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avec raison qu’il a été appelé l’Homère de l l’histoire. « Naïf et raisonnable, dit M. de Barnnte, exact et poétique, il réunit par un lien commun l’histoire des races helléniques et des nations avec lesquelles elles étaient en contact, et, le premier, donna un caractère de généralité aux récits jusqu’alors propres à chaque ; cité, ou plutôt à chaque temple. Ses livres portèrent le nom des Muses ; ils furent lus aux jeux Olympiques ; il obtint et mérita une popularité homérique. »

La mouvement ne s’arrête plus. La poésie prend un rôle à part, et, moins d’un demisiècle après Hérodote, Thucydide interprète les événements de la guerre du Péloponèse avec la froide raison d’un écrivain moderne. Xénophon, dans un genre différent, suit

fresque la même méthode, quoique les faits intéressent pour eux-méines et non pour leurs résultats. L’histoire existait désormais. Polybe en fit une science. Elle passe de lu Grèce à Rome avec ce caractère. Tite-Live est le premier historien romain digne de ce nom, et s’il prend Hérodote pour modèle au lieu de Thucydide ou de Xénophon, s’il altère sciemment la tradition et donne à ses récits un caractère dramatique et littéraire peu convenable a la vérité historique, il reste d’ordinaire dans la vraisemblance et n’altère pas le goût de son temps pour les récits vrais. Pourtant, avant Tacite et Dion Cassius, les Romains aimaient encore à considérer l’histoire comme une partie de la littérature, et il est curieux de voir quel était à ce sujet l’opinion de Quintilien : • L’histoire, dit-il, peut aussi nourrir le discours d’une substance fécondéet agréable ; mais il faut bien savoir, en la lisant, que les beautés qui lui sont propres doivent être évitées par l’orateur. En effet, elle est voisine de la poésie ; elle est en quelque sorte une versification qui n’a rien de métrique, et on l’écrit pour raconter, non pour prouver. Son but n est pas une action réelle, une victoire actuelle. (J’est pour acquérir la mémoire de l’esprit, c’est pour plaire à la postérité, que 1 on compose une histoire. Pour empêcher les récits d être ennuyeux, il faut employer une tournure facile et des expressions familières. Pour ceux qui ont du loisir et ne s’occupent que d’apprendre, la brièveté de Salluste peut être ce qu’il y a de plus parfait ; mais ce n’est pas ce qui conviendrait devant un juge occupé de tout autres pensées, et souvent peu lettré. Cette abondance de Tite-Live et son langage, qui coule comme un fleuve de lait, n«t seraient

Fus non plus ce qu’il faut pour persuader homme qui ne recherche pas la grâce du récit, mais la vérité du fait. •

Cette légèreté de Quintilien, si elle est significative, ne traduit pas entièrement l’opinion de son temps. Jules César n’a pas écrit ses Commentaires comme on écrit un roman ou une pièce de pure littérature. La vérité simple et sans amplification semble le préoccuper uniquement ; c’est peut-être le meilleur modèle antique, sans excepter Tacite, du genre historique tel qu’on le comprend aujourd’hui. Les historiens de la décadence sont plus ou moins véridiques, mais ne sortent pas des limites tracées par les auteurs de l’époque classique. Vers la fin de l’empire, il n’y a plus que des chroniqueurs, et Vhistoire, du moins en Occident, devait conserver longtemps ce cachet.

Le goût du style et le détail des mœurs reviennent avec le progrès littéraire du moyen Âge. Dès le xve siècle, Froissart et Monstrelet offrent des modèles qui ne dépareraient point la littérature antique. À la même époque, l’esprit de solidarité de la plupart des nations européennes ’ détermina la création d’histoires générales et nationales, qui résumèrent les récits prolixes des chroniqueurs et des faiseurs de mémoires, écrivant pour leur délassement personnel ou celui d une petite cour féodale. On n’eut cependant d’idées d’ensemble sur les événements du passé qu’au xvue siècle. Mézeray écrivit, pour lu première fois, une histoire de France digne de ce nom.

