Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 4, Gile-Gyz.djvu/37

Cette page n’a pas encore été corrigée

GLAI

habitations froides, humides et obscures favorisent aussi leur formation ; mais la vie sédentaire, l’oisiveté, la mollesse et le défaut d’exercice auxquels se condamnent, dans nos grandes villes, certaines classes de la société, en sont les causes les plus puissantes. Quant aux diverses maladies qui donnent lieu à la sécrétion des glaires, on peut citer toutes les affections des-membranes muqueuses, telles que les aphihes, les ulcères, les inflammations, les irritations produites dans le tube intestinal par des corps étrangers et par les purgations.

Il peut être quelquefois dangereux de vouloir supprimer brusquement les glaires. Si toutefois il devient nécessaire d’en arrêter la sécrétion, il est facile, dit Pinel, de voir qu’on ne peut indiquer de moyen plus efficace que l’exercice du corps, pour consumer toutes les sérosités surabondantes. On doit se rappeler, ajoute le même auteur, que Xénophon, dans sa Cyropédie, fait un devoir si exprès des exercices de la gymnastique aux anciens Perses qui se destinaient a l’art militaire, qu’il leur fait regarder comme une chose honteuse de cracher et de se moucher, comme si ces excrétions étaient une preuve qu’ils ne menaient point une vie assez active.

Cependant, quoique les exercices du corps soient le moyen le plus sûr et le plus efiicace contre la formation des glaires, il ne faut pas oublier l’hygiène et même, comme accessoires, quelques agents thérapeutiques. Ainsi, les pays chauds et secs, les lieux élevés et exposés au soleil, les vêtements de laine, la flanelle, les frictions sèches et aromatiques sont d’une utilité incontestable. Les aliments doivent être choisis principalement parmi les viandes noires, et les boissons parmi les plus toniques, comme le vin, le thé, le café ; parmi les agents pharmaceutiques, on prend tous les toniques en général pour les administrer à l’intérieur, tandis qu’a l’extérieur, fiour agir sur les muqueuses, on emploie l’a-un, le tannin, le chlorate de potasse, le macis, la myrrhe, le cachou, la muscade, les substances nmères ou aromatiques et tous les astringents. Pour faciliter l’expulsion des glaires qui obstruent les bronches, on fait inspirer la vapeur des plantes aromatiques, celle du sucre brûlé, de l’alcool, du vinaigre, de l’acide benzoïque ; ou bien on administre ù l’intérieur le soufre, le kermès minéral, Ses préparations de scille, etc. Contre les glaires de l’estomac, on emploie de préférence les amers, les substances qui contiennent du tannin, les oxydes et les carbonates de fer, l’opium, l’ipécacuana et divers toniques. Mais on ne doit recourir à cette médication que lorsqu’on est sûr qu’il n’existe aucune inflammation aiguë ni chronique de l’estomac. S’il existait un embarras gastrique, il ne faudrait pas hésiter k recourir aux vomitifs. Si l’embarras existait dans le tube intestinal, c’est aux purgatifs qu’on aurait recours.

GLA.IRE, lac de France (Hautes-Pyrénées), dans la sauvage vallée de Bnstan, et dont les bords sont encombrés de débris de rochers ; il est alimenté par le trop-plein de plusieurs autres petits lacs et s’écoule par le Lienz.

GLAIRE (Jean-Baptiste), orientaliste et théologien français, né à Bordeaux en 1798. Envoyé en 1821 au séminaire de Saint-Sulpice à Paris, pour y achever sa théologie, il s’adonna en même temps à l’étude des langues orientales, pour laquelle il avait de remarquables dispositions, suivit les cours

