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poids de l’or quoique chronique, quelque série de rois ; mais, en vérité, nous avons mieux que tout cela : nous avons ses poëmes, sa mythologie, ses livres sacrés ; nous avons Bon âme. Dans l’histoire, nous eussions trouvé quelques faits sèchement racontés, dont la critique eût à grand’peine ressaisi le vrai caractère ; la fable nous donne, comme dans

l’empreinte d’un sceau, l’image fidèle de sa manière de sentir et de penser, son portrait moral tracé par elle-même. Ce que le xvme siècle regardait comme un amas de superstitions et de puérilités est ainsi devenu, aux yeux d’une philosophie de l’histoire plus complète, le plus curieux des documents sur le passé de l’humanité. ■

L’étude intitulée : Histoire du peuple d’Israël, n’est, pour ainsi dire, qu’une continuation de la précédente. M. Renan admire beaucoup la civilisation juive. « Plus, dit-il, on envisagera le monde et le passé tels qu’ils sont, en dehors des conventions et des idées préconçues, plus on y trouvera de véritable beauté, et c’est en ce sens qu’on peut dire que la science est la première condition de l’admiration sérieuse. Jérusalem est sortie plus brillante et plus belle du travail en ap Îarenee destructeur de la science moderne ; es pieux récits dont on berça notre enfance sont devenus, grâce à une saine interprétation, de hautes vérités, et c’est à nous, qui voyons Israël dans sa réelle beauté, c’est à nous autres critiques qu’il appartient vraiment de dire r Slantes erant pedes nostri in atriis (uïs, Jérusalem. »

Il pense en même temps que les Juifs furent et demeurent un grand peuple, un peuple indestructible. « Il a, dit-il, battu des mains sur toutes les ruines ; persécuté par tous, il a été vengé de tous ; il ne lui a fallu pour cela qu’une seule chose, mais une chose que l’homme ne se donne pas à lui-même : durer. C’est par là qu’il réalise les plus hardies prédictions de ses prophètes ; le monde qui l’a méprisé est venu à lui. Jérusalem est vraiment, à l’heure présente, une maison de prière pour toutes les nations. » L’auteur veut dire, sans doute, que le monde moderne, esclave de l’art, est devenu le tributaire d’Israël, devenu à tant d’égards le prêtre du veau d’or.

Dans sa troisième étude : les Historiens critiques de Jésus, M. Renan, qui ne songeait pas encore à leur succéder, entreprend de montrer que la critique est une grande chose. "La critique a un Dieu, et ce Dieu c’est la vérité. L’homme, en vertu d’un instinct secret et plus fort que lui-même, abandonne ses plus chères croyances pour aller en pèlerinage à ce temple inconnu du vulgaire. Cet instinct est si profond que l’étude critique des origines d’un culte n est jamais l’œuvre des libres penseurs, mais des sectateurs éclairés de ce culte. Ce sont les théologiens qui ont fondé l’exégèse chrétienne. « Quand la science laïque commença à s’occuper de ces difficiles sujets, elle n eut qu’à résumer à son point de vue les travaux entrepris par l’érudition sacrée, et que la théologie, il faut le dire, avait seule autrefois la liberté d’entreprendre. Si de nos jours le penseur indépendant ose à peine toucher à d’aussi redoutables problèmes, quel eût été dans le passé le sort de l’historien qui, sans égard pour la foi de dix-huit siècles, se fût permis de citer à son tribunal celui dont le front ne nous apparaît que ceint de l’auréole de la divinité ? Ce n’est pas à ses débuts que la critique put songer à une entreprise aussi hardie. »

Elle l’a fait récemment ; elle a fini par poser son drapeau sur les murailles d’une ville longtemps inaccessible, mais cette ville avait été démantelée depuis plusieurs siècles.

