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HENA

Les gens on ua pour un savant,

Et le dieu joufflu de la table

Pour un connaisseur très-gourmand, ...

Qu’un bon estomac 60it le prix

De son cœur, de son caractère,

De ses chansons, de ses écrits !

11 a tout : il a l’art de plaire.

L’art do vous donner du plaisir,

L’art si peu connu de jouir :

Mais il n’a rien, s’il ne digère.

Voltaire a beaucoup contribué à la réputation littéraire du président Hénault ; moins âgé que lui de neuf ans, il le connut au sortir de 1 adolescence et resta toujours avec lui dans d’excellents termes. Hénault, dans ses Mémoires, raconte l’anecdote suivante : « Voltaire, qui commençait à paraître, lisait un jour quelques morceaux, de sa Henriade chez La Faye, où je dînais. Ces morceaux avaient été écrits de la main de Voltaire dans le temps qu’il était k la Bastille, et comme il n’avait point de papier, il les avait écrits entre les lignes de je ne sais quel livro imprimé. 11 s’éleva une dispute sur ce poëme. Il y eut de l’aigreur, que Voltaire supporta assez patiemment. Mais La Faye, qui était fort gai, fit quelque mauvaise plaisanterie, qui déconcerta Voltaire ; et de dépit il jeta le livre au feu : je courus après et je le tirai du milieu des flammes. » Il lui en coûta, dit-on, une belle paire de manchettes.

C’est en 1744 qu’il publia son Abrégé chronologique de l’histoire de France, qui fit une si profonde sensation et qui eut huit éditions du vivant de l’auteur. C’est un ouvrage original et dont la donnée était alors absolument neuve ; il offre ces avantages de présenter à chaque règne le groupe entier de tous les hommes remarquables du temps, le tableau des faits et leurs rapports mutuels, des notions exactes et précises, malgré leur concision, sur tout ce que les annales françaises renferment d’intéressant ; des observations judicieuses, des appréciations ingénieuses, sinon profondes, des portraits bien tracés, ainsi qu’une exposition claire et assez méthodique. Seulement, c’est avec raison qu’on reproche à l’auteur sa partialité pour le pouvoir, dont il tait ou excuse toutes les fautes. Néanmoins, malgré les progrès de la science historique, l’Abrégé restera au moins comme un modèle pour les traités élémentaires d’histoire. La meilleure édition est celle de M. Walckenaer (1821). Le président Hénault avait aussi conçu l’idée d’une réforme de notre théâtre. La lecture de Shakspeare lui avait inspiré la pensée de commencer la création d’un Théâtre français où les scènes principales de l’histoire nationale seraient retracées dans des drames k la manière du tragique anglais ; mais il n’était pas de taille à remplir un pareil cadre. L’idée était remarquable pour le temps ; la tentative qu’il fit pour sa réalisation fut assez malheureuse, et son François II supporte à peine la lecture. Outre ses discours académiques et les ouvrages que nous avons cités, on a encore du président Hénault des poésies assez’ faciles, mais qu’on ne lit plus, des comédies assez ingénieuses : la Petite maison, le Jaloux de lui-même, le Temple des chimères, etc. ; une Histoire critique de l’établissement des Français dans les Gaules (publiée en 1802), qui est un recueil de matériaux plutôt qu’une histoire ; quelques Mémoires dans le recueil de l’Académie, enfin des Mémoires publiés par la famille seulement en 1855 ; ils contiennent des détails assez curieux, mais rien d’important.

Après avoir vécu en épicurien une partie de sa vie, Hénault se convertit dans sa vieillesse et s’attira beaucoup d’épigrammes ; on ne voulut pas croire à la sincérité de sa conversion et on l’attribua même à des vues intéressées, à Vous verrez, disait-on, qu’il a pris le bon Dieu pour un homme en place. »

11ÉNAUX (Ferdinand), littérateur belge, né à Liège vers 1815. Il s est fait connaître par un assez grand nombre d’ouvrages, pour la plupart historiques, par des critiques littéraires, par des esquisses de voyages, des romans, dont quelques-uns ont paru sous les pseudonymes de Nand, à’André Meuret, etc., et par des dissertations insérées dans le Bulletin du bibliophile belge et dans la Revue de Liège. Nous citerons parmi ses ouvrages : Description historique et topographique de Liège (Liège, 1837) ; Études historiques et littéraires au pays wallon (Liège, 1843) ; Tableau de la constitution liégeoise (Liège, 1844) ; la Croix de Verviers (Liège, 1845) ; Essai sur l’histoire monétaire du pays de Liège (Liège, 1845) ; Considérations sur l’histoire monétaire dupays de Liège (Bruxelles, 1846) ; le Berceau de Charlemagne (1848) ; Histvire du pays de Liège depuis tes temps les plus reculés jusqu’à nos jours (1851, 2 vol. in-8<>) ; Histoire de la bonne ville de Visé (1853) ; Constitution du pays de Liège (1859) ; la Houillère du pays de Liège (1861)  ; Roland (1863), etc.

