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•oaient de toutes les parties de l’Italie, bien qu’il dessinât et qu’il peignit avec une rapidité extraordinaire.

En 1619, le Guerchin se rendit à Venise, où il se lia avec le célèbre Jacopo Palma, De là il passa à Bologne et exécuta dans cette ville plusieurs tableaux remarquables, notamment un de ses chefs-d’œuvre, le Saint Guillaume de la chapelle ^.é Locatelii, à Saint-Grégoire (1620). Vers !e même temps, il reçut de la ville de Reggio une belle chaîne d’or, en reconnaissance des morceaux qu’il avait peints au dôme. C’est encore de ce temps-là que date la Vierge à l’Enfant, que le prince Ludovisi offrit au pape Innocent X, et dont les draperies furent, dit-on, retouchées par Pierre de Cortone. Peu après, en 1621, Grégoire XV appela l’artiste à Rome pour décorer la loge de la Bénédiction ; mais la mort de ce pontife empêcha l’exécution de ce projet. Avant de quitter la ville éternelle, il eut le temps de peindre avec le plus grand soin le Martyre de sainte Pëtronille, qui est resté

longtemps à Saint-Pierre du Vatican. À son retour à Cento, il reçut du duc de Mantoue le titre de chevalier. Cette distinction puérile fit grand plaisir à l’artiste, qui avait refusé cependant le titre de premier peintre du roi de France, que l’ambassadeur de France à Rome lui avait offert de la part de son maître.

Tant que le Guide avait vécu, le Guerchin avait eu la prudence de se tenir à Cento ; mais, après la mort du célèbre peintre des Vénus et des Amours (1642), il alla habiter Bologne ; et vers cette époque, bien qu’ayant plus de cinquante ans, on le vit modifier son style en le perfectionnant. Au lieu de s’en tenir, ainsi qu’il le faisait antérieurement, a de grandes oppositions d’ombre et de lumière, il diminua l’intensité des noirs et fit entrer l’air et le soleil dans ses tableaux.

11 La reine Christine de Suède, raconte d’Argenville, si distinguée par son amour pour les grands talents, vint voir le Guerchin a son passage en cette ville ; ne pouvant l’engager à quitter Bologne, elle lui tendit la main, prit la sienne en lui disant qu’elle voulait toucher une main qui opérait de si belles choses. »

Les peintres des époques de décadence se distinguent surtout par une grande habileté d’exécution. La promptitude et la facilité du Guerchin tenaient du prodige. Le Père Eternel, qui lui fut commandé par les religieux du couvent de Bologne, fut peint aux flambeaux en une nuit.

L’histoire de la peinture nous présente peu de peintres qui aient autant travaillé que le Guerchin. On compte plus de 106 tableaux d’autel, plus de 150 grands sujets et portraits, et il faut encore ajouter les coupoles, les plafonds, les morceaux peints sur les murs des chapelles et les petits tableaux de chevalet. C’est en faisant allusion à son étonnante facilité qu’un de ses amis, le peintre Tiarini, lui disait un jour : ■ Vous faites tout ce que vous voulez ; nous ne faisons, nous autres, que ce que nous pouvons. » Sa manière est large, facile, naturelle, son dessin d’une hardiesse qui n’exclut pas la correction. « On n’admirera chez lui, dit M. L. Viardot, ni la sublimité de la pensée, ni !a noblesse des formes, mais l’exacte et savante imitation de la nature, qu’il atteignait, soit par la sûreté du dessin, soit plus encore par l’harmonie des tons et le merveilleux emploi du clair-obscur. C’est principalement à cette dernière qualité qu’il doit le surnom trop ambitieux de Magicien de la peinture italienne. On lui a bien reproché d’avoir donné à ses ombres un degré de force qui les porte souvent presque jusqu’au noir, comme ont fait le Caravage et Ribera ; mais il faut convenir que, même dans ces ombres noires, personne n a mis autant de transparence et de légèreté que le Guerchin. Il faut convenir aussi que personne n’a mieux employé pour les figures la perspective aérienne, et ne leur a donné plus de relief et de rondeur. D’autres ont fait avec justesse cette observation, qu’à voir de quelle manière, dans les tableaux du Guerchin, la lumière descend et se répand sur tous les objets qu’elle colore, enveloppe et pénètre pour ainsi dire, on pourrait croire qu’il peignait dans quelque souterrain éclairé par un soupirail. Cette lumière d’en haut est effectivement le trait caractéristique de la manière du Guerchin, et l’excellent emploi qu’il en sait faire, son plus beau titre de gloire. Probablement il en prit l’idée et l’habitude dans ses rêves d’ardente piété. Mystique jusqu’à l’extase, le Guerchin croyait que les anges venaient le visiter et le soutenir dans ses travaux-, il voyait quelquefois Jésus apparaître dans sa gloire ; il 1 entendait lui parler avec bonté. >

