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ra.ins, celui de Le Sage se prêtait le moins a un arrangement dramatique, parce que, d’une . part, il offre plutôt une étude psychologique qu’une action, et que, d’autre part, on n’y rencontre aucune trace de sensibilité. Le Gil Blas de M. Semet est, d’ailleurs, une partition importante et qui renferme de fort jolis morceaux : la chanson à boire de Gil Blas ; les couplets d’Aurobe : Quel dommage ! ceux de la soubrette et du comédien Zapata, au troisième acte, et, enfin, ceux que chante Gil Blas pour se faire convier au festin, et qui ont obtenu un grand succès. Le morceau qui a le plus de valeur comme inspiration musicale est le petit chœur des valets, au cinquième acte. M’»c Ugalde a joué et chanté le rôle de Gil Blas avec un talent remarquable. Elle a été secondée par Mllt Girard et par Meillet.

GILBOG, chez les Slaves, le dieu de la bonté et de la force.

GILCHIUST (John Borthwick), orientaliste écossais, né a Édimbourg en 1759, mort en 1841, fut professeur d’indoustani et de persan à Calcutta, à Edimbonrg et à Londres. 11, i publié, de 17S7 à 1796, une Grammaire et un Dictionnaire anglms-indoustani, encore en usage dans l’enseignement.

GIl.l)Ali» (saint), évêque de Rouen. V. Godard.

GILDAS (saint), nom donné par la légende à deux ou trois personnages, qui sont quelquefois considérés comme n’en faisant qu’un seul, et sur lesquels il est impossible de trouver des renseignements que l’on puisse présenter comme historiques. Nous allons dire sur chacun d’eux ce que l’étude des récits embrouillés dans lesquels se. trouve le nom de Gildas fait découvrir de plus vraisemblable.

Le premier saint Gildas est surnommé VAlbanien ou VÉcossais. 11 était l’un des vingt-quatre enfants de Can ou Ken, roi d’un petit district qui n’était pas encore tombé entre les mains des vainqueurs du pays. Après un voyage en France, où il était allé perfectionner son instruction religieuse, il suivit saint Cadoc, abbé de Llancarvan, dans des îles désertes ; selon d’autres, il choisit lui-même une solitude profonde, où il se retira seul pour se livrer à la méditation et a la prière. Le bruit de sa sainteté se répandit bientôt de tous côtés, et l’on accourait de fort loin pour l’entendre parler des choses du ciel, pour lui demander même de faire des miracles, et la légende" dit qu’il en a fait un grand nombre. On croit qu’il mourut en 512, et on lui attribue plusieurs ouvrages, dont voici les principaux : Concordance des Évangiles ; les Actes de saint Germain et de suint Loup ; Traité des premiers habitants de la Grande-Bretagne ; Histoire des Bretons ; Prédictions en vers ; Commentaires sur le 6« livre des Décrétâtes.

— Le second saint Gildas. surnommé le Badonique, eut pour père un seigneur breton. Il fut élevé dans le monastère dont saint Iltut était abbé. La dévotion lui fit entreprendre le voyage de Rome, où il porta une cloche merveilleuse dont il voulait faire présent au pape. À son retour, il alla se fixer en Armorique, aux environs de Vannes, et y fonda le monastère de Rhuis ; puis, voulant se détacher encore plus complètement de la terre, il se retira dans une grotte solitaire, de l’autre côté du golfe, se réservant seulement la faculté de venir de temps en temps visiter les moines de Rhuys, afin d’entretenir’ehez eux l’esprit de piété et de pénitence. Si l’on en croit Ussérius, il mourut dans l’Ile d’Houat en 570 ; d’autres disent qu’il vécut jusqu’en 581. Saint Gildas est.le patron do la ville de Vannes, et l’Église célèbre sa fête le 29 janvier.

— Le troisième Gildas, surnommé le Sage, est auteur d’un livre curieux intitulé : De excidio Britmmis. Dans la première partie de cet ouvrage, Gildas raconte d’une façon abrégée l’histoire de la Grande-Bretagne depuis 1 invasion des Romains jusqu’à son temps :dans la seconde, intitulée : Cnstigtitio cteri, A fait un tableau effrayant du relâchement et des vices du clergé, et il considère comme une juste punition de Dieu tous les maux causés par l’invasion des barbares. Remarquons toutefois que le traité De excidio Britannim est attribué par certains critiques à Gildas l’Albanien, et par d’autres à Gildas le Badonique. Ces trois Gildas n’en sont peut-être qu’un seul, nous l’avons déjà dit, et le doute à cet égard ne sera probablement jamais complètement dissipé. Heureusement, ce n’est pas une question d une bien grande importance, et nous croyons que les érudits feront bien de la négliger pour se livrer à des recherches plus sérieuses.

