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taï, vaisseau en fer, de dimensions colossales, construit à Blackwall, près de Londres, par Brunel. Il a coûté quarante millions et ruiné trois compagnies. Dans le courant de l’hiver de 1838, la rade de Cork vit partir pour l’Amérique le premier bâtiment a vapeur qiu devait traverser l’Atlantique, le Sirius, bientôt suivi du Great-Western. Il y a bien loin du GrealWestern, de 300 chevaux et de 1,200 tonneaux, au Great-Eastern, de 2.600 chevaux et de 55,500 tonneaux ; plus loin peut-être que ne le comportent le temps écoulé et l’expérience acquise depuis cette époque, restée mémorable dans les annales de la navigntion. Les constructions navales à vapeur n’avaient cessé de suivre une progression croissante, en dimension comme en puissance, surtout a partir de l’application de l’hélice aux machines de mer, lorsque tout à coup cette progrèssion, fondée sur l’expérience de chaque jour et marchant assez vite, ce semble, se vit débordée, distancée par la construction du Great-Eastern. C’était plus ou moins qu’un progrès : c’était presque une invention nouvelle.

Le Greal-Eastern eût dû s’appeler le Brunel, du nom de son architecte ; mais le hardi novateur voulut que le nom de son bâtiment indiquât, comme autrefois celui du Great- Western, la route nouvelle qu’il prétendait lui faire parcourir à touie vapeur, la route de l’Australie et de l’Inde. Toujours est-il que l’idée fut accueillie, et que l’on vit bâtir un énorme navire entièrement en fer, dont les proportions, doubles et au delà de celles des plus grands types connus, allaient permettre, pour la première fois, de réunir les deux propulseurs combinés, les roues et l’hélice.

Voici quelques détails techniques sur ce bâtiment : longueur extrême. 210’n,92 ; largeur nu maitre-bau, 25™,29 ; extrême largeur en dehors des tambours, 36m, *2 ; creux sur quille, 17m,67 ; tirant d’eau moyen (avec 6,000 tonneaux de charbon), 7m, C3 ; tonnage, 25,500 tonneaux ; machine à hélice, 1,600 chevaux ; machines à roues, 1,000 chevaux. Le personnel nécessaire aux machines est de 200 hommes. La machine à hélice a six chaudières, soixante-douze feux et trois cheminées ; la machine à roues a quatre chaudières, quarante feux et deux cheminées. La consommation moyenne de charbon, par jour, est de 300 tonneaux, Est-il nécessaire de faire ressortir du premier de ces chiffres, celui de la longueur du bâtiment, 2lom,92, combien Sont rares les ports de guerre ou de commerce ouverts au Greut-Eastern ? Il ne faut pas seulement qu’il puisse s’y mouvoir plus ou moins k l’aise, encore doit-il laisser quelque place aux autres. Le bassin de radoub dans lequel il pourrait entrer pour qu’on pût visiter ou changer son hélice, ou simplement pour nettoyer sa carène, nécessité fréquente des coques de fer, est encore à construire. Le Great-Eastern se vo’.t donc interdits presque tous les ports où il pourrait lui être utile de pénétrer. Si ce ne sont pas là des obstacles absolus, ce sont de grands inconvénients dont il faut tenir compte. Mais ce n’est pas tout, et en dehors des ports, le Great - Eastern pourrait-il tenir la mer ? Était-ce un bâtiment possible ? Tiendrait-il ce qu’il avait promis ? Les doutes à cet égard ne sont plus permis aujourd’hui. Après plusieurs traversées de 1,000 lieues, accomplies en toute sécurité, en moins de dix-neuf jours, traversées auxquelles n’a pas manqué 1 épreuve nécessaire du vent et de la ■ grosse mer, on peut affirmer sans hésitation que le Great-Eustern, non-seulement navigue bien, mais que c’est un remarquable navire à vapeur. A vapeur seulement ; il faut insister sur ce point. Il n’y a pas à compter sur des voiles possibles pour ce bâtiment ; sa voilure actuelle ne le ferait pas même gouverner. On le sait si bien à bord maintenant, que les mâts sont sur le pont et les voiles en soute. C’est un en-cas de nulle valeur, auque^ on doit souhaiter que le Grent - Eastern n’ait jamais à recourir. Privé de ses machines par des avaries irréparables à la mer, ou manquant de charbon, ce ne serait plus qu’une masse flottante et inerte, une épave, dans une position critique, pour peu qu’on se trouvât éloigné de toute terre ou hors de passages fréquentés. Ces réserves faites, le Great-Eastern, considéré comme un navire exclusivement à vapeur, est remarquablement réussi. Le bâtiment gouverne bien et facilement, à l’aide de quatre hommes, quand l’hélice est en mouvement ; avec les roues seules, il faut plus de barre, et il est lent à obéir, ce qui s’explique aisément. Aux épreuves, la machine à hélice (1,600 chevaux) a donné onze nœuds, la machine à roues (1,000 chevaux) sept, ensemble quinze nœuds. Pendant les traversées, on a pu constater une vitesse moyenne, soutenue pendant plusieurs ibis vingt-quatre heures de suite, de quatorze nœuds et quatre dixièmes dans des circonstances ordinaires. Cette vitesse est assez belle pour qu’on la prenne comme maximum. Elle ne diminue que lentement avec les circonstances contraires. La moyenne, relevée sur le journal de bord, de treize nœuds et demi, pour dix-neuf jours de mer, est un résultat qui doit être tenu pour rigoureusement exact. Avec la grosse mer du travers, le navire a de grands roulis. Cela doit être ; sa grande masse et son faible tirant d’eau relatif pouvaient le faire prévoir. Une lourde mâture et des vergues inutiles s’ajoutent’à ces conditions défavorables. Cependant, rien n’a souffert dans les machines. Au

