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vit l’ambassadeur de France, Savary de Lftncosme, qui lui fit rendre la liberté (1588). De retour dans sa ville natale, Heberer a donné une relation de son long voyage sous le titre de liêcit véritable d’une captivité de trois ans qui a commencé à Alexandrie, en Égypte, et fini à Conslantinople (Heidelberg, 1G10, in-4o). Cette relation est intéressante, bien que trop prolixe. On y trouve des observations exactes et des renseignements curieux sur l’empire turc.

HÉBERGE s. f. (é-bèr-je — V. l’étym. du mot auberge). Pratiq. Partie d’un mur mitoyen qui est commune, d’après la loi, aux propriétaires de deux édifices contigus : Un propriétaire 11e caucourt pas aux frais de construction des murs mitoyens au-dessus de son

HÉBERGE.

HÉBERGÉ, ÉE (é-ber-jé) part, passé du v. Héberger. Logé : Moines et religieuses, hébergés par des curés grands chasseurs, dansaient et buvaient à l’envi. (Ste-Beuve.)

L’amitié chez les grands est piètrement logée ; Chez les petits, dit-on, elle est mieux hébergée.

Rioaud.

HÉBERGEMENT s. m. (é-bèr-je-manrad. héberger). Action d’héberger ; logement, domicile.

— Féod. Droit d’hébergement, Celui qu’avaient les seigneurs de loger chez leurs vassaux les amis qui venaient les visiter.

Il Droit royal, en vertu duquel les évêques et les abbayes dotés par le roi devaient le nourrir et le loger, lui et toute sa suite, quand il se trouvait sur leurs propriétés.

— Encycl. Féod. La droit royal d’hébergement fut en vigueur pendant toute la seconde race. Charlemagne fut, dit-on, le premier qui usa de ce droit, ou plutôt qui le créa, et l’abbé Berton, dans ses Anecdotes, raconte à ce sujet que ce monarque passait souvent par la maison d’un évêque assujetti à cette redevance, parce qu’il s’y trouvait bien traité. Un jour qu’il le vit fort occupé à faire balayer ses appartements : « Prenez moins de peine, lui dit-il ; tout n’est-il pas assez net l » L’évêque, à demi ruiné par les dépenses qu’il faisait pour bien recevoir son prince, se hâta de répondre : « Sire, très-peu s’en faut que tout ne soit bien net ; mais j’espère qu’aujourd’hui tout le sera de la cave au grenier. 1

Ces usages ne durèrent pas longtemps ; et le clergé, dont la main est toujours ouverte… pour recevoir, s’affranchit bientôt de cette redevance. Bien mieux, non-seulement le haut clergé s’exempta du droit d’hébergement, mais il alla même jusqu’à exiger que les princes remboursassent exactement tous les frais que leur passage pouvait occasionner. Louis VII allant à Paris fut surpris par la nuit et obligé de loger à Créteil, dont les chanoines de Notre-Dame étaient seigneurs. Il y soupa, et les habitants en firent la dépense ; mais, comme les chanoines étaient propriétaires des habitants et de tout ce que ceux-ci pouvaient offrir au roi, ils lui refusèrent le lendemain l’entrée de l’église, lorsqu’il s’y présenta pour faire ses dévotions. Ils ne consentirent à lui ouvrir les portes que lorsque le monarque se fut résigné à donner des gages pour le payement de la dépense qu’il avait faite la veille à Crêteil.

Mais si le clergé put de bonne heure se soustraire à cette redevance, il n’en fut pas de même des communes. Ce ne fut que sous le régne de saint Louis, et moyennant finances, que les habitants de Paris et de Corbeil s’affranchirent, les premiers de fournir au roi et à sa suite de bons oreillers et d’excellents lits de plumes, quand il séjournait dans leur ville, et les seconds de le régaler quand il passait dans leur bourg. >