L’histoire universelle, ou, pour parler plus judicieusement, la philosophie de ('histoire, n’était pas créée. « C’est, ait Edgar Quinet, une grande gloire pour les peuples modernes d’avoir conçu l’histoire universelle. Le point de vue transcendantal est resté entièrement inconnu aux anciens. > Divisés d’abord en familles, puis en tribus, puis en nations, les hommes devaient rester et restèrent, en effet, quelque temps avant de s’intéresser à leur passé, avant de concevoir l’idée et l’utilité de l’histoire ; ils restèrent incomparablement plus longtemps, après avoir fait ce premier pas, avant de s élever a l’idée que les destinées diverses des peuples avaient quelque élément commun, formant une espèce de destinée générale et pouvant fournir le sujet d’une histoire universelle. Toutes les nations de l’antiquité conçurent, non l’histoire, mais des histoires particulières. Cependant lu Grèce avait trouvé, dans ses plus hautes spéculations, l’idée d’une nature commune à tous les hommes, l’idée de l’humanité. Rome, disciple de la Grèce, avait adopté cette grande notion ; elle commençait a l’appliquer et a en introduire les conséquences dans son droit, quand la religion’chrétienne naquit en Orient. Jésus-Christ, venu plus tôt, n’aurait peut-être été que le rédempteur d’un seul peuple, d’une seule nation ; arrivant dans un temps où la nation do l’unité, de la solidarité du genre

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humain venait de s’établir, il devait se donner ou être donné comme le rédempteur de tous les hommes. C’est ce qui eut lieu, en effet. Ainsi la religion, dans la pensée de ses sectateurs, était destinée à régner sur toute l’humanité, à être catholique. De la à considérer précisément l’avènement du Christ et l’établissement de sa religion comme le lien commun de tous les peuples dans le passé, comme la fin commune ou tendaient les événements composant les histoires particulières des peuples, il n’y avait qu’un pas à faire pour l’esprit humain.

L’idée que l’histoire universelle consistait dans la préparation des choses à la venue du Messie, ■ cette idée, dit très-bien Quinet, est la première qui ait marqué l’histoire d’un caractère philosophique. ■ Saint Augustin, et, après lui, Eusèbe et Sulpice-Sévère furent les premiers propagateurs de ce système. « Rien n’est plus facile que d’en suivre les grossières applications dans toute la suite du moyen âge, jusqu’à ce qu’elle vint tomber aux pieds de Bossue t. Comment il l’a recueillie, on le sait. • Le système de Bossuet, si bien enchaîné, mais si étroit, qui fait du petit peuplé juif le centre du monde ancien, et de la diffusion du catholicisme le but final de tous les phénomènes de l’histoire, est aujourd’hui tombé dans le rebut, comme un vêtement d’enfant qui n’irait plus à la taille de l’homme fait ; mais il faut avouer qu’il mérite l’intérêt, en tant que premier essai d’une philosophie de l’histoire.

Vico, en Italie, fut le second qui tenta un système d’histoire universelle. Vico, lui, n’admet pas, comme Bossuet, un événement, but et fin de tous les phénomènes historiques, les liant superficiellement ensemble et par leur extrémité, pour ainsi dire. L’unité du genre humain, pour lui, est plus intime et plus foncière. Il y a, selon Vico, une espèce d’histoire idéale, un type d’évolution que les histoires particulières réalisent, chacune séparément, avec plus ou moins de plénitude et de perfection. C’est une espèce de cycle, qui laisse apercevoir trois parties, trois moments distincts : la période religieuse, la période héroïque et la période humaine. Dans la première, l’homme est, avant tout, préoccupé de l’idée de Dieu et de celle du droit, qu’il cherche à faire passer dans les faits. L imagination et le besoin d’action le dominent durant la seconde période, qui, ù certains égards, est une déchéance. Dans la troisième période, la’ raison reprend le dessus, et l’homme arrive à conformer de plus en plus toutes les manifestations de son activité à la règle de la justice. Mais le peuple ou la société qui vient d’accomplir cette évolution doit subir une loi fataie, commune aux êtres collectifs comme aux êtres particuliers : il meurt en tant que peuple, en tant que société conformée d’une certaine manière ; il se fond dans un peuple nouveau ou une société nouvelle, qui, débutant par la barbarie, par l’âge religieux, recommence le cycle nécessaire et inévitable. Ce cycle est précisément le dessein de Dieu sur les sociétés humaines ; c’est l’orbite tracée par la Providence au mouvement général de l’humanité. On voit que la conception de Vico ne manque pas d’une certaine grandeur abstraite ; mais elle repose sur l’idée de la Providence, et la science moderne repousse les explications tirées de l’intervention d’une puissance extranaturelle ; de plus, cette conception a le défaut de négliger complètement l’innombrable multitude des faits qui ne rentrent point d’une manière évidente dans un plan tracé d’avance. On obtient ainsi une grande simplicité de mouvement, qui n’est bonne, en réalité, que pour les. êtres simples, comme les astres ; mais l’esprit de l’homme n’est pas si simple, il a mille fois plus de richesse et de dignité. Au reste, il faut reconnaître a. Vico lu mérite d’avoir trouvé quelques idées secondaires véritablement fécondes en applications. C’est à lui, par exemple, qu’appartient l’honneur d’avoir tenté, le premier, l’interprétation des légendes et des myBtèress, qui se trouvent au berceau de tous les peuples, et qu’on prenait au pied de la lettre. Il a introduit la critique et l’esprit dans cette partie de l’histoire, qui, entendue au sens littéral, n’offre que des faussetés inadmissibles. Le premier aussi, il a songé à étudier les langues, les divers idiomes des peuples anciens, comme des archives secrètes où se trouvent enfouis les vestiges des mœurs, des idées et même des actions des peuples qui d’ailleurs n’ont point laissé d’histoire.