Comme homme, ce peintre éminent se signala par ses hautes qualités morales, par son caractère affable et gai, par sa vie calme, laborieuse, si différente de la vie désordonnée et turbulente de la plupart des artistes de cette époque. Il employa les richesses qu’il avait acquises à doter ses neveux et ses nièces, à aider les artistes sans fortune et à secourir les malheureux. Dans son œuvre immense, dont d’Argenville a donné le catalogue, nous nous bornerons à mentionner les tableaux suivants, regardés comme ses chefsd’œuvre : la Sainte Pétronille (à Rome) ; Saint Guillaume (à Bologne) ; Saint Pierre

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martyr (à Modène) ; Saint Antoine (à Padoue) ; VAnnonciation (à Milan) ; les Adieux de Priant et d’Hector (à Marseille). Le musée du Louvre possède de lui une douzaine de toiles, parmi lesquelles on remarque : Loth et ses filles (acheté 100,000 fr.) ; Hersilie séparant Homulus et Tatius ; la Vierge et saint Pierre ; deux Saint Jérôme ; la Résurrection de Lazare ; Hercule terrassant l’hydre ; deux Baigneuses ; une Présentation au temple. Le musée de Lyon possède une Sainte Thérèse aux pieds de Jésus-C/irist.

Presque tous les graveurs connus ont reproduit quelques-uns de ses tableaux. Lui-même a gravé un Saint Antoine de Padoue et un Saint Jean. Le Guerchin avait un frère, Paul-Antoine Barbieri, qui fut un peintre de talent. V. Barbieri.

GUERCIIY (Claude-François-Louis Régnier, comte de), lieutenant général et diplomate français, né en 1715 d une ancienne famille de Bourgogne, mort en 1767. Il accompagna Maurice de Saxe dans la campagne de Bohème, prit Ems, y soutint un siège glorieux, s’ouvrit un passage t’épée à la main pour se jeter dans Lintz (1741), fît des prodiges de bravoure à la bataille de Fontenoy, et se signala également par son intrépidité à Hastembeck (1757), à Corbach, à Minden. Le comte de Guerchy fut nommé, en 1763, ambassadeur à Londres, mais il demanda son rappel quatre ans après, à la suite de démêlés fort vifs avec le chevalier d’Eon, chargé secrètement de le surveiller.

GUERCHY (Louis Régnier, marquis de), architecte français, né vers 17S0, mort à l’hôtel des Invalides en 1852. Il était de la famille du précédent. Il s’occupa d’architecture, restaura la salle du Vaudeville rue de Chartres, construisit le théâtre du Gymnase et éleva, en collaboration avec Huré, le théâtre de l’Opéra-Comique.

GUERDON s. m. (ghèr-don — On écrivait autrefois gueredun et guerredon. Ce mot se rapporte au bas latin widerdonum, dont l’origine est sûrement germanique. Suivant Diez et Chevallet, widerdonum se rapporte à l’ancien haut allemand widarldn, composé du préfixe widar, qui équivaut au préfixe latin re, en retour, contre, et de Idn, prix, salaire, récompense). Salaire, récompense : On y gagne de gros gages, Aucun labeur n’y manque de guerdon.

La Fontaine.

!l Vieux mot.

