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GROSSOYÈ, ÉB (gro-soi-ié ou gro-so-ié) part, passé du v. Grossoyer : Contrat grossoyé.

GROSSOYER v. a. ou tr. (gro-soi-ié ou gro-so-ié — rad. grosse. Change y en i devant un e muet : Je grossoie). Pratiq. Faire la grosse de : Grossoyer un acte, un contrat, un jugement, une requête, un arrêt.

GROSS-SCHOF, NEACV.Schœnau(Gross-).

GROSSULAIRE s. f. (gro-su-lè-re — lat. grossularia, groseillier). Bot. Ancien nom scientifique du genre groseillier, appliqué aujourd’hui spécialement à une de ses sections, qui a pour type le groseillier épineux.

— s. ni. Miner. Substance du genre grenat, ainsi appelée il cause d’une certaine ressemblance de forme et de couleur avec le fruit du groseillier épineux : Le GROssur. AiRE est un minéral de couleur variée, mais le plus souvent verdâtre, qui est ordinairement cristallisé »n trapésoèdres, et qu’on trouve presque exclusivement sur les bords d’un affluent du ~Wiloui, en Sibérie, et aux environs de Cziklowa, en Hongrie.

— Adjectiv, : Grenat GROSSULAIRE. GROSSULARIÉ, ÉE adj. (gro-su-la-ri-é rad. grossulaire). Bot. Qui ressemble ou qui se rapporte au groseillier. Il On dit aussi grossulacé.

— s. f. pi. Famille de plantes dicotylédones, ayant pour type le genre groseillier, et plus connue sous lo’nom de ribesiées.

GROSSULARINE s. f. (gro-su-la-ri-nerad. gro$sulaire)~£hm. Matière qu’on trouve dans les fruits acides, sous la forme de gelée. Il On dit uussi grossuline.

GROSSULÊRITEs. f. (gro-su-lé-ri-te— rad. grossulaire). Miner. Syn. de grossulaire.

GROSS-WARDEIN, ville de Hongrie. V. Wardein (Gross-).

GROSTENQU1N, bourg de France (Moselle), ch.-l. de cant., arrond. et à 30 kiiom. S.-O. de Sarrègnemines, près des étangs de Bischwald ; pop. aggl., 394 hab. — pop. tôt., 805 hab. Carrières de sable, de pierres a plâtre et a bâtir. La nef et le chœur de l’église sont décorés de fresques.

GROSTÈTE (Claude), sieur do La Mothe, pasteur de l’Église réformée, né à Orléans en 1647, mort à’Londres en 1713. Il étudia d’abord le droit, fut reçu docteur à Orléans en 1004, puis avocat au parlement de Paris ; mais il abandonna le droit pour la théologie et devint ministre à Lisy en 1675, puis à Rouen en 1682. À la révocation de l’édit de Nantes, il se réfugia à Londres, où il fut nommé ministre en 1694. Il est auteur de quelques ouvrages fort estimés de son temps : Irailé de l’inspiration des livres sacrez du Nouveau Testament. (Aiitsterdnm, 1G95, in-8°) ; Entretiens sur la correspondance fraternelle de l’Église anglicane avec les autres Églises réformées (La Haye, 1705, in-8° ; Amsterdam et Londres, 1707 ; Rotterdam, 1708, in-12) ; Relation de la Société établie pour la propagation de l’Évangile dans tes pays étrangers (Rotterdam, 1708, ni-80) ; Caractère des nouvelles prophéties en quatre sermons (Londres, 1708, in-8°j ; Plainte et censure contre les accusations (Londres, 1708, in-8°) ; Nouveaux Mémoires pour servir à l’histoire des trois Camisards, où l’on voit les déclarations de M. le colonel Cavalier (Londres, 1708, in-8o) ; la Pratique de l’humilité (Amsterdam, 1710, in-12) ; Charitas anglicans (1712) ; le Devoir du chrétien convalescent (La Haye, 1713, in-8°) ; Sermons sur divers textes, (Amsterdam, 1715, in-8°). En tête de cet ouvrage se trouve le vie de l’auteur.

GROS-VENTRE S. m. Ichthyol. Nom vulgaire, des diodons et des tétrodons,

GROS-VERDIER s. m. Ornith. Nom vulgaire du bruant proyer.

GROS-YEUX s. m. Ichthyol. Nom vulgaire d’un poisson du genre anableps.