HÉNAUX (Étienne), poste et littérateur belge, frère du précédent, né à Liège eu 1818, mort dans la même ville en 1843. Il débuta fort jeune dans la carrière des lettres, devint un des rédacteurs assidus de la Revue belge, de l’Espoir, remporta un prix de poésie en 1827, pour un poëme sur le Dévouement des Franchimontois, et mourut n’ayant encore que vingt-cinq ans. Nous citerons de lui : Pauline, histoire de tous les jours (Liège, 1841, in-8°), poeina ; la Statue de Grélry (Liège, 1842), poëmo ; le Mal du pays (1842), recueil do

BEXD

poésies ; Galnrie des poètes liégeois {Liège, 1813). Il a laissé, en outre, plusieurs ouvrages inédits. Pénaux avait une imagination vive, un style facile, animé, mélodieux.

HEÎVCRE (Charles-Louis), astronome allemand, né à Duisen en 1793, mort en 1866. Il s’adonna à l’étude de la physique, des mathématiques et enfin de l’astronomie, qui finit par l’absorber entièrement. De bonne heure, il lui parut fort peu probable qu’il n’y eût pas entre Mars et Jupiter d’autres astéroïdes que les petites planètes de Cérès, Pallas, Junon et Vesta, découvertes de 1801 k 1807 par Piazzi, Olbers et Harding, et, après de lonfues et patientes observations, il parvint à écouvrir, le 8 décembre 1845, la planète Astrée, puis, le 1er juillet 1847, une seconde planète, Hébé. À partir de cette époque, il ne lit plus aucune découverte, mais les résultats de ses observations ont servi de base aux travaux d’une foule d’astronomes, qui, piqués d’émulation, se sont mis à explorer le firmament, surtout dans la région située entre Mars et Jupiter, et y ont découvert une multitude de petites planètes dont le nombre s’accroît tous les jours.

hencKÉLIë s. f. (ain-ké-l ! — de Henckel, sav. allem.). Bot. Syn. de didymocaiîpk.

HENDAYE ou ANDAYE, comm. de France (Basses-Pyrénées), arrond. et à 32 kilom. de Bayonne, canton de Saint-Jean - de-Luz ; 531 hab. Hendaye est située sur la frontière d’Espagne, près de l’embouchure de la Bidassoa ; on y fait un important commerce d’eau-de-vie très-renommée, qui est presque tout entier entre les mains de M. Paulin Barbier. Hendaye, qui a perdu de son importance, fut prise et saccagée par les Espagnols en 1793, et reprise la même année par l’armée républicaine.

HENDÉCAGONE adj. (ain-dé-ka-go-nedu gr. hendeka, onze ; gônia, angle). Géom. Qui a onze angles : Figure hendécagone. Il On dit aussi heniiécaconal, alk.

— s. m. Polygone qui a onze angles : Un hendécagone régulier.

HENDÊCAGYNE adj. (ain-dé-ka-ji-ne — du gr. hendeka, onze ; guné, femelle). Bot. Dont les (leurs ont onze pistils.

HENDÉCANDRE adj. (ain-dé-kan-dredu gr. hendeka, onze ; anir, mâle). Bot. Dont les fleurs ont onze étamines.

— s. f. Genre de plantes, de la famille des euphorbiacées, tribu des crotonées, comprenant plusieurs espèces qui croissent au Mexique et en Californie.

HENDÉCANDRIE s. f. (ain-dé-kan-drîrad. hendécandre). Bot. Classe de plantes dont les fleurs ont onze étamines.

HENDÉCAPHYLLE adj. (ain-dé-ka-fi-ledu gr. hendeka, onze ; phullon, feuille). Bot. Dont les feuilles se composent de onze fofioles.

HENDÉCASYLLABE adj, (ûin-dé-ka-silla-be

— du gr. hendeka, onze, et de syllabe). Qui a onze syllabes : Vers hkndécasyllabe.

Mot HENDÉCASYLLABE.