GUÈRE ou GUÈRES adv. (ghè-re — Chevallet tire ce mot de l’ancien allemand garo, beaucoup, bien, fort, entièrement, tout à fait, anglo-saxon g tara, même sens, allemand gar. Diez, remarquant que les formes romanes, provençal guaire, picard ouère, italien guari, répondent à un w allemand, propose l’ancien haut allemand viari, qui signifie vrai ; guère voudrait dire vraiment. Le moyen haut allemand a unweiger, qui signifie pas beaucoup, et qui suppose un simple weiger, beaucoup ; ce simple se trouve dans l’ancien haut allemand ne weigœro, non beaucoup. Ici, dit Littré, tout concorde, le sens et la forme, et, comme Diez le remarque lui-même, cette étymologie trouve un grand appui dans l’ancienne forme provençale gaigre, beaucoup. Quoi qu’il en soit, ’ces diverses étymologies suffisent pour expliquer comment guère, qui aujourd’hui ne s emploie jamais sans négation et signifie toujours peu, signifiait autrefois beaucoup, bien, fort. Aujourd’hui encore, comme le remarque Chevallet, nous employons ce mot d’une manière à peu près semblable dans certaines locutions ; dans celle-ci, par exemple : 11 a disparu sans que l’on sache guère ce qu’il est devenu). Pas beaucoup, avec une négation : L’âpretë du caractère ne s’adoucit guère avec l’âge. (Balz.)

Seigneur, tant de grandeur ne nous touche plus

(guère. Racine. Qui ne rend point de «oins n’est gvères amoureux.

Voltaire. On dit que la noblesse a la vertu pour mère ; S’il est vrai, ses enfants ne lui ressemblent guère.

Boursault. Il Pas un grand nombre, pas beaucoup de personnes ou d’objets : Il n’est guère venu d’invités. Il ne me reste plus guère d’ennemis à vaincre. Il n’y a guère de pierres plus belles que le marbre. On ne trouve guère d’ingrats tant qu’on est en état de faire du bien. (La Rochef.) il Pas souvent ou jamais : Les grandes passions ne germent guère chez les hommes faibles. (J.-J. Rouss.) La bière,

Robe d’hiver, robe d’été,

Que les morts ne dépouillent guère.

La Fontaine.

Guère que, Seulement ou Presque seulement : Je ne vois guère que vous qui soyez prêt. L’émulation et la jalousie ne se rencontrent guère que dans les personnes du même art, de même talent et de même condition. (La Bruy.) Une femme ne peut guère être belle que d’une façon ; mais elle est jolie de cent mille, (Montesq.)

De guère, Pas beaucoup, pas à.grand’chose :

L’un fait beaucoup de bruit qui ne lui sert de guères ; L’autre en toute douceur laisse aller les affaires.

Molière.

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. — Gramm. Voir la note sur les pronoms conjonctifs.

— Syn. Guère, peu. D’abord guère, pour signifier une petite quantité, doit être précédé de la négation ne, ce qui semble indiquer que par lui-même il veut dire beaucoup. Ensuite il a une valeur beaucoup moins positive que peu ; dire qu’une personne est peu sage, c’est la blâmer plus fortement que si l’on disait qu’elle ne lest guère. Enfin, peu est absolu, et guère relatif ; on dira d’une manière générale qu’il y a eu peu de vin dans telle année, et l’on dira qu’il n’y en avait guère dans tel canton pour marquer l’insuffisance relative.

GUERECH, en latin Guerchu* OU Worocbus, évêque et comte de Nantes, mort en 988. Il venait d’être élu évêque de Nantes lorsque son frère aîné, le comte Hoel, mourut sans enfants. Guerech devint donc en même temps évêque et comte. Il se signala par les guerres qu’il eut avec Conan le Tors, comte de Rennes, sur lequel il remporta une grande victoire dans les landes de Conquereul. On prétend qu’il mourut empoisonné par son médecin Heroïcus, abbé de Redon.

GUERECH II, prélat français, mort en 1079. Il était fils d’Alain, comte de Cornouailles, et de Judith, fille du comte de Nantes. Il entra dans les ordres, s’empara du siège épiscopal de Nantes à la suite d’un mouvement popufaire qui chassa l’évêque Airard, et fut consacré en 1061. Il assista à plusieurs conciles et soutint constamment les prétentions des moines de Marmoutiers au sujet de la possession du prieuré de Bléré.

GUÉRÉSA s. m. (ghé-ré-za). Mamm. Un des noms du mococo ou loris.

GUÉRET s. m. (ghé-rè — tiré probablement du celtique : kymrique gtveryd, terre labourée, guéret selon Davies, surface de terrain ; ancien comique gueret, terre, terrain. Agric. Terre préparée pour être ensemencée, mais qui ne l’est point encore : Laisser une terre en guérets. Chasser dans les guérets. Il y a des gens dont la récolte ne craint ni vent ni grêle, et ce ne sont pas ceux qui, hersant, labourant, font le meilleur guéret, mais ceux qui, ayant une place, ne font rien ou font la cour. (p.-L. Cour.)

