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son pays, il employa son immense fortune k fabriquer du vitriol, de l’ocre, du soufre par des procédés perfectionnés, k établir des usines, à exploiter la mine de fer de Gellivara (Lnponie), à défricher d’énormes étendues de terrain, à mettre en culture cent trente métairies, etc. En outre, Hermelin fit explorer des contrées peu connues de la Suède septentrionale et exécuter trente cartes des provinces de Suède et de Norvège, qui ont été réunies en atlas sous le titre de Géographiska chartor (Stockholm, 1797-1807). Ayant perdu sa fortune par suite de diverses calamités accumulées, il dut céder ses biens k ses créanciers, et reçut de la diète une pension de 1,000 rixdaters. On lui doit, entre autres ouvrages : Sur la fonte du minerai de cuivre après le grillage (1766) ; Sur l’état de l’industrie (1773) ; Tableaux de ta population et de l’industrie dans diverses contrées du royaume (1773) ; Essai d’histoire naturelle de la Laponie et de la Vestrobothnie (1804), etc.

HERMELINDE (sainte). Y. Ermklindu.

HERMELINE s. f. (èr-me-li-ne). Gomm. Peau de martre zibeline.

HERMELLE s. f. (èr-mè-le). Annél. Genre do la famille des amphitrites, comprenant deux espèces qui habitent les mers de l’Europe et de l’Asie.

IIERMENÀULT (l’), bourg de France (Vendée), ch.-l. de cant., arrond. et à 11 kiloin. N.-O. de Fontenay-le-Comte ; pop. nggl., 497 hab. — pop. tôt., 983 hab. Ancien château de l’évêque de La Rochelle.

HERMÉNÉGILDE (saint), prince des Wïsigoths, mort en 5S6 de notre ère. Il était fils du roi Leuvigilde, qui l’associa au trône et lui céda l’Andalousie en 573. Ayant épousé Ingonde, tille de Sigebert, roi des Francs, il quitta l’arianisine à l’instigation de cette princesse et se fit catholique. Il se rendit alors avec elle en Andalousie, refusa d’obéir à son

fière, qui lui ordonnait de retourner à Toède, s allia avec les Grecs, prit deux fois les armes contre son père, fut vaincu, fait prisonnier et sommé de renoncer k la religion catholique ou de se résoudre à la mort. Herinénégilde refusa d’abjurer et subit le dernier supplice. L’Église l’a mis au nombre des martyrs et l’honore le 13 avril.

Hermjnéçilde (ORDRE DE Saint-), Ordre

de chevalerie créé, le Î8 novembre 1814, par ce Ferdinand VII, ■ cœur de tigre et tête de mulet, » qui couvrit l’Espagne d’échafauds. Il est destiné à récompenser les services militaires ; mais il faut, pour y être admis, compter dix ans au moins de grade d’officier. Les membres forment trois classes : grands-croix, commandeurs, chevaliers. Le ruban est blanc, avec une large raie rouge au milieu. La devise se compose des mots : Premio a la constancia milita»’ (Récompense de la constance militaire).

HERMÉNEUTIQUE adj. (èr-mé-neu-ti-ke

— du gr. hermèneuô, j’explique ; de Hermès, Mercure, dieu de l’éloquence). Qui explique, qui interprète les livres sacrés ou le texte des lois anciennes : L’art herméneutique.

— s. f. Art d’interpréter les anciens textes : //herméneutique sacrée.

— Encycl. V. INTERPRÉTATION DUS ÉCRITURES.

HBRMENFROl, roi de Thuringe. V. Hkr-

MANFRED.

IIBRMENGARDB, reine de Provence. V.

ERMEN’OAKDE.

HERMENOUS (Lohis), écrivain français, né à Savigny (Indre-et-Loire) le 13 février 1797. Fils d’un simple cultivateur, il fit ses premières études au séminaire de Tours, les termina au lycée de la même ville, et passa ensuite sa laborieuse jeunesse dans divers collèges de l’Université, où il professa successivement toutes les classes jusqu’à la rhétorique inclusivement. Sa santé frêle et délicate le força de quitter l’enseignement, et, à la révolution de Juillet, il échangea sa chaire contre la place de secrétaire de l’académie de Grenoble, position qui lui permit de faire son droit et de prendre le grade de docteur. Il devint ensuite secrétaire de la Faculté de droit dans la même ville, puis k Toulouse, et enfin à Poitiers, où il prit sa retraite. M. Hermenous a, sous le titre de Réminiscences, publié, dans le Courrier de l’Isère, la relation de ses nombreuses excursions en Dauphiné. Il est auteur de quelques écrits où l’on reconnaît un philosophe aimable, un observateur délicat et un conteur plein d’humour. Citons encore ses Excursions en Suisse, en Italie et en Provence ; VOrient biblique ; la Langue primitive ; les Souvenirs ; les Académies et congrès scientifiques, satire mordante et toujours d’actualité ; Mes flâneries ou la Vienne et ses deux rives ; enfin une étude sur l’Histoire de Jules César éditée par Pion. On doit à M. Hermenous quelques autres productions légères, les Questions sur le magnétisme par exemple, et d’assez nombreux articles de littérature et de voyage insérés dans divers journaux.