■ Si monseigneur veut venir avec ses amis, les voisins devront leur donner bêtes qui volent et nagent, bêtes sauvages et privées, et on le traitera bien. On donnera au mulet de l’orge d’été, au faucon une poule, et au chien de chasse un pain ; aux lévriers aussi on donnera du pain en suffisance, lorsqu’on l’emporte de table, et on devra donner aussi, pendant qu’on sera à table, foin et avoine en suffisance aux chevaux. S’il arrive qu’on serve trois sortes de vin dans le ressort de monseigneur, on devra servir à monseigneur et à ses amis celui de moyenne qualité ; si deux, on lui donnera le meilleur ; si un, ce sera celui-là même qu’on lui donnera ; et monseigneur et ses amis devront se trouver contents. Et il devra, le seigneur de la cour, entrer à cheval dans la cour du fermier, avec un cheval et demi (un cheval et un mulet), et un homme et demi (un homme et un garçon), et la femme du fermier devra lui donner une botte de foin, et le fermier mettre ses chevaux à l’écurie… et la femme du fermier fera coucher le seigneur de la cour sur un litécorehé (tout prêt) et sur des draps qui craquent (bien secs). Si mieux elle agit, mieux il remercie. Le seigneur envoyé entrera à cheval avec quatre chevaux et demi, avec cinq hommes et demi ; on lui préparera un lit écorené avec des draps qui craquent, et un feu sans fumée. Les seigneurs justiciers devront, la veille du jour d’assemblée, à l’heure du repas, se présenter avec deux hommes et demi, deux chevaux et demi, deux chiens et demi, et demander le repas ; s’il est prêt, ils descendront de cheval et boiront chopine ; si, au contraire, il ne l’est

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point, Ils se retireront dans la première auberge, s’y feront préparer un repas, et ce repas, c’est la petite propriété qui le payera. Si donc notre gracieux seigneur de Wertheim voulait séjourner à Husen, le prieur et les siens auraient à déloger et à se retirer. Et s’il arrivait que notre gracieux seigneur ne voulût pas permettre au prieur ou aux siens de sortir par la porte, ils devront aller (le prieur et les siens) faire abattre un mur et sortir par la porte de derrière. (Michelet, Orig. au droit français.)

HÉBERGER v. a. (é-bèr-jé — V. l’étym. du mot auberge. Prend un e après le g, devant a et o : J’hébergeai, nous hébergeons). Donner le logement à : N’était-ce pas en Normandie, dans ce plantureux pays, cette grasse cocagne de la France, qu’on ne demandait rien qu’une chanson à celui qu’on hébergeait ? (Fr. Michel.)

— Techn, Héberger la muire, Dans les salines, Remplir la poêle d’eau salée.

S’héberger v. pr. Pratiq. S’adosser sur ou contre un mur mitoyen.


HÉBERT (Jacques-René), révolutionnaire fameux, dit le Père Duchesne, fils d’un maître orfèvre, né à Alençon le 15 novembre 1757, décapité le 24 mars 1794. Voici une de ces figures étranges, devenues en quelque sorte monstrueusement légendaires, et que nous nous garderons bien de réhabiliter systématiquement, car nous sommes ennemi des partis pris, mais que cependant nous voulons regarder en face, étudier froidement, ramener, s’il est possible, à ses proportions réelles, du moins autant que nous le permet le cadre étroit dans lequel nous sommes enfermé.

Hébert, paraît-il, fit quelques études au collège de sa ville natale. Dès l’âge de seize ans, il aurait eu des démêlés avec la justice. Un de ses amis, garçon pharmacien, avait été grièvement blessé à la suite d’une querelle, et ce crime restait impuni. Hébert placarda, de nuit, une sorte de sentence, rendue au tribunal suprême de l’honneur, et qui condamnait le coupable au pilori de l’infamie. Déféré pour ce fait au tribunal d’Alençon, il fut condamné au bannissement ; mais, peu après, le parlement de Rouen annula cet arrêt.

On lit partout qu’il vécut pendant plusieurs années d’escroqueries ; mais, outre qu’on a dit la même chose de la plupart des hommes de la Révolution, il ne serait pas inutile de fournir sur des faits de cette nature quelques preuves ou témoignages ; or, on n’en trouve nulle part de péremptoires, et, d’un autre côté, il paraîtra bien extraordinaire qu’un homme ainsi souillé ait été nommé l’un des principaux magistrats de la Commune de Paris, alors que ces élections municipales donnaient lieu à une sorte d’enquête publique plus sévère que pour l’élection des représentants.

En 1786, Hébert vivait à Paris, et il était, au théâtre des Variétés, non marchand de contre-marques, comme on l’a répété (ce qui, après tout, n’aurait rien eu de dégradant), mais contrôleur chargé de la location des loges, emploi qu’il conserva jusqu’à la fin de 1788. Camille Desmoulins lui a reproché plus tard (Vieux cordelier, n° 5) d’avoir été exclu de l’administration pour cause d’infidélité ; mais il s’est justifié dans une lettre ayant pour titre : Hébert à Camille Desmoulins et compagnie (1794, 12 pages in-8o), et dans laquelle il invoquait publiquement le témoignage du directeur du théâtre, qui était resté son ami.