Des restes les plus vils se forme cet engrais’ Qui va porter la vie au fond de nos guérets.

Rosset. J’aime un gros bœuf dont le pas lent et lourd, En sillonnant un arpent dans un jour. Forme un guéret où nos épis vont naître.

Voltaire.

— Par ext. Champ ensemencé ; champ couvert de moissons : Le coquelicot éblouissant, le bluel azuré, la nielle pourprée, le liseron couleur de chair relèoent, de l’éclat de leurs fleurs, l’aimable verdure des guérets. (B. de St-P.)

Le chardon importun hérissa les guérets.

BoiLEAn. Quelque chose de saint, de grand, de magnifique, Comme un suave encens’s’élève des guérets.

A. Barbier.

— Encycl. Le mot guéret appartient surtout à la langue poétique, et sert h désigner d’une manière générale les terres cultivées. En agriculture, il a une signification peu précise et qui varie suivant les localités. Quelquefois il s’applique à une terre labourée, mais non encore ensemencée ; d’autres fois, le guéret est une terre qui se repose, n’est point ensemencée, et reste plus ou moins longtemps sans produire, si ce n’est les herbes qui y croissent spontanément et qui servent de pâturage aux bestiaux ; en ce sens, ce mot est synonyme de jachère. D’autres fois encore, c’est un pâturage maigre. Enfin, dans certains pays, on emploie le mot guéret à la place de raie ou de sillon, et c’est en ce sens que l’on dit que la charrue trace un guéret plus ou moins profond.

GCÉRET, ville de France (Creuse), ch.-l. de départ., d’arrond. et de cant. ; à 5 kilom. de la Creuse ; pop. aggl., 3,763 hab. — pop. tôt., 5,126 hab. Tribunal de Ke instance ; collège communal ; école normale d’instituteurs ; cours normal d’institutrices ; bibliothèque publique ; musée d’histoire naturelle, de minéralogie et d’antiquités ; ch.-l. de la 2e subdivision de la 2ie division militaire ; chambre et société d’agriculture, comice agricole, société des sciences naturelles et archéologiques. L’arrond. comprend 7 cant., 75 comm. et 94,633 h.

Guéret était autrefois une place forte dont il subsiste quelques murailles. L’église date du xmo siècle. L’édifice qui porte Te nom de palais des comtes de la Marche est un hôtel du style ogival, dont les deux ailes datent, l’une du xve siècle, l’autre du xvio. La plus ancienne est décorée de vigoureuses moulures en saillie. Dans la construction du xvi= siècle se voit une immense cheminée sculptée aux armes des Bourbons-Vendôme. Le musée renferme une collection complète de la flore et de la faune de la Creuse, des poissons et des reptiles reproduits en plâtre avec beaucoup d’habileté, des antiquités celtiques, gallo-romaines et du moyen âge, des émaux de Limoges, etc.

Les premières maisons de Guéret s’élevèrent autour d’un monastère fondé, au vnjc siècle, par saint Pardoux ou Pardulphe. Cette ville posséda pendant quelque temps un châ GUER

1587

teau possédé par les Montgomery, la plus puissante famille de la Marche. Des bandes de pillards qui ravageaient la Marche furent écrasées près de Guéret en 1183 ; c’est le seul fait historique important dont cette petite ville éveille le souvenir. Guéret fut, au xvno et au xvme siècle, la capitale du gouvernement de la Marche. Fabriques de peignes, de noir animal, de potasse, de boutons et de sabots. Commerce de beurre et de fruits renommés.

GUÉRET (Jean), jésuite français, mort en Angleterre en 1595. À la suite de la tentative d’assassinat faite par Jean Châtel sur Henri IV en 1594, le jeune fanatique déclara avoir été poussé au régicide par les jésuites sous lesquels il avait fait ses études nu collège de Clermont. Cette déclaration amena l’arrestation du P. Guéret, professeur de philosophie de Jean Châtel. Le j.ésuite fut mis à la question, mais or ne put lui arracher aucun aveu. Rendu à la liberté, il reçut en même temps l’ordre de quitter la France et se rendit en Angleterre, au il mourut. Le P. Guignard, régent du collège de Clermont, avait été pendu et brûlé en place de Grève.

