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eomparëc du système nerveux, ouvrage remarquable commencé par Leuret (1858, in-8o).

GRATIOLÉTINE s. f. (gra-si-o-lé-ti-ne). Chim. Corps résultant de l’hydratation de la gratioline.

GRATIOLINE s. f. (gra-si-o-li-ne — rad. gratiole). Chim. Glucoside extrait par Marchand et Walz de la gratiole officinale. Il On ait aussi grationn s. m.

GRATIOSOLÉTINE s. f. (gra-si-o-zo-lé-ti-ne)-Chim. Corps résultant de l’hydratation de la gratiosoline.

GRATIOSOLINE s. f. (gra-si-o-zo-li-ne). Chim. Glucoside qui se trouve dans la gratiole officinale, et qui se dédouble, au contact des acides, en glucose et en gratiosolétine.

GRATIOT (Louis-Marie-Amédée), publiciste, né à Paris en 1812. Il est fils d’un iraprimeur. Il a commencé par suivre la carrière de son père (1835-1840), puis est devenu directeur gérant de la société des papetiers d’Essonne. Outre des articles insérés dans la Revue des Deux-Mondes, la Revue de Paris, les Cent et un, etc., on a de lui direrses brochures, lettres, etc., entre autres : Messieurs les socialistes, une solution, s’il vous ■plaît (1848) ; Organisez le travail, ne le désorganisez pas (1848).

GRATIS adv. (gra-tiss — mot lat. formé de grutus, agréable, d’où gratia, grâce, faveur gratuite). Gratuitement, sans qu’il en coûte rien, par faveur : Entrer gratis au spectacle. Héberger gratis des étrangers. Je canoniserais gratis une femme dont le mari ne se serait jamais emporté. (Sixte-Quint.) On ne se fait pas rendre justice gratis dans ce monde ; il en coûte fort cher pour avoir raison, et encore plus pour avoir tort. (De Jussieu.) A «oupirer gratis on perd plus qu’on ne gagne.

Boursault.

— Locut. lat. Gratis pro Deo, littéralement gratis pour Dieu, Pour rien, pour l’amour de Dieu : Héberger un inconnu gratis piîo deo.

— Adjectiv. Gratuit, donné, accordé pour rien, sans payer : Dans l’ancien régime, les spectacles gratis offraient un vif attrait au peuple, qui avait peu de théâtres à bon marché, et moins d’aisance pour lui en permettre l’accès. (Ourry.)

— s. m. Prov. Gratis est. mort, les mauvais payeurs l’ont tué, ou simplement Gratis est mort, On ne fait plus de crédit aujourd’hui, la mauvaise foi des débiteurs en est cause :

Gratis est mort, plus d’amour sans payer ; En beaux louis se content les fleurettes.

La Fontmne.

— Chancell. rom. Remise gratuite de certains actes : Demander, obtenir le gratis. Bissy, évêque de Meaux, nommé par le roi au cardinalat, eut l’abbaye de Saint-Germain des Prés, et le gratis entier, comme si déjà il avait été cardinal. (St-Sim.)

— Théâtre. Spectacle gratuit : le public des jours de sratis, par cela même qu’il va rarement au spectacle, y porte une attention que rien ne peut distraire. (De Jouy.)

« Le fauteuil à Ducis î

— Eh oui ! l’Académie

Veut donner son gratis

Comme la Comédie. ■

Ducis.

Il Nom donné dans les théâtres aux personnes qui jouissent d’entrées de faveur : Les gratis ruinent les théâtres.

GRATITUDE s. f. (gra-ti-tu-de —• lat. gratitudo, même sens : de gratus, reconnaissant). Reconnaissance dun bienfait reçu : La gratitude n’est qu’un plaisir de plus. (Piron.) La popularité la plus durable est celle qui se base sur la gratitude de l’estomac. (A. Toussenel.)

— Syrj. Gratitude, reconnaissance. La gratitude est un sentiment affectueux qui naît dans le cœur k la suite des bienfaits ; la reconnaissance n’es» proprement que le souvenir des bienfaits, accompagné de la conscience qu’on doit quelque chose en retour. C’est la justice qui inspire la reconnaissance ; c’est la sensibilité qui inspire la gratitude. D’un autre côté, reconnaissance, étant d’un usage beaucoup plus commun que gratitude, se prend quelquefois dans le sens de sentiment affectueux., tandis que gratitude ne peut jamais servir quand il s’agit des actions par lesquelles on s’acquitte d’obligations contractées.

