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Ïirend en flanc, les fusille à bout portant et es détruit presque tous.

Ainsi repoussé sur notre droite, l’ennemi s’acharna avec une sorte de rage sur notre centre. Le 93e de ligne fut mis en désordre par les cuirassiers prussiens, et perdit un moment son drapeau. Mais alors la cavalerie de Valabrègue, descendant au galop des hauteurs de Rezonville, sabre les cuirassiers et leur reprend le drapeau, ainsi qu’une pièce de canon qu’Us nous avaient enlevée. Enfin l’ennemi tente un dernier, un suprême effort sur notre gauche. La encore il est arrêté par nos mitrailleuses, dont le craquement incessant fait rage, et qui fauchent les bataillons prussiens. Pendant ce temps, la division de Cissey repoussait encore une charge désespérée de la cavalerie prussienne, et mettait ainsi fin à cette journée sanglante. Nous avions conservé toutes, nos positions, et l’ennemi battait en retraite de tous côtés. Malheureusement, on ne pouvait sonjïer à le

poursuivre. La nuit était venue, et, dit M. Jules Claretie, « on n’entendait plus que cette canonnade suprême de la dernière heure de combat, qui est comme !e râle de la bataille.»

L "arméeprussienne avait perdu 17,000hommes, et nous un peu moins, tant tués que blessés ou disparus. Sur 155,000 hommes qui composaient notre armée, 120,000 seulement furent engagés, tandis que les Allemands avaient fait entrer en ligne 180,000 hommes au moins. C’était donc, pour nous, une brillante victoire ; malheureusement, elle fut’ sans résultat. Tandis que le soldat, joyeux et content, s’attendait à s’élancer sur la route de Verdun, et faisait retentir le cri : En avant.’ il recevait avec stupéfaction, le soir, l’ordre de rétrograder sur Gravelotte. C’était pour revenir sous Metz que Bazaine avait fait joncher le champ de bataille de 17,000 morts ou blessés. Et cependant, on le sait aujourd’hui avec certitude, le maréchal avait reçu de Mac-Mahon la dépêche qui lui annonçait sa marche en avant. Pourquoi Bazaine ne s’est-il pas lancé au-devant de lui ? Ce n’est plus un mystère pour personne. Mois nous ne voulons pas devancer 1 arrêt de l’histoire, que prépare en ce moment le conseil de guerre qui doit juger Bazaine. Toutefois, il nous sera bien permis de formuler notre conviction actuelle, qui est celle de tout le pays, quitte à la modifier si les débats nous montrent la vérité sous un jour imprévu. Jusqu’à ce moment, Bazaine restera l’homme qui a assumé sur sa tête la responsabilité la plus écrasante, la plus infamante, ta plus monstrueuse qui ait jamais pesé sur un traître.

GRAVELURE s. f. (gra-ve-lu-re — rad. graveleux). Discours, propos libre, graveleux, se rapprochant de l’obscénité : Les peintures sensuelles, les gravelures même sont la dernière ressource d’une littérature qui manque d’air et d’espace (L. Ulbach.)

GRAVEMENT s. m. (gra-ve-man — rad. grave). D’une manière grave, sérieuse, composée : Marcher gravement. Parler gravement. Quand la gravité n’est que dans le maintien, comme il arrive très-souvent, on dit gravement des inepties. (Volt.) Perrin Dandin arrive, ils le prennent pour juge ; Perrin fort gravement ouvre l’huître et la gruge, Nos deux messieurs le regardant.

La Fontaine.

— D’une manière considérable, importante : Être gravement compromis. Sans doute, Aristote s’est gravement trompé en soutenant l’éternité du temps et l’éternité du mouvement. (Renan.) il Dangereusement, d’une façon qui peut avoir des suites graves : Être gravement malade.

— Mus. D’un mouvement lent : Ce morceau doit être exécuté gravement.