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plus fort du vent, prenant la mer debout sans roulis ni tangage, et sans effort apparent, sans mouiller, le Greal-Eastern file dix nœuds. Les grands navires à vapeur ont cet avantage incontestable de pouvoir conserver plus longtemps la marche à toute vapeur. C’est le plus grand qui peut le plus. Le Great-Eastern est, sous ce rapport, sans rival. On n’entreprendra pas de décrire ici les machines du Great-Eastern, bien connues aujourd’hui de tous ceux qui s’occupent des progrès de la marine à vapeur, ni de déterminer jusqu’à quel point la grande inégalité de puissance entre les deux (roues et hélice) continuera sans inconvénients à concourir au même but ; qu’il sufrise de dire que, pendant la marche, la conduite et la manœuvre de ces puissants instruments est admirablement réglée ; même dans le mauvais temps, il n’y a ni échauffement ni choc. Claires, aérées, partout abordables, ces deux machines fonctionnent avec une régularité et une douceur de mouvement où l’on doit voir une garantie de leur durée. La machine a, -hélice, à quatre cylindres horizontaux, à mouvement direct, est de MM. lames Watt et Cie, un nom qui a tenu tout ce qu’il promettait. La machine à roues, à quatre cylindres oscillants, est sortie des ateliers de M. Scott Russell, l’entreprenant constructeur du Greut- Eastern, Le projet de Brunel était de rendre possible au Great-Eastern le voyage d’Australie, aller et retour, avec le charbon pris en Angleterre à bas prix ; l’impossibilité de trouver un port où il puisse se mouvoir à l’aise a mis obstacle à la réalisation de ce projet. Le Great - Eastern n’a pu être utilisé que pour quelques voyages à New-York, pour des transports de troupes à Québec, et enfin pour la pose des câbles transatlantiques, opération qui, sans son "aide, n’aurait vraisemblablement pas réussi. Disons, en terminant, que ce bâtiment est l’une des œuvres les plus grandioses du génie humain, et que c’est à tort que l’opinion publique l’a condamné, à la suite des avaries qu’il a éprouvées lors de son troisième voyage. Il a eu cette fois le sort de tous les navires dans sa position. La tige de son gouvernail s’étant rompue, il est naturellement devenu le jouet des vagues. Livré à des roulis qu’il est facile de se représenter, les aubes et les rayons de ses roues ont été arrachés. Cinq embarcations sur vingt, hissées en ceinture h la hauteur du plat- bord, furent enlevées. Intérieurement, les dégâts ont été moindres. En regard de ces avaries, et pour être juste, dit Léon Renard dans ses Merueilles de l’art naoal, il convient de constater que le Greut- Eastern, livré pendant quinze heures h la mer comme une masse inerte, n’a pas fait un pouce d’eau ; que pas une cloison n’a joué ; pus un rivet, pas un boulon n’a manqué ; les tambours n’ont pas souffert ; les disques des roues sont demeurés intacts ; les cheminées n’ont pu être ébranlées, et enfin ses deux machines sont sorties sans la moindre perturbation de cette épreuve redoutable.

GREATHEAD (Robert), savant prélat anglais. V. Grosse-Têtk.