d’hébreu, de ehaldéen, de syriaque de l’abbé Garnier, apprit le persan et l’arabe sous Sylvestre de Saey, puis étudia lo sanscrit sous la direction d’Eugène Burnouf. En 1822, M. Glaire reçut l’ordre de la prêtrise et se livra, à partir de ce moment, à l’enseignement des langues. Il commença par faire aux élèves de Saint-Sulpice un cours d’hébreu qu’il continua jusqu en 1834, fui chargé, en 1825, de suppléer dans la chaire d’hébreu à la Sorbonna Chaunao de Lanzac, à qui il succéda comme professeur titulaire en 1831, devint doyen de la Faculté de théologie en 1841 et fut appelé, deux ans plus tard, à professer l’Écriture sainte. M. Glaire, qui est docteur en théologie depuis 1833, a été nommé chanoine honoraire (1S27J, puis vicaire général honoraire de Bordeaux (1851) et chanoine de Paris (1840). Indépendamment d’un grand nombre d’articles insérés dans VEncyclopédie catholique, VEncyclopédie du xix< : siècle, la Bibliographie catholique, etc., l’abbé Glaire a publié de nombreux ouvrages, dont les principaux sont : Lexicon manuale hebraicum et chaldaicum (Paris, 1830, in-8u), réédité en 1843 avec de nombreuses additions ; Principes de grammaire hébraïque et chaldaïque (1832, in-8°) ; la Sainte Bible en latin et en français avec notes explicatives (Paris, 1834, 3 vol. in-4<>) ; Torath, Moselle, le Pentateuque, avec une traduction française et des notes explicatives (Paris, 1835-1837, 2, vol. in-S^) ; Introduction historique et critique aux livres de l’Ancien et du Nouveau Testament (Paris, 1836, 6 vol. in-12) ; les Livres saints vengés ou la Vérité historique et divine de l’Ancien et du Nouveau Testament (Paris, 1845, 2 vol. in-8°) ; Abrégé d’introduction aux livres de l’Ancien et du Nouveau Testament (Paris, 184S) ; Manuel de l’hëbraîstint (185C, in-12) ; Concordances arabes du Coran ; Principes de grammaire arabe (1857) ; la Bible selon la Vulgate (1S63, in-8°), traduite eu français et enrichie d’un grand nombre de notes ; Dictionnaire univer-

GLAI

sel des sciences ecclésiastiques (1867, 8 ’vol. in-S»), etc.

GLAIRE, ÉE (glè-ré) part, passé du v. Glairer : Reliure glairée.

GLAIRER v. a. ou tr. (glè-ré —rad. glaire). Techn. Frotter de blanc d’œuf ou glaire, en parlant d’une reliure qu’on prépare ainsi à être dorée.

GLAIREUX, EUSE adj. (glè-reu, eu-zerad. glaire). Qui est de la nature des glaires, qui a l’apparence des glaires : Matières glaireuses. Le liquide fourni par les membranes muqueuses, comme celle du nez, par exemple, est glaireux. (Sandras.)

— s. m. pi. Bot. Famille de champignons recouverts d’une sorte de matière visqueuse.

GLAIRIDINE s. f. (glè-ri-di-ne — rad. glairine). Chim. Variété de glairine, d’une couleur grise, inodore même à l’air, se produisant par le mélange des eaux étrangères avec les eaux sulfureuses.

GLAIRINE s. f. (glè-ri-ne — rad. glaire). Chim. Matière organique, filamenteuse ou floconneuse, de couleur variable, qui se précipite des eaux sulfureuses en général. Il On l’appelle aussi baréginb.

— Encycl. La glairine, ainsi nommée à cause de sa ressemblance avec la glaire ou l’albumine de l’œuf, et désignée quelquefois aussi sous le nom de barégine, est une manière organique filamenteuse ou floconneuse, do couleur très - variable, blanche, grise, verte, brune ou rougeàtre. Elle existe dans les eaux sulfureuses en général, y nage pendant quelque temps, puis se précipite au fond ; on la trouve même dans les eaux les plus chaudes. Sa naturo n’est pas bien connue ; plusieurs auteurs ont même nié son origine végétale et la regardent comme une substance pseudo-organisée, ce qui peut expliquer la diversité des noms qu’on lui a donnés. On la remplace par la gélatine, dans Tes eaux de Baréges artificielles.

GLAIRURE s. f, (glè-ru-re —rad.ptaii-er). Techn. Préparation de blancs d’œufs dont on se sert pour glairer les reliures.

GLAIS s. m. (glè). Bot. Nom vulgaire du glaïeul.