HERMEïS’RIC ou HERMENERIC, roi des

Suèves. V. Ermeric.

11EKMËNT. bourg de France (Puy-de-Dôme), ch.-l. de cant., arrond. et à 50 kilom. de Clermom-Ferrand, sur un rocher de basalte que couronnent les ruines d’un ancien

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château fort ; pop. agg !., 507 hab. — pop. tôt., 000 hab. Belle église romane classée parmi les monuments historiques.

HERMES, village et commune de France (Oise), cant. de Noailles, arrond. et à 17 kilom. de Beauvais, sur le Thérain ; 942 hab. Fabriques de manches à balais et k parapluies, bois de soufflets, cannes, articles de bureau, brosses à dents et à ongles ; scieries mécaniques. L’église est très-ancienne et fort curieuse.

HERMES (Jean-Auguste), un des plus remarquables théologiens de l’Allemagne, né

à Magdebourg en 1736, mort k Quedlimbourg en 1822. Il étudia au collège de Klosterbergen, à l’université de Halle, et devint pasteur de Groschendorf en Mecklembourg, D’abord sympathique au piétisme, il s’en détacha, lorsqu’il alla k Vahren comme prédicateur, et il fut en butte k quelques persécutions pour ce fait. Forcé de quitter Wahren, il accepta la place de pasteur du village de Iérichow, dans les environs de Magdebourg. En 1777, il fut appelé à Ditfurth, puis k Quedlimbourg. La naine de ses persécuteurs ne s’était pas apaisée ; mais Hermès l’oubliait en faisant beaucoup de bien. Il se montrait ainsi meilleur chrétien que ses accusateurs. En 1807, l’université d’Helmstœdt lui décerna le titre de docteur en théologie. Hermès était un homme tolérant ; il pensait que le christianisme ne peut maintenir son influence qu’à la condition de se mêler au mouvement de la civilisation, et qu’il le peut sans périr. On a de lui : Manuel de la religion (Berlin, 1779), ouvrage traduit en français par Elisabeth, reine de Prusse, femme de Frédéric II (Berlin, 1784) ; Sermons sur les textes de l’Évangile (Berlin, 1782-1788) ; Bibliothèque théologique universelle (Quedlimbourg, 1784-1787) ; Des réformes à introduire dans le culte public (Leipzig, 1785-1788,

2 vol.) ; Traité de la religion de Jésus (Quedlimbourg, 1799).

HERMES (Jean-Timothée), littérateur allemand, né k Petznick (Poméranie) en 1738, mort à Breslau en 1321. Il acheva ses études de théologie k Kœnigsberg, où Kani et Arnold le prirent en amitié, devint ensuite successivement professeur k l’académie des nobles de Brandebourg, prédicateur de la cour et du château du prince d’Anbalt k Pless, habita plusieurs années Berlin, où il remplit diverses fonctions ecclésiastiques, et alla enfin se fixer à Breslau en 1772. Lk, Hermès devint premier pasteur de l’église Sainte-Elisabeth et intendant supérieur des affaires ecclésiastiques. Hermès s est surtout fait connaître par ses romans, dans lesquels il s’est particulièrement attaché à l’étude du cœur de la femme, et qui rappellent la manière de Fielding et de Richardson. Les principaux sont : Fanny Witkes (Leipzig, 1765, 2 vol.), roman qui a été traduit en français pour la Bibliothèque universelle des romans (1799) ; Voyage de Sophie de Memel jusqu’en Saxe (Leipzig, 1770-1778, 6 vol.), son ouvrage le plus estimé ; une Histoire dédiée aux jeunes filles de grande famille (Leipzig, 1787-1790,

3 vol.) ; une Histoire dédiée aux parents et aux personnes qui désirent se marier (Leipzig, 1789-1790, 5 vol.) ; Deux martyrs littéraires et leurs femmes (Leipzig, 1789, 2 vol.).