On peut étudier cette guerre de la critique contre le dogme depuis la Renaissance. Les progrès de la critique ont été lents, mais constants. • Un deuil semble s’attacher a chacun des pas qu’on fait dans cette voie fatale ; mais, en réalité, il n’est pas un des dieux détrônés par la critique qui ne reçoive aussitôt de la critique des titres plus légitimes h l’adoration. C’est d’abord le faux Aristote des Arabes et des commentateurs du moyen âge qui tombe sous les coups des hellénistes du xvc et du xvi<> siècle, et fait place a l’Aristote authentique et original ; puis c’est Platon qui, élevé un instant contre le péripatétisine Bcolastique, prêché à Florence comme l’Evangile, trouve ses vrais titres de gloire en descendant du rang de révélateur à celui de philosophe ; puise est Homère, l’idole de la philosophie antique, qui un beau jour semble avoir disparu de son piédestal de trois mille ans, et reprend sa vraie beauté en devenant l’expression impersonnelle du génie de la Grèce ; puis c’est l’histoire primitive acceptée jusque-là avec un grossier réalisme, qui arrive à être d’autant mieux comprise qu’elle est plus sévèrement discutée. Marche courageuse de la lettre à l’esprit, pénible défrichement qui substitue à la légende une réalité mille fois plus belle, telle est la loi de la critique moderne. »

M. Renan ne croit pas que la critique arrive à détrôner Jésus-Christ, dont il n’avait pas encore écrit la vie. « Le Jésus vraiment admirable, dit-il, est à l’abri de la critique historique ; il a son trône dans la conscience, et il ne sera remplacé que par un idéal supérieur ; il est roi pour longtemps encore. Que dis-je I sa beauté est éternelle, son règne n’aura pas de lin. L’Hglise a été dépassée et

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s’est dépassée elle-même ; le Christ n’a pas été dépassé. Tant qu’un noble cœur aspirera à labeauté morale, tant qu’une âme élevée tressaillera de joie devant la réalisation du divin, le Christ aura des adorateurs, par la partie vraiment immortelle de son être. Car ne nous y trompons pas, et n’étendons pas trop les limites de l’impérissable ; dans le Christ évangélique lui-même, une partie mourra : c’est la forme locale et nationale ; c’est le Juif, c’est le Galiléen ; mais une partie restera : c’est le grand maître de la morale, c’est le juste persécuté ; c’est celui qui a dit aux hommes : « Vous êtes tous fils d’un même père céleste. » Le thaumaturge et le prophète mourront ; l’homme et le sage resteront ; ou plutôt l’éternelle beauté vivra à jamais dans ce nom sublime, comme dans tous ceux que l’humanité a choisis pour se rappeler ce qu’elle est et s’enivrer de sa propre image. Voilà le Dieu vivant, voilà celui qu’il faut adorer. »

Les trois études suivantes ont pour objet les Origines de l’islamisme, la Vie des saints, et l’auteur de l’Imitation de Jésus-Christ. M. Renan fait remarquer que ce dernier livre doit une bonne partie de sa célébrité à l’obscurité de son origine. « L’obscurité des origines, dit-il, est la condition du prestige ; la vue trop claire de l’auteur rapetisse l’œuvre et nous fait apercevoir malgré nous, derrière les plus beaux endroits, un scribe occupé à polir des phrases et à combiner des effets. En montrant, dans l’Iliade et l’Odyssée, non plus le fruit des veilles d’un poëte composant avec suite et réflexion, mais la création impersonnelle du génie épique de la Grèce, Wolf a posé la première condition de l’admiration sérieuse d’Homère. Le charme de la Bible vient en partie de ce que l’auteur de chaque livre est très-souvent ignoré. Combien les morceaux qui forment la seconde partie du livre d’isaïe : « Lève-toi, resplendis, Jérusalem...’ nous semblent plus beaux depuis que nous y voyons le cri d’espérance d’un prophète inconnu, peut-être le plus grand de tous, annonçant, durant la captivité, la gloire future de SionI La perfection est précisément que l’auteur se soit oublié à ce point qu’il ait négligé de signer, ou que son livre ait répondu si complètement à la pensée d’une époque, que l’humanité même se soit pour ainsi dire substituée à sa place, et ait adopté comme siennes les pages qu’elle reconnaissait avoir inspirées. »

L’Imitation est dans le même cas que la Bible. Il n’existe aucun livre dans l’histoire des littératures anciennes ou modernes dont l’auteur se soit effacé à ce point. Il était dans son rôle, du reste. Puisqu’il prêche le renoncement, il est juste qu’il renonce au bénéfice d’avoir écrit un chef-d’œuvre. De fait, il n’a laissé aucune trace de lui-même ; il ne tient compte ni des temps ni des lieux. C’est une lyre, triste et suave en même temps, qui résonne dans l’espace absolu. L’inspiration d’en haut lui suffit ; il n’a point une conscience humaine. Jamais, suivant M. Renan, depuis les récits évangéliques, on n’avait entendu une voix aussi dégagée de personnalité parler à l’homme de Dieu et de ses devoirs.

