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liers sous le nom de cailloux du Mcdnc. Les pains, comme leur nom l’indique, sont des terrains de sédiment formés par les débordements successifs des grands cours d’eau qui arrosent le département. Les coteaux, dont la hauteur ne dépasse guère 100 mètres, sont essentiellement cale-lires ; Ce Sont les restes de l’ancienne formation tertiaire, qui partout ailleurs a disparu sous l’action des eaux. Enfin les plateaux, ou hautes plaines, qui occupent surtout la région connue sous le nom d’enti’e-denx-mers, entre la Garonne et la Dordogne, appartiennent à la formation argilo-siliceuse et portent le nom de bouibène.

Les eaux du département s’écoulent dans l’Océan. Les principaux cours d’eau qui l’arrosent, sont : la Gironde, la Dordogne, la Garonne, l’isle, ta Dionne, le Dropt, le Ciron, la Leyre, la Beune, la Miéleuze, le Guamort, la Lidoire, la Saye, le Moron, etc. Parmi les canaux qui le traversent, nous signalerons : le canal latéral a la Garonne, le canal de l’isle, de nombreux canaux de dessèchement dans le Marais, l’arrond. de Lesparre et les Landes, etc.

Quoique voisin de la mer, le département de la Gironde ne jouit pas cependant d’un cli* mat marin. Les variations de température y sont assez fréquentes. L’hiver est plutôt humide que froid ; le printemps est souvent marqué par des gelées tardives extrêmement funestes. En été, les fortes chaleurs, les longues sécheresses, les orages, ne sont pas rares. L’automne est la plus belle saison de l’année. De tous les vents, le plus dangereux, surtout au printemps, est le vent salé, qui souffle de l’O. et du N.-O.

Les productions de ce département, l’un des plus riches de la France, sont nombreuses et variées ; la principale est sans contredit celle de la vigne, qui occupe environ 104,000 hectares et produit, année moyenne, 2,000,000 d’hectolitres de vin et plus de 20,000 hectolitres d’eau-de-vie. Les landes sont la seule partie du département où la vigne ne soit pas cultivée. Dans les graves, on la tient haute, à Langon, à Barsac, à Sauternes, plus basse près de Bordeaux, enfin tout à fait basse en Médoc. Dans les palus, les vignes sont tenues élevées ; sur les coteaux, elles sont moins hautes ; sur les plateaux, comme dans les graves, on en trouve de to.utes les hauteurs. La culture se fait tantôt à la charrue, comme dans le Médoc, tantôt à la main. Les principaux cépages sont, pour les vins rouges : le cabernet ou vidure dans les graves, le verdot dans les palus et le malbec sur les coteaux. Les cépages qui produisent les vins blancs sont : le sauvignon et le semillion. L’enrageât donne les vins destinés a la fabrication des eaux-devie. La réputation des vins quéfournit ce département est universelle ; les noms glorieux de Margaux, Laftitte, Haut-Brion, Sauternes, Yquem, Saint-Emilion, sont connus de tout le monde. V. Bordeaux.

Après la vigne, la récolte des céréales occupe la place la plus importante, surtout dans les arrond. de La Réole, de Libûurrte et de Lesparre. Le froment que l’on y cultive est très-estimé, surtout celui du bas Médoc, dans l’arrond. de Lesparre. Le seigle et le nul forment la principale culture des landes. Les avoines des palus jouissent aussi d’une réputation méritée.

Le département de la Gironde n’a cas de forêts proprement dites ; il possède ’des pinières, dans des landes et des dunes, au bord de la mer. Les prairies artificielles sont encore peu nombreuses, mais les prairies naturelles abondent.

Quatre races bovines sont élevées dans la Gironde : ce sont les races garonnaise, limousine, bazadaise et hollandaise. Cette dernière, spécialement appliquée à la production du lait, est surtout commune aux environs de Bordeaux.

L’industrie agricole, dans son ensemble, progresse de jour en jour. On ne trouve guère cependant d’assolement régulier que sur les mutes, anciens relais de la mer, dans le bas Médoc. La, pendant cinq ou six ans et même plus, on tire de la terre des récoltes alternatives de blé et de fèves, puis on la laissé en prairie pendant un nombre égal d’années. Dans les vignobles, le cultivateur, ou prixfaiteur, comme on dit dans le pays, est réduit a la condition de domestique, iie possédunt presque jamais rien en propre ; ailleurs, la petite propriété a déjà pris racine et acquiert chaque jour plus d’extension. La forme générale des baux est encore le métayage.