G1LDAS-DES-B01S (SAINT-), bourg de France (Loire-Inférieure), ch.-l. de cant., ■irrond, et a 22 kilom. de Savenay, au bord du canal de Nantes à Brest ; pop’, oggl., 372 hab. — pop. tôt. 2,132 hab. De l’ancienne abbaye de Saint-Giidas, fondée en 1026 par Simon de la Roche-Bernard, il ne subsiste que l’église, classée parmi les monuments historiques, et qui offre tous les caractères du xiue siècle. Ce bel édifice a 43 met. de longueur et 18 met. de iargeur. « Deux bascôtés, dit M. Ad. Joanne, terminés aux transepts, sont reliés à la nef principale par des arcades ogivales ayant pour supports, alternativement, des colonnes monocylindriques

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et des piliers arrondis flanqués de colonnettes engagées, une sur chaque face. De ces colonnes, surmontées de chapiteaux romans à feuillages ou à figures d’hommes et d’animaux, partent, dans le chœur, des nervures de bois en forme de gros tores soutenant un lambris fort élevé. » Dans le cimetière s’élevait jadis un hôpital destiné au traitement des fous. L’emplacement de cet édifice détruit est encore le but d’un pèlerinage.

G1I.DAS-DE-R11UIS (SAINT-), village et comm. de France (Morbihan), cant. de Sarzeau, arrond. et à 36 kilom. de Vannes, à l’extrémité S.-O. de la presqu’île de. Rhuis ; 1,257 hab. Saint-Gildas doit son origine à un monastère fondé par le saint dont il porte le nom. Ce monastère, dévasté par les Normands au xe siècle, et relevé, au XIe, par saint Félix, fut un moment gouverné, au siècle suivant, par Abélard. « Mais, dit M. A. de. Courson (Bretagne contemporaine), ce poète de la seolastique n’était pas fait pour diriger une armée de moines bas-bretons, dont les mœurs grossières, la férocité et l’incontinence ne reconnaissaient aucun frein. II eût fallu un saint Bernard, et un saintBernard bretonnanl, pour dompter ces Vénètes au caractère de fer. » Nous extrayons ce qui suit d’une lettre écrite par Abélard *à Héloïse : « J’habite un pays barbare, dont la langue m’est inconnue et en horreur ; je n’ai de commerce qu’avec des peuples féroces ; mes promenades sont les bords inaccessibles d’une mer agitée ; mes moines n’ont d’autre règle que de n’en point avoir. Je voudrais que vous vissiez ma maison, vous ne la prendriez jamais pour une abbaye : les portes ne sont ornées que de pieds de biches, de loups, d’ours et de sangliers, des dépouilles hideuses des hiboux. J’éprouve chaque jour de nouveaux périls ; je crois à tous moments voir sur ma tète un glaive suspendu. » Les moines employèrent, en effet, le fer et le poison pour se débarrasser d’Abélard, et le doux amant d’Héloïse dut s’enfuir et gagner, la mer en toute hâte. Le couvent est aujourd’hui habité pur des religieuses de la Charité de Saint-Louis, qui se sont vouées à l’éducation des jeunes filles pauvres.

L’église abbatiale, classée parmi les monuments historiques, a conservé quelques parties du xne siècle, notamment le chœur et le transsept N. Dans le mur de la chapelle absidale est incrustée une curieuse sculpture représentant deux guerriers dans l’attitude du combat. Les corniches sont ornées de tètes grimaçantes d’hommes ou d’animaux. On remarque a l’intérieur : les lourds piliers du chœur ; les deux chapiteaux qui servent de bénitiers ; le maître-autel, en marbré, orné d’un rétable de la Renaissance ; le tombeau de saint Gildas ; de nombreuses pierres tombales, très-anciennes pour la plupart ; les tombeaux de deux abbés et de saint Gunstan, etc. Dujaidin des religieuses, on découvre une vue magnifique.