On sait que trois auteurs se disputent, chez les critiques, l’honneur d’avoir écrit l’Imitation. Ce sont À Kempis, Gerson, le chancelier de l’Université de Paris au xve siècle, et le bénédictin Jean Gerson, abbé de Verceil. C’est à ce dernier que M, Renan s’arrête de

Ïpréférence, mais en lui laissant toutefois e prestige d’une incertitude qui ne sera jamais dissipée.

Les dernières études ont pour objet Calvin, Channing, Fauerbach, et enfin la Tentation du Christ, par Ary Scheffer. On sera peut-être étonné de voir ici M. Renan décrire un tableau comme s’il eût voulu faire une critique d’art ; mais comme il s’agit d’un tableau religieux, on comprendra que ce sujet lui fournissait encore l’occasion d’exposer une fois de plus ses idées sur les religions.

En résumé, quoique ses Eiudes d’histoire religieuse n’aient pas valu à M. Renan une notoriété aussi retentissante que la Vie de Jésus, elles ont peut-être une valeur plus grande au point de vue de la science et de la philosophie.

Histoire de» animaux, ouvrage d’Aristote.

Parmi les œuvres de cet homme prodigieux, l’Histoire des animaux est incontestablement la plus étonnante. Deux choses sont essentielles pour faire un naturaliste de génie : la masse des observations accumulées et un profond esprit de généralisation pour coordonner les faits et créer les systèmes. Or, ces deux conditions, Aristote lésa réalisées à un degré que l’esprit se refuserait à croire possible, si nous ne possédions l’Histoire des animaux. En tous les genres, Aristote a eu, non pas à apprendre, mais à créer ; mais pour son Histoire des animaux surtout, le philosophe de Stagyre n’a pu trouver dans les livres de ses devanciers ni une observation de quelque valeur, ni un système quelconque seulement formulé. Or, dans ce champ si vaste et absolument stérile, examinons ce qu’il a fait.

11 a deviné d’abord, merveilleuse perspicacité, que les êtres organisés devaient être comparés et classés d’après la similitude de leurs organes ; principe profond, qui est devenu toute la base de l’histoire naturelle. Quand il eut acquis cette conviction, que l’étude comparée des organes est absolument nécessaire au naturaliste, Aristote usa des rossourses immenses que l’amitié d’Alexandre

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et les lointaines expéditions de ce prince mettaient à sa disposition ; il disséqua une multitude de sujets, étudia, compara, classa, et créa une nouvelle science, l’anatomie comparée, mot qui parait singulier lorsqu’on- l’applique au père de la zoologie. Grâce au génie d’Aristote, cette belle science, jusqu’àlors ignorée, atteignit d’un coup, sinon la perfection des résultats, au moins celle de la méthode. On a pu faire mieux après Aristote, on ne saurait faire autrement.

La classification fut une conséquence de l’anatomie ; et ce qui peut paraître presque incroyable, c’est qu après quinze siècles écoulés les principales divisions adoptées par Aristote subsistent encore dans la science, et que certains groupes qu’on avait cru devoir en exclure comme peu naturels y ont été réintégrés par les modernes. Ajoutons enfin qu’Aristote, avec cet esprit universel qui le caractérise, ne s’est pas contenté de créer des genres et des familles, mais a étudié et défini un grand nombre d’espèces, avec une vérité de détails et une certitude d’observation en quelque sorto infaillibles. Quelques obscurités déparent ses descriptions ; mais oh les lui pardonnera sans peine, si l’on réfléchit qu Aristote avait à créer, non pas seulement une science, mais une langue. Deux faits suffiront pour prouver l’étonnante sagacité d’Aristote. La masse d’observations qu’il avait accumulées lui avait permis de formuler le principe suivant : « Tous les insectes ailés qui ont leur aiguillon à la partie antérieure du corps n’ont que deux ailes ; ceux dont l’aiguillon est à la partie postérieure en ont quatre. » Ce principe, aujourd’hui vérifié, resterait peut-être encore à trouver, si Aristote ne l’eût formulé. Second fait : Aristote avait affirmé qu’un poisson, qu’il appelle phykis, se fait un nid comme les oiseaux ; ce fait, accepté sans contrôle par l’antiquité et le moyen âge, a été nié et raillé par les modernes ; dans ces dernières années, il a été confirmé de tout point, par des observations multipliées, pour deux genres distincts, les gobies et les épinoches. En anatomie, il avait découvert la trompe d’Eustache, qui devrait être appelée trompe d’Aristote, mais qui a illustré un autre savant. Il connaissait la vraie nature des cétacés, si faciles à confondre avec les poissons. Enfin, il affirmait que les corps vivants sont exclusivement composés d’air et d’eau, en langage chimique moderne, d’oxygène, d’azote, de carbone et d’hydrogène ; mais nous avouons ne pas comprendre par quel prodigieux esprit de divination Aristote a pu s’élever jusqu’à cette étrange vérité..

