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EOBS

pour que son livre pût être imprimé en Angleterre.

La physionomie de Hobbes n’est pas facile à saisir d’ensemble. Il est certainement une des plus vastes intelligences des temps modernes, et son nom jouit d’une célébrité qu’il méritait d’obtenir. Quand on l’examine en détail, il perd dans l’estime de ceux qui l’étudient. Comme homme privé, il possédait des vertus de premier ordre. Adonné, dans sa jeunesse, au vin et aux. femmes, ce qui était chez lui un effet naturel du tempérament, quand ses passions furent amorties, il revint à des habitudes sages et régulières. Il était bienveillant, doux, d’an commerce très-sûr, estimé de ceux, qui l’approchaient. L’indépendance de son caractère était aussi digne d’éloge. À l’exemple des sages de l’antiquité, il avait gardé le célibat, afin d’être tout entier au service de ses pensées. Ses qualités d’écrivain ne valaient pas autant que celles qui distinguaient sa vie privée. Il était affirmatif, intraitable, ami du paradoxe, opiniâtre, ne reculant jamais devant une querelle ni parfois devant l’injure à froid, vieille pratique du xvie siècle, qu’on retrouve quelfois au xvite. Il avait aussi des préjugés, méprisait les modernes, ne se Hait qu’à lui-même et tenait le savoir traditionnel pour non avenu. Quand il traitait une question, il n’en connaissait pas les antécédents et il ne voulait pas les connaître. Il demandait tout à son propre esprit.

En morale, Hobbes ramène tout au plaisir égoïste, et ce n’est pas un plaisir très-élevé qu’il a en vue, c’est tout simplement le bienêtre. Il donne de nos idées et de nos sentiments des définitions très-ingénieuses, mais qui montrent la nature humaine sous un aspect bien froid.

« Qu’est-ce qu’honorer, pour Hobbes î dit M. Jouffroy. C est concevoir la supériorité de puissance de la personne que l’on honore. Certaines personnes, au contraire, excitent en nous le sentiment du ridicule. En quoi consiste ce sentiment, selon Hobbes ? Dans la conception de notre supériorité sur la personne dont nous rions... Qu’est-ce qu’aimer, dans les idées de Hobbes ? C’est concevoir l’utilité dont la personne aimée peut être pour nous... Qu’est-ce qu’avoir pitié ? C’est imaginer un malheur qui peut nous arriver, en contemplant le malheur dans un autre. >

Les doctrines métaphysiques de Hobbes sont moins connues que ses doctrines politiques et morales.

« La philosophie, dit-il, est à la science ce que la prudence est à l’expérience : elle nous est innéé. Il s’agit de la développer, de faire comme le statuaire, de donner une forme à nos pensées. Un flot d’idées vagues existe à l’horizon de notre imagination. Il appartient à la raison d’y mettre de l’ordre. La raison est comme la lumière : elle éclaire tout ce qui est obscur. L’objet de la philosophie, en général, c’est la nature ; et, par ce terme, Hobbes entend la nature physique, le monde des corps. Il exclut formellement les êtres spirituels, Dieu et ses attributs. Dieu, suivant lui, échappe à la science. Le seul moyen que nous ayons d’arriver a la science, c’est le raisonnement. Or, raisonner, c’est compter, additionner et soustraire, de sorte que la logique pourrait s’appeler en réalité l’art de calculer. Mais, pour calculer avec exactitude, des règles sont nécessaires ; sans quoi l’on tombe dans l’erreur et dans l’absurde. L’essentiel est de déHnir les termes qu’on emploie. Hobbes distingue, entre les faits sujets à la définition, des faits moins généraux, qu’il nomme singuliers, et des faits généraux, qu’il nomme universels. Pour lui, ce qui est singulier est composé et a besoin d’être réduit au simple, c’est-à-dire à l’universel. Définir, c’est décomposer le singulier. Du moment où l’on connaît les éléments universels d’un objet singulier, on peut en parler et le faire entrer dans le domaine de la science. Cette singulière théorie du raisonnement n’est, en définitive, que la théorie scolastique du nominalisme. C’est, à un autre point do vue, la théorie de M. de Bonald sur le langage. Hobbes, comme M. de Bonald, avec lequel il a tant d’affinités secrètes, a dit avant lui : Veritas in dicto non in re consistit, « la vérité réside dans le langage ; elle n’a pas de valeur objective. »

11 est évident que les doctrines de Hobbes ont dû rencontrer de nombreux adversaires, et qu’elles ont dû Bouvent exciter la colère des spiritualistes de toutes les nuances. Mais ce qu’on ne peut nier, c’est que Hobbes a profondément remué le sol des idées et exercé une influence qu’on n’avoue pas toujours, mais qui est réelle. Il est le véritable père de de Locke et du sensualisme, tant en France qu’en Angleterre.