GLAIS-BIZOIN (Alexandre), homme politique français, né à Saint-Brieuc en 1799 : En —1822, il fut reçu avocat, mais il s’occupa beaucoup moins de plaidoiries que de politique. 11 se jeta de bonne heure, et avec cette fougue que l’âge n’a pas attiédie, dans les luttes du libéralisme contre les Bourbons, fut nommé, après 1830, membre du conseil général de son département, puis député de l’arrondissement de Loudéac, qui le réélut sans interruption jusqu’en 1848. U siégea constamment à l’extrême gauche, et combattit à peu près tous les ministères qui se sont succédé sous le règne de Louis-Philippe. Il se fit le promoteur infatigable do deux réformes qui ont été accomplies depuis-, diminution de l’impôt du sel et de la taxe des lettres, et, s’iPne put faire supprimer le timbre des journaux, il s’y employa du moins avec la plus énergique persévérance. Avec Lamartine, il fut un des rares hommes politiques qui s’opposèrent à ce qu’on allât chercher les restes de Napoléon à Sainte-Hélène, et il déclara que Cette espèce d’apothéose, en réveillant les superstitions populaires, était un danger pour la liberté et qu’elle était de nature à favoriser la résurrection du despotisme militaire. Constamment réélu pendant tout le règne, il prit une part active à toutes les discussions importantes, appuya le mouvement réformiste, assista aux banquets, signa la demande de mise en accusation du ministère Guizot, et fut élu, après la révolution de Février, représentant du. peuple à la Constituante, par le département des Côtes-du-Nord. Bien que jusqu’alors il appartint à la gauche dynastique plutôt qu’à la démocratie pure, il se rallia franchement et sans réserve à la République, parce qu’a—vant tout il appartenait à la cause de la liberté et du progrès, et que la monarchie constitutionnelle ne lui avait donné que des déceptions.

U vota le plus ordinairement avec la gauche modérée et appuya chaleureusement les amendements Grévy et Leblond relatifs à la" présidence de la République. Enfin il combattit vigoureusement la réaction. Cependant, ce fut avec une surprise bien pénible qu’on le vit voter pour la demande en autorisation de poursuites contre Louis Blanc et Caussidiére. Après l’élection de Louis-Napoléon comme président de la République, Glais-Bizoin fut un des membre de l’Assemblée qui firent au nouveau pouvoir la plus vive opposition.

Non réélu à l’Assemblée législative, il vécut dès lors dans la retraite, assista avec douleur à la destruction de la liberté, en décembre 1851, et se tint à l’écart pendant toute la première période de l’empire. En 1863, il consentit patriotiquement à rentrer dans la lutte, et fut élu de nouveau, par son département, député au Corps législatif. Depuis cette époque, et comme membre de la petite et vaillante pléiade de la gauoHe, il ne cessa de combattre avec un redoublement d’énergie la politique rétrograde du gouvernement, et de revendiquer les libertés ravies à la France par le coup d’État. Il continua, comme par le passé, h se prononcer énergiquement contre

GLAI

le 6, *mul des gros traitements, contre le budget de l’armée, on peut dire contre tous les actes du gouvernement et contre tous ses budgets. En 1S68, il fit un discours spirituel sur les dépenses militaires et le costume des troupes. On a ri beaucoup de cette saillie extra-parlementaire au sujet des bonnets à poils : o Je voudrais que ceux qui persistent à en charger la tête de nos soldats fussent condamnés à les porter. » On en rit, mais tout le monde lui donna raison.

Au mois de juin 1868, M. Glais-Bizoin fonda, avec M. Pelletan, un journal hebdomadaire, la Tribune. Aux élections générales de 18C9, les efforts désespérés de l’administration firent échouer sa candidature dans les Côtesdu-Nord. Mais, dans une élection partielle, qui eut lieu le C décembre M869, il fut nommé par la quatrième circonscription de Paris, et retourna siéger sur ces bancs de la gauche, où il avait passé la plus grande partie de sa vie politique. Lors de le révolution du 4 septembre 1870, il devint, comme député de Paris, membre du gouvernement de la Défense nationale, sans portefeuille. Peu après, le 12 septembre, il se rendit à Tours pour y faire partie, avec Crémieux et Fouriuhon, de la délégation gouvernementale, chargée d’organiser la défense en province. La tâche était immense, écrasante. Spirituel, frondeur, et avant tout honnête homme, M. Glais-Bizoin manquait de l’expérience gouvernementale, de l’esprit d’initiative, de l’énergie quexigeaient les circonstances. Aussi, dans ces terribles conjonctures, ne joua-t-il’qu’un rôle effacé, et se borna-t-il, jusqu’au mois de février, à signer les décrets portés par Crémieux et par Gambetta. Abandonné par le suffrage universel, .il ne fut élu député dans aucun département le 8 février 1871, et, peu de jours après, il se démit, en inéine temps que ses collègues, de ses fonctions gouvernementales, entre les mains de l’Assemblée. Ayant appris que ses adversaires politiques répandaient le bruit qu’il s’était enfui en Angleterre avec la caisse de l’État, il répondit à cette odieuse calomnie (25- février) par une lettre très-digne, dont nous citerons le passage suivant : » Je quitte le pouvoir Sans regret, je le quitte comme aucun ne.l’a fait avant moi, n’ayant reçu ni argent ni faveurs. Quelles que soient les fautes qu’on puisse me reprocher, j’ose affirmer que j’ai donné à mon pays tout ce que lui devaient le cœur et l’âme d’un bon citoyen. Bien ou mal, je l’ai servi gratuitement, sans rétribution d’aucune espèce. Et s’il est vrai que j’aie emporté uno^caissé, je déclare que c’est la mienne, mais vidée jusqu’au fond, au service. de l’État. » S’étant rendu à Pans, au mois de mars suivant, il fut arrêté par un des agents de la Commune, mais relâché presque aussitôt après. Lors des élections complémentaires du 2 juillet 1871, M. Glais-Bizoin se porta de nouveau candidat à l’Assemblée nationale ; mais, cette fois encore, il échoua. La popularité dont il avait joui pendant si longtemps parut alors l’avoir complètement abandonné.

