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pratiques économiques de quatre peuples que l’auteur a choisis pour sujet de ses études. L’idée du livre est heureuse. Il est certainement très-important de savoir comment les peuples qui passent pour les plus éclairés de 1 antiquité ont compris et pratiqué les lois de l’économie. I/histoiro des résultats obtenus chez eux est infiniment utile pour déterminer lus lois a. appliquer chez nous, quelquefois en nous déterminant à les imiter, plus souvent en nous apprenant à faire autrement. Le livre de M. du Mesnit-Marigny a les qualités essentielles à tout livre de ce genre : il est clair, précis et méthodique. Nous regrettons seulement que l’auteur ait Cru devoir donner un développement exagéré

— a l’étude de l’histoire économique des Juifs. Sans contester ce qu’il y a dans ce peuple do vitalité financière, nous trouvons que M. du Mesnil-Marigny a des préventions trop favorables en faveur de ce peuple réellement grossier, tant qu’il vivait en corps de nation, et nous sommes surpris d’entendre vanter la mansuétude de cette loi juive qui, en fait de répression, n’avait guère qu’une formule : Morte moriatwr. Tyr et Carthage étaient, au point de vue du sujet, bien autrement intéressants à étudier. Quant à l’avenir des Israélites, à qui l’auteur réserve le gouvernement exclusif du monde, nous ne pouvons partager cette manière de voir : la haute intelligence des Juifs, les énormes ressources financières qu’ils possèdent tes appellent certainement a jouer un grand rôle ; mais, d’autre part, la pratique de plus en plus générale de 1 égalité civile et politique, les progrès de la civilisation et, disons-le, de l’incrédulité, les condamnent, dans un avenir prochain, à se fondre dans une société qui sera, non plus juive, ni musulmane, ni chrétienne, mais simplement humaine.

Quoi qu’il en soit de ces critiques de détail, le livre est intéressant, et nous désirons que son auteur ne s’arrête pas là : les colonies

Ïihéniciennes, les peuples occidentaux, les lomains surtout, lui offrent un vaste champ à parcourir, et il nous est impossible de croire qu’il n’y ait pas déjà songé.

Histoire véritable, par Lucien. Lucien était l’ennemi juré de toutes les superstitions ; né à une époque où la lutte était très-vive entre la superstition ancienne et la superstition nouvelle, il s’établit entre les camps, assenant indifféremment les coups les plus vigoureux sur le Jupiter Olympien et sur le Syrien du Golgotha. Dans le livre dont il s’agit ici, il s’attaque à un autre genre de superstition, la superstition historique. Sous le prétexte d’un voyage fantastique, qui est devenu le modèle de tous les voyages imaginaires dans la lune, au pays de Lilliput, etc., etc., il entasse des aventures bizarres, mais pas beaucoup plus burlesques, après tout, que certaines assertions de Pline, et surtout que certains récits de Ctésias et d’Iambule, qu’il avait particulièrement en vue.

L’Histoire véritable n’est certainement pas le meilleur ouvrage de Lucien ; ses inventions sont souvent plus singulières qu’intéressantes, et après tout le genre qu’il a inauguré demande plus d’imagination que d’esprit ; mais le but de Lucien n’est pas moins fort louable, et l’on ne saurait trop l’approuver de l’effort qu’il a fait pour décréditer les fables que les écrivains de son temps mêlaient si volontiers aux événements de l’histoire. On sait, du reste, que cet effort ne fut pas le seul, et qu’il écrivit ensuite, dans le même but, un autre livre bien autrement important, la Manière d’écrire l’histoire.