Les œuvres de Hobbes, a dit Leibnitz, ont servi au progrès de la science. Sur un grand nombre de sujets, l’énergie de sa pensée lui a fait trouver des vues neuves, dont les sciences naturelles, comme la métaphysique et la morale, ont profité depuis.

HOBBISME s. m. (o-bi-sme ; A asp.). Philos. Système de Thomas Hobbes.

IIOBBISTE odj. (o-bi-ste : h asp.). Philos. Qui appartient au système de Hobbes : Philosophie HOBB1STB.

— Substantiv. l’artisan du système philosophique de Hobbes : Un hobbistb.

HOBH

HOUE (Charlotte de), femme poëte mecklembourgeoise, née à Chemnitz en 1792, morte

en 1829. Elle était fille d’un maréchal de la cour de Scfrwerin. Elle reçut, dans la maison de son père, une éducation à la fois solide et brillante, et manifesta de bonne heure un remarquable talent pour la poésie, commença à se faire connaître par des pièces de vers que Mathisson publia dans la Feuille du matin, fit paraître deux recueils qui eurent beaucoup de succès, tomba dans une profonde mélancolie, et mourut à Neu-Strelitz, n’ayant encore que trente-six ans. On a d’elle : Fleurs du Nord (Berlin, 1818), recueil de stances, élégies, etc., un peu monotones, un peu indécises de forme, mais souvent ravissantes de délicatesse et de sensibilité ; Poésies dramatiques (Neu-Strelitz, 1822), contenant Properlia, tragédie en cinq actes, et le Gondolier, drame en deux actes.

HOBEREAU s. m. (o-be-ro ; k asp. — dimin. de l’ancien français hobe, hobel, qui s’employait pour désigner un petit oiseau de proie. Nous employons hobereau au figuré, pour désigner un jeune gentilhomme sans fortune ; en espagnol, remarque Chevallet, tagarote se prend également pour un petit faucon et pour un pauvre gentilhomme. Quanta l’étymologie du vieux français hobe, elle est fort controversée. Comme, d’après le Dictionnaire de Trévoux, le hobereau se dit aussi aubrier, comme il se dit albanel en provençal, on a conjecturé que hobe pouvait être pour aube, et que cela signifiait l’oiseau blanchâtre. Mais, pour que cette conjecture prit de la consistance, il faudrait, dit M. Littré, qu’on trouvât, en d’anciens textes français, aube pour hobe. Chevallet rapporte hobe au celtique : kymrique hebog, écossais seobag, seabag, irlandais seabhach, seabhag, faucon. Pictet prétend que le kymrique hebog est sûremeut emprunté à l’anglo-saxon hafuc, ha foc, faucon, le même que l’ancien allemand kabuh, habih, allemand habicht, anglais haiok, etc., qu’il compare également au persan capak). Petit gentilhomme campagnard : Le peuple, qui d’un mot va souvent droit à l’idée, avait donné à ce petit gentilhomme le nom du moins gros des oiseaux de proie : il l’avait nommé le hobereau. (De Tocqueville.)

— Ornith. Oiseau de proie, du genre faucon : Quoique l’alouette s’élève beaucoup, le hobereau vole encore plus haut qu’elle. (V. do Borna re.)