GROTE (George), historien anglais, né à Clayhill (Kent) le 17 novembre 1794, mort à Londres le 19 juin 1871. Il était le petit-fils de Grote, qui fonda à Londres, avec M. George Prescott, la maison de banque bien connue aujourd’hui sous la raison sociale Prescott, Grote et Cte. Il reçut une éducation brillante au collège de Charter-House, et entra, à l’âge de seize ans, dans la maison de banque de son père, en qualité de commis. C’est vers cette époque qu’il se lia avec James Mill et les autres fondateurs de l’école.du radicalisme philosophique, représentée depuis longtemps par la Westminster reoiew, dont il a été le collaborateur assidu. Durant les heures de loisir que lui laissaient ses travaux de banque, il poursuivait avec ardeur ses études historiques et politiques. Ce fut en lisant VHistoire de Grèce de Milford, qu’il conçut lo projet d’écrire l’histoire des peuples helléniques, pour réfuter les déductions antidémocratiques qu’en avait tirées cet auteur. On était alors en 1823, et, quatre ans plus tard, Niebuhr parlait déjà des travaux de Grote sur la Grèce, en conseillant à son ami Liéber de faire connaissance avec lui et d’en obtenir la permission de traduire en allemand quelques-uns de ses fragments. Cependant de

nombreuses années devaient s’écouler encore avant l’apparition du premier volume de cette histoire. De 1820 à 1830, M. Grote s’était beaucoup occupé de politique. En 1831, il publia

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un pamphlet intitulé : Nécessité d’une réforme parlementaire, en réponse à un article de la Jlevue d’ÉdimbourgMar sir James Mackintosh. L’année suivante, il entra à la Chambre des communes comme représentant de la Cité, et il occupa le siège de député jusqu’en 1841. Durant ce temps, il vota et parla toujours en faveur des idées libérales. Mais la question dont il s’occupa le plus particulièrement fut celle de l’application du scrutin aux élections des membres delà Chambre des communes. Sa première motion, sur ce sujet, date de 1833 ; elle fut repoussée par 2ll voix contre 100. Depuis il la renouvela à chaque session, mais sans plus de succès, malgré la force des motifs qu’il exposa si éloquemment à la tribuno. En 1841, M. Grote, désireux de se consacrer tout entier à l’achèvement de son Histoire de la Grèce, se retira de l’arène politique. Les deux premiers volumes parurent en 1846 à Londres, le troisième et le quatrième en 1847, le cinquième et le sixième en 1849, le septième et le huitième en 1850, le neuvième et le dixième en 1852, le onzième en 1853, et enfin le douzième en 1850. Ce grand ouvrage, une des principales œuvres historiques du xix° siècle, est spécialement destiné à exposer le développement spontané du génie grec et le Systems social de ce peuple progressif au milieu des autres nations stationnaires.

Après avoir terminé son Histoire de la Grèce, M. Grote entreprit de nouvelles études qui se rattachaient au même sujet. Il publia, en 1865, son livre : Platon et les autres disciples de Socrate. Cet ouvrage appartient plutôt à l’histoire de la philosophie qu’à la métaphysique, et son auteur, comme on pouvait s’y attendre de la part d’un Anglais, incline plus vers le système d’Aristote que vers les idées de Platon : les théories platoniciennes trouvent peu d’adeptes en Angleterre.

Au livre sur Platon devait succéder.un grand travail sur Aristote. M. Grote n’a pu le terminer. Le premier volume, dit-on, est seul achevé et pourra être publié.

Outre ces ouvrages, M. Grote a publié deux essais remarquables dans la Revue de Westminster, le premier consacré à l’Histoire de la Grèce de Milford, le second sur les Légendes héroïques de Niebuhr. M. Grote avait également annoncé l’intention d’ajouter un volume d’appendice à son histoire, lequel aurait contenu un tableau de la philosophie grecque au ive siècle avant l’ère chrétienne, et, à ce propos, il avait publié deux articles préparatoires sur Platon et sur Aristote.

Depuis 1858, Grote était membre correspondant de l’Institut de France. Il a beaucoup contribué à la réforme du Britisth Muséum. L’université de Londres et YUniversity collège, vigoureusement défendus par lui au Parlement, lui doivent leur prospérité et leur développement actuels. Aussi, a. la mort de lord Brougham (i86ê), le ministère ne crut

Ïiouvoir faire un meilleur choix qu’en appeant Grote à lui succéder comme président du conseil de l’université de Londres. Dans les dernières années de sa vie, M. Gladstone lui offrit un siège à la Chambre des lords ; mais l’étninent historien refusa, ne voulant plus s’occuper que de ses travaux intellectuels. Grote a été inhumé à l’abbaye de Westminster, au milieu des plus grands hommes de l’Angleterre, de ses savants et de ses poètes.