On trouve dans le département de la Gironde : des marais salants, exploités pour la plupart ; deux mines de 1er ; plusieurs fonderies ; des chantiers importants de construction de navires ; des fabriques de mousselines, d’indiennes-, de tapis, de moquettes, de couvertures de laine, de produits chimiques, de porcelaine ; des manufactures de tabac ; des raffineries de sucre, des huileries, des papeteries, des carrosseries, des selleries, des chapelleries, des brasseries, des tanneries, des teintureries, des verreries, des minoteries, des ateliers de corderie ; des fabriques d’instruments agricoles, de cartonnages, d’écrous et de boulons ; des distilleries d eau-devie ; des fabriques de sulfate de cuivre, etc. Les-ports de Bordeaux, de Libourne, de Bourg, de Blaye, de Verdon et de la Teste entretiennent des relations commerciales avec le inonde entier.,

La Gironde possède l lycée, 2 collèges com GIRO

munaux, 33 institutions secondaires libres, 1,204 écoles primaires, 87 salles d’asile.


GIRONDE, village et comm. de France (Gironde), cant., arrond. et à 4 kilom. de La Réole, sur la rive droite de la Garonne ; 1,190 hab. Ruines du vieux château des Quatre-fils-Aymon.


GIRONDIN s. m. (ji-ron-dain — rad. Gironde). Hist. Député du parti de la Gironde : Si les girondins sont les femmelines de la Révolution, Robespierre et ses hommes en sont les castrats. (Proudh.)

— Adjectiv. Qui appartient au parti de la Gironde : Grangeneuve était girondin., homme d’idées courtes, mais inflexible. (Lamart.)

— Encycl. Les girondins, un des grands partis politiques de la Révolution, étaient ainsi nommés de ce que ses principaux chefs étaient députés du département de la Gironde.

C’est au début de l’Assemblée législative que la brillante pléiade commença à se constituer comme parti. Déjà, d’ailleurs, quelques-uns de ses membres, Brissot, Pétion et Buzot, avaient une certaine notoriété, le premier comme écrivain et journaliste, les deux autres comme membres de l’Assemblée constituante. D’autres, comme Vergniaud, Guadet et Gensonné, avaient une véritable célébrité locale et brillaient au barreau de Bordeaux. Dès le début de la Révolution, ils furent revêtus de diverses fonctions municipales et judiciaires dans cette ville, puis nommés députés à l’Assemblée législative, avec Grangeneuve, Ducos, Lafon-Ladebat, Servière, Lacombe et quelques autres. En même temps arrivaient également à l’Assemblée Isnard, Brissot, Condorcet, Fauchet, Maille, Larivière, etc. Parmi les autres personnages qui se rattachèrent à ce groupe, citons tout de suite les époux Roland, fixés récemment à Paris ; Barbaroux, délégué des patriotes marseillais, Gorsas et Carra, journalistes, Louvet, l’auteur de Faublas, Valazé, Kervélégan, Kersaint, Boyer-Fonfrède, Lasource, Salle, Lanjuinais, Lanthenas, etc., qui entrèrent l’année suivante à la Convention nationale. Rapprochés par la conformité des principes, tous ces hommes formèrent le groupe qu’on pourrait nommer des révolutionnaires modérés. Il ne faudrait pas cependant imaginer une véritable secte et des principes arrêtés d’une manière fixe et rigide. Des écrivains systématiques ont essayé des classifications arbitraires, auxquelles répugne toute histoire, et plus encore celle-là, où la spontanéité individuelle joue un si grand rôle. Ils ont fait de la Montagne l’école de Rousseau et du sentiment ; de la Gironde, l’école de Voltaire et de la sensation, etc. En réalité, les hommes de ce temps étaient tous pénétrés plus ou moins confusément des doctrines générales du XVIIIe siècle, sans qu’il soit bien facile de discerner quel élément prédominait en eux. Si Robespierre était disciple de Rousseau, Camille Desmoulins se rattachait plutôt à Voltaire et Danton à Diderot. Beaucoup d’autres montagnards ont également la tournure d’idée de l’école voltairienne.