— Encycl. Ornith. Le hobereau est le plus petit et le moins courageux des faucons. Il se nourrit de petits oiseaux et d’insectes. Le mâle a la gorge blanche, sillonnée, à partir des yeux, sur les côtés du cou, d’une large bande noire, le dessus du corps d’un noir bleuâtre, avec des bordures claires, le dessous blanchâtre, avec des taches longitudinales noires, le croupion et les cuisses rougeâtres, les pennes latérales de la queue rayées de noir au-dessus, et, en dessous, de blanchâtre entremêlé de bandes brunes. Le bec est bleuâtre, l’iris brun ; les paupières et les pieds sont jaunes. La femelle a le dessus du corps d’un brun qui est presque noir, le dessous moins blanc que chez le mâle, avec des taches plus foncées. Les jeunes ont les parties supérieures très-noires et toutes les plumes bordées de roussàtre. Le sommet de leur tête est d’un roux très-vif. Deux grandes taches d’un jaune peu prononcé couvrent la nuque. La gorge et les côtés du cou sont d’un blanc fortement teinté de jaune. Les parties inférieures sont d’un jaune roussàtre semé de taches longitudinales d’un brun clair. Les pennes de la queue sont toutes terminées par une bande roussàtre. Le hobereau se rencontre communément en France, en Allemagne, dans le nord de l’Europe et de l’Asie. Il habite de préférence les bois situés au milieu des plaines cultivées. Il nous quitte en automne, mais revient de bonne heure au printemps. La femelle fait son nid sur les grands arbres ou dans les fentes des rochers. Elle y pond de trois à quatre œufs blancs, tiquetés de rougeàtre. Jadis, le hobereau était employé comme oiseau de leurre pour chasser les petits oiseaux, les perdrix, les cailles. On le portait sur le poing et sans chaperon. Il vole bien et montre beaucoup d’adresse dans sa chasse. Quant à son utilité, au point de vue agricole, elle peut être contestée. Cependant, s’il détruit beaucoup de petits oiseaux utiles, il fait encore une plus grande consommation de petits rongeurs qui infestent nos campagnes.

HOBHOUSE (sir Benjamin), homme d’État anglais, né à Bristol en 1757, mort en 1831. Il entra au Parlement en 1797, se fit remarquer dans les rangs de l’opposition, fut secrétaire du bureau du contrôle après la paix d’Amiens (1802), se démit de ces fonctions à la rentrée de Pitt aux affaires (1804), et renonça à la politique en 1818. Hobhouse est une des gloires les plus pures du parti libéral de l’Angleterre ; il lutta avec constance contre les naines jalouses de ses compatriotes envers la France.

HOBHOUSE (JohnCam), baron BrouGhton, écrivain et homme politique anglais, né a Redland, près de Bristol, en 1785, mort en 1869. Il eut pour condisciple, à l’université de Cambridge, lord Byron, qui conserva toujours une vive amitié pour lui, et le nomma l’un de ses exécuteurs testamentaires. En 1809, Hobhouse publia un volume de vers intitulé : Imitation et traduction des classiques,

HOC

avec des poésies originales, dans lequel se trouvaient des poésies de lord Byron ; puis, pendant deux années, il visita avec ce dernier une partie du continent et l’Orient, et fit paraître, en 1812, le récit d’une de ces excursions dans un ouvrage intitulé Voyage à travers l’Albanie. Ce livre intéressant’ lui valut d’être nommé membre de la Société royale de Londres (18H). S’étant trouvé à Pans lors du retour de Napoléon de l’Ile d’Elbe, Hobhouse publia, après la bataille de Waterloo, des Lettres écrites par un Anglais pendant les Cent-Jours (Londres, 1816, 2 vol. in-8»), lettres qui produisirent une grande sensation, car il y attaquait vivement le gouvernement anglais et émettait des idées extrêmement libérales. Ces idées, qu’il reproduisit dans des discours, dans des pamphlets, notamment dans l’écrit intitulé Une affreuse méprise du dernier pamphlet de lord hrskine, lui attirèrent une condamnation (1819), mais lui acquirent une grande popularité. Entré, en 1820, à la Chambre des communes, Hobhouse se plaça dans les rangs de l’opposition la plus avancée, et fut l’un des fondateurs de la Revue de Westminster, dans laquelle il combattit à outrance la politique réactionnaire du chef des tories, Canning. Cependant Hobhouse, désireux d’arriver au pouvoir, se rapprocha peu à peu du parti qu’il avait combattu, de façon à se ménager une entrée dans les combinaisons ministérielles des whigs. Aussi, en 1831, fut-il nommé, par lord Grey, secrétaire au département de la guerre, et, en mars 1833, secrétaire d’État pour l’Irlande. Vivement attaqué pour avoir voulu maintenir l’impôt sur les portes et fenêtres, qu’il avait combattu autrefois, il donna sa démission de député, en appela à ses électeurs, qui refusèrent de le réélire, mais fut envoyé peu après à la Chambre des communes par la ville de Nottinghara (1834). Hobhouse rentra au pouvoir, la même année, avec lord Melbourne, qui lui donna le poste de commissaire en chef des domaines, il fit ensuite partie du bureau central des Indes (1839 à 1849) à l’époque du triomphe des Îieelistes, et, lors du ministère whig formé par ord John Kusseli, en 1846, il devint président du bureau des Indes, fonctions qu’il remplit jusqu’en 1851. Bien que son administration eût donné lieu à de très-vives attaques et qu’il eût perdu, par ses palinodies, l’estime du peuple, il fut, aussitôt après avoir donné sa démission, élevé à la pairie, avec le titre de baron Broughton-Gyfford. Alafin de 1851, par suite des difficultés à former un ministère de coalition, il fit une courte rentrée aux affaires, mais se retira au commencement de 1852. Dans les dernières années de sa vie, il consentit à remplir les fonctions de lord lieutenant du comté de Wilts. Outre les ouvrages précités, on lui doit encore :Y Italie, remarques faites dans divers voyages, de 1818 à 1854 (1859), ouvrage qui a obtenu l’honneur d’une seconde édition.