GRAVENBERG (Wirnt von), poète allemand, né à Gravenberg, près de Krems

(Autriche), ou à Grafenberg, près de Baireuth. ïl vivait au commencement du xmc siècle. C’était, d’après le poète Conrad de Wurzbourg, un seigneur beau, bien fait, habile a tous les exercices du corps, riche et aimant la magnificence. Il paraît avoir passé une partie de sa vie à la cour des ducs de Méranie.où il se trouvait en 1204, à l’époque de la mort du duc Berthold IV. Wirnt von Gravenberg est l’auteur d’un poëme de 11,700 vers, intitulé le Wigalois, qu’il composa, selon toute probabilité, vers 1208. Ce poëme a été publié pour la première fois à Berlin, en 1819, et réédité à Leipzig (1847, in-so). Nous en donnerons une courte analyse, que nous empruntons à M. Alexandre Pey. À Un chevalier inconnu se présente à ia cour d Anus, et défie tous les chevaliers du roi de lui enlever une ceinture enchantée. Ceux-ci acceptent le défi et sont vaincus. L’inconnu part, emmenant prisonnier le neveu du roi Gawein, qu’il veut marier à sa nièce Flôrie. Le jeune époux, après avoir donné le jour à Tin fils, revient à la cour d’Anus ; mais comme il a oublié d’emporter la merveilleuse ceinture, il lui est impossible de retrouver le pays de la belle Flôrie. Cependant le fruit de ses amours, Wigalois, grandit, et bientôt il se met en campagne, muni du précieux talisman. Il arrive a la cour d’Artus, où il est fait chevalier, et choisit pour son frère d’armes, sans le connaître, son propre père. Il ne tarde pas à trouver une occasion de signaler sa valeur. Une jeune princesse, Larie de Korntin, était venue réclamer le

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secours du roi, contre Roasz de Gloys. Artus fit choix de lui pour défendre la belle opprimée. Wigalois part aussitôt, triomphe de Roasz, combat des dragons et des géants, délivre un esprit qui lui révèle son origine, et épouse Larie. » Ce poëme, où l’on trouve des pensées justes, parfois profondes, et de sages maximes, est défectueux au point de vue de la composition et manque d’art, surtout pour ce qui regarde l’enchaînement des épisodes.

GRAVENCHE s. f. (gra-van-che). Ichthyol. Espèce du genre corégone.

— Encycl. La gravenche est une espèce voisine de la fera, dont elle se distingue surtout par sa tête plus grosse, son museau plus épais, son dos plus voûté, son ventre moins arrondi, ses nageoires plus grandes et ses couleurs plus pâles. Ella est assez commune dans le lac Léman ; mais il est rare de la pêcher ou même de la voir, parce qu’elle vit pendant onze mois de l’année à de grandes profondeurs. Vers le mois de décembre, elle se dirige en troupes vers les rivages, pour y frayer ; dès que cette opération est terminée, elle redescend dans sa retraite. On réussit à la faire vivre assez longtemps dans des réservoirs. Sa chair, qui a une saveur particulière, est plus ferme que celle de la fera.

GRAVER v. a. ou tr. (gra-vé — du germanique : ancien allemand graban, allemand moderne graben, creuser, probablement du radical sanscrit grabh, même sens, qui a produit aussi le grec graphien, creuser, dessiner, écrire, l’ancien slave grepsti, ensevelir, creuser, d’où grobu, fosse, et peut-être le latin scribere, écrire, il Tracer avec un instrument sur une surface plane, sans la creuser profondément : Graver une inscription, une épitaphe. Graver son nom sur le sable. J’ai gravé son beau nom sur l’écorce des hêtres.

Segrais.

Il Tracer avec un instrument des lettres ou des figures sur : Graver le marbre. Graver l’airain. Graver des pierres fines. Quand on veut graver le verre, on a recours à une pointe de diamant. (J. Simon.) il Tracer, au moyen d’un instrument, sur une planche en métal ou en bois, un objet qui doit être reproduit par l’impression : Graver un tableau, un dessin, de la musique. Louis XIII, ayant pris Nancy, souhaita que le célèbre Jacques Callot en gravât le siège ; Callot s’excusa sur ce qu’il était né sujet du duc de Lorraine. (St-Foix.)’

— Fig. Imprimer fortement : Graver quelque chose dans la mémoire, dans l’esprit. Graver profondément un bienfait, une injure dans son ccettr. Le style doit graver des pensées, et non pas ne tracer que des paroles. (Buif.) Le malheur grave les époques dans l’âme. (Mme de Salm.) C’est l’attention seule qui grave les objets dans la mémoire (SteBeuve.)

Tout mortel, en naissant, apporte dans son cœur Une loi qui du crime y grave la terreur.

L. Racihe.

Il Laisser la trace, être le signe de : Le temps grave sur les pierres les plus dures les preuves de sa puissance.

Se graver v. pr. Être gravé : L’agate se taille, se scie, se polit et se grave plus ou moins facilement, selon le degré de dureté qu’elle possède. (Lenormant.)

