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pour assister au couronnement de l’empereur, qui l’arme chevalier. Suivent des événements qui font les sujets de plusieurs branches du cycle. Dans sa vieillesse, Guillaume fonde le monastère de Gellone, près d’Aniane, puis se relire dans l’ermitage de Saint-Guillaume du Désert, près Montpellier. Il vient ensuite défendre Paris assiégé par les infidèles, tue le géant Isoré au lieu dit depuis la Tombe-Isoire, et revient mourir dans son ermitage. Tel est le sujet d’un roman dont la Bibliothèque nationale possède quatre manuscrits. Mais il existe d’autres versions de la même légende. Celle du troubadour Bertrand, intitulée Diane et Aimeri, nous est connue par un manuscrit trouvé à Saint-Denis. Le même sujet fut traité en allemand par Wolfram d’Eschenbach, dont le poëme, resté inachevé, porte le titre de Guillaume d’Orange. D’après cette nouvelle version, le vieux comte de Narbonne, Aimeri, adopta l’enfant d’un de ses vassaux qui avait perdu la vie à son service, et renvoya tous ses fils, leur conseillant de chercher fortune à la cour de Charlemagne. Guillaume, l’aîné de ses enfants, a enlevé Arabelle, femme de Tybald, roi d’Arabie, et l’a amenée en France, où il l’a fait baptiser sous le nom de Kibug. Le roi d’Arabie réunit une armée formidable, passe la mer et vient camper dans les plaines d’Aleschans. Guillaume, de son côté, met sur pied 20,000 hommes qui s’établissent près d’Orange. La mêlée est terrible, et Guillaume voit tomber les siens l’un après l’autre. Obligé de fuir, il parvient à rentrer dans son château auprès de Kibug ; mais, comme l’ennemi s’approche, il part pour la cour du roi Louis, qui avait épousé une de ses sœurs. Là il rencontre son père et toute sa famille. Une armée est équipée et l’on se met en marche. Kibug a résisté à un siège terrible ; Guillaume et son armée paraissent, et les Sarrasins se retirent sur les bords de la mer. Après quelques jours de repos, l’armée se remet en marche et atteint bientôt l’ennemi. Les païens, cette fois, sont anéantis, et le roi d’Arabie est emporté, mortellement blessé, sur son vaisseau. Là s’arrête l’œuvre d’Eschenbach ; Ulrich de Turnheim en a fait une continuation absolument dépourvue d’intérêt.


GUILLAUME Ier, le Pieux, duc d’Aquitaine, mort en 918. Il commença a régner en 886 et signala son règne par la fondation d’établissements religieux, entre autres, celui de l’abbaye de Cluny. — Guillaume II, le Jeune, neveu et successeur du précédent. Il mourut en 926, après un règne de huit ans, qu’il passa à guerroyer contre les Bourguignons et les Normands, ainsi que contre Raoul, usurpateur du trône de France, qu’il avait refusé de reconnaître. — Guillaume III, Tête d’Étoupe, né à Poitiers, au commencement du xe siècle, mort en 965. Contraint par le roi de France de céder à Hugues le Grand une partie de ses immenses domaines, il essaya, en 955, de résister à Lothaire et à Hugues, fut vaincu et enfin dépouillé de son duché. — Guillaume IV, Fier à Bras, né vers 935, fils du précédent. Il perdit Loudun contre le comte d’Anjou, défendit avec succès Poitiers contre Hugues Capet (988), mais fut vaincu dans une grande bataille et finit ses jours dans un monastère (994). — Guillaume V, le Grand, né vers 960, mort en 1030. Il commença son règne en 990, et, malgré son surnom, se défendit mal contre les Normands, qui ravageaient périodiquement ses frontières, mais se distingua surtout par la protection qu’il accorda aux arts et aux belles-lettres. Il fonda plusieurs abbayes et reconstruisit la cathédrale de Poitiers. — Guillaume VI, le Gras, fils du précédent, mort en 1038. En 1034, il fut fait prisonnier à Moncontour par Geoffroy-Martel, comte de Vendôme, et dut racheter sa liberté en cédant les comtés de Bordeaux et de Saintes. — Guillaume VII, le Hardi, frère du précédent, né vers 1025, mort en 1055. Il succéda en 1040 à un autre de ses frères nommé Eudes, et passa tout son règne à combattre son beau-père, Geoffroy-Martel, qu’il tenait assiégé dans Saumur, lorsqu’il mourut de la dysenterie. — Guillaume VIII, frère du précédent, né vers 1027, mort en 1086. Il était déjà duc de Guyenne, lorsque la mort de son frère lui donna le comté de Poitiers. Il eut à lutter, lui aussi, avec Geoffroy-Martel et les successeurs de ce dernier, Foulques le Réchin et Geoffroy le Barbu ; vaincu d’abord par eux, il finit par avoir le dessus, conquit la Saintonge en 1063, alla ensuite guerroyer en Espagne contre les Sarrasins, et, à son retour, remporta de nouveaux avantages sur Foulques le Réchin, qu’il chassa de Saumur et de Luçon. — Guillaume IX, né en 1071, mort vers 1127. Il s’empara deux fois du comté de Toulouse, qu’il dut abandonner après plusieurs années de possession, fut excommunié pour les désordres de sa conduite, conduisit une armée nombreuse à la croisade, mais n’éprouva que des revers. Il secourut Alphonse d’Aragon contre les Maures, et Louis le Gros contre les Allemands. C’est un des plus anciens poëtes connus en langue romane. La Bibliothèque nationale possède de lui quelques poésies. — Guillaume X, fils du précédent, né à Toulouse en 1099, mort en 1137. Il fut le dernier duc d’Aquitaine. Il s’empara de l’Aunis, se déclara, en 1131, pour l’antipape Anaclet, céda ensuite aux conseils de saint Bernard et reconnut Innocent II. En 1136, il fournit des secours à Geoffroy Plantagenet, comte d’Anjou, contre les Normands, et mourut l’année suivante, ne laissant d’autre héritier qu’une fille, la fameuse Éléonore de Guyenne, qui fut successivement reine de France et d’Angleterre.