GILDO ou GILDON, général maure, qui vivait dans la seconde moitié du ivo siècle de notre ère, était fils d’un petit roi d’Afrique nommé Nubel. Il refusa de prendre part à une insurrection fomentée par ses frères contre les Romains, -aida le comte Théodore à la réprimer, et reçut, en récompense de ses services, le titre de comte et le commandement de deux milices d’Afrique, vers 38G. En 397, Gildon entra en révolte ouverte contre l’autorité de l’empereur Honoiius ; tenta, mais vainement, d’entraîner dans son parti sou frère Mascezel, et réunit, pour secouer le joug des Romains, une armée de 70,000 hommes. À cette nouvelle, Stilicon, tuteur d’Honorius, confia à Mascezel le commandement d’un corps de 6,000 hommes ; avec lequel celui-ci pénétra en Numidie et battit complètement son f.ère. Arrête peu de jours après, Gildon s’étrangla lui-même dans sa

frison (393), pour échapper aux supplices qui attendaient.

GILDON (Charles), poëte anglais, né à Gillenghain (comté de Dorset) en 1665, mort en 1724. Il dépensa, en folies de jeunesse, la plus grande partie d une fortune considérable, se maria à vingt-trois ans, eut beaucoup d enfants, et, réduit par des charges croissantes à un état voisin de la misère, il chercha alors a. se procurer dans le métier d’écrivain les ressources qui lui manquaient. Gildon avait de l’instruction, mais peu d’imagination et do puissance intellectuelle. Aussi s’essaya-t-il dans beaucoup de genres, sans acquérir de réputation dans aucun.-Il débuta par un ouvrage intitulé : le Postillon déoatisè, (Londres, 1692), recueil de 500 lettres ; édita, l’année suivante, un ouvrage impie de Charles Blount, les Oracles de la raison ; puis donna quelques traductions, et fit paraître, en 1705, le meilleur de ses ouvrages, son Manuel du déiste, ou Examen rationnel de la religion chrétienne. Gildon a composé pour le théâtre des pièces qui n’eurent pas de succès, quatre tragédies et une comédie intitulée : Mesure pour mesure (1700). Enfin, il a publié une Grammaire anglaise ; un Art poétique (1718, 2 vol. in-s°) ; Les lois de la poésie (1721, in-8<>), etc.

GILUO.N’E, bourg d’Italie, prov. de Molise, district et à 10 kilom. S.-E. de Campobasso ; 2,200 hab,

GIL-EANliZou G1LIANEZ, navigateur portugais, né à Lagos, vivait dans la premièro

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moitié du xvc siècle. Il était écuyer de l’infant don Henrique de Portugal, lorsque celui-ci le.chargea de pousser les découvertes le long de la côte d’Afrique et de doubler le cap Bogador. Gil-Eanez s’embarqua en 1433, mais fut rejeté par la tempête vers les Canaries. L’année suivante, il parvint a doubler le cap Bogador, fit, en 1435, un troisième voyage, pendant lequel il s’avança jusqu’au îl« degré de latitude, et prit part, en 1443, à l’expédition envoyée sous le commandement de Lançarote, pour trafiquer sur la côte d’Arguin. Gil-Eanez fit un nouveau voyage en 1446, reçut, en 1447, la mission de conduire aux Canaries des prisonniers qui avaient été enlevés contre la foi des traités, s’avança, dans une dernière expédition, jusqu’au cap Vert, et, enrichi par les prises qu’il avait faites, il retourna dans sa ville natale. À partir de 1448, on ne sait plus rien de la vie de ce navigateur, qui ne paraît pas avoir eu le grade d’amiral, ainsi que le prétendent quelques-uns de ses biographes.

GILEMME (Ives), imposteur français, mort en 1403. Il était prêtre, -prétendait être en commerce avec les démons, et avoir à ses ordres trois diables qui exécutaient tout ce qu’il leur commandait. Gilemme proposa do guérir le roi Charles VI, quj était alors en démence. Pour donner une preuve de son pouvoir, il demanda qu’on lui amenât douze hommes enchaînés, s engageant à faire tomber leurs chaînes. On fit ce qu’il demandait ; mais vainement il se livra à ses jongleries, pas une chaîne ne tomba. Gilemme allégua alors, pour se justifier, qu’un des douze hommes avait fuit le signe de la croix, ce qui, paraît-il, était vrai. Le prévôt de Paris, peu touché par cette raison, fit arrêter le prêtre, ainsi que Marie de Blansy, Perrin Hemery, serrurier, et Guillaume Floret, clerc, qui s’étaient associés à ses impostures, et le prétendu magicien et ses adeptes furent brûlés le 24 mars 1403.

GILF.T s. m. Ci-lè — de Gille, personnage du théâtre de la foire, qui portait en effet une sorte de veste sans manches. Cependant quelques-uns prétendent que Gille est tout simplement le nom du premier fabricant de cette sorte de vêtement). Cost. Sorte de veste courte, sans pans, et le plus souvent sans manches, qui se porte sous l’habit ou la redingote : Gilet blanc. Gilet noir. Gilet de piqué, de Casimir, de satin. Il Espèce de camisole de laine ou de coton, qui se porte sur la peau ou sur la chemise : Un gilet de flanelle.