— Fig. Se fixer, s’imprimer : Les récits de famille ont cela de bon, qu’ils se gravent plus fortement dans la mémoire. (A. de Vigny.)

Ce qu’on nous dit se grave sur le sable, Ce que nous nous disons se grave sur l’airain. La Motte.

— Pyrotechn. Se percer, se fendre : Une cartouche qui se gravb.

— Allus. littér. Ses ride» inr son front

ont froïo ses cipioHe, Allusion à un vers de Corneille. V, exploit.

GRAVEROL (François), jurisconsulte et écrivain français, né à Nîmes en 1635 ou 1G36, mort dans la même ville en 1694. Lorsqu’il eut achevé son droit à Orange, il se rendit à Paris, où il entra en relations avec Jean IIesnault, Mme Deshoulières et plusieurs personnages distingués. De retour à Nîmes, il se fit recevoir avocat au présidial (1661), remplit ensuite les mêmes fonctions près de la chambre mi-partie de Castres, puis revint dans sa ville natale, où il reprit sa profession d’avocat. Graverol acquit dès cette époque une grande réputation comme jurisconsulte et comme écrivain, et fut, en 1682, un des fondateurs de l’Académie de Nîmes. Lors de la révocation de l’édit de Nantes, Graverol, qui était protestant, voulut quitter la France avec sa famille. En passant à Valence, il fut reconnu par Lefebvre, lieutenant criminel de Nîmes, dénoncé par lui, arrêté, conduit à Montpellier, dépouillé de ses biens, accablé de menaces. Pour lui arracher une abjuration contre laquelle protestait sa conscience, on l’épouvanta par des nouvelles fausses sur sa famille, et il finit par signer tout ce qu’on voulut ; mais, à peine rendu à la liberté, il reprit, du moins secrètement, l’exercice de son culte et revint dans sa ville natale (1686). Graverol possédait une connaissance approfondie du droit, des langues mortes et de plusieurs langues vivantes, de la littérature ancienne et moderne, de la numismatique, etc. Ses principaux écrits sont : Miles missicius

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(1664, in-12) ; Arrests notables du parlement de Toulouse (1682, in-4<>) ; Notice ou Abrégé historique des vingt-deux villes chefs des diocèses de la province de Languedoc (Toulouse, 1696, in-fol.) ; les Gouvernements anciens et modernes de la Gaule narbonnàise ou de la province de Languedoc (Toulouse, 1696, infol.), etc.

GRAVEROL (Jean), théologien protestant français, frère du précédent, né à Nîmes en 1636, ou, selon d’autres, en 1647, mort à Londres en 1730, ou, d’après Picot et Watt, en 1718. Il fit ses études à Genève et desservit d’abord l’Église de Pradel, en Vivarais. En 1672, il devint pasteur de Lyon, malgré l’opposition des protestants allemands de cette ville. La révocation de l’édit de Nantes le chassa, comme tant d’autres, sur la terre étrangère. Après un court séjour à Amsterdam, Graverol passa à Londres et desservit les Églises françaises de Swallow-street et du Quarré. C’était un homme très-religieux, mais un écrivain d’un faible mérite. Nous citerons, parmi ses ouvrages : VÉglise profestante justifiée par l’Église romaine sur quelques points de controverse (Genève, 1GS2, in-12) ; De juvenilibus Th. Bezse poematis epislola ad N, C, qua Maimburgius aliique Be : x nominisobtrectatoresaccurateconfutantur{Am- sterdam, 1683, in-12) ; Sermon sur le psaume l.xxix, v. 2 (1686). "« Le traitement indigne, dit-il, qu’on faisait en France aux fidèles qui, avant que de mourir, avaient donné gloire à Dieu, me toucha si fort quand j’étois à Amsterdam, que je ne pus m empêcher de prêcher avec émotion et avec feu sur le 2<> verset du psaume lxxix. Les papistes en firent un grand bruit. Leurs plaintes, aussi violentes qu’injustes, "m’obligèrent a faire part de ce sermon au public, sans y changer une syllabe. J’y ajoutai une préface qui les fit repentir d’avoir tant clabaudé. » Deux lettres sur la nature du papisme ; Instructions pour les nicodémiies (Amsterdam, 1G87, in-12). Il engage les protestants restés, dans le royaume à rejoindre leurs coreligionnaires à l’étranger. Projet de réunion entre les profestants de la Grande-Bretagne (Londres, 1689, in-8<>) ; i)es points fondamentaux de la religion chrétienne (Amsterdam, 1697, in-8o) ; Histoire abrégée de la ville de Nimes (Londres, 1703, in-12) ; Réflexions désintéressées sur certains prétendus inspirés qui, depuis quelque temps, se mêlent de prophétiser dans Londres (1707).