D’un autre côté, dans la Gironde, que de disciples de Rousseau ! Buzot, les Roland et tant d’autres ne jurent que par lui ; mais laissons ces puérilités, dont se sont amusés des esprits d’ailleurs extrêmement distingués, mais qui ne supporteraient plus aujourd’hui la critique. Ce qu’on peut admettre, c’est que les girondins personnifiaient plus spécialement la classe moyenne lettrée, amie d’une liberté tempérée, et qu’elle était animée d’un esprit provincial très-prononcé. Autour d’eux se groupèrent un certain nombre d’hommes ayant les mêmes tendances, qui souvent formèrent un faisceau de volontés ou un ensemble d’action, et souvent aussi se divisèrent au gré de leurs opinions et de leurs sentiments. Tous ces éléments, dont l’alliance fut mobile comme les événements, formaient, sans doute, un parti, mais sans grande discipline et sans étroite cohésion.

La période de l’Assemblée législative fut l’époque brillante des girondins. Ce furent eux qui jouèrent alors le rôle le plus important sur la scène politique, et qui portèrent les plus terribles coups à la monarchie. Il n’est pas inutile de rappeler que ce furent eux aussi qui prirent l’initiative des mesures sévères contre les émigrés et les prêtres réfractaires, mesures justifiées par les circonstances, les périls publics, les complots dont on était enveloppé, mais enfin qu’il ne faudrait pas, comme on le fait trop habituellement, laisser entièrement à la charge de la Montagne, qui n’existait pas encore à l’état de parti constitué.

Leurs orateurs les plus brillants et les plus influents sur l’Assemblée étaient alors Vergniaud, Guadet, Gensonné et Isnard. Brissot, sans être précisément un orateur remarquable, entraînait parfois d’importantes résolutions. On sait que ce fut lui en partie qui fit déclarer la guerre à l’Autriche. Son journal, le Patriote français, lui donnait aussi beaucoup d’influence. Le parti s’appuyait, en outre, sur d’autres feuilles fort répandues, le journal de Gorsas, la Chronique de Paris, etc., et pouvait agir sur la capitale par Pétion, nommé maire de Paris en novembre 1791, et qui était alors dans tout l’éclat de sa popularité.

En mars 1792, les girondins arrivèrent au pouvoir, c’est-à-dire qu’ils placèrent quelques-uns des leurs au ministère, en compagnie de Dumouriez : Duranton à la justice, Clavière aux finances, Servan à la guerre, et, à l’intérieur, Roland, dont la femme, la célèbre Mme  Roland, passait pour l’Égérie du parti, et avait, en effet, une grande influence sur ses amis, qui se réunissaient souvent dans son salon pour y débattre les grandes questions à l’ordre du jour. Peut-être, d’ailleurs, a-t-on légèrement exagéré l’importance de son rôle ; mais ce n’est pas ici le lieu de traiter cette question spéciale. (V. Roland.) Ce qu’il y a d’exact, c’est qu’elle a souvent rédigé les pièces adressées par Roland au roi, à l’Assemblée nationale et aux administrations.

Nous n’avons pas à suivre ici les événements historiques, la dissolution du ministère girondin, la journée du 20 juin, la suspension de Pétion, les orages de l’Assemblée, enfin la révolution du 10 août, qui consomma la ruine de la monarchie. Nous rappellerons seulement qu’à cette époque déjà de graves dissentiments s’étaient produits entre les girondins et les révolutionnaires plus ardents qui allaient composer la Montagne. Robespierre et Brissot avaient soutenu l’un contre l’autre, dans la presse et aux Jacobins, des luttes acharnées sur la question de la guerre. Le dernier avait eu également maille à partir avec Camille Desmoulins, qui lui avait lancé son fameux Brissot démasqué. Enfin des attaques mutuelles, des récriminations, des débats passionnés n’annonçaient que trop la terrible lutte qui bientôt allait déchirer la République.

Peu de temps avant le 10 août, les girondins avaient répondu à quelques avances de la cour par un mémoire où ils exposaient leurs vues sur la situation. Sans aucun doute, ils voulaient reconquérir le ministère ; mais la négociation n’aboutit pas, quoique Guadet eût eu une entrevue secrète, au château, avec le roi et la reine. Nous trouvons ce fait attesté d’une manière positive dans l’ouvrage de son neveu, les Girondins.

Au lendemain du 10 août, l’Assemblée composa un ministère en quelque sorte mi-parti : Roland, Clavière, Servan, Danton, Monge et Lebrun. Bientôt les massacres de septembre ensanglantèrent Paris, et il est incontestable que les girondins, que le maire Pétion, que Roland et les autres ne firent rien pour empêcher ces terribles représailles populaires. Qu’ils eussent été impuissants, cela est probable ; mais cela même eût dû les rendre moins ardents et plus réservés dans leurs accusations ultérieures.