— Armurer. Gilet d’armes, Gilet en tissu de mailles, qui se met sous l’habit de ville, et fournit une certaine défense contre le poignard des assassins.

— Escrime. Donner un gilet à quelqu’un, Le toucher très-souvent à la poitrine avec le fleuret.

— Jeux. Sorte de jeu de cartes qui se joue à quatre.

— Encycl. Cost. On peut dire que le gilet a été une des pièces essentielles du costume des Gaulois. Depuis Lyon jusqu’aux branches du Rhin, partout où dominait le vêtement vraiment national, les gens riches le portaient sous cette, saie bariolée de couleurs éclatantes, avec ou sans manches, attachée sous lo menton par une agrafe, qui est restée, sous le nom de blouse ou de sarrau, l’indispensable uniforme du paysan français. C’était quelque chose d’analogue à la brassière qui s’est conservée pour les petits enfants ; il descendait à mi-cuisse sur la braie et était fait dVtoffe de lin rayée ; il tenait lieu de chemise. Plus tard, ou désigna sous le nom de pourpoin t le gilet destiné à couvrir lu poitrine et le dos des hommes d’armes, qui le mettaientsous la cuirasse ; il était fait de laine ou de coton piqué entre deux étoffes. On fit de lui l’habit principal à la fin du xivc siècle ; il remplaça dès lors la cotte, qui se portait sur le surcot. Avec la dénomination de pourpoint existait, sous Charles VI, le gippon, signalé sous le règne suivant comme servant 3, attacher les chausses dans l’habillement de Jeanne Darc, et qui était le gilet rond à manches, ou veste de dessous. Plus tard, on fit du pourpoint un vêtement de ville ayant un collet, des manches et même des basques ; il fut en usage surtoutauxvieet au xviie siècle. Nous avons aujourd’hui des giletiers ; Paris eut ses pourpointiers, dont la corporation fut fondée en 1323.

L’habit à la française, qui parut au temps de Louis XIV, donna naissance au gilet plus ou moins richement brodé de soie, d’argent ou d’or, dont la forme, a travers les nombreuses vicissitudes de la mode, s’est conservée à peu près intacte jusqu’à nos jours. On le faisait en drap, en velours, en soie, en bouracan, etc. On connaît l’éclat des garde-robes anciennes ; le luxe des gilets alla jusqu’à la folie au xvme siècle. L’élégant qui se respectait comptait ses gilets par douzaines, par centaines, et la fantaisie des petits-maîtres avait poussé jusqu’à une extravagance si singulière l’étalage d’accessoires qu’on y ajouta peu à peu, que les chroniqueurs et gazetiers du temps ont sorti leur férule. Outre’le dessin du gilet qu’on enrichissait à l’infini, on brodait de haut en bas de petits personnages galants, ou des scènes comiques, ou des chasses, ou des pastorales, ou les fables de La Fontaine. Sur tel ventre privilégié s’étalaient les amours de Mars et de Vénus, et sur un autre une bataille. Nous ne parlons pas des boutons en acier travaillé, en marcassite, en vernis de