GRATIUS (Ortwinus), fameux théologien allemand du xve siècle, né à Moltwick (diocèse de Munster), mort k Cologne en 1541. Son nom de famille était Graës. Après avoir terminé ses études à De venter, "il se rendit k Cologne. D’abord correcteur d’imprimerie, il devint ensuite professeur au collège de Kuick. Il embrassa la défense du catholicisme, avec plus de zèle que de talent, contre Ulrich de Hutten, qui 1 accable de sarcasmes dans ses spirituelles lettres connues sous le titre de Litters obscurorum virorum. Gratius y était accusé d’ignorer les premiers éléments de la langue latine, et la défense de l’Église romaine y était présentée sous une forme ironique si dangereuse, que la cour de Rome s’en alarmB, L’ouvrage, condamné par une bulle de LéonXy^n obtint que plus de succès. Cependant Gratius continua de se défendre et de défendre l’Église dans ses ou GRAT

vrages, sans se laisser rebuter par leur insuccès. On, a de lui : Orationes quodlibetiae ■perjucundd (Cologne, 1508, in-4<>) ; Lamentationes obscurorum virorum (Cologne 1518, in-8o), plusieurs fois réimprimé : c’est une réponse aux lettres de Ulrich de Hutten ; Fas-* ciculus rerum expetendarum et fugiendarum, in quo continetur concilium Basilense (Cologne, 1535, in-fol.) ; Triumphus B. Job, versu elegiaco (Cologne, 1537, in-fol.) ; Gemme prsnosticationum (Cologne, 1577, in-4o).

GRATIUS FALISCUS, poëte didactique latin, né, croit-on, à Paieries, capitale des Falisques. Il vivait au commencement de notre ère et était l’ami d’Ovide, qui le cite en termes élogieux dans sa dernière épître du IV<3 livre De Ponto. Il nous reste de lui un po8me intitulé : Cynegeticon hier, en 540 vers hexamètres, et relatif k la chasse. Longtemps perdu, il fut retrouvé parSannazar en France, vers 1503, et publié pour la première fois à Venise, par Aide Manuce (1534, in-8o). Depuis lors, il a été réédité dans plusieurs recueils, notamment dans les Poetm lalini minores de Burmann (1731), et traduit en français par Jacquot, dans la collection Nisard. GRATON s. m. (gra-ton — rad. gratter). Techn. Sorte de râble en fer à long manche, avec lequel on racle le verre qui, dans la fabrication des glaces, tombe sur les sièges ou reste au fond des pots.

GRATR Y (l’abbé Auguste-Joseph-Alphonse), écrivain, théologien, philosophe, professeur de morale k la Sorbonne et membre de l’Académie française, né k Lille le 30 mars 1805, mort k Montreux (Suisse), le 6 février 1872. Après avoir achevé ses études- littéraires (1825), -il entra à l’École polytechnique, mais n’ayant pu obtenir à l’exainen de sortie un numéro d’ordre qui lui permit de suivre une carrière de son choix, il embrassa l’état ecclésiastique, où un homme intelligent peut

plus aisément se mettre en relief que dans les professions libérales ou spéciales.

C’était dès lors un homme instruit, d’une intelligence lucide et d’une grande facilité àe travail, qualités qui lui valurent, en 1841, d’être nommé directeur du collège Sainte-Barbe. Il y resta cinq ans, et fut appelé, en 1846, k l’École normale supérieure, où il devint aumônier. À l’École normale, il avait pour collègue M. Yacherot, directeur des études littéraires, esprit distingué, mais peu sympathique k l’abbé Gratry. La mise au jour du troisième volume de X’Éistoire de l’école d’Alexandrie, par-M. Vacherot, occasionna entre eux une polémique, puis une rupture, qui se termina, en 1851, par la retraite de M. Vacherot. L’année suivante, l’abbé Gratry se retira lui-même de l’École et en même temps de l’Université.

L’abbé Petitot avait entrepris depuis peu de rétablir ert France, sinon la congrégation de l’Oratoire, au moins un institut qui en porterait le nom. L’abbé Gratry, à oui ses travaux intellectuels laissaient des loisirs, s’associa bientôt k cette œuvre, ce qui ne l’empêcha pas d’accepter, en 1863 (28 octobre), la chaire de morale évangélique vacante k la Faculté de théologie de Paris. Plus récemment (1867), l’Académie française l’admit dans son sein, en remplacement de M.deBarante. On a remarqué que le fauteuil obtenu par le père Gratry était le fauteuil de Voltaire. La fortune a de ces caprices, et l’Académie aime peut-être à s’égayer par des contrastes de ce genre.