GROTEFEND (Georges-Frédéric), savant philosophe et antiquaire allemand, né à Mùnden (Hanovre) le 9 juin 1775, mort à Hanovre le 15 décembre 1853. Il étudia à Gœttingue, sous Heyne, Tychsen et Heeren, fut professeur au collège de cette ville, puis (1803) vice-recteur et recteur a celui de Francfortsur-le-Mein. Appelé, en 1821, comme directeur, au lycée de Hanovre, il prit sa retraite en 1849. On lui doit d’excellents travaux sur diverses langues anciennes et aussi sur sa langue maternelle. Mais il s’est acquis surtout une grande réputation en donnant la première idée sur ta façon de déchiffrer l’écriture cunéiforme. Le 4 septembre 1802, il exposa devant la Société académique de Gœttingue sa première découverte. Peu versé dans les langues orientales, il aborda les inscriptions de Persépolis à l’aide de l’archéologie et de l’histoire. Le premier, il reconnut que ces inscriptions étaient trilingues, parvint à lire le nom des rois et détermina douze caractères de la première écriture, de celle qu’on désigne sous le nom de perse ou aryenne (Prsvia de cuneatis quas vacant inscriptionibus persepolitanis legendis et explicandis relalio, Gœttingue, 1802) lia publié aussi quelques considérations sur cette matière dans 1 ouvrage de Heeren, intitulé : Idées sur la politique, ^industrie et le commerce des anciens. Ses découvertes ont permis à Burnouf, à Lassen, à Behr, à Oppert et autres de compléter peu à peu nos connaissances à cet égard. Lui-même a donné plus tard une série d’études nouvelles sur ce sujet, entre autres : Nouvelles recherches sur l’interprétation des inscriptions de Persépolis (Hanovre, 1837 et 1840) ; Remarques sur les inscriptions cunéiformes gravées sur des vases d’argile trouvés à Babylone et à Ninive (Gœttingue et Hanovre, 1847 et 1850) ; Construction et destruction des édifices de Nimrud (Gœttingue, 1851). Parmi ses autres ouvrages, il faut encore citer ceux sur la langue allemande : Éléments de prosodie allemande (Giessen, 1815) ; sur le latin : remaniement de la Grande

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grammaire latine de Wenck (Francfort, 1823-1824, 2 vol., <e êdit.), et Abrégé de la gram' maire latine, à l’usage des écoles (Francfort, 1826, 2e édit.). Puis viennent ses recherches sur les dialectes et la géographie des peuples de l’Italie ancienne, qui ont fait époque en leur temps : Rudiments lingurn umbricx (Hanovre, 1835-1838) ; Rudiments lingus oses (Hanovre, 1838) ; Recherches sur la géographie et l’histoire de l’Italie ancienne (Hanovre, 1840-1842). Enfin, c’est Grotefer.d qui, le premier, a fait reconnaître dans l'Histoire primitive des Phéniciens, de Sanchoniathon, une supercherie littéraire dans la préface de Wagenfeld : Extraits de Sanchoniathon (Hanovre, 1836).

GROTEFEND (Frédéric-Auguste), philologue allemand, neveu du précédent, né à Ihifeld en 1798, mort à Gœttingue en 1836. Il fut directeur du gymnase de cette ville et professeur à l’université. Il est l’auteur de divers ouvrages élémentaires pour l’étude du latin, d’une Grammaire complète de la langue latine (Hanovre, 1829-1830, 2 vol.), qu’il ne faut pas confondre avec celle de son homonyme ; A’Éléments ^d’une nouvelle théorie de la phrase (Hanovre, 1827), etc.

GROTENBURG, montagne d’Allemagne, dans la principauté de Lippe-Detmold, à 4 kilom. S.-O.deDetmold ; altitude, 4,000 met. On y voit un temple circulaire gothique inachevé, monument que l’Allemagne eut l’idée, d’élever en l’honneur d’Arminius, le vainqueur de Varus. Un piédestal de 30 mètres de hauteur attend toujours la statue du guerrier germain. Le panorama que l’on découvre du Grotenburg est un des plus étendus de toute l’Allemagne.

