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forme. O déforme 1 (la. déforme, c’est le lustre que le gniaffe ajoute à la besogne lorsqu’elle est terminée) que de m ; il tu donnes au pauvre ouvrier ! Déforme si belle, si polie, si flatteuse à voir ! semelles que l’art morne a cambrées I talons si robustes et si svelles ! empeignes aux gracieux contours, je vous salue ! » Ainsi parle Pélrus Bord de ce passereau solitaire, de cet onagre indompté, dont le costume ne devait pas être oublié : « Redingote brune où vert perroquet, manches démesurées, parements envahissants, collet petit et bas, formant balcon par derrière ; revers fripés et recroquevillés comme un morceau de parchemin jeté au feu ; la dernière boutonnière gigantesque : c’est lu seule dont il se serve, ce qui fait remonter sa redingote de telle façon, qu’elle simule par devant un formidable estomac ; chapeau en tromblon évasé ou gueule d’espingote, vulgairement dit à ballon ; col de chemise sciant les oreilles et enveloppant sa tête osseuse comme un cornet de papier enveloppe un bouquet. Au travail ou en demitoilette, son pantalon n’est que de colonnade. Les fonds en sont de peau et des mieux empreints ; les genoux marquent, et le bas qui" bat par derrière forme, comme la collet de sa capote, le pied d’éléphant. > Pour les dimanches et jours de fête, il a dans le coin le plus discret de l’armoire des bas bleus, des escarpins et un pantalon de nankin des Indes… de Rouen. Au temps de ses amours, il s’est fait tatouer par sentiment. Le chiffre de sa belle brille à côté du sien, au-dessous d’un cœur enflammé, sur son bras gauche. Cette belle émit bordeuse ; il la connut en rendant de l’ouvrage, l’aima et la tic passer sous sa loi. C’est avec cette épouse de son choix qu’il coule des jours heureux, au septième étage de quelque sombre maison des quartiers pauvres, dans un réduit éclairé par une lucarne et où règne sans cesse un indéfinissable parfum d’oignon, de poix, de cuir, compliqué de plusieurs émanations qu’il est inutile d’indiquer. Cet honné e artisan n’a pas les habitudes plus grossières de son confrère le savetier. Il ne bat passa femme, et dans ses mains l’étole de saint Crépin (le tire-pied) n’est pas devenue un instrument de supplice.

Le gniuffe en chambre a d’ordinaire un apprenti ou un semainier, qu’il domine de toute son expérience. Le semainier est un jeune ou vieux garçon, ou plutôt un crétin, qui n’a pas assez d’intelligence pour faire un soulier à lui tout seul, et se met à la semaine pour coudre et faire le moins malin de la besogne. Il prend aussi la qualirication de goret. Le goret et l’apprenti ont une vénération sans bornes pour le maître.’Quand lu gniuffe a fuit une tisse, il la passe à l’un ou à l’autre de ses compagnons:« Regarde-moi ça, • dit-il avec un geste de satisfaction et’d’orgueil. Le goret écoute, acquiesce, admire.

« Entouré de tous ses ustensiles, devant sa veilloire, petite table basse et carrée, chargée d’ossements façonnés en outils, d’alênes, de clous, de sébiles ; à sa gauche son compagnon et le bw/uet de science (baquet plein d’eau pour détremper le gros cuir); a droite son marteau, ses tenailles et la corbeille à mettre les soies et le lil, appelée caillebotinj le soir, éclairé mélancoliquement par un rayon pâle et lunaire que lui renvoie le globe de cristal interposé entre lui et sa chandelle, et qui s’épanouit sur sa couture comme un baiser de Fhœbé sur le front d’Endymion, notre patriarche travaille et chante en battant le cuir en cadence, —laissant tomber sa dernière parole avec le dernier coup de marteau, ou quelquefois encore il cause gravement du haut de sa philosophie… » (Français peints par eux-mêmes.) Quand il narre, le yniaffe n’emploie que des expressions tellement choisies qu’elles sont inintelligibles pour lui et pour ceux qui l’entendent. Les mots ronflants ont à ses yeux un attrait particulier. Toujours solennel, il se lève de son tabouret, dont le cuir creusé en timbale et plus luisant que la cuirasse d’un preux épouse étroitement, ses formes, — il se lève de son tabouret comme Turquin l’Ancien de sa chaise curuleet parleà sou épouse comme Britannicusk Junie. Aussi le peuple, ce grand peintre à qui rien n’échuppe, l’a-t-il surnommé pontife. Impossible de frapper plus juste.