GHEATHEED (Bertie), littérateur anglais, né à Guy’s Cliff, comté de Warwick, en 1759, mort en 1826. Grâce à sa grande fortune, il put tenir un rang brillant dans le monde et se livrer en amateur à ses goûts littéraires. En 1785, il lit un voyage en Italie, devint un des rédacteurs du recueil intitulé The Florence miscetlany ; puis, de retour en Angleterre, il fit représenter à Drury-Lane une tragédie, le Régent (1788, in-8»), qui, malgré tout le talent de mistress Siddons et de John Kemble, fut écoutée avec froideur et disparut presque aussitôt du théâtre. Découragé par cet insuccès, Greatheed cessa d’écrire. Il se retira alors dans sa belle terre de Guy’s Cliff, où il continua à mener la vie de grand seigneur. La fin de son existence fut attristée par la mort de son fils unique, peintre habile, qui fut assassiné en Italie (1804).

GUEATRAK.ES (Valentin), empirique anglais, né dans le comté de Watert’ord en 1628, mort en Irlande vers 1700. Au moment où il allait terminer ses études au collège de Dublin, les troubles qui agitaient 1 Irlande le forcèrent à passer en Angleterre avec sa mère. Au retour du la paix (1656), il revint dans sa pairie, exerça les fonctions de juge et se livra surtout à son penchant marqué pour la contemplation mystique. Sa tète s’exalta ; il crut entendre des voix célestes, et l’une d’elles lui annonça qu’il allait posséder le don de guérir les écrouelles. Il hésita pendant plusieurs mois et finit par se décider à tenter l’aventure ; plusieurs serofuleux qu’il avait touchés furent ou se crurent guéris. Déjà les malades accouraient à lui de toute part. En 1665, une fièvre épidémique ayant éclaté dans la contrée où il se trouvait, il se rendit auprès des malades, et la contiance de ceux-ci était telle, que, leur imagination aidant, plusieurs encore furent guéris ; mais l’évêque de Lismore fit citer le guérisseur devant sa cour ecclésiastique comme coupable de s’être donné pour l’agent du Saint-Esprit. Greatrakes fut condamné à. ne plus faire de cures. Il quitta alors l’Irlande et passa en Angleterre, où une immense réputation le précéda. Étant à Londres, il allait dans les hospices et opérait de nombreuses et surprenantes guérisons, en mettant sa main sur la partie malade et en faisant des frictions. Plusieurs médecins dirigèrent contre

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lui des attaques, auxquelles il répondit en montrant des certificats de personnes recommandables et de médecins. Toutefois, importuné par l’attention dont il était l’objet, il retourna en Irlande et passa dans l’obscurité le reste de ses jours. Un médecin, parmi plusieurs autres, rapporte ce qui suit sur son compte : « J’ai vu Greatrakes soulager à l’instant plusieurs douleurs par l’application de la main ; je l’ai vu faire descendre une douleur depuis l’épaule jusqu’aux pieds, d’où elle sortait enfin par les orteils. Une chose remarquable, c’est que lorsqu’il chassait ainsi le mal, s’il était obligé de discontinuer, la douleur restait fixée dans l’endroit où sa main s’arrêtait, et ne cessait que lorsque, par de nouveaux attouchements, il l’avait conduite aux extrémités. Il guérissait les plaies en les touchant et en les mouillant quelquefois de sa salive. Quelquefois aussi ses cures n’étaient pas complètes, et dans certaines circonstances il ne réussissait pas. » Ce médecin aurait bien fait de nous dire quelles étaient ces circonstances et de s’arrêter plus longtemps sur ce point si important. Greatrakes et ses guérisons fournirent à Saint-Evremont la matière d’une nouvelle, sous ce titre : le Prophète irlandais. L’écrivain raillait le peuple de sa crédulité. Un célèbre médecin, le docteur Stubbe, prit la défense de Greatrakes. Dans son Histoire du magnétisme animal, Deleuze a parlé de lui en termes très-favorables, assimilant ses opérations à celles des magnétiseurs actuels. Enfin loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, Greatrakes a beaucoup occupé l’attention publique. Il faut dire à Sa louange qu’il détestait ce bruit, en apparence du moins, et que si l’on peut lui contester le titre de médecin miraculeux, on doit reconnaître qu’il n’y avait pas en lui l’effronterie ordinaire des charlatans. On a de lui, en réponse au docteur Lloyd, un Exposé succinct de la vie de V. Greatrakes et de plusieurs curas singulières qu’il a opérées (Londres, 1666, in-4°).

GREAT-R1VER. V. Grande-Rivièrk.