HERMES (Georges), théologien catholique allemand, né k Dregerwalde (Westphalie) en 1775, mort en 1831. Il enseigna la théologie successivement k Munster et k Bonn (1819). Il défendit le christianisme contre les systèmes de Kant et de Fichte, mais établit que les dogmes ne peuvent se prouver par le raisonnement, que c’est là un article de foi, dont l’Église, d’ailleurs, a le droit d’exiger la croyance. Cette singulière théorie, exposée dans un livre ayant pour titre Introduction philosophique à la théologie catholique chrétienne (1819), fit scandale parmi les théologiens ; comme toutes les nouveautés, elle eut aussi des partisans. Les disciples d’Hermès prirent le nom d’Hermésiens. Il leur fut interdit d’enseigner dans les universités catholiques. Outre l’ouvrage précité, on doit k Hermès : Recherches sur ta vérité intérieure du christianisme (Munster, 1805) et Dogmatique chrétienne catholique (Munster, 1S34-1835, 3 vol.).

HERMES (Charles-Henri), publiciste et historien allemand, né à Kalisch en 1800, mort en 1856. Il a habité Dresde, Munich, Berlin, a fait un voyage k Paris et publié un grand nombre d’articles dans divers journaux allemands. On lui doit, en outre, les ouvrages suivants : les Causes et les conséquences de la décadence et de la chute de la Pologne (Munich, 1831) ; Descriptions de voyages pour la jeunesse (1836, 2 vol.) ; Histoire des vingt-cinq dernières années (Brunswick, 1842, 2 vol.) ; la Découverte de l’Amérique par tes Islandais (Brunswick, 1844) ; Considérations sur la différence des temps (Brunswick, 1845-1846).

HERMÈS s. m. (èr-mëss —du gr. Hermès, Mercure), Antiq. Gaîne portant une tête de Mercure ou une autre tête quelconque, que les anciens avaient l’habitude de placer dans les carrefours : Les anciens ont fait usage de ces doubles hkrmés pour réunir les portraits des hommes célèbres, (Boissonade.) Il Statue da Mercure : Un hermes enfant.

— Astron. Nom de l’une des taches de la lune.

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— Moll. Genre de gastéropodes formé aux dépens des cônes, et non adopté.

HERMES, nom grec d’un’ dieu assimilé au Thoth des Égyptiens et au Mercure des Latins. V. Mercure.

Hermès TrismégUle, (LIVRES d’). AU IH«

et au ivo siècle de notre ère, il fut grandement question, dans les polémiques religieuses et philosophiques, des livres de l’Hermès Trismégiste, où étaient contenus, disait-on, tous les principes de la sagesse de la vieille Égypte. Sous ce nom grec d’Hermès (le Mercure des Latins), on découvrait, en effet, le dieu égyptien Thoth, Thot ou Taut (v. Murcure), qui était resté, dans les traditions religieuses des bords du Nil, comme le grand initiateur des sciences, des arts, des croyances de l’Orient. Les Égyptiens attribuaient à ce dieu 36,525 livres d’enseignement sacré, au dire de Manéthon, et 20,000 seulement selon le philosophe Jamblique, qui lui-même affirme en avoir vu 12,000. L’explication de cette prodigieuse fécondité est toute simple, d’après M. Egger : c’est que l’on attribuait au divin auteur toute l’encyclopédie scientifique et religieuse conservée par les prêtres dans les temples, et dont Clément d’Alexandrie nous a laissé une sorte de catalogue abrégé dans ses Stromates. Les fragments qui nous restent des livres d’Hermès Trismégiste ont donné lieu k des discussions intéressantes. Ces morceaux sont peu nombreux : dix-huit ou vingt fragments grecs du Pœmandrès ; une traduction latine de VAsciépius, due à Apulée, et çk et lk des citations faites par les Pères de l’Église dans leur polémique contre les défenseurs du polythéisme. Le tout fut recueilli et traduit en latin par Marsile Ficin, en 1471, puis publié par Turnèbe en 1554.