Cet artisan, dont la vie se passe à l’écart et ■ pour ainsi dire dans les ténèbres, ce laborieux ouvrier à la face morose, a pour collègue es gniniferie, comme pourrait dire Rabelais, un personnage non inoins typique, mais plus connu, qui, au contraire de lui, passe sa vie au grand jour. Celui-ci n’a pu se contraindre à l’existence subordonnée du gniaffe en mansarde. Un bùion à la main comme le Juif errant, son célèbre devancier, il traverse villes et bourgs, villages et hameaux. Debout avant le soleil levé et ne se couchant qu’avec lui, il trotte tout le jour, par le chaud, le froid, l’averse, , en jetant aux échos’ce cri bien connu:Carr’leur souliers !

Et quand 11 trouve un peu d’ouvrage, Notre homme en plein air n’établit… L’hiver il a sur son passage

La grange qui lui sert de lit.

Mais l’titâ, dans les nuits superbes. Prenant le ciel pour hôtelier,

Il éCtenil dans les hautes herbes ; Sa houe lui sert d’oreiller,

Cqrr’kur soutier !

Et puis en regard de; e laborieux vagabond, qui, comme les bohémiens de Béranger,

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trouve la vie errante enivrante, il y a encore la curieuse silhouette du gniuffe à échoppe, du savetier, dont la gaieté constante inspira l’une de ses meilleures fables à notre bon La Fontaine. Le plus ordinairement, c’est un carreleur qui a pris des goûts sédentaires, un goret dont les cheveux ont blanchi, un gniuffe en chambre que l’âge et la décrépitude ont précipité de son septième étage sur le pavé de la rue, avec son merle jaseur et son pot de basilic, compagnons inséparables du bon papa Lempeigne, et que, dans son pittoresque langage, le gavroche parisien a surnommés le perroquet et Voranger du savetier. V. SAVETIER.

Eu voilà bien long sur un sujet que nombre de gens pourront trouver de peu de conséquence. Que le lecteur, toutefois, veuille bien ne pas dire, en achevant notre article, ce qu’on disait autrefois à ceux qui étaient longs à conter des sornettes:Caliys Maximini ! faisant allusion à la bottine démesurée de cet empereur. Que l’on considère d’ailleurs que Paris renferme fiû, ûûO ouvriers gniaffes (la plupart Lorrains, Barrois, Alsaciens ou Allemands) et 8.003 mailles pour le moins. En présence d’une armée aussi formidable, si l’on nous accusait d’avoir manqué de meâure, du inoins aurions-nous la certitude de n’avoir pas manqué de formes. Celte considération touchera certes tous les disciples de saint ’Crépin et tranchera la question.

GNIANGNIAN adj. (gnian-gnian ; gn mil.).

V. GNANGNAN.

GMUE, ville de l’ancienne Asie Mineure. V. Cnidk.

Guide (le temple de), par Montesquieu . (1725) Publié quelques années après les Lettres persanes, cet ouvrage peut être rangé dans le même genre frivole, si fore à la mode au xvme siècle. Singuliers préludes d’un livre tel que VEsprit des lois !

Comme forme générale, le Temple de Gnide est un poème eu prose, modelé sur le Tétémaque. Le sujet est la volupté, l’amour sensuel, et, pour le canevas, l’auteur ne s’est pas mis en grands frais d’imagination. Dans les sept livres qui composent le poëme, on voit, pour tout événement, l’amour passionné de deux jeunes gens pour deux jeunes filles, leur séparation momentanée, les’transports de jalousie auxquels se livrent les amants, et enfin leur réconciliation. L’objet principal de Montesquieu était de faire la description d’objets ou de mœurs imaginaires, comme celle du temple de Vénus et.de la vie des Sybarites ; ce sont les morceaux les plus connus du livre. Le concours de beauté des femmes, dans le second livre, mérite aussi d’être remarqué.

Le Temple de Gnide obtint un grand succès. D’Aleinbert en a fait un éloge excessif, qui résume l’opinion de ses contemporains. Nous sommes aujourd’hui plus sévères pour les ouvrages de ce genre. Montesquieu donna son œuvre comme une traduction d’un manuscrit grec ignoré, petite supercherie k laquelle personne ne pouvait croire. La licence et parfois le cynisme de la pensée et des situations sont à peine masqués par les grâces d’un style toujours agréable^parfois trop étudié. Tqjue cette littérature frivole devait mourir sous l’étreinte formidable delà Révolution française et des idées nées à sou ombre.