Herder, en Allemagne, à la fin du siècle dernier, présenta sur l’histoire générale de l’humanité des vues bien différentes de celles de Vico. Herder et Vico ne se rencontrent que dans l’idée primordiale. Herder, lui aussi, croit à la Providence, et c’est le dessein de Dieu sur l’humanité qu’il cherche à découvrir à son tour ; mais, à partir de là, la séparation est complète. Herder commence par étudier la création inférieure-, il considère, il analyse dans ses manifestations et pénètre dans ses principes le monde minéral d’abord, puis le monde animal, puis l’homme, vu seulement dans Sa constitution physique. Il étudie les rapports qui unissent ces trois termes, et montre que, du premier au dernier, il y a continuité et développement, en sorte que l’homme est le microcosme, le résumé et 1 épanouissement de la nature inférieure. Puis

il passe à l’étude de la terre, de l’habitacle réservé à l’homme ; il exposo les climats, les

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bassins, les grandes dispositions du sol, les conditions diverses de la géographie. En troisième lieu, il analyse l’homme lui-même dans ses facultés, dans ses penchants primordiaux. Ce n’est qu’après ce travail préliminaire qu’il commence l’histoire de l’humanité, et il arrive à ce résultat, que l’histoire n’est que l’ensemble des résultats nécessaires produits par l’exercice des facultés humaines au sein des divers milieux naturels ; c’est la rencontre et la combinaison perpétuelle de la nature humaine avec la nature extérieure.

En France, MM. Guizot, Thiers et Augustin Thierry ont créé trois écoles différentes, mais d’une vitalité si puissante, que le xixe siècle français pourra être appelé le siècle de l’histoire. L’école d’Augustin Thierry, à laquelle appartient M. de Murante, est l’école descriptive ; on y raconte les événements sans avoir la prétention de les juger. Au contraire, dans l’école fondée par M. Guizot, on n’étudie les faits qu’en vue de les juger, et on les juge comme les doctrinaires jugeaient les questions politiques. L’école de M. Thiers est l’école fataliste. Elle est surtout préoccupée de l’idée que les individus n’ont que peu d’influence sur la direction générale des faits et des opinions. Elle dirait volontiers, comme saint Paul : « Est-ce au vase d’argile à élever la voix contre le potier. » Le potier, c’est la Providence, lisez le Destin ; en d’autres termes, le concours des causes dont nous ne voyons que les effets.