GROTESQUE adj. (gro-tè-ske — dérivé de grotte, mot par lequel on traduisit l’italien grutta., servant à désigner certaines cavités antiques mises à nu par des fouilles, et où l’on remarquait des peintures bizarres, étranges, fantastiques). Bizarrement fait, imaginé, agencé : Des dessins GROTESQUES. Des figures grotesques. Un habit grotesque. Un nez

GROTESQUE.

FolûLrant quelquefois sous un habit grotesque.

Une muse descend au faux goût du burlesque.

VOLTA1RB..

— Fig. Bizarre, extravagant : Une scène grotesque. Une imagination grotesque. Des idées grotesques. Des mélodies qui faisaient pleurer nos pères nous sembleraient grotesques. (Tb. Gaut.)

— s. m. B.-arts. Arabesque, dessin bizarrement entrelacé ; ouvrage représentant un sujet ou des personnages bouffons : Le corps massif et presque cubique du dronte est surmonté d’une tête si extraordinaire qu’on le prendrait pour la fantaisie d’un peintre de grotesques. (Buff.)

... Raphaël peignit, sans déroger, Plus d’une fois maint grotesque léger.

J.-B. Rousseau.

— Ency cl. Esth. et Litt. La nature du grotesque est d’être à la fois difforme et risible ; il y a donc entre le comique et le grotesque le rapport du genre à l’espèce : le genre comique excite le rire, mais il n’est pas exclusif de la beauté ; le grotesque est presque nécessairement laid, à cause de sa difformité. Le grotesque peut être matériel, physique ; tel est celui qu’on rencontre dans les charges des caricaturistes, dans les mascarades, les ballets comiques ; il est le résultat d’un défaut de proportions, de l’exagération de quelque partie. Si l’on suppose un pareil défaut de proportions entre divers éléments moraux d’un personnage, on a le grotesque littéraire. Souvent, pour produire cet effet, il suffit d’une chose très-simple. Tel est, par exemple, le cas où la difformité tient seulement à ce que la tête d une personne est trop grosse relativement au reste du corps. Aussi plusieurs artistes contemporains, voulant foire, sous forme de charge, le portrait en pied d’une série de célébrités contemporaines, ne leur ont donné que cette seule difformité, et cela a suffi pour provoquer le rire. Les postes et les romanciers font de même quand ils veulent introduire un personnage grotesque dans une œuvre d’imagination ; seulement, au lieu d’opérer uniquement sur des éléments matériels, comme les sculpteurs et les peintres, ils y joignent des éléments psychiques, tels que des conceptions, des croyances et des sentiments.

Quand le mot grotesque s’est introduit dans le langage, il a eu d’abord un sens moins particulier qu’aujourd’hui ; il désignait des ornements de plusieurs sortes, analogues à ceux qu’on appelle des arabesques. Dans la quantité, il y en avait sans doute qui étaient difformes et risibles ; mais il y en avait aussi qui étaient d’une autre nature. C’est ce qu’on voit, par exemple, dans certaines peintures que l’antiquité nous a léguées. On y trouve des groupes dans lesquels l’artiste s’est plu, soit a contrefaire la nature en exagérant certaines parties, soit à réunir des objets étonnés de se trouver associés : par exemple, un homme sur un animal sortant d’une tranche d’arbre, au milieu de fleurs, de fruits, d’instruments, d’armes ; mais on y trouve aussi des choses qui sont gracieuses et ’ non ridicules.

Du temps d’Auguste, le genre que les modernes appellent arabesque, et qui, alors,

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n’était pas entièrement grotesque, était déjà en grande faveur à Rome dans la peintura décorative. Vitruve le blâme, en s’appuyant sur un bon sens trop rigide, qui ne voit que l’abus, et qui ne tient pas compte de ce qu’il a d’ingénieux et d’original dans les meilleures compositions. Qu’aurait donc dit ce critique sévère, s’il avait vu tout ce qui s’est fait, tout ce qui s’est commis postérieurement ? Après les artistes de son temps, doués de l’horreur du laid, et gardant une certaine mesure dans la charge, on vit paraître une tourbe d’exngérateurs. Ceux-ci, outrant un procédé qui, en lui-même, est presque un abus, mais quo les meilleurs artistes se faisaient pardonner a force d’élégance, d’imagination, de finesse, d’esprit et de correction, tombèrent dans le vulgaire, firent de la caricature, du pur grotesque, dans le sens moderne du mot, et ainsi ils gâtèrent le métier. Grâce a leur lourd crayon et à leur imagination triviale, les grotesques devinrent des figures grimaçantes, où tout est tourné en défauts, et qui sont les antipodes du gracieux et de l’élégant, autant que du sérieux et du correct, des figures, enfin, dans lesquelles l’art véritable du dessin n’entre plus pour rien. Les artistes du moyen âge cultivèrent ce genre avec prédilection ; ils en firent abus dans la sculpture décorative, en attachant aux églises les figures les plus monstrueuses, et en sculptant sur les boiseries d’intérieur de ces monuments, lambris, panneaux, stalles de chœur ou autres objets, des scènes scandaleuses et ridiculement obscènes.