Hiilolre du roi do Bobâue et de *e* sept cbAtenui, par Charles Nodier (Paris, 1830). Dans cet ouvruge, inspiré à Nodier par cette phrase du Tristram Sfiandy de Sterne : ■ Il y uvait une fois un roi de Bohème qui avait sept châteaux, .., a l’auteur a voulu personnilier trois abstractions : la mémoire, lejugement et l’imagination. La mémoire, c’est un froid pédant, qui s’appelle don Pic de Fanferluchio ; le jugement, un nain trapu et frondeur, nommé Breloque ; quant ù l’imagination, c’est Charles Nodier lui-même, sous le nom de Théodore. Mais ces trois compagnons de route ne vont pas toujours leur droit chemin, et ils ne nous conduisent pas très-lestement en Bohême. Il n’est pas rare que l’imagination se mette à courir et à vagabonder ; la mémoire s’efforce a la suivre, lejugement veut les rattraper et les mettre à son pas, et tout cela arrête singulièrement la marche. Le premier retard est causé par Théodore, il veut, avant de partir, redire un souvenir de la vallée de Chamouny, une de ces douces et mélancoliques histoires comme il sait les raconter ; don Pic l’interrompt par une longue dissertation sur les classiques latins, Breloque par une digression sur le roi de Bohême ; puis don Pic s’occupe de l’étymologie et des acceptions du mot pantoufle ; il fait la monographie du mot ruban, monographie si curieuse et si savante, que l’envie prend à Breloque de se faire recevoir docteur, ce qui nous vaut une thèse sur la machine destinée • à donner un degré de cocture parfaitement isochrone à la partie cibique des épaules, ■ scilicei un tournebroche, pour parler la langue vulgaire, à laquelle se hâte de revenir Breloque, après que l’Université lui a conféré le bonnet de docteur. Mais le roi de Bohême et sept châteaux ? nous venons d’analyser deux cents pages, et l’autour n’en a encore rien dit. On voit par là

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ce qu’il faut chercher dans ce livre : c’est de la fantaisie, de l’Aamotir, de l’esprit, du charme et de la finesse à propos de tout et même de rien. Après avoir assisté, à Tombouctou, à une curieuse séance desperrugues de l’Institut, visité l’Égypte, l’Italie, etc., les voyageurs arrivent enhn en Bohême, devant le château de Kœnigsgrnetz, le plus fortifié des sept châteaux du roi ; ils sont au pied de ses sombres tours, lorsque tout à coup... l’ouvrage se termine. On trouverait difficilement en France une œuvre plus bizarre et plus capricieuse, plus vague et plus fantastique. Et pourtant, pour qui veut aller au lond des choses, et qui sait lire entre les lignes, l’auteur du Roi de Bohême ne s’est pas livré dans cette œuvre à une simple boutade de poëte ; sous les folles saillies du bouffon, sous la gravité pédantesque de l’érudit, il est facile de découvrir plus d’une idée juste et hardie, une vive et mordante intelligence des mœurs du temps et des misères de notre civilisation.

Histoire de ma »le, par George Sand (1854-18GO, 10 vol. in-18). On a ditdece livre que fauteur aurait dû l’intituler : Histoire de ma vie avant ma naissance ; c’est aussi juste que spirituel. Lorsque George Sand annonça la publication de ses Mémoires, le public fut singulièrement alléché. On s’attendait à des révélations piquantes et même h un peu de scandale ; on allait avoir l’explication de ces types étranges, les Lélia, les Indiana, les Valentine, soulever le masque qui cachait les Bénédict, les Ralph, les Ramières, les Jacques, les Laurent et autres personnages romanesques. Mais point du tout. L’auteur a

écarté soigneusement tout ce qui aurait fait tapage, et, dans cette histoire de sa vie, n’a presque point parlé d’elle. Les dix premiers volumes sont consacrés à la biographie de ses aïeux, depuis Auguste H, roi de Pologne, qui est son arrière-grand-père, de la main gauche, par la comtesse Aurore de Kcenigsmarck, le maréchal de Saxe et Mme Diipin de Francueil. À chacun de ces personnages est consacrée une longue étude, pleine de particularités, et que l’on aurait trouvée intéressante si l’on ne s’était attendu à tout autre chose. Les pages, nous pourrions dire les volumes, consacrées à M»16 Dupin de Francueil sont surtout remarquables, comme analyse des sentiments, en apparence inconciliables, d’une vieille douairière royaliste tolérant tout, hors les mésalliances, et cachant dans un petit coffret des vers obscènes contre Marie-Antoinette. Vers le dixième volume enfin,

l’auteur est baronne Du Devant, quitte son mari et vient débuter à Paris, en compagnie de Jules Sandeau, par le roman de Rose et Blanche. C’est une préface bien longue, et l’intérêt véritable de l’ouvrage ne commence guère que là ; mais, même arrivée à cette époque, George Sand a passé sous silence ce que 1 on aurait le plus de plaisir à apprendre d’elle et, somme toute, c’est bien plutôt dans ses romans, dans les Lettres d’un voyageur, dans le Secrétaire intime, dans Elle et Lui, qu’il faut suivre, sous le voile de la fiction,

I histoire de sa jeunesse, de ses caprices, de ses passions.