Ses premiers pamphlets révolutionnaires datent de 1790, et c’est aussi la même année qu’il entreprit son fameux journal, le Père Duchesne. Certes, ce n’est pas dans cette feuille si souvent citée, si introuvable aujourd’hui et si peu connue, qu’il faudrait aller chercher des leçons de modération. On peut voir comment nous l’apprécions à l’article que nous lui avons consacré. Seulement, il est utile de rappeler que le langage dans lequel elle est écrite n’était pas une innovation. Avant Vadé déjà, le style poissard était en vogue. Dès le commencement de la Révolution, les royalistes s’en servirent dans une multitude de pamphlets et de journaux. C’était une forme en quelque sorte consacrée. Lemaire publiait alors, pour le compte du parti feuillant, des Lettres b… patriotiques du père Duchesne. Ce père Duchesne était un type populaire, qui avait ses jurons sacramentels, comme notre Mayeux, après 1830, ses plaisanteries triviales, comme le sont quelquefois celles de notre Tintamarre d’aujourd’hui. En tout, il convient de tenir compte de la convention, des habitudes particulières ; et combien plus à cette époque, où le peuple était plus inculte et plus grossier, où même les classes éclairées avaient bien moins de retenue ! On s’était servi de ces grasses facéties contre les patriotes, et cela dans beaucoup de journaux royalistes, dans l’intention évidente d’entraîner la partie brutale de la population : les patriotes, à leur tour, employèrent les mêmes armes et pour le même objet. Qu’on remarque bien que nous ne justifions ni les uns ni les autres ; nous expliquons.

Hébert publia donc aussi, et dans la langue salée du genre, son Père Duchesne, qui bientôt éclipsa tous les autres. Il était alors relativement assez modéré sous le rapport de la politique, et plutôt royaliste constitutionnel que républicain.

Membre du club des Cordeliers, il s’y fit remarquer par la chaleur et la facilité de sa parole. Le 17 juillet 1791, il signa, au Champ-de-Mars, la pétition pour la déchéance de Louis XVI, et prit part à la révolution du 10 août, comme membre de la Commune insurrectionnelle qui avait été nommée dans la nuit par les sections. Des historiens lui font jouer un rôle dans les massacres de septembre ; mais ce n’est là qu’une accusation banale, lancée contre une foule d’autres hommes de cette époque, et qui ne repose sur aucun fait. Dans l’article informe que la biographie Michaud lui a consacré, et qui est l’œuvre du royaliste Beaulieu, le rédacteur avoue lui-même que « le fait n’est pas assez prouvé. » Assez n’est pas suffisant ici, car le fait en question n’est pas prouvé du tout. Mais cet aveu n’en est pas moins précieux, venant d’un écrivain qui a publié sur les hommes de la Révolution tant de notices fabuleuses et même grossièrement mensongères.