GUILLAUME Ier, Longue-Épée, duc de Normandie. Fils de Rollon, il lui succéda en 927 ; À la suite d’une guerre courte et sanglante, il obligea le comte de Rennes et celui de Vannes à reconnaître sa suzeraineté, dompta la révolte de son lieutenant Ruilf, soutint par les armes Hugues le Grand contre le rot de France, fit la guerre à Arnould, comte de Flandre, qui, désespérant de le vaincre, l’attira à une conférence dans une île de la Somme et le fit assassiner.

C U Il-M UME 11, le Coikilieront OU le Bdlnrd,

duc de Nurmandie. V. Guillaume 1er, roi d’Angleterre.

GUILLAUME ADEI.1N, duc de Normandie, né en 1102, mort en 1120. Il était le seul fils légitime de Henri I°r, roi d’Angleterre, et reçut de son père, en récompense du courage qu’il avait montré au combat de Brenneville (11.19), le duché de Normandie. La paix ayant été conclue avec le roi de France, le père et le fils s’embarquèrent à Harfleur pour revenir en Angleterre. Guillaume monta avec Richard et Adeline, les deux enfants naturels de Henri Ier, sur un bâtiment appelé la Blanche-Nef. Il avait fait distribuer du vin à l’équipage, qui était plongé dans une ivresse complète ; le bâtiment, mal dirigé, alla donner contre un écueil et s’ent’rouvrit : tous ceux qui le montaient périrent dans les Ilots, à l’exception d’un boucher de Rouen, nommé Bévold, qui survécut seul pour raconter.ee désastre.

GUILLAUME-CLlTON, fils de Robert Courte-Heuse, né en 1102, mort en 1128. Il n’avait que quatre ans lors de la mort de son père, qui venait d’être dépouillé de son duché de Normandie par son frère Henri Ier^ roi d’Angleterre. Louis le Gros et Foulques, comte d’Anjou firent à plusieurs reprises, mais sans succès, la guerre à Henri, pour remettréle jeune prince normand en possession de son héritage. En 1126, il reçut du roi de France le comté du Vexin, puis le comte de Flandre, et mourut en combattant contre Thierry, comte d’Alsace, qui lui disputait cette dernière province.

GUILLAUME Draa de Fer, premier prince normand de la Fouille, l’aîné des douze fils de Tancrède de Hauteville. Il vint en Italie en 1036 se joindre aux aventuriers normands qui guerroyaient à la solde des princes italiens ou des Grecs. Il se signala d’abord en Sicile, contre les Sarrasins, comme mercenaire du général grec Maniacès, repassa en Italie en 1040 avec ses compatriotes insurfés, contribua à la conquête de la Fouille, ont il fut nommé comte par les chefs normands (1043) qui s’étaient partagé les villes de cette riche contrée, et mourut en 1046, après avoir préparé la grandeur de sa maison.