À l’époque de la Renaissance, il y eut des graveurs qui, ne cherchant dans la nature humaine que des types défectueux, dont ils exagéraient encore les défauts, produisirent des figures difformes et parfois même hideuses, mais qui ne réussirent pas toujours à exciter le rire.

En Italie, la mode du grotesque reprit au xvie siècle, après un long abandon, et Raphaël lui-même ne dédaigna pas de s’exercer en ce genre. La France sacrifia de même i ce goût au x.vu< ! siècle, et Callot suriout y excella. Sa Tentation de saint Antoine est une des œuvres les plus célèbres eu ce genre.

Les peintres et les dessinateurs contemporains qui y ont excellé sont en très-grand nombre. Parmi eux, nous citerons seulement Carie Vernet, Pigal, Charlet, Bellangé, Henri Monnier, Daumier et Cham. Les sculpteurs qui ont cultivé cette manière sont moins nombreux, et le plus excellent parmi les contemporains est Dantan jeune. V, charge et caricature.

La littérature a fait à l’élément grotesque une part assez considérable. Quoique le mot soit moderne, la chose est ancienne. Tous les comiques, Aristophane, Lucien, Plaute, en ont usé ; Plaute et Aristophane surtout, par leur comique excessif, touchent à chaque instant à la charge, au grotesque. La littérature allemande, et surtout la littérature anglaise, possèdent un grand nombre d’œuvres grotesques, en toutou eu partie ; Shakspearea excellé dans la création de ces types qu’il aime a faire circuler dans son œuvre, comme les statuaires du moyen âge sculptaient ces monstrueuses gargouilles, ces chimères, ces griffons, ces guivres, qu’ils plaçaient dans l’architecture des cathédrales. Il suffit de citer les noms de Jean-Paul Richer, de Swift, d’Hoffmann, pour rappeler aussitôt à l’esprit une foule de types singuliers, bizarres, qui sont du plus pur grotesque.

En France, le grotesque, comme genre littéraire, n’a été compris de la même manière que dans les temps très-rapproehés do nous,

fiar l’école romantique, imitatrice en cela des ittératures étrangères. Cependant la première partie du xvnc siècle n’avait pas été sans remarquer de quelle ressource pourrait être ce précieux élément, et l’on trouve dans Corneille, dans Scarron, dans Saint-Amant, dans Cyrano de Bergerac, des traits et des scènes entières d’un grotesque achevé. Rabelais, dans sa prodigieuse création de Gargantua et de Pantagruel, est leur aïeul littéraire. Moins fantastique que celui des Allemands et des Anglais, leur grotesque se rapproche davantage de celui de Plaute et d’Aristophane. Pur exemple, l’école romantique a tenté, souvent avec succès, de réhabiliter le grotesque, tombé en discrédit depuis le grand siècle ; elle y a réussi, soit en faisant apprécier à sa juste valeur les heureux effets qu en ont tiré les littératures classiques ou étrangères, soit en créant elle-même de nouveaux types. Victor Hugo est celui qui a fuit les tentatives les plus audacieuses : Han d’Islande, Quasimodo, Triboulet, Don César de Bazan et, plus récemment, Gwynplaiue, de l’Homme qui rit, attestent la préoccupation de cette imagination puissante en faveur du grotesque. Un de ses plus fervents adeptes, M. A. Vacquerie, a, dans Tragaldabas, poussé le grotesque à un si haut point que l’œuvre croula sous les sifflets.

Groieaquea (les), par M. Théophile Gautier (1844). C’est une série de portraits dans le

fenre de Callot. Ils retracent, avec beaucoup e couleur et de relief, une dizaine de tétasgrimaçantes, choisies parmi les poStes oubliés ou dédaignés du xviio siècle, les victimes de Boileau, ceux que leur physionomio, leur genre de talent ou la destinée a relégués, quelques-uns fort justement, au nombre de3 incompris. Trois vrais poètes, Villon, Théo-