On trouvera à l’article Sand ce qu’il est possible d’extraire de l’Histoire de ma vie en tant que renseignements biographiques ; ce n’est donc pas le lieu de les exposer ici. Nous nous contenterons d’appeler ruttention sur ce que l’auteur raconte des circonstances et des milieux qui lui ont inspiré la plupart de ses ouvrages ; ce sont de curieux chapitres d’histoire littéraire. On y verra comment il se créait des types de tous les gens de son entourage, s’engouant de la poésie avec Musset, de la musique avec Listz, des beaux-arts avec Gustave Planche, des utopies sociales avec Pierre Leroux, de la politique avec Michel de Bourges. Mais, hélas ! sa mobilité toute féminine est bien prise sur le fait, à propos de ce dernier, si vanté dans les Lettres d’un voyageur, et si décrié dans l’Histoire de ma vie.

Histoire de me* idée*, par M. Edgar Quinet (1858, in-18). L’illustre penseur, au moment où il s’occupait de la réimpression de ses œuvres complètes, a écrit ce livre pour en faire comprendre la tendance générale.

II déclare, dès les premières pages, qu’il parlera moins de lui que des autres, c’est-à-dire du milieu dans lequel il s’est développé, et il nous donne l’histoire, non pas des faits, mais des idées en France pendant les vingt premières années de ce siècle. Il n’a pas voulu dépasser cette période qui suffit pour montrer en quoi ce siècle se sépare du précédent. « La plante, dit-il, est visible dans son germe ; et qui ne voudrait, s’il le pouvait, voir un monde dans l’embryon ? »

Le récit est sobre et simple ; les souvenirs personnels, qui s’arrêtent à l’adolescence, ont de la grâce et de la fraîcheur. L’épisode le plus caractéristique est consigné dans les chap’.tres qui se rapportent au conventionnel Baudot, un familier de la maison, qui plus tard laissa à son jeune ami des Mémoires dont il s’est servi pour son livre sur la Révolution française. Le portrait du vieux conventionnel et le souvenir de la sensation étrange

?u’il produisait sur le jeune Edgar ont

ourni une des plus belles pages de ce volume. Les invasions de lSUetde 1815, non pas décrites, mais analysées psychologiquement, méritent aussi d’être signalées. L’atmosphère que l’on respirait sous le premier Empire et

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au commencement de lu Restauration est étudiée avec une minutie dont on sait gré à l’auteur, et la compression de toutes les aspirations généreuses, durant cette époque néfaste, est rendue avec une puissance singulière. On peut comparer aux chapitres d’Edgar Quinet les pages écrites par Lamartine en tête des Méditations ; les deux écrivains, d’opinions si opposées, se rencontrent de la manière la plus inattendue : les deux tableaux n’en font qu’un. Ce côté historique est des plus intéressants. Par ses propres impressions, l’auteur rend compte, non pas seulement de la filiation de ses idées, mais de celles de tous ses contemporains. On voit comment chez lui les aspirations démocratiques se sont alliées au patriotisme, à la haine du despotisme napoléonien et des baïonnettes étrangères ; comment, élevé à cette école, il a du se faire un dogme de la liberté de l’âme, de la souveraineté individuelle. Dès cette époque, il entrevoyait dans l’avènement de la démocratie le remède aux maux qu’il avait sous les yeux ; mais il était encore bien loin de voir la réalisation de ses vœux, car il arrête ses impressions de jeunesse en pleine Restauration, en l’an 1SÎ0. Au point de vue biographique, les Souvenirs d’exil, de Mme Quinet, peuvent être considérés comme le complément du livre, car ils poursuivent jusqu à la fin du second Empire l’histoire intime du philosophe exilé de France.

II Wtotre amoureuse de* Gaulée, par BuSSy-Rabutin (1675, in-12). Cette chronique scandaleuse de la cour de Louis XIV, écrite par un des vauriens les plus décidés de la susdite cour (il n’en fut pas moins académicien), n’avait pas été destinée par lui à voir le jour de son vivant. Il la composa, à l’imitation du Satyricon de Pétrone, et en y introduisant de nombreux fragments de cet auteur, ce qui en diminue singulièrement la vraisemblance, pour l’amusement d’une de ses maîtresses, Mme de Monglat.en 1660. La duchesse de Châtillon, maîtresse du prince de Condé, et M<°e d’Olonne, dont les amants ne se comptaient pas, étaient les deux héroïnes principales de ce pamphlet, qu’il lut ensuite a quelques femmes. Le manuscrit tomba dans un couvent (on ne dit pas si c’était un couvent de religieuses), où des copies en furent tirées ; on l’imprima d’abord clandestinement (édition sans date ni lieu), puis à Amsterdam (1671, in-is), ce qui mena tout droit son auteur à la Bastille, moins à cause des révélations piquantes qu’on y trouvait sur certaines dames, que pour les fameux couplets dirigés contre Louis XIV et Marie de Mancini :

Que DéoJ&tua est heureux

De baiser ce bec amoureux

Qui d’une oreille à l’autre val Alléluia !