On a fait de M. Glais-Bizoin bien des portraits de fantaisie. On a représenté ce digne vétéran des luttes parlementaires comme une sorte d’excentrique et d’enfant terrible, un de ces par leurs spirituels qui chevauchent sur toutes les questions sans les bien connaître, qui pirouettent avec des lazzis à travers les situations les plus graves, et finissent par ne plus être que les pasquins de l’éloquence française. Nous lisons notamment, « ans un de ces profils vulgaires si fort à la mode aujourd’hui : à C’est 1 enfant terrible de l’opposition, mais plus enfant que terrible. Il jette des cailloux dans le jardin dos ministres, il casse de temps en temps un petit carreau officiel, il déchire sur les murs les proclamations du gouvernement, enfin il joue à l’émeute avec un pistolet qui n’est pas chargé ; mais personne ne prend au sérieux ce gavroche septuagénaire... À peine a-t-il assez de voix pour interrompre ; mais il interrompt quand même, il interrompt do l’œil, île la tête, de la main, de la jambe ; il interrompt n’importe qui et n’importe quoi ; il s’interrompt lui-même, pour n’en pas perdre l’habitude. On aperçoit toujours dans ses petits yeux noirs une malice prête à partir ; elle part, mais elle rate ; on entend comme un bruit de capsule, et 1 on ne retrouve la balle que le lendemain, au Moniteur... »

On sent combien ces peintures à mots et à . effet sont arbitraires et conventionnelles. M. Glais-BiEoin a bien, en effet, le malheur d’être extrêmement spirituel, et de marquer souvent ses adversaires d’un trait incisif, d’un mot qui reste, comme une médaille ; il a bien cette pétulance, cette vervo généreuse qui l’empêche quelquefois d’écouter sans interrompre des discours qui choquent ses opinions libérales, Son patriotisme et Son bon sens. Sous ce rapport, il est bien Gaulois. Mais ce serait une grande "injustice, ou plutôt une inepte malveillance, que d’en conclure qu’il ne se donne pas le temps de réfléchir. Rompu aux discussions parlementaires, très-sérieusement instruit, connaissant à fond, non-seulement les questions qu’il traite, mais encore toutes sortes de matières qui ne se rattachent qu’indirectement à la politique, il embarrasserait fort la plupart de ceux qui affectent de ne pas le prendre au sérieux, s’ils avaient la témérité do soutenir une controverse contre lui. Il n’est pas seulement un

GLAI

1291

caractère et un tempérament, un tempéranient très-français, il est encore une capacité. C’est un des hommes politiques de ce temps-ci qui ont acquis, en dehors du domaine spécial de leurs études, les connaissances historiques et scientifiques les plus variées. Personne aussi n’est plus solidement armé de cette raison souveraine, qui n’est pas le sens commun vulgaire, inerte, négati f, mais le vrai jugement, ce jugement perspicace, éveillé, impartial, actif, qui comprend toutes les difficultés, et qui les comprend pour les vaincre.