GRAVES (pointe de), terroir de l’arrondissement de Lesparre (Gironde). Ce cru produit des vins très-estimés. V. Bordeaux.

GRAVES (Richard), littérateur anglais, né à Mickleton (comté de Gloucester) en 1715, mort en 1804. Il embrassa la carrière ecclésiastique et devint recteur de la paroisse de Claverton (Somerset), où il passa paisiblement le reste de sa vie. Graves a laissé un certain nombre d’ouvrages, écrits avec facilité et naturel, mais sans profondeur. Les plus remarquables sont : Invitation à la race emplumée (1763), poème ; Don Quichotte spirituel (1772, 3 vol.), roman satirique, mordant et amusant, dirigé contre les méthodistes ; Souvenirs de quelques particularités de la vie de William Shenstone (1778) ; Euphrosine, recueil de poésies plusieurs fois édité ; Echo et Narcisse, drame pastoral (1780, in-4o) ; VInvalide avec les moyens probables de jouir de la santé et d’une longue vie (1805).

GRAVESANDE (Guillaume-Jacob S’), mathématicien et philosophe hollandais, né à

Bois-le-Duc en 1688, mort à Leyde en 1742. Il débuta, à dix-neuf ans, par un Essai sur la perspective, qui mérita les suffrages des géomètres, et se fit remarquer par les comptes rendus des découvertes scientifiques de son temps et par des dissertations philosophiques, insérées dans le Journal de la république des lettres. Nommé professeur à l’université de Leyde, il propagea activement les idées de Galilée et de Newton. Sa philosophie est un éclectisme extrait des doctrines de Descartes, de Leibnitz et de Locke. Ses principaux ouvrages sont : Physices elementa mathematica experimentis confirmata, sive introductio ad philosophiam newtonianam (La Haye, 1720, 2 vol. in-4o), trad. en français par Joncourt (1737) ; Philosophie newtonians institutiones (Leyde, 1723), abrégé du précédent ; Introductio ad philosophiam, memphysicam et logicam (Leyde, 1736), trad. en français par Joncourt (Leyde, 1737) ; ses Œuvres philoso phiques et mathématiques ont été réunies et j publiées à Amsterdam (1774, 2 vol. in-4f). Ce savant a la gloire d’avoir puissamment contribué au progrès des sciences physiques, en développant les nouvelles méthodes et- en les propageant par un enseignement plein de méthode et de clarté. La physique et l’optique doivent ù S’Gravesande un grand nombre d’appareils ingénieux pour mettre en évidence les phénomènes les plus généraux. Nous citerons l’anneau qui porte son nom, et qui est si bien approprié à la démonstration expérimentale de la dilatation’ des solides par la chaleur. C’est un petit anneau métallique dans lequel passe librement, à la température ordinaire, une sphère de même métal, tandis qu’elle est arrêtée par lui lorsqu’on l’a chauffée séparément. C est à S’Gravesande qu’est due l’idée du premier héliostat qui ait été construit ; enfin c’est lui qui a considéré le premier d’une manière générale le problème de la gnoinonique et l’a réduit à une question

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de perspective. La perspective, en effet, du cadran équinoxial, par exemple, observé du sommet du style, fournit les lignes des heures sur une surface quelconque ; c’est donc le problème de la perspective sur un plan quelconque du cadran équinoxial que S’Gravesande se propose et qu’il résout d’une manière générale.

GRAVESEND, ville d’Angleterre, comté de Kent, à 35 kilom. S.-E. de Londres, sur la rive droite de la Tamise ; 18,782 hab. Bains fréquentés ; chantiers de construction ; approvisionnements pour la marine ; récolte et

commerce d’asperges. Grâce k sa délicieuse situation et à ses charmantes résidences, Gravesend est le rendez vous favori de la fashion anglaise. Outre d’élégantes villas, cette ville possède un établissement de bains chauds, tièdes^et froids, un théâtre, une bibliothèque, des’salles de réunion et trois magnifiques jetées qui s’avancent à 60 mètres dans la Tamise. « Les deux grands points d’attraction pour les habitants de Londres, dit M. Esquiros, sont néanmoins la colline du Moulin-à-Vent (Windmill-flill), d’où l’on jouit d’une vue très-étendue, et surtout les jardins publics de Rosherville. Ces jardins, plantés dans une ancienne carrière de craie, s’élèvent, d’étage en étage, sur des falaises, d’où l’on embrasse d’un coup d’ceil, outre la rivière, qui forme en cet endroit une courbe gracieuse, tout un horizon charmant de plaines et de cçllines. »