GNIDIE s. f. (ghni-dt — de Gnide, nom mythol.). Arachn. Genre d’arachnides, rapporté par plusieurs auteurs au genre cosinète.

— Bot.— Genre d’arbrisseaux, de la famille des thymélées, comprenant plusieurs espèces, qui croissent au Cap de Bonne-Espérance. Il On dit aussi gniuiknnk.

— Encycl. Bot. Les gnidies sont des arbrisseaux à feuilles alternes ou rarement opposées, à fleurs groupées en cimes terminales. Elles croissent toutes au cap de Bonne-Espérance. On en connaît environ quinze

espèces, dont la plupart sont cultivées dans nos serres tempérées ou nos orangeries, pour leur feuillage persistant et d’un vert gai, et pour leurs Heurs, dont l’odeur suave rappelle celle de l’héliotrope. Elles sont assez délicates et redoutent le froid et l’humidité. On les cultive dans la terre de bpuyere pure, et on les propage de boutures et de marcottes. On remarque surtout la giiidie simple ou à feuilles de lin, petit sous-arbrisseau a rameaux grêles, portant des ombelles de quinze a trente fleurs, qui s’épanouissent au printemps et une seconde fois à l’automne,

UMÛU1TC11 (Nicolas), poète russe. V. Gnaeditsch.

GNIOLE s. f. (gnio-îe; gn mil.). Pop. Eraflure faite à une tuupie par une autre toupie en mouvement.

— Par ext. Coup : Il a reçu une gniole.

— Adj. Sot, niais : Est-il gniole l A-t-il l’air gniole 1 Mais il est si gnole ce gouvernement ! (Montèpin.) Il On écrit aussi gnole.

UMP1IOM (Marcus-Antonius), rhéteur, né en Gaule en lu, mort en 63 avant notre ère. Doué d’une vive intelligence et d’une mémoire extraordinaire, il acquit une connaissance approfoiidie-des lettres grecques et des lettres latines, se rendit à Rome, où il suivit quelque temps les leçons de son compatriote. Lucius Plotius,’et bientôt il put enseigner lui-même avec éclat la rhétorique, l’éloquence,

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la grammaire et les belles-lettres. Gniphon compta au nombre de ses élèves Cicéron et César. D’après quelques auteurs, il composa de nombreux ouvrages ; toutefois, le philologue Ateius Capito ne lui en attribue qu’un seul, intitulé : De latino sermone, et prétend que les autres écrits qui ont été mis sous son nom avaient été composés par ses disciples.

GNOGNOTE â. f. (gno-gno-te ; gn mil.). Pop. Chose ou personne de peu de valeur, de peu de considération : Josépha, c’est de la gnognote I cria l’ancien commis-voyageur. Qu’ai-je dit’là ! gnognotb… Mon Dieu ! je suis capable de lâcher cela quelque jour aux Tuileries. (Balz.)

GNOÏTE s. m. (ghno-i-te).Hist. relig.’Membre d’une secte dont les adeptes sont plus souvent nommés mestoriens.

GNOME s. m. (ghnô-me — du grec gnome, sentence ; de gnomai, connaître, qui se rapporte à la racine sanscrite gna, même sens). Superst. Nom de génies d’une petite taille, inventés par les cabalistes juifs, et qu’ils supposaient habiter dans la terre, pour y garder des trésors, des mines, des pierres précieuses : Le bonnet d’un gnome rend— invisible et fait voir les choses invisibles. (V. Hugo.)

— Philos. Aphorisme, sentence d’un des anciens sages de la Grèce.

— Entom. Genre d’insectes coléoptères tétramères, de la famille des longicornes, corn Prenant une dizaine d’espèces, qui habitent Inde et les îles voisines.

— Encycl. Superst. Le gnome, personnage surnaturel éclos dans le cerveau des cabalistes, était destiné à jouer un rôle important dans la féerie. Le gnome savait les secrets de la terre, dont il était l’àine intérieure. Tous les êtres, l’animal et la plante, le mastodonte comme le ciron, le chêne comme le brin de mousse, étaient animés par un gnome qui résidait dans ses entrailles. Quand le gnome se retirait, animal et végétal mouraient.