Lactance et saint Augustin parlont avec admiration du Pœmandrès, et, au xvia siècle, Baronius cite, en y relevant des erreurs, les livres d’Hermès comme faisant autorité dans l’histoire de la théologie. M. Egger n’y voit que l’œuvre mutilée de cette singulière époque (iv< ! siècle), de cette étrange école k la fois religieuse et philosophique, rationaliste et mystique, chrétienne, hébraïque, platonicienne, qui inonda de ses œuvres, et remua par ses rêveries souvent grandioses, souvent obscures, le siècle des grandes luttes théologiques. Il y retrouve les traces de la Bible côte k côte avec celles du Timée : ■ L’esprit existait avant la nature humide, qui est sortie des ténèbres ; tout était confus et obscur avant que le Verbe vint tout animer. Dieu fit l’homme k son image. L’obscurité régnait sur l’abîme ; l’eau et l’esprit étaient puissance dans le chaos. > À côté de cette inspiration de la Genèse, un chant où vibre la voix du Psalmiste : « Que la nature du monde entier écoute mon hymne ! Terre, entr’ouvre-toi ; entr’ouvrez-vous, cataractes

du ciel. Arbres, suspendez le bruit de vos feuilles. Je vais chanter le maître de la création, le tout et l’unité. Je vais célébrer celui qui a tout créé, celui qui a fixé la terre, suspendu le ciel, qui a voulu que de l’Océan une eau douce se répandit sur la terre habitée ou sans habitants, pour la nourriture et l’usage de tous les hommes. » Ailleurs, il semble que quelque chose de la voix du prophète ait passe dans le livre d’Hermès : « O Égypte, Égypte, un jour viendra où de ta religion il ne restera que des fables, des fables incroyables pour la postérité ; il ne restera que quel ques mots écrits sur la pierre et rappelant tes actions pieuses... La divinité remontera au ciel... > Puis ce sont des récits mystiques : « Un jour que je méditais sur les êtres, et que ma pensée s’élevait aux plus hautes régions, mes sens corporels ayant été fortement possédés, comme il arrive aux hommes qui s’endorment d’un profond sommeil après un excès de nourriture ou de travail, je vis un être de dimensions énormes, qui m’appelait par mon nom et me disait : • Je suis Pœman■ drès, l’esprit de la vérité, je sais ce que tu « me veux et je serai partout avec toi... • Et k la suite de cette vision, une sorte de scène j de fantasmagorie magico-philosophique d’une ! profonde obscurité. I

En résumé, s’il faut admettre avec M. Eg- ; ger que les livres d’Hermès sont bien l’œu- ’ vre des néo-platoniciens, il faut aussi, ce ! nous semble, accorder que cette œuvre con- j tinue, en la modifiant un peu, l’ancienne tradition égyptienne, tradition monothéiste et I hautement philosophique^ digne assurément j d’avoir inspiré la grande école de Pythagore, I et par elle le génie même de Platon. Les plus beaux morceaux de l’Hermès ne sont point vraiment trop différents de ces prières et inscriptions que nous ont révélées les rituels découverts dans les nécropoles. • Salut k toi, l’unique, dieu vaste, dieu illimité, aine du monde, vieillard toujours rajeuni, éternel voyageur des siècles I > — • Je suis ce qui est, ce qui a été, ce qui sera. « — « O Dieu, c’est sans douleur que je viens vers toi. Je me suis réjoui en contemplant ta splendeur ; accordemoi aussi splendeur et beauté pour la vie qu’on vit toujours. > Il semble que tous ces dogmes élevés, un moment obscurcis par l’ignorance et la corruption de la religion égyptienne, aient vécu pendant longtemps d une sorte d’existence souterraine et se soient révélés de nouveau dans le grand siècle des rêveries religieuses. On a aussi attribué k Hermès des livres sur l’alchimie, science dont

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il est considéré ooimne l’inventeur ; mais ces livres, s’ils ont jamais existé, sont entièrement perdus.