La ville de Gravesend est très-ancienne. Sous le règne de Richard III, elle fut prise et brûlée par les Français, qui firent prisonniers presque tous ses habitants. Henri VIII la fit entourer de fortifications, et fit construire en même temps le fort de Tilbury, qui sert à protéger l’autre rive de la Tamise, en face de Gravesend.

GRAVET s. m. (gra-vè — dimin. de grave). Métrol. Nom donné d’Rbord a l’unité de poids que nous appelons gramme.

GRAVETTE s. f. (gra-vè-te). Pèche. Ver servant d’appât pour la pêche au merlan.

GRAVEUR s. m. (gra-veur — rad. graver). Artiste qui grave soit des planches qui doivent servir à imprimer des gravures, soit des matières dont le travail n’est pas destiné k être ainsi reproduit : Graveur au burin, d l eau-forte, en taille-douce, à la manière noire. Graveur de musique. Graveur sur métaux, en pierres fines, en médailles, en caractères. Le graveur en taille-douce est proprement un prosateur qui se propose de rendre un poète d’une langue dans une autre. (Dider.)

— Encycl. V. gravure.

GRAVI, ÏE (gra-vi) part, passé du v. Gravir. Escaladé avec effort : Bâcher gravi. Montagne gravie non sans peine.

GRAVIDITÉ s. f. (gra-vi-di-té — du lat. graoidus, plein). Syn. de grossesse.

GRAVIER s. m. (gra-vié —du bas lat. gravaria, qui se trouve dans le Glossaire de Du Cangc. On trouve en sanscrit orâuan, pierre, rocher, montagne, et, comme adjectif, dur solide. L’analogie du iatin gravis t’ait présumer une liaison avec le sanscrit guru, pesant. On serait conduit alors à la racine gur, gùr, résister, blesser, trancher, ce qui s’accorde parfaitement avec la nature de la pierre. Quoi qu’il en soit, ce nom de la pierre se retrouve presque inaltéré dans l’irlandais grean et le kymrique graean, sans suffixe gro, en armoricain grouan, gravier, gros sable, caillou. Notre mot français gravier s’y lie très-probablement par le bas latin gravaria). Gros sable où se trouvent de nombreux petits cailloux : Buisseau plein de gravier. Le sable de rivière ou, à son défaut, le gravier et les plâtres concassés servent à amender les terres argileuses. (Raspail.)

— Fig. Inconvénient ; objet vil ou funeste : En plongeant au fond des voluptés, on en rapporte plus de gravier que de perles. (B ; ilz.)

. — Pêche. Ouvrier qui fait sécher la morue sur la grave : Le gravier est un type échappé à la plume de nos romanciers de mer. (Illustration.)

GRAVIÈRE s. f. (gra-viè-re). Ornith. Nom vulgaire du pluvier 6, collier.

— Agric. Mélange de vesces et de lentilles semé pour récolter en vert.

GRAVIGRADE adj. (gra-vi-gra-de — du lat. gravis, pesant ; gradus, démarche). Maram. Qui a la démarche pesante.

— s. m. pi. Mamtn. Ordre de mammifères & démarche pesante.

G11AVILLE-SA1NTE-HONORINE, village et ancienne comm. de France, aujourd’hui réunie au Havre ; 1 961 hab. Fabriques de cordages et de produits chimiques. Restes considérables d’une abbaye du xic siècle. « L’église et les débris du cloître, assis sur des rochers et flanqués de contre-forts, ressemblent de loin, dit M. Ad. Joanne, à une citadelle entourée de remparts. La nef do l’église présente un beau spécimen de l’architecture du xio siècle. Elle est composée de chaque côté de six arcades cintrées, dont les chapiteaux sont couverts do sculptures représentant des figures fantastiques, un double étage de volutes, des soleils, des groupes de quadrupèdes, des hommes qui semblent se battre, des chevaliers armés et moiitôs sur des coursiers, etc. Huit grands panneuus

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