GREAT-SALT-LAKE-C1TY, ville des États-Unis de l’Amérique septentrionale, capitale du territoire d’Utah et principale résidence des mormons, près de l’embouchure du Jourdain dans le lac Salé, à 1,250 kilom. N.-E. de San-Francisco ; 18,000 hab.

GREAVES (Jean), en latin Grnvin», orientaliste et mathématicien anglais, né à Colmore (Hampshire) en 1602, mort à Londres en 1652. Il fut nommé, en 1630, professeur de géométrie au collège de Greshain, à Londres, visita Leyde, Paris, Rome, fit ensuite un voyage scientifique en Turquie et en Égypte, pendant lequel il rassembla des manuscrits grecs, des médailles, mesura les pyramides, acquit des manuscrits arabes et persans, des objets d’antiquité, etc. De retour à Londres, il obtint la chaire d’astronomie d’Oxford (1643), mais la perdit pendant la révolution, à cause de son attachement au parti royaliste. Ses principaux ouvrages sont ; Elementa lingual persiciB (1649) ; Pyrumidographia, en anglais (1648) ; Description du pied et du denier romains (1647) ; des traductions de traités arabes et persans sur l’astronomie et la géographie, enrichies de notes, de commentaires, de tables, etc. Il avait aussi composé un dictionnaire persan qui est resté manuscrit.

GREBAN (Arnoul et Simon), poètes dramatiques français. V. GlïESBAN.

GRÈBE s. m. (grè-be — allem. grèbe, même sens). Ornith. Genre d’oiseaux palmipèdes, de la famille des colymbidées ou plongeurs : Les grèbes sont des oiseaux essentiellement aquatiques. (Z. Gerbe.) les grèbes semblent redouter la terre. (V. de Bomare.) Le grèbe huppé habile surtout les mers du Nord, les lacs et les étangs. (P. Gervais.) Il Grèbe foulque. Syn. d’HÉLioRNE.

— Comm. Plumes de grèbe : Manchon de

GRÈBE.

— Encycl. Ornith.. Les grèbes présentent, comme caractères essentiels, un corpsoblong ; une tête arrondie, emplumée ; un bec robuste, droit, ordinairement plus long que la tète, portant vers son milieu les narines, qui sont en partie closes par une membrane ; une langue légèrement échancréo à l’extrémité ; des yeux a fleur de tête ; un cou allongé ; des ailes médiocres ; une queue dépourvue de rectrices ; le bas des jambes dénué de plumes ; des tarses comprimés ; les doigts antérieurs réunis à leur base par une membrane et lobés dans le reste de leur étendue ; le pouce isolé, court, ne portant à terre que par son extrémité. Ces oiseaux paraissent beaucoup plus volumineux qu’ils ne sont en réalité à cause de leur plumage très-épais, surtout aux parties inférieures. Les grèbes se tiennent rarement à terre ; on ne lesy trouve qu’accidentellement, et quand ils y ont été jeté» par une forte vague ou poussés par la tempête. Leur marche est alors gauche, difficile, gênée ; leurs mouvements sont embarrassés, peu actifs, et souvent même paraissent à peu près nuls. Ils rampent plutôt qu’ils ne marchent, et se tiennent accroupis, quand ils sont au repos. Quelquefois cependant ils se relèvent dans une position oblique, et alors ce n’est plus la plante du pied seule, mais presque tout le tarse qui pose sur le sol. Les anciens auteurs disent que les grèbes, k terre et en marche, se tiennent dans une position

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verticale, à cause de leurs jambes, qui sont placées à l’extrémité du corps, et que ce mode de station leur est nécessaire pour conserver leur aplomb. Le fait ne serait pas impossible ; mais il n’a pas été constaté, et il y a évidemment ici une erreur d’observation.

On ajoute que les grèbes volent assez difficilement, avec beaucoup d’efforts et seulement lorsqu’ils sont soutenus par un vent favorable, et Qu’ils paraissent moins suivre une direction volontaire que se laisser emporter par les courants aériens ; on a attribué cette prétendue incapacité à la brièveté de leurs ailes. D’après M. Z. Gerbe, qui les a observés avec soin, ces oiseaux ne volent pas souvent ; mais, quand ils le font, c’est toujours d’une manière rapide, directe et soutenue ; d’ailleurs, ils entreprennent de fort longs voyages. D’autre part, ils sont parfaitement conformés pour la natation ; ils se meuvent avec une égale facilité entre deux e ; iux et à la surface. Dans le premier cas, ils emploient leurs ailes en guise de rames et semblent voler dans l’élément liquide. Ce sont à la fois de gracieux plongeurs et d’habiles nageurs, élégants d’aspect et agiles dans leurs mouvements, grâce à la forme de leur corps et à la disposition de leurs pieds. Ils se tiennent également dans la mer et sur les eaux douces, et semblent se jouer à la surface du liquide ; on les trouve souvent dans las archipels peu éloignés des grands continents. Ils font leur principale nourriture de poissons ; mais ils y ajoutent aussi des insectes, des mollusques, des plantes aquatiques ; on a môme trouvé dans leur estomac des plumes de divers oiseaux ; c’est toujours dans l’eau qu’ils cherchent leurs aliments. Comme tous les oiseaux qui vivent constamment dans l’eau, ils sont très-gras et ont une graisse très-fluide.