Nous citerons encore le croquis suivant, un peu fantaisiste, mais au moins sympathique :

« Sa tête est d’un oiseau, dont il a toute la vivacité. Si ce n’est aux bancs de l’extrême gauche, on dirait qu’il ne peut tenir en place. 11 est petit, maigre, brun, osseux, avec des yeux luisants comme charbons ardents sous les proéminentes arcades sourciiières qui les surplombent. Il est pétri de vif-argent, de la pointe des orteils au sommet du crâne ; aussi est-il le véritable baromètre de l’opposition. »

Vient ensuite une comparaison souvent faite, mais plus ou moins juste, avec le fameux marquis de Boissy : « Même feu chez les deux, même impétuosité, même élan à la brèche, même ténacité, et, avec tout cela, même nature frêle, animée par un grand courage, même analogie passionnelle avec la gent empennée, même profil ornithologique. Tous deux, pour compléter la ressemblance, ont autant d esprit, à la réplique surtout, que de crànerie et d’entrain. »

Ces sortes de parallèles ont toujours plus de piquant que d’exactitude. Celui-ci, bien que sympathique, nous le répétons, au député de la gauche, manque de justesse sous bien des rapports. M. Glais-Bizoin, notamment, est une physionomie fort originale, tandis que le marquis de Boissy n’était qu’excentrique, ce qui n’est pas précisément la même chose. Ce dernier était vraiment un enfant terrible, en ce sens qu’il n’était occupé qu’à taquiner ses amis, à laver le linge de famille en public ; tandis que M. Glais-Bizoin n’est occupé qu’à frapfer l’adversaire et rien que l’adversaire. Que on compare maintenant les imaginations bizarres, les idées baroques du fameux marquis avec les idées nettes, précises, élevées et chaleureuses do l’orateur de la gauche l

Irréprochable citoyen, patriote, indépendant, résolu, vaillant de cœur et d’esprit, ouvert à toutes les idées généreuses, à tous les sentiments libéraux, M. Glais-Bizoin nous apparaît comme le type charmant du vieux député d’opposition. On n’imagine pas un tel homme faisant partie d’un gouvernementquelconque ; une situation officielle ne pouvait que le diminuer, l’effacer. Il est né chien de garde, brave et courageux, chien qui aboie avec vigilance, et qui, au besoin, sait mordre à belles dents les ennemis du progrès et de la liberté.

Dans les loisirs de sa vie parlementaire, M. Glais-Bizoin a eu la fantaisie d’écrire pour le théâtre. Il a publié quelques comédies : Une vraie Bretonne ou lin cas pendable (Saint-Brieuc, 1862, in-8°) ; Une fantaisie (1867, in-18) ; le Vrai courage (1868). Le Comité de lecture du Théàtre-Français^iyant refusé cette dernière comédie, M. Glais-Bizoin eut l’idée de la faire représenter sur le théâtre de Genève.’ Il invita plusieurs journalistes à faire avec lui le voyage de Suisse, pour assister à la représentation du Vrai courage ; mais sa comédie n’obtint point le succès qu’il avait espéré.

GLAISE s. f. (glè-ze — du lat. glis, glitis, terre tenace, qui appartient, selon Curtins, a la même famille que le grec glia, colle, et le latin gtus, gluten, glutinum, colle. Curtîus compare également le latin glittus, lisse, uni, le grec lis, pour glis, lisse, pelé ; litos, lisse, uni ; lissos, lispos, lisphos, lisse ; l’allemand glatt, et le lithuanien glitus, lisse, glujyit, tenace). Terre grasse et compacte, que l’eau ne pénètre point, et que cette propriété a fait employer à divers usages : Un bassin enduit , de glaise. Les fontaines proviennent des eaux fluviales infiltrées et rassemblées sur la glaise. (Buff.)

— Adjectiv. : Terre glaise.

— Techn. Voûte d’un four de verrerio. U On dit aussi glaie.

— Eneyol. Agric. Le mot glaise, pris souvent comme synonyme d’argile ou de terre argileuse, s’applique plus particulièrement v». une variété d argile très-charyée de fer et de sable et contenant, en outre, un peu de calcatre. C’est donc une marne très-argileuse ; elle est d’un jaune foncé et se délaye facilement dans l’eau. Les plantes qui y croissent spontanément sont surtout le, tussilage commun, le laiteron des champs, l’alltékenge, etc. Elle est sèche et aride pendant les fortes chaleurs, et impraticable après lesgrandes pluies ; aussi est-elle d’une culture difficile et d’un mauvais rapport. Elle forme ce qu’on appelle les terres froides : Quelquefois l’abondance et la permanence des eaux y produisent des fondrières dangereuses pour 1 homme et les animaux domestiques, qui s’y enfoncent.

La mise en valeur des glaises est difficile et coûteuse ; on ne la réalise qu’en ajoutant au sol beaucoup de marne riche en calcaire, ou mieux des pierres calcaires réduites eu très-petits fragments. La glaise est utilisée dans les constructions rurales, où elle peut remplacer la chaux ; on en fait des âtres do four et de cheminée ; mais elle vaut peu dechose pour la fabrication des tuiles et de la