Guillaume II, duc de Pouille et de Calabre, petit-fils de Robert Guiscard, né en 1097, mort en 1127. Il succéda à son père, Roger, en 1114, guerroya à plusieurs reprises contre son qousin Roger II, comte de Sicile, qui lui succéda dans le duché de Pouille, réunissant ainsi en ses mains toutes les conquêtes des Normands.

GUILLAUME le dit le Conquérant et le

DAtiird, septième duc de Normandie, puis roi d’Angleterre, né à Falaise en 1027, mort en 1087. Il était fils naturel du duc Robert le Magnifique ou le Diable et de la fille d’un marchand de Falaise, mais n’en fut pas moins élevé comme un enfant légitime. Il n’avait que sept uns quand son père partit pour la Terre sainte, après l’avoir désigné comme son successeur. Mais, l’année suivante (1035), dès que les barons normands eurent appris la mort du duc, ils alléguèrent l’illégitimité de la naissance de Guillaume pour lui refuser obéissance, et ensanglantèrent la Normandie de leurs révoltes pendant la minorité du jeune prince, qui, à l’âge de vingt ans, aidé par les armes du roi de France Henri le écrasa enfin la ligue de ses ennemis, commandée par son compétiteur Guy de Bourgogne. Cette célèbre victoire du Val-des-Dunes (1047) l’affermit sur le trône ducal, mais ne le préserva pas de nouvelles conspirations dans sa propre famille. Il en triompha toutefois, mais dut bientôt faire face à un danger plus grave. Le roi de France, jaloux de sa puissance croissante, vint l’attaquer en Normandie à la tète de forces considérables. Guillaume détruisit l’une des deux armées royales à Mortiiner (1054), remporta une nouvelle victoire dans la vallée d’Auge en 1058, et imposa ainsi la paix à son suzerain. Il s’empara en-Suite du Maine et méditait la conquête de la Bretagne, lorsque l’occasion d’une entreprise aussi téméraire que grandiose ouvrit k ses vues ambitieuses les plus vastes horizons. Parent, par les femmes, du roi d’Angleterre, Édouard le Confesseur, il avait des prétentions plus ou moins fondées à sa succession, prétentions qu’il songea à faire valoir lorsque Harold entêté proclamé roi (10G6). Quelques années auparavant, ce même Harold avait été jeté par une tempête sur les côtes de Normandie, et Guillaume l’avait contraint à lui jurer, sur de saintes reliques, de l’aider