— s. m. Prosod, Vers qu’on avait imaginé pour donner à la poésie française l’allure des vers latins ; vers latin de onze syllabes : Starkius a fait huit beaux hendécasyllabes sur la thèse de Kornmannus, mais Martinus a fait trente-deux hendécasyllabes sur les puces. (Ch. Nod.)

HENDÉCASYLLABIQUE adj. (ain-dé-kasyl-la-bi-ke

— rad. hedécasyllabe). Qui a onze syllabes : Vers hehdécasyllabiquks.

HENDEL (Manoe), rabbin polonais. V. En-

DEL.

HENDERSON, petite ville des États-Unis d’Amérique, dans l’État de Kentucky, sur l’Ohio, à 200 kilom. O. de Francfort ; 2,700 hab. Entrepôt et commerce important de tabac et de blé.

HENDERSON (Jean), érudit irlandais, célèbre par l’étendue de son savoir et ses excentricités, né à Bellegarance, près de Limeriek, en 1757, mort à Oxford en 1788. Doué d’une étonnante facilité, il était capable, à huit ans, d’enseigner le latin à l’école de Kinswood, et, à douze ans, il professait le grec au collège de Trevecka, dans le pays de Galles. Le doyen de Glocester, émerveillé des dispositions d’Henderson, l’envoya étudier à ses frais k l’université d’Oxford. En peu de temps, le jeune homme acquit des connaissances aussi variées qu’étendues et apprit presque toutes les langues vivantes. Sa mémoire était prodigieuse ; mais on peut supposer, dit Suard, d après tout ce qu’on rapporte de lui, qu’il avait beaucoup plus d’imagination et de mémoire que de jugement,

surtout quand on sait qu’il croyait aux sciences occultes, et que sa bibliothèque était en partie composée de livres de magie et d’astrologie. Son humeur capricieuse et bizarre l’empêcha de prendre aucune profession. Il resta à l’université d’Oxford, très-rechurché pour son esprit et ses connaissances, et connu de tous par ses excentricités. Son intempérance ne fut pas étrangère, dit-on, à sa fin prématurée.

HEiNDERSON (Ebenezer), missionnaire et écrivain anglais, né kDumferline (Écosse) en 1784. Il avait été successivement pasteur U Elseneur en Danemark (1804) et à Gothembourg en Suède (1807), lorsqu’il fut charge

HENG

de se rendre en Islande pour y répandre une traduction de la Bible on islandais (1814). Après un séjour de deux années dans cette lie, Henderson parcourut successivement l’Allemagne, la Suède, la Russie méridionale, dans le but de fonder des succursales de la Société biblique. Depuis lors, il a été nommé professeur de théologie et de langues orientales au séminaire de Highbury, près de Londres. On a de lui : Dissertation sur la traduction du Nouveau Testament, par lions Michelsen (Copenhague, 1813) ; VIslande (Edimbourg, 1818, 2 vol. iii-8<>), journal do son voyage dans cette lie, très-intéressant et très-estimé ; Recherches bibliques et voyages en Russie (Londres, 1816), ouvrage qui contient de curieux détails sur les mœurs des habitants de la Russie méridionale et sur les sectes religieuses qui s’y trouvent ; les Vaudois, avec des observations faites pendant une expédition dans la vallée du Piémont en 1844 (Londres, in-8°) ; quelques écrits en irlandais, etc.

HENDERSON (Thomas), astronome écossais, né à Dundee en 1798, mort à Edimbourg en 1844. En 1824, il présenta une méthode pour calculer l’occultation d’une étoile fixe par la lune, corrigea, en 1825, les erreurs faites dans les opérations pour déterminer la différence de longitude entre Greenwich et Paris, fut nommé, en 1831, directeur de l’observatoire du Cap de Bonne-Espérance, et accomplit dans ce poste une série de remarquables travaux. Des raisons de santé le ramenèrent dans sa patrie, où il fut nommé directeur de l’observatoire d’Edimbourg et professeur d’astronomie pratique. Ses œuvres ont été publiées de 1834 a 1839.

HENECOUWEN, nom flamand du Hainavjt.

UÉNRTES ou VÉNÈTES, ancien peuple de la Gaule romaine. V. Vknètes.