GUÉRET (Gabriel), jurisconsulte et écrivain français, né à Paris en-1641, mort dans cette ville en 1688. Il devint un des avocats distingués du parlement de Paris et publia, de concert avec un de ses confrères, Blondeau, le Journal du Palais, recueil qui contient les principales décisions des parlements et cours souveraines de France de 1672 à 1701. Guéret était un homme aimable, enjoué, spirituel, qui joignait à beaucoup d’érudition un fin esprit critique. Il fut un des premiers membres et le secrétaire do l’assemblée littéraire qui se tenait chez l’abbé d’AubignaC. On a de lui : les Sept sages de ta Grèce (Paris, 10G2) ; les Entretiens sur l’éloquence de la chaire et du barreau (Paris, 1666) ; le Parnasse réformé (Paris, 1069) ; la Guerre des auteurs (Paris, 1671), suite de l’ouvrage précédent ; c’est une satire ingénieuse, pleine de fine ironie et de gaieté ; la Carte de la cour (Paris, 1674) ; la Promenade de Saint-Cloud ou Dialogue sur les auteurs, satire dirigée contre Boileau et qui a été insérée à la suite des Mémoires de Bruys (Paris, 1751). Guéret avait composé des Poésies, des Satires, etc., qui sont restées manuscrites.

GUÉRETÉ, ÉE (ghé-re-té) part, passé du v. Guéreter : Jachère guérktéb.

GUÉRETER v. a. ou tr. (ghé-re-té — rad. guéret. Double le t devant un e muet : Je guêrelte, tu guéretteras). Agric. Mettre en guérets, labourer : Guérktur une jachère. Les cultivateurs qui suivent encore le régime des jachères guérettent après la moisson, c’est-àdire retournent le chaume à la charrue. (Raspail.)

GUÉRI, IE (ghé-ri) part, passé du v. Guérir. Rendu à la santé ; détruit, en parlant d’un mal : Un malade guéri. Les administrateurs de l’Hàtel-Dieu portaient en compte la valeur de cinquante liores, pour chaque malade mort ou guéri. (Volt.) Un mal dont on commit le siège et la cause est un mal à moitié guéri. (Raspail.)

— Fig. Délivré de quelque passion, revenu de quelque erreur morale ; détruit, en parlant d’un mal moral : Les maladies de l’esprit peuvent être facilement prévenues, mais difficile' ment guéries. (Mme Monmarsoii.)

L’amour est mal guéri quand il l’est par In haine. Ta. Corneille.

Être guéri de tous maux, et, fnm., Être guéri du mal de dents, Être mort :

Quand on est mort, c’est pour longtemps,

On est guéri du mal de dents.

De la potence et du carcan.

(Vieille chanson.) GUER1CKE (Otto de), physicien allemand, né à Magdebourg en 1602, mort à Hambourg en 1686. Il fut, pendant trente-sept ans, bourgmestre de sa ville natale. Mis par ses fonctions en relation avec des princes et des diplomates allemands, il sut les intéresser à ses travaux et k ses expériences, et, par là, donner à celles-ci une notoriété qui en accrut l’influence. Le premier, il tira une étincelle d’un globe de soufre électrisé, et soupçonna que cette étincelle pourrait bien être de même nature que l’éclair qui précède le bruit du tonnerre. Le premier aussi, il réussit à soutirer l’air d’un vase clos, et le succès de cette expérience a ouvert une ère nouvelle pour la physique. Il faut lire, dans son bel et intéressant ouvrage Expérimenta nova, le récit des nombreuses tentatives qu’il lit avant d’arriver à un moyen un peu pratique d’opérer le vide. Il essaya d’abord de retirer l’eau d’une barrique à l’aide d’une espèce de grande seringue adaptée à la partie inférieure. Mais, à mesure que la barrique se vidait, l’air entrait par toutes les fissures en produisant une sorte de sifflement. Il remplaça le tonneau par deux hémi sphères en cuivre emboîtés 1 un dans l’autre ; mais le globe qu’ils formaient se comprima tout à coup avec explosion, pondant qu’on y faisait le vide. Après divers autres essais, Guericke arriva enli» h exécuter une machine pneumatique, non telle qu’on en a aujourd’hui, mais suffisante pour lui permettre d’entreprendre une série d’expériences sur les divers effets du vide (1C54). Chargé d’une mission auprès de la dièio réunie à Ratisbonne, il émerveilla plusieurs des hauts