Le gnome, d’origine judaïque, se répandit, avec le peuple juif, par toute la terre. Mais, dans ces voyages, il subit de profondes modifications et dut plier sa nature aux caractères des races chez lesquelles il passa. Une seule attribution le suivit partout : l’empire de la terre et la garde des mines. Primitivement, il était très-bon, bien qu’un peu malicieux ; avec le temps, il devint méchant. Il n’avait jamais été beau ; mais, parvenu au xvie siècle de l’ère chrétienne, il se trouva hideux. Sa femme, la gnomide, qui était encore plus petite que lui (on ne lui donnait que l pied de haut), était adorablement belle dans sa petitesse. Splendidement vêtue, elle allait, silencieuse, et ne se révélait que par le bruissement de ses babouches, dont l’une était en émeraude, l’autre en rubis.

Le gnome habitait, avec sa belle compagne, des grottes cristallines étincelantes de vertes stalactites. La gnomide avait pour fonction la garde des diamants. Les contrées dont le sol ne recèle pas la précieuse pierre n’ont guère connu sa belle gardienne. La Scandinavie ne l’a jamais possédée. Elle brillait de tout son éclat au Mexique, — au Chili, à Visapour ; elle était reine de Golconde. L’inépuisable imagination orientale la parait de toutes les richesses que les flancs de la terre peuvent receler.

L’époux d’une si délicieuse créature ne pouvait être absolument laid. Il le devint dans les croyances germaniques et Scandinaves. Le gnome Scandinave ne s’attachait qu’à un seul individu, le plus souvent au mineur qui partageait sa sombre habitation. Il l’uimait, il le protégeait, et lui consacrait si bien toute l’affection dont il était capable, qu’il haïssait tout le reste de l’humanité.

Le gnome passa, au xvie siècle, du domaine de la croyance dans celui de la poésie. Shakspeare met le gnome en scène dans son personnage hideux de Caliban.

GNOMIDE s. f. (ghno-mi-de — rad. gnome). Femelle, femme du gnome : Les gnomides se pressent en foule sous le sol dore du Mexique, du Chili, sous les sables opulents de Golconde, de Visapour. (Denne-Baron.)

— Encycl. V. gnome.

GNOMIQUE adj. (ghno-mi-ke — du gr. gnômê, Sentence). Littér. Sentencieux, en parlant des poèmes qui contiennent des maximes : Les critiques de Caton sont un poëme gnomique. (Acad.) || Poètes gnomiques, Ceux qui ont composé des ouvrages sentencieux ou moraux.

Encycl. Littér. La poésie gnomique, c’est-à-dire sentencieuse, est un genre tout à fait primitif ; délaissé aux époques de grande culture intellectuelle, il est, au contraire, en grand honneur à la naissance des sociétés, lorsqu’il s’agit de fixer, dans la mémoire des hommes, à l’aide du rhythme, des préceptes de religion.de morale, ou même d’art et de science. Aucune littérature n’est plus riche en poésie gnomique que la littérature grecque, et quelques-uns des morceaux qui nous en restent doivent être antérieurs, comme les poèmes d’Homère, à l’invention de l’écriture.

Hésiode, à cause de certaines parties de son poème : les Travaux et les Jours, peut être rangé parmi les poètes gnomiques ; cependant, comme, chez lui, les préceptes forment un tout et s’enchainent les uns aux autres pour composer un enseignement, que, d’ailleurs, ils


sont encadrés de parties purement descriptives, il est mieux placé parmi les poëtes didactiques. Les véritables gnomiques grecs sont Théognis, Phocylide, Solon, Pythagore, Simonide d’Amorgos, Callimaque, Mimnerme. Il ne nous reste presque rien de Xénophane et d’Evenus, que les critiques grecs plaçaient au même rang. L’œuvre de Théognis porte le titre de Stances êlégiaques ; le recueil que nous en possédons est incomplet et montre quelques interpolations ; il suffirait pourtant, à défaut des autres, pour nous donner une idée complète du genre. Les préceptes, les sentences, les réflexions sont revêtus d une forme élégante et poétique, la sécheresse de la parole dogmatique est dissimulée sous la grâce de l’expression ; de petits morceaux, un mouvement véritablement lyrique, des épigrammes, des conseils affectueux et spirituels rompent ça et là la monotonie qu’aurait eue l’ensemble. Le même charme ne se retrouve pas dans ce qui nous est parvenu sous le nom de Phocylide ; ses vers sont secs et monotones. Les recueils qui portent le nom de Vers dorés de Solon et de Pythagore se publient généralement à la suite de Théognis et de Phocylide, mais ils ont été composés bien postérieurement. La critique moderne les range dans la catégorie des poésies orphiques. Les vers gnomiques de Simonide d’Amorgos, de Callimaque et de Mimuerme sont plus authentiques, mais nous n’en possédons qu’un petit nombre ; la perte du recueil de Simonide eût surtout été regrettable, car ce vieux poète, antérieur même à Théognis, est plein de verve et de saveur. Ce que nous en possédons se résume malheureusement en une violente diatribe contre les femmes. Du reste, ce genre de satire est assez fréquent chez les poètes gnomiques ; les défauts de la femme, beaucoup plus que ses vertus, semblent avoir frappé ces rudes moralistes.

