. La liberté pouvait applaudir sans crainte à ses succès et lui souhaiter des victoires. »

Enfin Napoléon Ier disait de lui à Sainte-Hélène, devant O’Meara et Gourgaud, qui ont enregistré ses paroles : « Hoche fut un des premiers généraux que la France ait produits, il était brave, intelligent, plein de talents, de résolution et de pénétration… Il justifia, par sa conduite, dans la malheureuse guerre de la Vendée, l’estime de tous les partis. Ce fut une des plus belles réputations militaires de la Révolution… Hoche était un véritable homme de guerre. »

Hoche était le seul général capable d’arrêter Bonaparte dans son criminel coup d’État du 18 brumaire : « Quel est le général, écrivait-il le 12 thermidor an IV, qui, en admettant même qu’il ait assez de pouvoir sur son armée pour la faire marcher sur le gouvernement, qui est celui, dis-je, qui entreprendrait de le faire sans être sur-le-champ accablé par ses compagnons ?… On peut assurer qu’au temps où nous vivons, peu d’officiers généraux se chargeraient de remplir les fonctions d’un gendarme, bien que beaucoup soient très-disposés à combattre les factions et les factieux, quels que soient au surplus les motifs apparents de la révolte. » On voit par ces lignes quel rôle Hoche aurait joué au 18 brumaire. Bonaparte ne s’y est jamais trompé. « Si Hoche, dit-il un jour, avait vécu ou se fût trouvé sur mon chemin, je me serais rangé de moi-même ou je l’aurais brisé. » La mort de ce grand citoyen, en facilitant les projets ambitieux du Corse, peut être considérée comme une calamité nationale, car elle a influé d’une façon désastreuse sur les destinées de la France,


HOCHEMENT s. m. (o-che-man : h asp. — rad. hocher). Action de hocher : Des hochements de tête.


HOCHE-PIED s. m. Fauconn. Oiseau qu’on lâche seul après le héron, pour le faire monter.

— Agric. Pièce de fer qui s’ajuste au manche de la bêche, près de la douille, et sur laquelle on pèse avec le pied pour faire entrer l’outil dans le sol.


HOCHEPOT s. m. (o-che-pô ; h asp. — de hocher et de pot). Art culin. Sorte de ragoût fait de bœuf haché ou de volaille, qu’on fait cuire sans eau, avec des marrons, des navets, etc.


HOCHEQUEUE s. m. Ornith. Nom vulgaire des bergeronnettes, motacilles ou la-