La licence des idées et des récits est poussée très-loin, dans l’Histoire amoureuse des Gaules ; mais celle des mots s’arrête juste au point que ne franchit jamais une plume qui se respecte. Il y a des pages très-amusantes, des portraits certainement ressemblants, des aventures qui sont peut-être vraies ; mais comment y croire lorsqu’on voit attribué à des personnages du xvne siècle des faits et gestes déjà racontés par Pétrone ? Les portraits de femmes sont généralement bien touchés ; ceux de Mme de Fiesque, de Mmc de Châtillon, de M™» de Monglat, de Mme de Sévigné, sont parfaits, tout en laissant percer, sous la délicatesse de la forme, une malice cruelle. C’est à propos du sien que Mme de Sévigné s’écriait ; « Être dans les mains de tout le inonde, se trouver imprimée, être le livre de divertissement des provinces, où ces choses-là font un tort irréparable, se rencontrer dans les bibliothèques, recevoir cette douleur, et par qui ! • On dit pourtant qu’elle pardonna à l’auteur.

L’Histoire amoureuse complète les Historiettes de Tallemant ; c’est à peu près le même monde, observé par un esprit plus incisif. Tallemant n’est qu’un conteur, Bussy est un satirique. Son livre a été réimprimé bien des fois. Entre autres bonnes éditions, nous citerons celle de 1754 (Paris, 5 vol. in-12), qui contient de nombreuses additions, et celle qu’a donnée M. P. Boiteûu dans la Bibiiothèque elzévirienne (1857, in-16).

Histoire des Abdériluin*, par Christophe Martin Wieland (1773, 2 vol.). Ce roman satirique, qui obtint en Allemagne un succès prodigieux, est partagé en cinq livres, intitulés : Démocrite, Hippocrate, Euripide, l’Ombre de l’âne et les Grenouilles de Latone. Les deux premiers surtout sont fort amusants. Avec une verve admirable, Wieland a représenté dans cet ouvrage le monde bourgeois avec ses idées étroites, ses préjugés mesquins, son implacable égoïsme, ses petites passions de clocher ; et, au milieu de ce centre, il place un homme supérieur, joignant à une baute raison un vaste savoir, et qui se trouve heurté de tous côtés, conspué, honni par tes sots. Ce tableau plein de contrastes, Wieland l’a peint de main de maître. On y trouve une raillerie incisive, un esprit brillant et sans amertume. Dans chaque ligne de cet ouvrage, ses contemporains virent des allusions ; sous chaque nom ou chercha une personnalité connue. Wieland eut beau protester, en rappelant que les écrivains de l’antiquité avaient usé de la même forme, on n’en tint oas moins a appliquer au temps pré HIST

sent ce qui n’était, sous des noms grecs, qu’un persiflage de certaines mœurs et de certaines idées qui ne sont pas le propre d’une époque déterminée. Les réclamations dont Wieland fut assailli à ce sujet furent loin de mettre les rieurs du côté des réclamants, et, contribuèrent encore au succès de l’ouvrage, L’Histoire des Abdéritains a été traduite en français.

Histoire* cavalière*, par Roger de Beauvoir (1838, 2 vol.). C’est un des ouvrages les plus agréables de cet écrivain à la plume nlerte, vive et spirituelle, un recueil de nouvelles qui abondent en gracieux détails et en incidents curieux. Nous citerons particulièrement : la Chapelle ardente, Deux misères, le Sphinx de la cour, le Puils d’amour, David Dicte, la Femme de Cassandre, la Chambre d’amie, le Caprice d’été. Cette dernière nouvelle est une ries meilleures du recueil. ■ L’auteur, dit la Revue des romans, nous y montre deux comtesses émancipées, s’échappant un matin de leur hôtel pour aller nager aux bains Ouarnier. Une de ces comtesses a un mari jaloux comme on ne l’est plus ; le comte Dolci a surpris de secrètes intelligences entre sa femme et son secrétaire. Le jour où ia comtesse s’est rendue à l’école de natation, le secrétaire est allé de son côté se baigner à la rivière ; le comte l’a suivi, et, au moment où il passe devant les bains Ouarnier, il plonge sous l’eau et le frappe d’un coup de poignard. Le jour même de ce terrible événement, le comte partit pour une mission diplomatique, et la comtesse alla s’enfermer dans un couvent de trappistines. »