Réélus à peu près tous à la Convention nationale, il se trouvèrent en face de leurs adversaires, et presque aussitôt entamèrent ce duel implacable qui fut si funeste à la Révolution et dans lequel ils furent écrasés. À l’article Convention nationale, nous avons esquissé les principales péripéties de ce combat tragique ; nous n’avons donc pas à y revenir. Nous rappellerons seulement que les girondins, emportés par la passion, humiliés peut-être de se voir débordés par les événements et les idées, effacés ou du moins amoindris par des hommes plus énergiques et plus populaires, éclatèrent en attaques violentes et inconsidérées, dans leurs journaux et à la tribune, contre les anarchistes, les factieux, les désorganisateurs, contre la Montagne, Paris et sa formidable Commune, Marat, Danton, Robespierre, rééditèrent, en un mot, les déclamations des feuillants, et ressassèrent chaque jour les accusations de complot, de projets de dictature, etc. Leurs ennemis, sans doute, ne les ménageaient pas, mais il est incontestable que, dans ces funestes et meurtriers débats, ils prirent imprudemment l’initiative de toutes ces agressions, et que les premiers ils en appelèrent à la proscription. Ce furent eux notamment qui firent envoyer Marat devant le tribunal révolutionnaire. (V., pour tous ces détails, l’article Convention nationale.)

Dans le procès du roi, ils tentèrent visiblement de sauver la vie du malheureux monarque, demandèrent qu’on pût en appeler au peuple du jugement, puis, après la condamnation, réclamèrent le sursis. Cependant beaucoup d’entre eux votèrent la mort.

À l’article indiqué ci-dessus, nous avons également raconté comment leurs attaques continuelles, leur insistance à rappeler les massacres de septembre, leurs malédictions contre la capitale et leur projet d’entourer l’Assemblée d’une garde départementale avaient exaspéré contre eux la population parisienne, qui demanda à plusieurs reprises leur suspension, et enfin se souleva dans les journées des 31 mai-2 juin 1793, pour l’imposer à la Convention.

Sous la pression du peuple, la Convention décréta que les députés suivants seraient mis en arrestation chez eux : Gensonné, Guadet, Brissot, Gorsas, Pétion, Vergniaud, Salle, Barbaroux, Chambon, Buzot, Biroteau, Lidon, Lasource, Lanjuinais, Grangeneuve, Lehardy, Lesage, Louvet, Dufriche-Valazé, Kervélégan, Gordien, Rabaut-Saint-Étienne, Boileau, Bertrand-Lahosdinière, Vigée, Mollevault, Larivière, Gomaire, Bergoing, Clavière, Lebrun.

Legendre fit rayer Boyer-Fonfrède et Saint-Martin ; Marat fit également rayer Dussaulx, Ducos et Lanthenas.

Isnard et Fauchet furent seulement consignés dans Paris.

Ce coup d’État populaire suscita des mouvements insurrectionnels à Bordeaux, à Marseille, à Lyon et dans plusieurs départements ; du moins beaucoup d’administrations départementales, dévouées aux girondins, se déclarèrent en état de résistance contre Paris et la Convention.

Cependant les députés étaient simplement gardés chez eux et pouvaient circuler accompagnés d’un gendarme. Tout espoir d’accommodement futur n’était donc pas perdu. Mais la plupart trompèrent la surveillance peu rigoureuse dont ils étaient l’objet et s’évadèrent. Il ne resta à Paris que Vergniaud, Gensonné et quelques autres. Quelques députés du parti, non décrétés d’arrestation, se joignirent aux fugitifs, dont la plupart se jetèrent dans la Normandie pour y fomenter l’insurrection. Cette résolution violente les perdit, en les mettant en quelque sorte au niveau des Vendéens. On sait d’ailleurs que cette insurrection du Calvados fut comprimée pour ainsi dire sans combat, et après une action militaire insignifiante à Vernon, affaire qui ne fut qu’une déroute. Ceux des députés qui avaient organisé à Caen la résistance armée s’enfuirent et gagnèrent la Gironde. Aussitôt après leur révolte ouverte, ils avaient été déclarés traîtres à la patrie et mis hors la loi. Quelques-uns demeurèrent cachés à Saint-Émilion, près de Bordeaux, chez Guadet père et chez une parente de la famille, une femme courageuse et dévouée, Mme  Bouquey.