HOBIN s. m. (o-bain ; h asp. — Scheler tire ce mot de l’anglais hobby, qui signifie à la fois une espèce de petit cheval et une espèce de petit autour. M. Littré croit que c’est le même mot que aubin). Cheval d’Écosse à l’allure très-douce.

HOBBOE, ville de Danemark, dans le Jutland, préfecture et à 57 kilom. N.-O. d’Aarhuus, sur la baie de Manager ; 2,200 hab. Station de douane ; port d’hiver de 50 classe. Belle église. Hobroe est une des villes danoises qui ont progressé le plus rapidement. Son territoire, qui n’était jadis qu’une vaste lande stérile, est aujourd’hui admirablement cultivé ; son commerce et son industrie sont florissants ; la ville possède une vingtaine de bâtiments jaugeant ensemble plus de 300 last. Fabriques d’eau-de-vie ; grande brasserie ; fonderie, fabrique de machines, manufacture de tabac, fours à chaux, tuileries et chantiers de constructions navales. Son principal article d’exportation est le blé.

IIOBS, dieu égyptien, dont les attributions ne sont pas connues. Il porte ordinairement une mitre ornée de deux plumes d’autruche. Un superbe bronze du Louvre représente le dieu Hobs.

HOBUS s. m. (o-buss). Bot. Syn. de myro-

BOLAN.

HOBY, paroisse de Suède, dans le gouvernement de Bleking, sur la Baltique ;

environ 6,000 hab. Pays très-boisé, avec 90 lacs et un fleuve, le Braeckne, qui le traverse dans toute son étendue et se jette dans la mer. On voit à Hoby le fameux rocher dit rocher du roi’ Harald, couvert d’inscriptions, qui ont donné lieu à de vives discussions entre les savants suédois et danois.

HOC s. m. (ok ; h asp. — mot lat. qui signif. cela). Jeu dans lequel il y a certaines cartes qui coupent toutes les autres, et sont, par conséquent, assurées à celui qui les joue : Je ne sais ni le hoc, ni laprime, ntle trictrac. (De Balz.) il Nom des cartes privilégiées, au même jeu : Il y a six hocs, qui sont : tes quatre rois, la dame de pique et le valet de carreau, il Faire hoc, Gagner la partie, au même jeu.

— Fam. Être hoc, Être assuré : Eh 1 que n’es-tu mouton ! car tu me serai» hoe.

La Fontaine.

Mon congé cent fois me fût-il hoc,

La poule ne doit point chanter devant le coq.

Molière.

HOCC

Sur un air tendre,

Faisons entendre

Comme a saint Roch

Le paradis fut hoc.

Colli.

Ad hoc, Mots latins qui signifient Pour cela, et qui, en français, ont le sens de Spécial, exclusivement destiné à la chose désignée : Etablir un service ad hoc. Prendre ses vrécautions ad hoc.

Ab hoc et ab hac, Mots latins qui signifient De celui-là et de celle-là, et, dans le discours français, A tort et à travers : Parler ab hoc et ab hac de ce qu’on ignore.

HOGA ou HOCCA s. m. (o-ka — mot catalan). Jeu de hasard, qui a la plus grande ressemblance avec le biribi :

Il est au monda une aveugle déesse. Dont la police a brisa les autels ; C’est du hocca la fille enchanteresse, Qui, sous l’appât d’une feinte caresse, Va séduisant tous les cœurs des mortels.

Voltaire.