Le père Gratry était un prêtre libéral. « Il est, dit M. de Mazade dans la Revue des DeuxMondes (l«r décembre 1802), de cette famille d’esprits pour qui la religion n’est point cette ennemie intolérante et haineuse de tout ce qui s’élève et grandit au sein du mondéoù ils vivent, qui ne s’exercent pas à faire la maison du Père céleste si petite que seuls ils y puissent entrer, eux et leurs sectateurs. Ils ont ces deux traits de l’âme véritablement religieuse : ils savent comprendre et aimer. Au lieu de violenter et de conspuer la raison humaine dans ses tentatives pour s’ennoblir par la recherche de.la vérité, ils l’honorent au contraire et reconnaissent son domaine légitime ; ils ne cherchent pas à étouffer ses lumières naturelles sous un traditionalisme immobile et oppressif. C’est avec la raison éclairée et fortifiée par la foi qu’ils combattent la raison égarée et livrée à 1 excès de ses entraînements. ■ Ainsi soit-il.

Il y aurait bien à dire sur cet amour de la raison, si peu entaché de traditionalisme. On sait, erTeftet, que le père Gratry a travaillé pendant de longues années sur la Somme de saint Thomas d’Aquin, afin de la mettre au niveau de la science moderne. Si ce n’est pas là du traditionalisme scientifique, ce mot n’a pas de sens. Au fait, cette tentative trahissait chez celui qu’elle préoccupa certaines illusions sur les tendances du monde actuel, qui ne se remettra point k étudier saint Thomas, quelle que soit la sauce k laquelle on puisse l’accommoder. On peut en être sûr.

Deux ans après son entrée à l’Académie, l’abbé Gratry s’étant associé, avec le P. Hyacinthe, aux idées émises par la Ligue de la paix, il se vit l’objet d’un blâme public formulé par le supérieur de l’Oratoire, et crut devoir alors cesser de faire partie de cette congrégation. Sa tolérance, sa haute compicu.-.. ; »^.4<OftvjiUj]atiori dans laquelle se trouvait placée 1 Église en présence âe= mooa modernes lui avaient déjà attiré, à plusieurs

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reprises, les invectives de l’Univers, lorsqu’il j fit paraître, au sujet du concile tenu kRome, sous le titre de : Monseigneur l’évêque d’Orléans et Monseigneur l’archevêque de Malines (1870), deux lettres qui eurent un grand retentissement dans le monde catholique.

M. Gratry combattait, avec une rare érudition, l’infaillibilité papale ; prouvait, par l’exemple d’Honorius 1er, qu’un pape peut pactiser avec l’hérésie ; montrait, par une sérieuse discussion des fausses décrétâtes, que toutes les prérogatives du saint-siége, autres que la primauté, reposent sur des documents faux ; attribuait k la politique de l’Eglise, qu’il appelait un « vase d’argile, • les mensonges qui divisent encore la chrétienté, et attaquait avec une grande vigueur les prétentions d’une nouvelle école catholique, qu’il considérait comme l’ennemio de l’Église et le fléau do la religion. Ce remarquable écrit, en ’même temps qu’il valait à son auteur les félicitations de Strossmayer, évêque de Bosnie, de M. Dupanloup, de M. David, évêque de Saint-Brieuc, et de plusieurs autres prélats éminen’ts, soulevait dans le camp des partisans de l’infaillibilité du pape les plus violentes colères. Attaqué, injurié, conspué par la presse cléricale, le savant M. Gratry vit ses lettres prises k partie par l’évêque de Strasbourg, qui, dans un mandement daté deRome (19 février 1870), les condamna comme fausses et scandaleuses, et en interdit la lecture k ses diocésains. Lorsque le concile eut proclamé l’infaillibilité du pape (juillet 1870), le P. Gratry courba la tête et ne s’attacha plus qu’k se faire oublier. Un dernier acte, néanmoins, devait le signaler encore k l’attention publique. Lorsque M. Guibert vint prendre possession du siège archiépiscopal de Paris, le P. Gratry crut devoir rétracter publiquement ce qu’il avait écrit contre l’infaillibilité du pape, et, dans ce but, il écrivit au nouvel archevêque une lettre dans laquelle il fit librement amende honorable (décembre 1871). Atteint, k cette époque, d’un abcès au cou, dont il souffrait cruellement, il alla chercher du repos k Montreux, sur les bords du lac de Genève ; mais il succomba peu après k ses souffrances.