HENG1ST et HORSA, princes saxons, fondateurs duroyaume délient, qui vivaientdans le ve siècle de notre ère. Chefs de pirates, ils habitaient la ChersonèseCimbrique, et furent appelés en 449 par les Bretons attaqués par les Pietés. Ils s’établirent dans l’Ile de Thanet, servirent fidèlement pendant plusieurs années leur allié, le roi breton Vortigern, refoulèrent les Pietés et les Scots dans leurs montagnes du nord de la Grande-Bretagne, mais se tournèrent ensuite contre les Bretons, et, après plusieurs victoires, s’emparèrent du Kent et y établirent définitivement la domination saxonne (473). Hengist établit sa résidence à Cantorbéry et mourut en 428, léguant ses États à son fils Oise.

HE.NG-KIANG, fleuve de Chine, prov. de Hou-Nan. Il prend sa source dans les montagnes qui séparent les provinces de Hou-Nan et de Kwang-Tong, coule au N., reçoit les eaux de plusieurs rivières, dont le Lo-Kiang est la plus considérable, traverse le lac de Thoung-Thing, et se jette, près de Yo-Tchou-Fou, dans le Yang-tse-Kiang, après un cours de G67 kilom.

HENGSTENBERG (Ernest-Wilhelm), théologien protestant de l’Allemagne, né à Frondenberg (Westphalie) le 20 octobre 1802, mort k Berlin le 28 mai 1869. Hengstenberg fit ses premières études dans la maison paternelle et alla les continuer à l’université de Bonn, où il se consacra k la philosophie et à la philologie. En 1823, il publia un travail sur un auteur arabe, Am-Raokeisi-Moilakah, et, l’année suivante, une traduction de la métaphysique d’Aristote. La même année, étant en séjour à Bâle pour y poursuivre ses études philologiques, il y fut mis en rapport avec les hommes qui dirigeaient le réveil religieux, alors assez intense, en Allemagne et en Suisse. Ses nouvelles relations dirigèrent ses travaux vers la théologie, et, en 1324, sans avoir fait pour cela d’études spéciales, il devint privat-docent à Berlin, en 1820 professeur agrégé, et en 1829 docteur eu théologie. C’est dans sa chaire de Berlin que, pendant quarante-cinq ans, il a enseigné la théologie la plus orthodoxe. Ses ouvrages exégétiques sont assez importants ; ils portent particulièrement sur l’Ancien Testament et cherchent à établir l’authenticité des livres que la critique moderne a attaqués, ainsi que ceile des prophéties relatives au Christ. Il fonda en 1827 et dirigea pendant longtemps la Gazette éoanyélique, journal consacré k la polémique contre le rationalisme. Ses principaux ouvrages thèologiques sont : Christologie de l’Ancien Testament ; Introduction à l’Ancien Testament (1831-1839) ; De rébus Tyriorum commentatio academica (1832) ; les Livres de Moïse et l’Égypte (Sil) Commentaire sur les Psaumes j les Sacrifices de l’Écriture sainte ; les Juifs et l’Église chrétienne (1852-1859) ; le Jour du Seigneur (1852) ; Commentaire sur le Cantique de Salomon ; Commentaire sur l’Ecclésiaste (1859) ; le Prologue de l’Évangile de saint Jean (is6l) ; les Prophéties d’Ezéchiel (1867-1868). Pendant un tiers de siècle, Hengstenberg a été le chef de ce qu’on nommait lu droite dans la théologie allemande, c’est-à-dire de l’école orthodoxe la plus conservatrice et la plus fidèle aux traditions dogmatiques du luthéranisme primitif. Son influence, grande surtout de 1830 k 1845, avait singulièrement diminué depuis, moins à cause des progrès du rationalisme que par suite de la formation de la théologie du juste milieu, qui lui enleva beaucoup d’adhérents.

NI

HENG-TCIIEOB, ville de l’empire chinois, dans la prov. de Hou-Nan, sur le Heng-Kiang, ch.-l. du département de son nom, $ 400 kilom. N. de Canton. Commerce de riz, de thé, de soieries.

HÉNICOSTEMME s. m. (é-ni-ko-stè-medu gr. henikos, unique ; stemma, couronne). Bot. Genre de plantes, rapporté avec doute à la famille des geutianées, et comprenant une seule espèce, qui croît k Java.