HOCCO s. m. (o-ko ; A asp. — onomatop. du cri de l’oiseau). Ornith. Genre d’oiseaux

fallinacés, qui habite l’Amérique équatoriale : es hoccoSi sont polygames. (E. Baudement) Le hocco n’a point le caractère sauvage et inquiet du faisan. (V. de Bomare.) Dans le voisinage des habitations, les hoccos sont trèsdéfiants. (V. Meunier.) H Hocco brun du Mexique, Nom vulgaire de l’hoazin. il Hocco du Brésil ou Hocco mitu, Nom vuhraire du pauxi mitu. Il Hocco pauxi, Nom vulgaire du pauxi à pierre.

— Encycl. Les hoccos sont caractérisés par un bec robuste, de longueur médiocre, comprimé latéralement, à mandibule supérieure courbée et voûtée ; des narines latérales ; une huppe composée de plumes longues, étroites et redressées : des ailes courtes ; la queue à douze pennes larges ; les tarses hauts et dé fiourvus d’éperons ; loo pieds à quatre doigts, e postérieur très-long, les trois autres réunis à la base par une membrane. Les hoccos ’ habitent exclusivement les régions équatoriales de l’Amérique, où ils représentent les dindons. Comme ceux-ci, ils perchent sur les arbres, où la conformation de leurs pieds leur permet de se maintenir solidement. Ils. se plaisent dans les parties hautes des forêts, ce qui leur a fait donner par les Mexicains le nom de tépototolt, qui signifie oiseau de montagne. Ils vivent en société, se réunissent en troupes nombreuses, et se nourrissent de fruits, de graines et de bourgeons, et surtout des baies du thoa piquant, qu’ils avaient avidement. Leur démarche à terre est lente et grave ; leur vol est bruyant et lourd. Leur voix présente une particularité remarquable : c’est une sorte de ventriloquie propre à ces animaux, et qui provient sans doute de la conformation de leur trachée-artère et de la solidité des parois de cet organe.

Les hoccos nichent tantôt sur le sol, tantôt sur les grosses branches d’arbre ou dans les anfractuosités des rochers. Le nid se compose de bûchettes entrelacées avec des brins d’herbe et tapissées de feuilles sèches à l’intérieur, La femelle ne fait qu’une ponte par an ; elle est de quatre à huit œufs, blancs comme ceux de la poule commune, gros comme ceux de la dinde, et à coquille fort épaisse. Les petits courent en naissant, et, quand le nid est placé très-haut, on assure que le mâle les prend un à un avec son bec et les descend à terre, comme chez certains canards sauvages. Les jeunes hoccos ne se développent ensuite que lentement, et, après la première mue, n ont encore acquis que les trois quarts du volume des adultes. Leur livrée est aussi très-différente, et les plumes de leur huppe, rayées de noir et de blanc, ne sont ni inclinées ni frisées, comme elles le seront plus tard.

La chair de cet oiseau est blanche, tendre, juteuse, d’un goût exquis, supérieure même a celle du faisan et de la pintade ; aussi est-elle fort recherchée par les habitants des contrées où il vit.

Le hocco est de mœurs sociables, d’un naturel doux, paisible, si confiant, que les anciens auteurs l’ont taxé de stupidité. • Il semble, dit Buffon, s’oublier lui-même et s’intéresser à peine à sa propre existence. On dirait qu’il ne voit point le danger ou, du moins, qu’il ne fait rien pour l’éviter. Il est complètement inoffensif ; sa douceur ou plutôt son indolence est telle qu’il songe à peine à fuir, lors même que quelques-uns de sescompagnons viennent dêtre atteints par le plomb des chasseurs ; il se sauve d’arbre en arbre, et semble avoir à peine conscience du péril qui le menace. Aublet, à la Guyane, en a tué jusqu’à neuf de la même bande, avec le même fusil, qu’il rechargea autant de fois qu’il fut nécessaire. Toutefois, la présence souvent répétée d’un ennemi peut changer ce naturel et le rendre inquiet, farouche et ombrageux. C’est ce qui est arrivé dans le voisinage des lieux haottés, notamment au Paraguay, où l’aspect de l’homme suffit pour mettre en fuite ces oiseaux. Le hocco, pris jeune, supporte assez bien la captivité, et s’apprivoise facilement ; s’il n’est pas détenu, il s’écarte de la maison pendant le jour, et s’en va même fort loin ; mais il revient toujours le soir pour y coucher. D’après Aublet, lil devient familier au point de venir heurter à la porte avec son bec pour se foire ouvrir ;