Le 22 septembre 1792, Hébert fut élu substitut du procureur de la Commune, adjoint à Chaumette. Il remplit ses fonctions avec zèle et capacité, et se montra d’ailleurs, comme homme public, infiniment moins violent que dans son journal. Lorsque la mort de Louis XVI eut rendu irréconciliables les deux partis qui divisaient la Convention, il fit aux girondins, dans le Père Duchesne, une guerre sans merci, un peu justifiée, il faut le reconnaître, par la haine implacable que ceux-ci avaient vouée aux montagnards et à la Commune de Paris, et qui se traduisait chaque jour par des attaques véhémentes et des demandes de proscription. Une occasion se présenta à eux de se venger : ils la saisirent avidement. La création d’une commission de douze membres ayant été décrétée pour rechercher les auteurs d’un prétendu complot tramé contre eux, ils réussirent à faire composer cette commission exclusivement des leurs, et la première mesure qu’elle prit fut l’arrestation d’Hébert (24 mai 1793). Cet acte d’autorité causa une vive émotion dans la capitale et vint montrer quelle était la popularité d’Hébert. Le conseil général de la Commune se déclare en permanence, les sections s’agitent, le club des Cordeliers menace ; tous protestent, dans des adresses à la Convention nationale, contre l’attentat qui enlève à la cité un magistrat « estimable par ses vertus civiques, » et viole audacieusement en sa personne les lois protectrices de la liberté de la presse. Il fallut céder. Hébert fut rendu à la liberté le 28. Son retour à l’Hôtel de ville fut un triomphe. On lui présenta une couronne civique, mais il la déposa sur le buste de J.-J. Rousseau, déclarant que de semblables honneurs ne doivent être décernés qu’après leur mort à ceux qui les ont mérités. Quelques jours après, le 31, les girondins tombaient épuisés par ce dernier et impuissant effort. À partir de ce moment, Hébert acquit une influence prépondérante, qui s’accrut encore à la mort de Marat, dont il recueillit l’héritage de popularité. Il devint le chef du parti révolutionnaire extrême. Son journal était comme l’Évangile du peuple des faubourgs ; les soldats n’en voulaient pas lire d’autre. Bouchotte, ministre de la guerre, le fit répandre à profusion dans l’armée. Camille Desmoulins a reproché à Hébert d’avoir touché pour cet objet une somme de 183,000 livres de la trésorerie nationale, du 2 juin au 4 octobre 1793 ; mais le ministre, dont l’intégrité n’a jamais été mise en doute par aucun parti, a fait, plus tard, aux attaques passionnées de Camillle une réponse sans réplique, que l’on trouve dans le tome XXXI de l’Histoire parlementaire de la Révolution, par Buchez et Roux.

Hébert continua à poursuivre avec acharnement les contre-révolutionnaires, les modérés, les généraux d’armée suspects de trahison ou ceux qui, attachés à l’ancienne discipline, s’opposaient à l’introduction des mœurs démocratiques dans l’armée : le supplice de Custine, qu’il appelle le général Moustache, et celui de Houchard, qu’il traite de palefrenier, furent hâtés par ses attaques journalières. Pourtant il se prononçait, en principe, contre la peine de mort, et il demandait qu’au lieu d’encombrer les prisons de suspects, on les bannît du sol français. Il s’élevait contre le luxe ; blâmait le costume et les insignes des fonctionnaires publics, comme plus propres à éblouir qu’à inspirer le respect, et allait même jusqu’à censurer l’appareil dont s’entouraient les représentants du peuple en mission. Les maisons de prostitution, les marchands qui frelatent ou vendent à faux poids, les accapareurs, les muscadins, les courtauts de boutique lui inspirent de fréquentes sorties. Plus d’avocats ; remplacement des juges par des arbitres. « Pour être juge, dit-il, il ne faut que du bon sens et de la probité. » Plus de nobles, ni dans les armées ni dans l’administration. « Les sans-culottes doivent faire leurs affaires eux-mêmes. » Plus de prêtres : les républicains, selon lui, ne doivent avoir d’autre culte que celui de la liberté et de l’égalité ; néanmoins, il trouve de bons préceptes dans l’Évangile, et il regarde Jésus-Christ comme le premier sans-culotte. Il signale la naissance d’une nouvelle classe s’élevant sur les débris et avec les dépouilles de la noblesse et du clergé. Le sommaire de son n° 279 est ainsi conçu : « La grande colère du père Duchesne, de voir que les gros continuent de manger les petits, et que les riches se déclarent tous les ennemis de la République… Ses bons avis à la Convention pour qu’elle ôte l’autorité aux riches et qu’elle ne souffre pas plus longtemps que tous les œufs soient dans le même panier, comme dans l’ancien régime. » Quant au principe même de la propriété, il dit nettement (n° 273) : « La première propriété, c’est l’existence. » Allant plus loin encore, il propose au peuple l’exemple des fourmis, qui vivent en communauté (n° 297). Il demande, comme mesures immédiatement applicables, que l’État s’empare, en indemnisant les cultivateurs, de toutes les récoltes de la République, pour les distribuer aux départements suivant leur population ; que des secours soient accordés aux vieillards et du travail ou des subsistances assurés aux citoyens valides. À ce vieux dicton populaire, que les gueux porteront toujours la besace, il répondait : « Oui, vous la porterez toujours, si vous êtes assez lâches pour vous décourager. » Il ne cessait de crier à la Convention nationale : « Le peuple meurt de faim au milieu de l’abondance. » Fatigué des lenteurs du gouvernement, il ajoutait : « C’est pour l’égalité que les sans-culottes ont fait la Révolution ; il ne suffit pas de faire toujours de belles promesses, il faut tenir. » Plusieurs de ses feuilles sont consacrées à l’instruction publique. Il la veut commune, gratuite et obligatoire. « L’instruction publique, dit-il, est aussi nécessaire que le pain. » En maint endroit, il est équitable de le rappeler, il a dit les choses les plus raisonnables, en son langage pimenté, sur cette grande question de l’instruction publique, et il voit dans sa prompte réorganisation l’avenir de la République, la plus solide garantie de l’égalité. Il n’était pas seul, d’ailleurs, à écrire dans son journal, qui était un peu le moniteur de la Commune, du ministère de la guerre, de l’armée révolutionnaire, enfin de ce qu’on a nommé le parti hébertiste. Il est bien entendu que nous ne justifions nullement ici les violences véritablement odieuses qu’on rencontre dans cette feuille, et qui sont très-justement condamnées. Nous nous bornons à analyser, en cherchant la raison de l’immense popularité et de l’influence de cet organe du sans-culottisme.