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dans sa revendication de la couronne d’Angleterre. Il le somma dés lors de tenir son serment, et, sur son refus, commença des préparatifs formidables. Le pape Alexandre II l’appuya par une bulle, et lui envoya, comme gage de succès, un cheveu de saint Pierre enchâssé dans une bague, et une bannière portant l’image de l’apôtre. Les nobles aventu- ; riers de toutes les provinces accoururent se ranger autour de lui, attirés |5ar l’espoir de se partager les riches domaines et les fiefs de la noblesse anglo-saxonne. Il rassembla à l’embouchure de la Dive 900 navires, des bâtiments de transport, 10,000 hommes d’infanterie et 50,000 cavaliers, vint débarquer dans le comté de Sussex, à Pevensey, et établit son camp près d’Hastings (1066). Harold vint l’y attaquer avec ses Saxons et toute sa noblesse, et lui livra cette bataille sanglante et longtemps indécise, où il fut vaincu et tué, et qui décida du sort de l’Angleterre. Guillaume reçut bientôt la soumission de Londres, et se lit couronner, le jour de Noël, à Westminster, trois mois après son débarquement. Il montra d’abord une certaine modération au milieu de son triomphe, et ne distribua à ses compagnons que les domaines royaux et ceux des ennemis tués à Hastings. Mais’de nombreuses révoltes, qu’il étouffa dans le sang, le conduisirent à livrer successivement tout le territoire aux Normands. Après avoir dompté les dernières résistances nationales, il contraignit le roi d’Écosse, Malcolm, à l’hommage féodal (1072), — repoussa les attaques des Danois, eut à combattre trois fois la révolte de son fils aîné Robert, à qui il avait confié le gouvernement de la Normandie, et vit ses dernières années troublées par des luttes domestiques, au milieu desquelles il montra une modération et une indulgence qu’on n’eût pas attendues de son caractère impérieux et cruel. En 1087, pendant un voyage dans son duché de Normandie, au milieu de contestations avec le roi de France au sujet de la possession du Vexin, il tomba malade à Rouen. Comme il était fort gros, Philippe demanda, en plaisantant, s’il accoucherait bientôt. Le propos fut rapporté à Guillaume, qui entra dans une grande colère, et fit dire au roi qu’il irait célébrer ses relevailles k Notre-Dame dô Paris, avec 10,000 lances en guise de cierges. En effet, dès qu’il put se tenir à cheval, il marcha sur Pans, dévastant tout sur son passage. Au sac de Mantes, il se blessa grièvement à l’arçon de sa selie, se fit transporter à Rouen, et mourut après avoir légué la couronne d’Angleterre à son fils Guillaume et le duché de Normandie à Robert. Capitaine renommé, politique habile et persévérant, Guillaume avait d’ailleurs la cruauté de son temps et de sa race, et son insatiable ambition ne s’arrêtait devant aucun moyeu, même le plus violent et le plus arbitraire. C’est ainsi qu’il dépouilla la plupart des vaincus, et qu’après s’être fait reconnaître en principe comme le vrai propriétaire du sol, il en distribua de vastes portions aux seigneurs normands, aux chefs de son armée, etc., à la charge du service féodal. Un certain nombre d’Anglo-Saxons conservèrent leurs propriétés, mais aux mêmes conditions, en sorte que tous ces possesseurs devinrent les tenanciers directs de la couronne. Cette situation particulière lui permit de discipliner la féodalité, d’en faire un auxiliaire de la royauté. Il conserva celles des coutumes saxonnes qui favorisaient le pouvoir absolu, et substitua aux autres des institutions normandes, quand celles-ci remplissaient mieux les mêmes conditions. (V., pour les résultats généraux de la conquête, 1 Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands, d’Augustin Thierry.) Quelque terrible qu’ait été pour les vaincus cette dépossession violente, l’Angleterre en retira cependant, au milieu de maux inouïs, quelques avantages particuliers qui augmentèrent sa puissance comme nation : une organisation politique plus régulière, un adoucissement dans le sort des classes serviles, une meilleure administration de la justice, une extension de sa puissance maritime et de son importance parmi les peuples de l’Europe, car elle posséda bien plus la Normandie qu elle n’en fut possédée. La ville de Falaise a érigé, en 1851, une statue équestre à Guillaume le Conquérant.

GUILLAUME 11, le Roux, roi d’Angleterre, deuxième fils du précèdent, né en 1056, mort en 1100. Il fut désigne par son père pour lui succéder en Angleterre, pendant que son frère aîné, Robert, héritait de la Normandie. Attaqué par cedernier, il fit appel aux Saxons vaincus, les entraîna par des promesses qu’il ne devait pas tenir, s’empara de quelques places en Normandie, et litiil par acheter le gouvernement de ce pays au niomeiTt du départ de Robert pour la croisade. Les habitants du Maine refusant de le reconnaître, il dut les soumettre par la force, obligea le roi d’Écosse à l’hommage, combattit en Angleterre les révoltes de ses barons, accabla ses sujets d’impôts, et s’attira surtout la haine de l’Église en touchant aux bénéfices ecclésiastiques. II fut tué par accident à la chasse, par un gentilhomme français nommé Tyrrel, Son frère Henri lui succéda, au détriment de Robert Courte-Heuse, dont les droits furent ainsi deux fois méconnus.

GUILLAUME III, roi d’Angleterre, né en 1650, mort en 1702. Il était fils de Guillaume II de Nassau, prince d’Orange et stathouder de

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1621

Hollande, et d’Henriette-Marie Stuart, fille de Charles Ier. Il naquit huit jours après la mort de son père, et perdit sa mère avant d’avoir atteint l’âge de onze ans. Son éducation fut confiée, par les États généraux de Hollande, au grand pensionnaire Jean de Wilt, qui avait été 1 un des adversaires du dernier stathouder et qui empêcha que le stnthoudérat fut conféré au jeune prince, selon la volonté de son père, qui avait cherché h rendre cette dignité héréditaire dans sa famille.