HÉN1N DE CUVILLIERS (Étienne-Félix, baron d’), général et écrivain français, né k Balloy (Seine-et-Marne) en 1755, mort en 1841. En 1779, il embrassa la carrière des armes, devint sous-lieutenant dans le régiment des dragons du Languedoc, puis entra dans la diplomatie, fut successivement envoyé auprès de l’électeur de Trêves (1784), en Angleterre (1785), à Venise, d’abord en qualité de secrétaire d’ambassade, puis de chargé d’affaires (1786), et, de lk, passa a Constantinople, où il remplit, de 1793 à 1796, les fonctions de ministre plénipotentiaire. De retour en France, après avoir visité le célèbre Ali, pacha de Janina, il rentra dans l’armée, se rendit en Italie, reçut une blessure k la bataille d’Arcole (179f>), puis fut chargé de diverses fonctions administratives et militaires. Chef d’état-major général au siège de Peschiera en 1800 et de toute l’armée d’Italie en 1801, il partit deux ans plus tard pour Saint-Domingue, se distingua particulièrement lors de l’attaque du Cap-Français par les nègres, reçut le grade de colonel adjudant-major et se rendit, peu après, par ordre supérieur, auprès de Dessalines, avec qui il régla les articles de la capitulation et lui fit remise du Cap et des forts. À peine Hénin avait-il quitté Saint-Domingue qu’il tomba au pouvoir des Anglais. Conduit k la Jamaïque, il y trouva Rochambeau également prisonnier de guerre. Ce général lui confia les archives de l’armée de Saint-Domingue, consistant en vingt grosses caisses, en le chargeant de les envoyer en France dès qu’une occasion se présenterait. Hénin de Ouvilliers parvint a conserver ce dépôt et k le remettre intact au ministère de la guerre lorsqu’on lui accorda, en 1804, la permission de retourner à Paris. Il rentra alors de nouveau dans le service actif, devint successivement commandant du département du Mont-Blanc (1806), de la ville et des forts de Raab (1809), de Bixen et de Trente (1810) et enfin du Simplon (1811). Napoléon lui donna un majorât en Westphalie en 1808, le titre de baron en 1809, et Louis XVIII l’éleva au grade do maréchal de camp en 1819. Hénin de Cuvilliers ne fut pas seulement un militaire et un diplomate habile ; c’était encore un savant et un écrivain distingué, et, dans tous ses écrits, il s’est montré constamment l’ennemi du préjugé, du fanatisme, du despotisme, de l’intolérance politique et religieuse. U fut secrétaire de la Société établie pour la propagation du magnétisme animal comme moyen curatif ; mais il attaqua vivement le système de Mesmer, les opinions de Deleuze et du marquis de Puységur, en un mot, les idées mystiques des magnétistes, qui donnent pour des prodiges, en les exagérant et en les dénaturant, des phénomènes parfaitement naturels. Il a émis sur ce sujet des idées pleines de bon sens, que la Biographie de Rabbe expose en ces termes : ■ Hénin de Cuvilliers nie l’existence du fluide et attribue tous les effets k l’imagination ébranlée du malade. Il admet une transfusion de facultés morales et une atmosphère de sensibilité agissant réciproquement parmi les êtres animés au moyen des sens, agents physiques de l’imagination, et explique avec ce système les guérisons et les prodiges du magnétisme animal qu’il croitdevoirappelerjjArtii/ûîieiousie, du grec phantasia, imagination, et exousia, puissance. Il prétend que la phantasiexousie est essentiellement liée k l’histoire de tous les cultes, k l’établissement desquels elle a servi de base et prêté son appui ; que les prêtres des différentes religions, ayant souvent obtenu du magnétisme d’étonnants résultats, les ont présentés au vulgaire comme des miracles, témoignages irrécusables de leur contact avec la divinité ; qu’on a ainsi la clef de tous les prodiges attribués aux oracles, pythies, sibylles, sorciers, possédés, etc., comme aux fanatiques tels que les convulsionnaires de Saint-Médard et des Cévennes... Dans le tome VIII de ses Archives du magnétisme animal, page 97 et suiv., le général d’Hénin, fidèle à son système, traite une question théologique fort délicate, mais avec respect et convenance. Il affirme que tous les miracles de Jésus-Christ n’étaient pas surnaturels, attendu qu’étant k la fois Dieu et homme, ses actions participaient également de la nature divine et de la nature humaine ; il en conclut que plusieurs de ses prodiges étaient dus au magnétisme, que Jésus aurait appris en Égypte. Cette assertion est fondée sur un passage d’Arnobe l’Ancien, célèbre apologiste du christianisme, où il est dit que les païens accusaient Jésus d’avoir dérobé les pratiques secrètes de leurs piètres. • Les principaux ouvrages d’Hénin de Cuvilliers sont : Coup d’œil historique et généalogique sur l’origine de la maison impériale des Comnène (Venise, 1739, in-8°) ; Sommaire de la correspondance diplomatique du citoyen Étienne-Félix d’Hénin, ministre charge d’affaires de la République française à Con-