Parmi les hommes qui ont cherché à donner une base rationnelle à la philosophie de l’histoire, nous citerons encore Henri-Thomas Buckle, oui, malheureusement, est mort à la fleur de lâge, laissant son œuvre inachevée. 11 s’était proposé d’écrire l’histoire de la civilisation en Angleterre. Cette histoire devait comprendre le tableau du génie national chez les Anglais, les Français, les Espagnols, les Écossais, les Allemands, les Italiens et aux États-Unis. Les trois dernières parties manquent ; les quatre autres sont de vastes tableaux d’ensemble, hardiment esquissés. Le progrès moderne, dit M. Littré dans l’étude qu’il a consacrée à cet ouvrage, passionne 1 auteur ; la science le transporte, et son tardent esprit de généralisation se manifeste. Buckle cherche à donner une base rationnelle à la philosophie de l’histoire. • L’espérance, dit-il, da découvrir la régularité au milieu de la confusion est si familière aux hommes scientifiques, qu’elle est devenue un article de foi pour les savants les plus éminents ; et si cette espérance ne se trouve pas généralement parmi les historiens, il faut 1 attribuer en partie à ce qu’ils sont inférieurs en talent aux investigateurs de la nature, et en partie à la complexité plus grande de ces phénomènes sociaux dont s’occupent leurs études. Ces deux causes ont retardé la création de la science historique. Les plus célèbres historiens sont évidemment inférieurs aux explorateurs les plus remarquables de la science ph vsique ; parmi les hommes qui se sont adonnes à l’histoire, aucun ne peut se comparer, comme intelligence, à Kepler, à Newton ou à beaucoup d autres qu’on pourrait citer. Quant à la complexité plus grande des phénomènes, l’historien philosophe est arrêté par des difficultés bien pins formidables que celles que rencontre celui qui étudie la nature ; car, pendant que, d’un côté, ses observations sont plus sujettes à ces causes d’erreurs qui proviennent du préjugé ou de la passion, il ne peut, de l’autre côté, se servir de la grande ressource physique des expériences, par lesquelles on peut souvent simplifier les problèmes, même les plus compliqués, du monde extérieur. Il n est donc F as étonnant que l’étude des mouvements do homme soit encore dans l’enfance, en comparaison de l’avance immense prise par l’étude des mouvements de la nature. Dans le fait, la différence dans les progrès accomplis par les deux études est si grande, que la régularité des événements physiques et la possibilité de les prédire sont souvent admis comme certains, même dans le cas où il n’y a encore aucune preuve ; tandis que, pour l’histoire, cette même régularité, loin d être admise, est complètement niée. C’est pour cela que quiconque désire élever l’histoire au niveau desautres branches des connaissances humaines rencontre tout d’abord un obstacle ; en effet, on lui dit que, dans les affaires humaines, il y a quelque chose de mystérieux et de providentiel qui les rend impénétrables à nos investigations, et qui nous empêchera toujours d’en découvrir les causes réelles, « Voici maintenant comment Buckle pose le but de l’histoire ; il émet à cet égard les quatre propositions suivantes : ■ io Les profrès du genre humain dépendent du succès es investigations dans les lois des phénomènes de la nature et de la proportion dans laquelle se répand la connaissance de ces lois ; so avant que cette investigation puisse commencer, il laut que l’esprit de doute soit né, et que, venant d’abord en aide aux investigations, il en soit aidé ensuite ; 3° les découvertes ainsi obtenues accroissent l’influence des vérités intellectuelles, et diminuent relativement, non absolument, celle des vérités morales ; car les vérités morales, ne pouvant devenir’aussi nombreuses, sont plus stationnaires que les vérités intellectuelles ; 40 le grand ennemi de ce mouvement, et par conséquent le grand ennemi de la civilisation, c’est l’esprit protecteur, je

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veux dire l’idée que la société ne peut prospérer si l’État et l’Église ne guident et ne protègent nos moindres pas dans les affaires de la vie : l’État enseignant aux hommes ce qu’ils doivent faire, l’Église leur enseignant ce qu’ils doivent croire (t. IV, p. 1). On voit que Buckle se rattache à l’école positiviste. 11 n’est pas cependant un disciple d’Auguste Comte, et il reste déiste, chrétien même, mais chrétien protestant et partisan de la liberté d’examen la plus complète. Il considère l’Angleterre comme offrant le type de l’évolution régulièredela civilisation (t. 1er, p. 261).Selon lui, c’est chez elle que se déroulent le mieux la marche normale de lu société et le libre développement des grandes lois qui régissent finalement la forme du monde.