Les grèbes émigrent aux deux époques ordinaires : à l’automne, pour se disperser sur les lacs intérieurs ou sur d’autres points du rivage ; au printemps pour chercher un endroit qui présente des conditions favorables à la reproduction. Ils nichent dans l’eau, quelquefois à découvert, d’autres fois au milieu des roseaux ou d’autres plantes aquatiques. Leur nid, qui est fluttant, consiste en un amas considérable de débris végétaux simplement superposés, et non entrelacés ; au centre, on remarque une sorte de godet à fleur d’eau, dans lequel la femelle dépose ses œufs.

Les jeunes ne prennent leur plumage d’adulte qu’à l’âge de deux ou trois ans. Les grèbes muent en automne ; du reste, leur taille et leur livrée changent beaucoup selon l’âge, ce qui rend difficile la détermination des es Eèces. Le plumage de ces oiseaux est lustré, rillant et satiné, surtout aux parties inférieures du corps ; il a, suivant l’expression de Buffon, la moelleu e épaisseur du duvet, le ressort de la plume et le lustre de la soie ; sa belle couleur blanche le fait rechercher comme fourrure ; on en fait des manchons, des garnitures de robe et d’autres parures d’hiver pour les dames. Le genre grèbe comprend une douzaine d’espèces, de l’ancien et du nouveau continent. L’Europe en possède cinq ou. six, qui toutes se trouvent en France.

Le grèbe commun a 60 centimètres environ de longueur totale ; le devant du corps est d’un blanc argentin, le dessus d’un brun lustré ; la tête est petite ; un espace rouge se montre entre l’œil et le bec ; le bec et les pieds sont brun rougeàtre. On trouve cette espèce en Suisse, en Bretagne et dans quelques autres contrées de la France ; c’est Genève qui fournit les peaux les plus nombreuses et les plus belles de ce grèbe, qui devient rare ; celles de France sont appelées dans le commerce grèbes de pays. Le grèbe huppé n’est guère qu’une variété de l’espèce précédente, dont il se distingue surtout par ses joues pourvues d’une large fraise d’un noir lustré ; les plumes de la tête, longues, rousses à la base et noires à l’extrémité, se divisent sur l’occiput en formant une huppe à deux cornes, que l’oiseau relove ou abaisse à volonté, et qui lui a fait donner aussi le nom de grèbe cornu ; on l’appelle encore cargoos dans le langage vulgaire. Cet oiseau habite une grande partie de l’Europe ; il est répandu surtout dans les mers, sur les lacs, les étangs, les fleuves et les rivières du Nord. Pendant l’hiver, il émigré vers des contrées plus tempérées ; on le trouve alors fréquemment en France. Il vole avec beaucoup de vitesse, en cinglant la surface des eaux, et va ordinairement par paires, rarement en troupes. La femelle pond trois ou quatre œufs d’un vert blanchâtre onde de brun. Les jeunes sujets n’ont point de huppe ; mais ils présentent des bandes noirâtres sur la face ot sur le cou. On dit que cette espèce se trouve aussi dans l’Amérique du Nord.

Le grèbe a. joues grises, appelé par altération jougris ou sons-gris, atteint 45 centimètres environ de longueur ; il a les joues et la gorge d’un gris de souris, le bec noir à base jaune, et est dépourvu de fraise. Son plumage a un éclat un peu métallique, comme du restç celui de la plupart de ses congénères, ot il est aussi employé comme fourrure. Cette espèce habite surtout les étangs et les Ucs de l’Europe orientale ; elle est fort raYe en France, et un petit nombre de jeunes sujets y viennent seuls en hiver.

Le grèbe esclavon ou cornu a aussi deux touffes de plumes rousses en forme de cornes ; son plumage est noirâtre en dessus, roussâtre sur les flancs, blanc argentin en dessous, avec le cou et la poitrine d’un beau roux ; sa Ion-