De pareils faits porteraient facilementà trouver excusable l’habitude contractée au moyen âge de jurer par Aristote. Rien, cependant, ne peut faire pardonner aux philosophes de cette époque d’avoir substitué à l’observation et au progrès les décisions d’un philosophe, si grand qu’il soit, et d’avoir ainsi condamné la science à l’immobilité 1 Mais si une pareille erreur pouvait être excusable, elle le serait certainement en faveur de l’auteur de l’Histoire des animaux. Ce livre a été imprimé pour la première fois en grec, av(>c les œuvres complètes d’Aristote, à Venise (1551, 6 vol. in-8o). Il a été très-souvent imprimé à part ; contentons-nous de citer l’édition grécolatine de Scaliger (Toulouse, 1619, in-fol.), et la traduction française de Camus (Paris, 1783, 2 vol. in-4o).

Histoire nntnreiie, ouvrage de Pline, paru vers l’an 72 de notre ère. Cet ouvrage, qui comprend trente-sept livres, ne répond pas tout à fait à son titre dans le sens moderne du mot ; c’est une sorte d’encyclopédie qui embrasse toutes les sciences, un dépôt des plus précieux de l’antiquité, puisqu’il se compose, comme le dit l’auteur, des extraits de deux mille volumes, la plupart à jamais perdus. Pline l’Ancien n’estdonc qu’un compilateur, de son propre aveu, et malheureusement un compilateur dépourvu de critique. Il est bien inférieur à Aristote, à Théophraste et même à Dioscoride, qui cependant ne s’est pas gêné pour le copier. Avec une crédulité qu’où ne saurait trop lui reprocher, il recueille les fables les plus absurdes qui tombent sous sa main, et les raconte avec le plus grand sérieux. Il nous donne, par exemple, l’univers comme une sphère, sur laquelle sont ciselées d’innombrables figures d’objets et d’animaux, d’où tombent une foule de germes de toute espèce, dont la confusion engendre des monstres. Le soleil est l’âine du monde, il voit et entend tout. Les petites anecdotes de Pline sont surtout d’une absurdité qui dépasse toute imagination. C’est tantôt une femme qui accouche d’un éléphant ; tantôt un peuple entier, les Troglodytes, qui vit sans tête, avec des yeux attachés aux épaules, etc., etc.

Le plan do Pline est régulier ; son ouvrage comprend trois grandes divisions : 1° cosmographie et météorologie ; 2<> géographie ; 3° histoire naturelle proprement dite. C’est surtout dans le premier livre que Pline se montre lui-même, et nous laisse découvrir son système personnel. Après une dédicace assez fade à Vespasien, il expose sa théorie. On reconnaît en lui un panthéiste, dur pour l’humanité, qu’il estime médiocrement. Le second livre de l’Histoire naturelle est consacré à la cosmographie. Pline y parle de la divinité en termes magnifiques, proclamant sa toute-puissance, mais la représentant comme

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parfaitement indifférente aux chosesd’i ci-bas. La géographie remplit les quatre livres suivants, et est généralement fort exacte. Le septième est consacré au roi de la nature, à l’homme. Du huitième au onzième livre, il traite du règne animal. Le onzième renferme une étude sur les insectes, et un traité d’anatomie comparée, dont les erreurs ont lieu d’étonner singulièrement après le beau travail d’Aristote. Le règne végétal s’étend du douzième au vingt-sixième livre. Le vingt-septième n’est qu’une exposition de la inéoecine empirique, où les moyens curatifs les plus bizarres sont préconisés avec un sérieux incomparable. Les six livres suivants sont une élude du règne minéral. Le trente-quatrième indique les matières médicales a tirer des minéraux. La teinture, la peinture et la céramique remplissent le trente-cinquième. Dans le suivant, Pline donne de curieux renseignements sur la sculpture, l’architecture, le pavage et l’origine du verre. Le dernier livre, après une énumération des principales pierres précieuses, se termine par un magnifique éloge de l’Italie, une explosion de patriotisme qui couronne dignement l’œuvre.