A certains égards, le P. Gratry, quoique prêtre libéral, était loin de partager le goût de notre siècle pour les affaires et l’activité extérieure qui le distingue. Il préférait de beaucoup la vie contemplative des anciens jours et le silence qui naît du recueillement et du repos. « Le repos, dit-il, est le père du silence. Nous sommes stériles faute de repos, plus encore que faute de travail... Je ne connais qu’un seul moyen de vrai repos dont nous ayons quelque peu conservé l’usage, ou plutôt l’abus : c’est la musique. Rien ne porte si puissamment au vrai repos que la musique véritable. Le rhythme musical régularise en nous le mouvement et opère pour l’esprit et le cœur ce qu’opère pour le corps le sommeil... La vraie musique est sœur de la prière comme de la poésie. Son influence recueille, et, en ramenant vers la source, rend aussitôt’k l’âme la sève des sentiments, des lumières, des élans... Mais nous, nous avons trouvé le moyen d’ôter presque toujours k la musique son caractère sacré, son sens cordial et intellectuel, pour en faire un exercice d’adresse, un prodige de vélocité et un brillant tapage, qui ne repose pas même les nerfs, loin de reposer l’âme. »

Les ouvrages du P. Gratry brillent plus par le style et le talent de la discussion que par l’originalité de la pensée. On lit avec intérêt ses Lettres et répliques à M. Yacherot (1851, vol. in-8<>). Un Cours de philosophie, publié par lui de 1855 k 1857, en trois séries : l° De la connaissance de Dieu (2 vol. in-8o) ; 2° la Logique (2 vol. in-8o) ; 3" De la connaissance de l’âme (2 vol. in-8o), a obtenu un grand succès auprès du clergé et de quelques personnes kqui le mérite du style a recommandé le penseur, qui ne fait guère que rééditer en définitive les idées d’autrui sur la matière.

Dons sa Philosophie du Credo (Paris, 1801, vol. in-8o), le P. Gratry, en maintenant la place qu’il occupait dans les lettres, donne cours k ses rancunes contre les hommes et les choses du temps. Cet ouvrage est le prélude d’autres écrits : Jésus-Christ, lettres à M. Renan (1864, in-8o), et les Sophistes et la

! critique (1864, in-8<>), où il s’érige en accusa- ! teur public, comme il avait déjà fait dans sa

querelle avec M. Vacherot. On considère | comme son meilleur titre k la renommée trois I publications d’un genre différent, et qui ont mérité k l’auteur son fauteuil k l’Académie

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française ; ce sont : 1° la Pain, méditations historiques et religieuses (1802, in-8o) ; 2° les Sources, conseils pour la conduite de l’esprit (1861-1862, 2 vol. in-8o) ; 3° Commentaires sur l’Évangile de saint Matthieu (1863,1 vol. in-8o, ire partie).

« Un souffle ardent, dit M. de Mazade, circule dans ces pages de la Paix, des Sources, des Commentaires sur l’Évangile de saint Matthieu, soit que l’auteur contemple la confusion, les contradictions, les impossibilités de l’Europe actuelle et du monde, soit que, circonscrivant son observation, il s’étudie à diriger une âme dans les voies de l’éducation morale et de la science, soit qu’il se propose d’extraire l’esprit vivant, la substance féconde de l’Évangile, en montrant dans l’idée chrétienne le principe et la.e, >i.>yujt.i<» a- *.v.o les-progrès. Les sujets, sont différentsj la Paix est presqu’une étude politique, sous une

forme k demi lyrique ; les Sources sont un essai d’analyse morale et intellectuelle : au fond, l’inspiration est la même. L’idée familière de 1 auteur, c’est que la réforme du monde, condition supérieure de la paix, ne peut se réaliser que par la régénération individuelle de l’homme, et que cette régénération même de l’individu ne peut s’accomplir que sous l’influence de l’idée chrétienne, d’où découlent toutes les notions de vérité et de justice. •

Citons encore parmi ses ouvrages : Henri Perreyve {l&GG, in-S°) ; Petit manuel de critique (1866, in-18) ; la Morale et la loi de l’histoire (18G8, 2 vol. in-8"), un de ses ouvrages les plus remarquables.

GRATTAGE s. in. (gra-ta-ge — rad. gratter). Action degjatter, résultat de cette action : Le grattage de l’écriture est une opération suspecte dans la comptabilité.