Histoires villngeoiaes de la forêt Noire, de

Berthold Auerbach (1843-1854, 4 vol.). Ces histoires, dont la renommée est aujourd’hui européenne, ont créé en Allemagne le genre si cultivé de la paysannerie. En vivant au milieu des paysans qu’il met en scène, Auerbach s’est pénétré de leur langage, de leurs passions, de leurs mœurs, et les a rendus avec une remarquable vérité d’accent. L’exactitude des peintures, la finesse et la profondeur de l’observation, un mélange d’énergique rudesse et de touchante simplicité, tels sont les caractères saillants des récits de ce charmant conteur. La première partie de ses histoires de village se compose d’idylles réalistes. Dans la seconde, l’auteur s attache davantage à faire ressortir la différence et l’antagonisme qui existent entre les mœurs de lu campagne et celles de la ville, entre l’ignorance et la culture intellectuelle. Les personnages ne sont pas les représentants d^in système ; ils ne pérorent pas, ils ne prêchent pas ; ils gardent leur physionomie franche et vraie, avec leurs qualités et leurs vices. La thèse qui domine dans ses récits, à côté d’un ardent amour pour le peuple, c’est la supériorité morale de la femme sur l’homme, et son influence pour discipliner la nature inculte et rude de celui que la société lui donne pour compagnon. Nous ne pouvons analyser ici les Histoires d’Auerbach ; nous nous bornerons à en citer quelques-unes. Le Bruve Tolpatsch (lourdaud) est un personnage gauche, naïf, qui, sous une enveloppe grossière, montre une grande délicatesse, et sous beauconp de rudesse une extrême bonté. Dans d/mo la Professeur on trouve décrit, avec une grande pénétration psychologique, l’amour d un arlisit pour une entant de la nature. L’histoire la plu» vraie de cette charmante collection est sans contredit celleA’Ivon le curé. C’estla vied’un jeune paysan entré au séminaire. L’auteur raconte ses doutes, ses désenchantements, et enfin la résolution qu’il prend de renoncer à la vie religieuse. La résistance des parents, l’aveugle entêtement du père forment des scènes tragiques. Avec une habileté remarquable, Auerbach a évité les déclamations auxquelles un pareil sujet prétait si aisément. Dans Florian et Crescence, Auerbach sort un instant de son village pour suivre son héros dans la ville, où la vanité et le désir des richesses l’ont conduit. Il tombe de chute en chute, et une femme seule peut le sauver du crime. L’auteur aime d’une sincère et profonde affection les paysans, qu’il peint sous un jour presque toujours favorable, sans pourtant leur ménager les leçons méritées. Conteur gracieux et gui, Auerbach, tout en restant vrai, ne quitte jamais le ton d’élévation morale qui le recommande à tous les lecteurs, et ses récits portent constamment la marque de ses tendances libérales et de son esprit philosophique.

Histoire de* Treise, roman par H. de Balzac, V. SCB.NKS DIS LA VIE PARISIENNE.

Histoires extraordinaire* et Nouvelle* blstoire* extraordinaire*, pur Edgur Poë, traduites par Baudelaire. V. contes extraordinaires.

Histoire ancienne, comédie en un acte, en prose, par MM. Edmond About et de Najac (Théâtre-Français, 31 octobre 1868). La donnée de cette bluette est insignifiante et semble empruntée à un proverbe de M. Ootave Feuillet, le Fruit défendu. Georges a failli Se marier avec Clotilde ; mais celle-ci épouse son tuteur, M. de Chéneville, et Georges une femme du plus haut ton, qu’il croyait fuite exprès pour lui, dit-il, et qui était faite aussi pour quelques autres. Sa femme meurt, et il compte alors retourner chez Clotilde faire un bon petit ménage à trois ; mais il se trouve que M. de Chéneville ust mort du son côtéjCIo-