Par son essence même, la poésie gnomique touche à tous les devoirs, à tous les intérêts, à toutes les passions de l’homme ; elle effleure légèrement, en un ou deux distiques, les graves questions de morale qui, plus tard, ont fourni le sujet de tant de gros livres.

Tour à tour spiritualiste ou sensuelle, religieuse ou sceptique, tantôt indulgente, tantôt austère, elle reflète les mœurs de l’époque, et, en restant toujours naïve, elle rencontre quelquefois le sublime ; elle précéda les grands systèmes et dut à sa forme sentencieuse si commode, originale et précise, de leur survivre.

Elle eut aussi, et pour la même cause, beaucoup d’imitateurs. Les sentences qui ornaient la poésie d’Homère prirent place dans celle de Pindare, de Sophocle, de Ménandre, dans les discours des orateurs, dans les récits des historiens ; on en composa des recueils. Rappelons les ïambes de P. Syrus. Elles passèrent dans les Anthologies morales d’Orion, de Stobée, dans les encyclopédies, dans les manuels. On les trouve, remaniées, tantôt avec une empreinte chrétienne, dans les Oraclés sybillins, dans les Sentence* de Nilus, tantôt avec une empreinte stoïcienne, dans les Distiques latins de Dionysius Caton et ailleurs. Il serait fastidieux d’énumérer toutes les productions du même genre que le moyen âge a vues naître : contentons-nous de citer les Vers d’Abailard à son fi/s Astrolabe.

Ce genre de littérature a été continué par les quatrains moraux que de graves magistrats, le président Pibrac, les conseillers Faure et Mathieu, aimaient a composer à l’usage de la jeunesse. Ceux de Pibrac surtout sont célèbres, d’une célébrité un peu ridicule ; mais a-t-on le droit de rire des choses dont la mode a passé ? On les réimprimait encore chez noua au milieu du xviiie siècle.

— Bibl. Fabricius, Bibliothèque grecque (t. 1er, p. 704, 750, édit. de Harles) ; Brunck, Recueil des poètes gnomiques { Strasbourg, 1784, in-8°) ; Boissonade, Recueil des poètes gnomiques (Paris, 1823, in-8°) ; Welcker, 'Théognis (Francfort-sur-le-Mein, 1820, in-8°) ; Wagner, Dissertation sur les deux Euenus (Breslau, 1838, in-8°) ; Gaisford, Poetæ minores (Oxford, 1814, et Leipzig, 1822, in-8°) ; Orelli, Opuscula græcorum seutentiosa et moralia (Leipzig, 1818-21, in-8°).

GNOMOLOGIE s. f. (ghno-mo-lo-jî — du gr. gnômê, sentence ; logos, discours). Philosophie sentencieuse, fondée sur des aphorismes.

GNOMOLOGIQUE adj. (ghno-mo-lo-ji-ke — rad. gnomologie). Qui appartient à la gnomologie : Philosophie Gnomologique.

GNOMON s. m. (ghno-mon — du gr. gnomon, indicateur, de gignoskein, connaître). Astron. Style ou instrument quelconque qui marque les hauteurs du soleil par la direction de l’ombre qu’il porte sur un plan ou sur une surface courbe : C’est M. Bianchini qui construisit le grand gnomon qu’on voit dans l’église des Chartreux de Rome. (Fonten.) On dit qu’Anaximandre dressa à Lacédémone un gnomon par le moyen duquel il observa les équinoxes et les solstices, et qu’il détermina l’obliquité de l’écliptique plus exactement qu’on ne tl’avait fait jusqu’alors. (Rollin.)

Encycl. Les gnomons, destinés à indiquer les hauteurs du soleil, se composent d’un style quelconque, tige, pyramide, muraille, etc., faisant ombre sur une surface plane et horizontale. Nous allons voir comment on déduit