Hermès ou Recherches philosophiques sur la grammaire universelle, en trois livres (Londres, 1751, 1 vol. in-8°), par James Harris. Cet essai de grammaire générale a fait fortune et le mentait. Les considérations de l’auteur sur les premiers principes du langage sont restées classiques en Angleierre. • C’est par l’étude de la proposition, dit Harris, que doit commencer l’étude de la grammaire ; car c’est là le premier élément que donne l’analyse du discours. Mais la proposition elle-meme se résout en mots. On distingue vulgairement une dizaine d’espèces de mots ; mais, en examinant attentivement ces derniers éléments du discours, on reconnaît qu’on en peut former deux grandes classes, les mots significatifs par eux-mêmes ou principaux, et tes mots significatifs par relation ou accessoires.» Les premiers sont l’objet du premier livre de V Hermès ; les autres, celui du second iivre. Comme il n’existe que des substances nu des attributs, les mots principaux ne pourront être que substantifs ou attributifs. Les mots accessoires servent soit k mieux désigner ou déterminer les êtres, soit à unir entre eux les êtres ou les faits ; dans le premier cas, ils sont dits définitifs ; dans le deuxième, connectifs. Sous le titre de substantif, il faut comprendre le nom et ie pronom, qui n’est qu’un substantif secondaire. L’auteur étudie le nom sous le rapport de ses différentes espèces, de ses différentes propriétés ; en parlant du genre, il explique d’une manière ingénieuse, mais quelquefois trop subtile, par quelle assimilation k des substances, qui n’ont par elles-mêmes aucun genre et aucun sexe, ont été assignés le sexe masculin ou le sexe féminin.

Les attributifs sont d’abord le verbe, qui exprime soit seulement l’attribut général de l’existence (le verbe être), soit l’existence avec un attribut particulier (les verbes ordinaires) ; puis 'adjectif et le participe, qui expriment les diverses qualités ou quantités des êtres, mais sans aflirmution. » Lu grummaire d’Harris a un attrait philosophique particulier. À propos du temps des verbes, il étudie k fond les idées d’espace, de durée et de temps pris dans leur acception métaphysique. À propos des modes, il analyse de même la pensée ; il divise la proposition qui l’exprime en proposition perceptive et en proposition volitive. La proposition perceptive s’exprime par l’indicatif des verbes ; les autres modes se rapportent k la proposition volitive. L’auteur a étudié avec soin l’histoire de ta grammaire, et connaît ce qu’en ont dit Aristote, Apollonius, Théodore de Gaza, Priscien, Scaliger, etc. Suivant lui, les adjectifs et les participes sont des abstractions faites au verbe. Un participe est un mode de verbe sans affirmation, mais qui concerne l’idée d’action et de temps ; quand il n’offre plus cette idée d’action et de temps, il devient purement un adjectif. Harris reconnaît un second ordre d’attributifs : ce sont les adverbes ou attributs d’attributs. On a vu tout k l’heure que l’auteur divisait les mots accessoires en mots définitifs et connectifs. Les mots définitifs sont l’article, soit défini, soit indéfini, puis les pronoms dits démonstratifs, possessifs ou indéfinis. Les mots connectifs comprennent la conjonction et la préposition, que certaines langues remplacent au moyen de la déclinaison.

Le troisième livre est de la philosophie pure ; il traite d’abord de la matière du langage, c’est-à-dire de la voix, de l’articulation, etc., et de la forme du langage, c’est-à-dire du sens des mots. Les mots, dit-il, sont des symboles et non des onomatopées. Us représentent des idées générales beaucoup mieux que des idées particulières. Harris entre k ce sujet dans l’étude des universaux et de l’origine des idées. S’il faut l’en croire, les systèmes philosophiques ne seraient qu’une question de points de vue. Quand on considère nos connaissances sous le rapport de leur point de départ, il faut dire avec les sensualistes : A’i/tii est in intetlectu quod non prius fuerit in sensu ; mais quand on les considère en elles-mêmes, elles doivent nécessairement avoir une cause intelligente et des types préexistants ou idées innées, et on pourra retourner l’axiome précédent et dire : Nihil est in sensu quin prius fuerit in intelleclu. En définitive, le livre de Harris, précieux pour la méthode et la clarté des idées, contient en outre plusieurs aperçus nouveaux, qui depuis sont entrés dans la science. L’Hermès fut traduit eu français, aux frais du gouvernement, par M. Thurot.sur la proposition de Garât (i vol. in-8, 1796), aveu des liemarques grammaticales et un Discours sur l’histoire de la science grammaticale.

Hermès, grand poème sur la nature, commencé par André Ôhénier, dans sa première jeunesse, et que d’autres préoccupations lui firent bientôt abandonner, ou plutôt suspendre. Quoiqu’il ne reste de cette œuvre que des fragments peu nombreux, et quelques notes jetées sans ordre sur le papier, ce jet rapide d’une grande pensée ne fait pas moins le plus grand honneur au poète ; il nous montre k côté du chantre gracieux et passionné, de l’artiste incomparable, un puissant esprit, un penseur. Sainte-Beuve a donné une excellente analyse de ce vaste ouvrage & pcino ébauche. Chénier avait voulu faire son Da