Hébert n’eut qu’une part indirecte à la campagne organisée contre le culte catholique ; mais il l’appuya vigoureusement de sa plume.

Appelé comme témoin dans le procès de Marie-Antoinette, qu’il poursuivait avec une haine implacable sans doute, mais qui était alors de niveau avec les passions nationales, il produisit contre elle cette accusation terrible, à laquelle elle répondit en en appelant à toutes les mères. Nous discuterons à l’article Marie-Antoinette cette assertion, en nous bornant à faire remarquer que Hébert ne fut pas, comme on le répète partout, l’inventeur de cette monstruosité, qui est relatée dans un procès-verbal signé par le Dauphin, et qui figurait dans l’acte d’accusation de la reine.

À ce moment, il engageait une lutte fort vive contre Danton, Camille Desmoulins, etc. Ce dernier, avec sa verve mordante, lui porta des coups mortels. Mais déjà il était condamné, ainsi que son parti (v. hébertistes). Robespierre, que toute popularité offusquait, reprit contre la Commune la guerre des girondins. Il n’avait pas vu sans colère ce parti prendre la tête du mouvement révolutionnaire, et la destruction du culte catholique lui avait été particulièrement sensible. Visiblement menacés, et par l’arrestation de Ronsin et par diverses autres mesures, les hébertistes s’agitèrent aux Cordeliers et prononcèrent imprudemment le mot d’insurrection. Leurs ennemis les attendaient là, après les avoir excités et poussés. Ils furent arrêtés, au nombre de vingt, le 24 ventôse (14 mars 1794), à la suite d’un rapport insidieux de Saint-Just, qui, suivant la coutume, les flétrissait tous des noms d’agents de l’étranger, de conspirateurs, etc. Le procès, expédié en trois jours, finit par une condamnation à mort. Hébert montra, dit-on, peu de courage pendant les débats. En allant au supplice, il entendit, poignante expiation, la foule lui répéter les cruelles plaisanteries dont il s’était servi lui-même, à l’égard des victimes conduites à l’échafaud : « Va jouer à la main chaude ! Va mettre la tête à la fenêtre ! Va éternuer dans le panier ! Il est b… en colère aujourd’hui le père Duchesne ! »

La personne d’Hébert contrastait étrangement avec les allures de sa feuille : sa physionomie était belle et pleine de douceur, ses manières polies, et il y avait dans son vêtement, sinon du luxe, du moins une certaine recherche. Il avait épousé, en 1791, une ex-religieuse de l’Assomption-Saint-Honoré, Françoise Goupille, qu’il appelait sa Jacqueline. Ardente républicaine, elle n’en restait pas moins attachée au christianisme, et, dans les sociétés populaires, dont elle suivait assidûment les séances, elle se plaisait à expliquer aux autres femmes les maximes démocratiques de l’Évangile. Elle fut envoyée à l’échafaud vingt jours après son mari (18 avril 1794). On attribue à Hébert beaucoup d’écrits qui ne lui appartiennent pas ; les suivants seuls sont authentiques : Vie privée de l’abbé Maury, avec une Suite (1790, 2 brochures in-8o) ; Petit carême de l’abbé Maury (1790, 13 nos) ; Almanach du père Duchesne (1790, in-18) ; Journal du soir sans réflexions (1791-1792, in-4o), imprimé chez Tremblay : Grande relation du siège et de la prise du château des