L’éducation libérale que reçut Guillaume n’eut pas les résultats que le grand pensionnaire en attendait. Il affecta, il est vrai, dès sa jeunesse, un profond amour pour sa patrie et une grande soumission pour les décisions des États ; mais, en même temps, il mûrissait en silence des projets qui devaient aboutir a la ruine des de Wilt et au rétablissement de la puissance de la maison d’Orange. D’apparence flegmatique et d’humeur sévère, il cachait sous cette froideur des passions ardentes, une ambition démesurée et un grand désir de gloire. Il travailla habilement à s’acquérir l’all’ection du peuple, attendant avec impatience une occasion favorable pour l’exploiter. Cette occasion, l’invasion de !» Hollande par les Français vint la lui fournir. Devant les succès croissants de Louis XIV, de Witt et ses partisans penchèrent à la paix, tandis que la faction des orangistes, excitée en secret par Guillaume, voulait continuer la guerre à tout prix. Le parti républicain l’emporta, mais les conditions imposées par le vainqueur furent tellement dures, que le peuple se souleva et massacra, à La Haye, Jean de Witt et Corneille, son frère. Guillaume, sur lequel l’histoire a laissé peser la responsabilité de ce double meurtre, fut aussitôt élu stathouder, et. décidé à défendre la Hollande à tout prix, fit abattre les digues, ouvrir les écluses et inonder tout le pays autour d’Amsterdam, opposant ainsi à l’ennemi une barrière infranchissable, un adversaire contre lequel restaient sans effet sa valeur et son impétuosité. L’armée française dut reculer, et, pendant les années qui suivirent, Guillaume sut se maintenir avec assez d’avantage contre Turenne et Condé, pour que le traité de Nimègue (1078) respectât l’intégrité de la Hollande.

Tranquille, pour quelque temps du moins, du côté de la France, le stathouder put alors tourner toute son attention vers l’Angleterre, où l’attiraient son ambition et les droits que lui donnaient son mariage avec la princesse Marie, fille aînée de Jacques II, qu’il avait épousée (1G77) alors que ce prince n’avait pas d enfant mâle. Aussi était- il regardé par les Anglais comme leur futur souverain, lorsque la naissance d’un fils de Jacques H (1688) sembla devoir anéantir ses espérances. Mais Guillaume sut profiter habilement des faiblesses et de l’aveuglement de son beau-père, et surtout du mécontentement général des protestants anglais, qui supportaient impatiemment les persécutions d’un roi catholique et bigot. Appelé par la noblesse, le clergé et la plus grande partie du peuple anglais, le prince d’Orange réunit en secret une flotte de 500 vaisseaux, emportant une armée de 140,000 hommes, et fit voile vers l’Angleterre. La nouvelle de son débarquement à Torbay (5 novembre 1688) se répand avec la rapidité de l’éclair dans tout le royaume. Le peuple et l’année se soulèvent, et Jacques II, trahi par la plupart do ses serviteurs, mal conseillé par ceux qui lui restent fidèles, se voit bientôt hors d’état de résister à son adversaire et va chercher un refuge en France. Peu de jours après, Guillaume entrait à Londres, où il était reçu avec enthousiasme, et réunissait, sous le nom de Convention nationale, les deux chambres du Parlement, qui l’investissaient de la puissance royale, conjointement avec sa femme Marie, mais en le chargeant seul du gouvernement du royaume (13 février 1689). Ainsi s’accomplit, sans effusion de sang, cette révolution importante, qui consacra la liberté politique et religieuse de l’Angleterre.

Cependant Jacques II avait trouvé un alliô dans Louis XIV, qui lui donna une flotte avec laquelle le roi détrôné vint débarquer en Irlande. Il remporta d’abord quelques avantages sur les troupes de son adversaire, mais Guillaume marcha en personne contre lui et le vainquit au combat de la Boyne (1690), qui anéantit les espérances de Jacques II et le força à regagner honteusement la France. Une seconde tentutive ne fut pas plus heureuse deux années plus tard, etTourville fut baltu à La Hogue (1692) par l’amiral anglais Rnssell. Sur le continent, la fortune sourit moins à Guillaume : il fut vaincu successivement à Steiukerque et a. Nerwinde. mais n’en oblint pas moins, par le traité de Ryswyk (1697), que la France abandonnât ses conquêtes et le reconnût comme roi d’Angleterre. Il continua cependant à intriguer contre la France, et, lorsque Louis XIV eut accepté le testament du roi d’Espagne, Charles II, qui choisissait le duc d’Anjou pour son successeur, il fut l’instigateur d’une ligue européenne contre la France. L’activné qu’il déploya en cette occasion acheva d’user ses forces physiques, et une chute duns laquelle il se démit la clavicule suffit pour causer sa mort.

Le gouvernement de Guillaume, à l’intérieur, n’avait pas réalisé les espérances conçues par la nation anglaise au début de son