GHATTAN (Henri), célèbre orateur patriote irlandais, né k Dublin en 1750, mort k Londres en 1820. Il obtint d’abord des succès au barreau de sa ville natale, entra au parlement d’Irlande en 1775, y conquit le premier rang par son éloquence entraînante, et fit passer, en 1780, la déclaration portant qu’k 1 avenir les seules lois rendues par le parlement irlandais et sanctionnées par le roi seraient exécutoires dans le pays. C’était proclamer, en quelque sorte, l’indépendance de l’Irlande. Grattan reçut de la reconnaissance nationale un don de 50,000 liv. sterl. ; mais bientôt i ! perdit sa popularité, en combattant les prétentions des ultra-patriotes, qui demandaient la séparation radicale du royaume. Plus tard, . en demandant l’émancipation des catholiques, il s’attira la haine des protestants, ses coreligionnaires, possesseurs exclusifs de tous les droits, notamment du droit électoral. Il ne prit aucune part k l’insurrection de 1798, si promptement comprimée, et qui eut pour conséquence la suppression des Chambres irlandaises. Nommé, en 1805, au parlement anglais, il y parut avec un grand éclat. Il consacra le reste de sa vie k la défense de l’émancipation. C’est ainsi que, en îsio, il parvint k faire passer un bill qui accordait quelques avantages aux catholiques et améliorait leur sort. En votant, en 1815, avec le parti ministériel pour faire la guerre k la. France, Grattan donna le dernier coup k sa popularité, qu’il ne put reconquérir, bien que, dans les discussions sur Yincomeyfax et sur la suspension de ïhabeas, corpus, il se fût placé de nouveau dans les rangs de l’opposition. Grattan fut inhumj k l’abbaye de Westminster. Pendant toute sa carrière politique, il s’était montré un partisan déclaré des moyens légaux. Ses attaques contre les dîmes, ses réclamations incessantes pour la liberté des catholiques, sa modération a la veille de la guerre civile, ses efforts pour réconcilier les deux partis qui s’égorgeaient prouvent k la fois l’indépendance de sa conduite et la pureté de ses vues. Son éloquence était mâle et vigoureuse, sa logique irrésistible, son style élégant, plein de noblesse et de dignité. « Grattan fut, parmi les orateurs modernes, dit sir J. Mackintosh, le seul dont on puisse dire qu’il atteignit le premier rang par l’éloquence, dans deux parlements aussi distincts de goûts, d’habitudes et de préjugés que l’aient jamais été les assemblées de deux nations différentes. La pureté de sa vie ajoutait k l’éclat de sa gloire. Il fut aussi remarquable par l’observation de ses devoirs privés, qu’héroïque par l’accomplissement de ses devoirs puplics. Parmi les hommes de génie que j’ai connus, je n’en ai jamais vu qui réunît aussi heureusement les plus douces qualités de l’âme et les dons les plus puissants de l’intelligence. » Ses Discours ont été réunis et publiés par-son fils (1822, 4 vol. in-S»).-Ce fils, Henri Grattan, né vers 1790, mort en 1859, fut aussi envoyé au parlement par la ville de Dublin, en 1826, mais échoua aux élections de 1830 contre Frédéric Shaw, candidat des torys. En 1832, il devint représentant du comté de Meath, et excita, en 1851, une grande sensation dans la Chambre des communes par son opposition au bill des titres ecclésiastiques.

GRATTAN (Thomas Calley), écrivain anglais, né k Clayton-Lodge en 1796, mort dans le comté de Kildare, en Irlande, en 1864. Il appartenait k la même famille que le précédent. Élevé k Athy, et destiné k la profession d’attorney, qui était celle de son père, il alla étudier le droit k Dublin. Cependant il quitta bientôt la toge pour l’épée, et prit un brevet d’officier dans un régiment d’infanterie qu’il allarejoindeen Belgique. La bataille de Waterloo et la conclusion de la paix refroidirent presque aussitôt son enthousiasme militaire, et il renonça au service pour s’adonner tout entier aux lettres. Il se rendit ensuite k Bordeaux afin de s’embarquer pour le Venezuela, mais il y fit connaissance de miss O’Donnel et l’épousa. Ce mariage arrêta toutnet ses projets de voyage transatlantique : Le premier ouvrage de M. Gratt-*"™ composé en France ; c’est vin roman poétique, Philibert, qui parut en 1819 ; le fond de cette histoire est emprunté k la cause célèbre de Martin Guerre À Paris, M. Grattan noua des relations assez intimes avec Washington [rving, Thomas Moore, Casimir Delavigne et Beranger. Devenu bieiitôt collaborateur du New Montiihj Magazine, alors édité par le poëte CampheD, * puis des Revues d’Édimbourg et de Westminster, il y publia un grand nombre de.