Ceux qui étaient restés à Paris ne cessaient de demander des juges, et naturellement ils subirent le contre-coup des événements. Le 3 octobre 1793, sur le rapport d’Amar, furent décrétés d’accusation, comme prévenus de conspiration contre la République : Brissot, Vergniaud, Gensonné, Duperret, Carra, Mollevault, Gardien, Dufriche-Valazé, Vallée, Duprat, Brullart, ci-devant marquis de Sillery, Condorcet, Fauchet, Doulcet, de Pontécoulant, Ducos, Boyer-Fonfrède, Gamon, Lasource, Lesterpt-Beauvais, Isuard, Duchâtel, Duval, Devérité, Mainvielle, Delahaye, Bonnet, Lacaze, Mazuyer, Savary, Lehardy, Boileau, Rouyer, Antiboul, Bresson, Noël, Coustand, Andrei, Grangeneuve, Vigée, Philippe-Égalité ; sans préjudice de ceux qui avaient été déclarés traîtres à la patrie. En outre, on décréta d’arrestation 75 autres députés, qui avaient signé des protestations contre l’acte des 31 mai-2 juin. On voit que la proscription, par suite de diverses circonstances, alla bien au delà des vingt-deux principaux girondins, dont à l’origine on demandait seulement la suspension. Beaucoup d’ailleurs étaient en fuite.

Le 24 octobre, 21 comparurent devant le tribunal révolutionnaire et, après plusieurs jours de débats, furent condamnés à mort. (30 octobre) et exécutés le lendemain. Le dernier banquet des Girondins est une fable de Charles Nodier. Ramenés dans leur prison, ils firent un repas frugal et passèrent une partie de la nuit en mâles entretiens, mêlés de chants patriotiques. L’imagination des romanciers a fait le reste.

Dufriche-Valazé s’était frappé d’un coup de poignard après avoir entendu son arrêt. Voici les noms de ceux qui furent exécutés : Brissot, Lasource, Vergniaud, Gensonné, Lehardy, Gardien, Boileau, Vigée, Ducos, Boyer-Fonfrède, Lacaze, Duprat, Duperret, Mainvielle, Fauchet, Carra, Duchâtel, Antiboul, Lesterpt-Beauvais, Sillery.

Tous montèrent sur l’échafaud avec courage et en acclamant la République. Quatre avaient moins de trente ans, huit moins de quarante ans, un seul avait passé cinquante ans.

Terminons cette énumération funèbre par quelques détails sur les autres proscrits.

Mme  Roland avait été emprisonnée ; traduite devant le tribunal révolutionnaire quelques jours après, elle fut condamnée et exécutée. Roland, après avoir erré à travers la Normandie, s’était tué sur une grande route, dans le district de Louviers, le 23 ou le 24 octobre, au moment même où les 21 passaient en jugement, c’est-à-dire avant et non après la mort de sa femme, comme on l’a imprimé partout. Et parmi les autres proscrits : Gorsas, exécuté à Paris le 8 octobre ; Biroteau, à Bordeaux le 24 du même mois ; Coustard, Manuel, à Paris le 14 novembre ; Cussy, le lendemain ; Lidon, tué en se défendant à Brive, ainsi que Chambon ; Kersaint, exécuté à Paris le 4 décembre avec Rabaut-Saint-Étienne ; Valady, à Périgueux ; Noël, à Paris le 8 décembre ; Grangeneuve, à Bordeaux le 21 ; Déchézeaux, à Rochefort le 17 janvier 1794 ; Bernard (des Bouches-du-Rhône), à Paris, le 22 ; Mazuyer, le 19 mars. Rebecqui, député de Marseille, se noya. Condorcet, longtemps caché, essaya de fuir, fut arrêté à Clamart, emprisonné à Bourg-Égalité (Bourg-la-Reine), et s’empoisonna dans son cachot.

Enfin, les fugitifs de la Gironde, traqués, changeant souvent d’asile, eurent presque tous un sort aussi funeste. Salle et Guadet furent arrêtés à Saint-Émilion et exécutés le 18 juin 1794. Buzot, Pétion et Barbaroux, cachés en dernier lieu chez un homme courageux de Saint-Émilion, le perruquier Troquart, s’enfuirent de nouveau après l’arrestation de Salle et de Guadet, errèrent à travers champs et finirent quelques jours après