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Martin, en bijoux précieux, en diamant ; des boutons ornés par le miniaturiste et l’émailleur de peintures variées, telles que les portraits de beautés célèbres, ou les douze Césars, ou des statues antiques, ou les métamorphoses des dieux, ou les contes polissons de Grécourt, ou les impuretés de l’Arétin, ou les petits bergers de Watteau, ou le chiffre d’une maîtresse. « On assure, disent les Mémoires secrels du 1er décembre 1786, qu’un homme passionné pour les belles choses a fait commander une douzaine de gilets qui doivent offrir les scènes de Bichard Cœur de Lion, de la Folle par amour, de la Folle journée, etc., afin que sa garde-robe devienne un répertoire savant de pièces de théâtre, et puisse, un jour, lui servir de tapisserie. Il est fâcheux qu’on ne nomme pas ce petit-maîtrtf curieux. » Cette mode dura longtemps, et les sacs d’êcus cousus dans des gilets de drap d’or voulurent être brodés galamment sur toutes les coutures. Le gilet, s’élevant enfin & la hauteur de l’histoire, devint un monument. Lors de la réunion des notables, on eut des gilets aux notables brodés d’après l’estampe dont Bachauinont nous-donne la description à la date du 26 mars 1787 : « Le roi est au milieu, sur son trône ; de la main gauche, il tient une légende, où on lit ces mots : L’âge d’or ; mais par une maladresse fort indécente, il est placé de façon sur la poche, que de sa main droite il semble fouiller dedans. » Moins de six ans après, tous ces jeux de luxe et de hasard avaient disparu au souffle puissant de la Révolution. Les sans-culottes n’eurent point de gilets de drap d’or, mais les scènes mémorables de cette grande époque figurèrent en miniature sur leurs boutons grands comme des écus de 6 livres ; la déesse Raison, la Liberté, des attributs révolutionnaires parurent encastrés sous des verres de montre aux carmagnoles et aux gilets. La guillotine fut l’emblème qui se maintint le plus longtemps sur la poitrine des patriotes. On en para les gilets à la Robespierre, gilets blancs à grands revers fort à la mode fin 1793. Les muscadins ramenèrent le luxe des gilets, ils en portèrent trois ou quatre à la fois sous la capote serrée. Sous le Directoire, les incroyables adoptent le giletveste de panne, couleur chamois, à boutons de "nacre età larges revers. En îsôocten îsis, on essaya de renouer la tradition des gilets a la Robespierre. On sait à quelles extravagances de coupe les tailleurs se sont livrés depuis cinquante ans pour rendre leurs clients plus ridicules les uns que les autres. Tantôt le gilet se boutonne jusqu’au menton, tantôt il s’ouvre en cœur sur la poitrine, retenu par un seul bouton ; tantôt il a des revers, tant, ôt il n’en a pas ; aujourd’hui il descend jusqu’au bas des cuisses, demain il laissera passer de deux doigts la ceinture du pantalon. Bref, legilet suit la mode, cette inconstante et fugitive prostituée qui fait ses victimes parmi les cocodès et les cocodettes de tous les temps et de tous les pays, et que l’homme intelligent, l’homme de sens commun est parfois obligé de subir à la longue pour obéir à ce qu’on appelle les convenances sociales.

— Jeux. Le gilet se joue à quatre personnes, avec un jeu de piquet : les as sont les plus fortes cartes. Deux corbillons ou paniers étant placés au milieu delà table, les.joueurs mettent dans l’un et dans l’autre un ou plusieurs jetons, suivant les conventions ; puis ils tirent la donne au sort, et celui qui 1 obtient distribue trois cartes à chacun et à lui-même, une par une. La distribution terminée, les joueurs examinent s’ils ont quelqu’une des chances du jeu. Ces chances sont au nombre de trois : le , le tricon et le flux ou puint On appelle la réunion de deux cartes semblables, comme deux as, deux rois, etc. Un des deux corbillons lui est affecté, et se nomme, pour ce motif, corbillon du gé. Letrtcou est la réunion de trois cartes de même valeur, comme trois as. trois valets, etc. Enfin, le flux est la réunion de trois cartes de même couleur, comme trois coeurs, irois carreaux, etc., quelles qu’elles soient. On joue d’abord le gé. Les joueurs s’en vont ou renvient les uns sur les autres, pour ce coup, et celui qui possède le ge le plus élevé gagne le contenu du corbillon, ainsi que la somme des renvis, pourvu toutefois que personne n’ait un tricon, car le moindre coup de ce genre est supérieur au gé le plus fort. Si plusieurs joueurs avaient en même temps un tricon, la victoire appartiendrait au possesseur du tricon le plus élevé. Quand le gé est gagné, on passe au second corbillon, qui est pour lo Hux. Ici encore, les joueurs sont libres de s’en aller ou de renvier les uns sur les autres, et lorsqu’ils ont poussé les renvis aussi loin qu’ils l’ont voulu, ceux qui ont tenu abattent leur jeu et l’on compte les points. Deux as en main valent vingt et demi ; un as et un roi, ou tout autre carte qui vaille dix et soit de la même couleur, valent vingt et un et demi ; deux as et un roi ou une autre carte qui vaille dix et soit de la même couleur, valent également vingt et un et demi ; les autres cartes comptent pour les points qu’elles portent ; mais il faut toujours qu’elles soient de la même couleur pour que leurs points puissent s’additionner ensemble. Le point le plus fort gagne ; mais si l’un des joueurs a un flux, il l’emporte sur tous les autres, et s’il y à plusieurs flux, c’est au plus haut qu’appartient la préférence.

GILET (Hélène). V. Gii^isi,

GILETIER, 1ÈRE s. Ci-le-iié, ié-re — rad.