Voici comment Buffon appréciait l’Histoire naturelle : « Pline a travaillé sur un plan bien plus étendu qu’Aristote, et peut-être trop vaste. Il a voulu tout embrasser, et il semble avoir mesuré la nature, et l’avoir trouvée trop petite pour l’étendue de son esprit. Son Histoire naturelle comprend, indépendamment de l’histoire des animaux, des plantes et des minéraux, l’histoire du ciel et de la terre, la médecine, le commerce, la navigation, l’histoire des arts libéraux et mécaniques, l’origine des usages, enfin toutes les sciences naturelles et tous les arts humains. Ce qu’il y a d’étonnant, c’est que dans chaque partie Pline est également grand. L’élévation des idées, la noblesse du style relèvent encore sa profonde érudition. Non-seulement il savait tout ce qu’on pouvait savoir de son temps, mais il avait cette facilité de penser en grand qui multiplie la science ; il avait cette finesse de réflexion de laquelle dépendent l’élégance et le goût, et il communique à ses lecteurs une certaine liberté d’esprit, une hardiesse de penser, qui est le germe de la philosophie. Son ouvrage, tout aussi varié que la nature, la peint toujours en beau. C’est, si l’on veut, une compilation de tout ce qui avait été écrit avant lui, une copie de tout ce qui avait été fait d’excellent et utile à savoir ; mais cette copie a de si grands traits, cette compilation contient des choses rassemblées d’une manière si neuve, qu’elle est préférééà là plupart des originaux qui traitent des mêmes matières. • Rien d’étonnant que Bulfon-ait apprécié Pline d’une façon si favorable. Buffon procède absolument du naturaliste romain, ou, pour parler plus exactement, ni l’un ni l’autre ne sont de véritablesnaturalistes, mais seulement de merveilleux •écrivains. Buffon est cependant plus judicieux et moins crédule que Pline ; mais, d’autre part, Pline vivait en un temps où, chez les écrivains, on n’appréciait guère que l’éloquence et l’harmonie du style, ce qui explique sa préoccupation littéraire, au lieu qu on a droit d’être surpris que Buffon ait tant cherché à flatter l’oreille à propos d’histoire naturelle, à une époque qui a connu le grand Linné. « Il y a toujours dans les tableaux qu’il trace je ne sais quoi de majestueux, de grandiose et de fort, qui saisit d’admiration, et qui ne permet guère à l’esprit de se rebuter, même en face d une fausse idée, d’une phrase prétentieuse, d’un tour vicieux, d’un mot mal inventé ou d’un terme détourné de son acception véritable. « C’est l’éloge que M. Pierron a fait de Pline, et qu’il eût pu faire de Buffon, mais qui n’est plus un éloge, a’appliquant à des naturalistes.

Il a été fait de l’Histoire naturelle de Pline un très-grand nombre d’éditions ; la première a été donnée à Venise en 1469. M. Littré en a donné une traduction dans la collection de N isard.

Iliniiiire naturelle (Historia naluralis ad condeiidam phitosophiam, qii& est instaurationis mtignœ pars tertio), par Bacon, ouvrage

fiublié en même temps et dans le même voume que le Novum organum (Londres, 1620 in-fol.).

D’après la méthode enseignée dans le Novum organum, le premier devoir de l’interprète de la nature est de réunir des faits qui puissent servir à fonder une philosophie véritable. Bacon commence par tracer le plan d’une histoire naturelle idéale, et énumère les matériaux qui doivent y entrer. « lî na faut, dit-il, rien négliger. Les moindres faits quelque vils et vulgaires qu’ils soient, ne sont pas inutiles, et peuvent conduire à des conséquences importantes. •

L’auteur se livre ensuite à une série de dissertations. Ce sont d’abord l’histoire des vents, celle de la vie et de la mort, celle de la densité, celle du son j puis un répertoire d’observations et d’expériences propres a (oit- nir des renseignements sur les diverses parties de l’histoire i.aturelle. Le principal morceau, qui contient ces observations, est le Sylva sylvarum (forêt des forêts).

Bacon voulait joindre à ces travaux un abécédaire ou dictionnaire alphabétique des principaux objets de l’histoire naturelle, classés dans un ordre qui facilite les recherches ultérieures et qui fourrjt le moyeu