En résumé, le mouvement historique, inauguré au xvno siècle par Bossuet, continué au xvmo siècle par Vico, Herder, Condorcet, et développé par tant d’esprits remarquables dans notre xixe siècle, ne peut manquer de s’accentuer encore davantage dans un avenir prochain. Aujourd’hui, l’histoire est devenue, pour ainsi aire, une religion universelle. Elle remplace dans toutes les urnes les croyances éteintes ou ébranlées ; elle est devenue le foyer et le contrôle des sciences morales, à l’absence desquelles elle supplée. Le droit, la politique, la philosophie, lui empruntent’ ses lumières. Elle est destinée à devenir, au milieu de la civilisation moderne, ce que la théologie fut au moyen âge et dans l’antiquité, la reine et la modératrice des consciences. On ne croit plus aux idées, on ne croit désormais qu’aux faits. Or les idées sont invisibles pour l’histoire. ■ Les effets seuls, dit Jbuffroy, tombent sous sa prise ; ces effets sont des faits qu’elle recueille, faits de toute nature et de toute espèce, d’où elle induit les idées, concluant du signe à la chose signifiée, ou de l’effet à la cause. •

— B. arts. Iconogr. Les monuments de l’antiquité nous représentent l’Histoire sous la figure d’une des neuf Muses, Clio, dont les attributs ordinaires étaient une trompette et un livre. C’est ainsi encore que beaucoup d’artistes modernes ont figuré allégoriquement l’Histoire ; Lebrun, dans une de ses

Peintures décoratives du palais de Versailles, a personnifiée par une femme à l’air noble et sérieux, couronnée de lauriers, tenant un livre et une trompette, et s’appuyant sur d’autres livres entassés autour d’elle.

De Prezel, dans son Dictionnaire xconologigue, dit qu’on doit représenter l’Histoire avec un air majestueux, magnifiquement habillée, tenant un livre d’une main, de l’autre une plume ou un style, dont les anciens se servaient pour écrire, et jetant les yeux en arrière, pour montrer que c’est par la description des choses passées qu’elle travaille pour la postérité. Quelquefois, elle parait écrire sur un grand livre, supporté par les ailes du Temps.

La fantaisie des artistes s’est écartée plus ou moins de ces données iconographiques. L’abbé Dubos, dans ses Réflexions critiques sur la poésie et la peinture, a loué l’ingéniosité d’un artiste qui, chargé de peindre dans la galerie de Chantilly l’Histoire célébrant tes exploits du grand Condé, imagina de représenter une belle femme tenant un livre sur lequel était écrit : Vie du prince de Condé, détachant et semant autour d’elle les feuillets de ce livre, sur lesquels on lisait les titres des principales actions du héros : Secours de Cambrai, Secours de Valenciennes, Retraite de devant Arrat, etc. Cortot, dans son grand bas-relief du Triomphe de Napoléon, à l’Arc de l’Étoile, a placé une figure de Y Histoire écrivant sur une tablette : Pyramides, Marengo, Austerlitz. Gérard, dans l’une des deux toiles qu’il peignit pour accompagner sa Bataille d’Austerlits, et qui sont aujourd’hui au Louvre, a représenté I Histoire sous les traits d’une femme ailée, avec une trompette à la main.

La figure de l’Histoire décore fréquemment les tombeaux des hommes ’ célèbres. C’est ainsi que Thorwaldsén a sculpté l’Histoire écrivant les exploits du comte de Leuchtenberg pour la décoration du monument funèbre élevé en l’honneur de ce prince dans l’église Saint-Michel, à Munich. Le sculpteur bisontin Luc Breton a exécuté, pour le tombeau de la famille de La Baume, à Pesmes, les figures de l’Histoire et du Temps, dont on voit les modèles en terre cuite au musée de Besançon. Un groupe de marbre, exécuté pour l’État par le baron Bosio, et qui a été exposé au Salon de 1844, représente l’Histoire et tes Arts consacrant les gloires de la France. M. J. Félon a sculpté, dans l’un des tympans du pavillon Richelieu, au nouveau Louvre, la Vérité et l’Histoire. Parmi les nombreuses images allégoriques de l’Histoire, nous citerons encore une estampe du commencement du xvi« siècle, marquée des inatiales I B, et une gravure de Bartolozzi, d’après Gio.-B. Cipriani

Peinture d’histoire. L’expression peinture d’histoire ne désigne pas seulement la représentation des événements historiques ; elle s’applique encore aux sujets religieux, mythologiques, légendaires, allégoriques ou symboliques. Dans son acception la plus vaste et la plus haute, elle comprend toute scène dont les acteurs sont des figures idéales comme celles des dieux et des saints, ou des figures idéalisées, comme celles des hérus. Ainsi définie, la peinture A’histoire est l’art par excel-