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Grand Orient, dans certains pays étrangers : La grande loge de Londres.

— Mus. Grand jeu. Combinaison des jeux principaux de l’orgue.

— M&mm. Grande bête, Nom vulgaire du tapir, il Grand cachalot, Nom vulgaire du cachalot à grosse tète.

— Ornilh. Grand aigle de mer, Nom vulgaire d’une espèce de faucon. Il Grande large, Nom vulgaire de la barge à queue noire. |[ Grand beffroi, Nom vulgaire d’une espèce de fourmilier. Il Grande chevêche. Nom vulgaire de la chouette à courtes oreilles. Il Grand duc, Nom vulgaire d’une espèce de chouette. Il Grand gosier ou gantier, Nom vulgaire del’argola et du pélican blanc. Il Grand yrimpereau, Nom vulgaire de la sitlelle et du pic varié. Il Grande grive, Nom vulgaire de la draine. Il Grande langue, Nom vulgaire du torcol commun. Il Grande linotte des oiyws, Nom.vulgnii e de la linotte ordinaire. Il Grand merle de montagne, Merle à plastron. I ! Grand mnutain, Nom vulgaire de la fringille de Laponie. Il Grand moutardier, Martinet des murailles, u Grand pingouin, Num vulgaire du pingouin à courtes ailes, u Grand pouitlot. Nom vulgaire de la sylvie à poitrine jaune.

11 Grand rouge-queue, Merle de roche. Il Grands voiliers, Nom donné aux oiseaux de mer à très-longues ailes.

— Ichthyol. Grande écaille, Nom vulgaire du chétodon à grandes écailles. Il Grand merlus, Nom vulgaire d’un poisson du genre gade. Il Grand œil. Nom vulgaire dune espèce de spure. U Grande oreille, Nom vulgaire du germon, espèce du genre soombre.

— Eiitoin. Grand diable, Nom vulgaire d’une espèce de cigale.

— Bot. Grande aristoloche, Nom vulgaire de l’aristoloche siphon. Il Grand balai, Nom vulgaire d’une espèce de sida, à Grand baume, Nom vulgaire de la tanaisie et du poivrier nuudhi. il Grima bamnier, Nom vulgaire du peuplier noir et du peuplier baumier. Il Grand Oeccabunga, Nom vulgaire de la véronique becoabunga. u Grande berce, Nom vulgaire de-la berce branc-uisine. Il Grand biuet, Centaurée des montagnes. Il Grande centaurée, Nom vulgaire de la centaurée officinale. Il Grande chélidaine, Nom de la cbèlidoine commune. Il Grande ciguë, Nom vulgaire de la ciguë maculée. 11 Grande consolide, Nom vulgaire de la consoude officinale. Il Grande donne, Nom vulgaire d une renoncule. Il Grande éclaire, Nom vulgaire de la chélidoine commune. Il Grand frêne, Nom vulgaire du frêne élevé ou frêne commun. Il Grande flambe, Nom vulgaire de l’iris germanique-Il Grande gentiane, Nom vulgaire de la gentiane à fleurs jaunes, il Grand jonc, Nom vulgaire du roseau à quenouilles et dos massettes. Il Grand liseron, Nom vulgaire du liseron des haies. Il Grande marjolaine, Nom vulgaire de l’origan commun, il Grande marguerite, Nom vulgaire du chrysanthème des prés. Il Grande mavève. Nom vulgaire de la poulie aiuère, à Oayenne. Il Crand monarque, Belle variété de narcisse. Il Grand mouron, Nom vulgaire du séneçon commun. Il Grand atil-de-bœuf. Adonide printauière. Il Grande oreille-de-rut, Nom vulgaire de l’éperviére auncule. Il Grand panaco, Nom vulgaire du sophora éearlate, à Cayenne. Il Grand pardon, Nom vulgaire du houx et du fragon. Il Grande perce, altération de grande berce. Nom de la berce branc - ursine. Il Grande pervenche, Pervenche commune. Il Grande pimprenetle. Nom vulgaire de la sanguisorbe officinale. Il Grande pimprenelle d’Afrique, Nom vulgaire du melianihe majeur.

Il Grand pin, Nom vulgaire du pin de Turtarie. || Grand plantain, Espèce de plantain. I ! Grand raifort, Nom vulgaire du euohléaria ou cransou de Bretagne. Il Grand séneçon d’Afrique, NfUi vulgaire de l’arototine lucijiiée. u Grand soleil, Nom vulgaire de l’héliamhe annuel. Il Grand soleii d’or. Nom vulgaire du narcisse tazetta. Il Grande valériane, Nom vulgaire de lu valériane officinale.

— Substantiv. Dans les maisons d’éducation, Élève relativement âgé : La cour des grands. On ne doit pus mêler les petits et les grands. U Kn général, Personne avancée en âge ; le féminin est peu usité : Racontez des fables, flattez, amusez, grands et petits courent après vous. (Ken.)

— s. m. Haut personnage, homme qui occupe une grande position sociale : 0 GRANDS, celui qui bûlit d>s espérances sur la foi de votre sourire ressemble au matelot ivre au haut d’un mdt, prêt au moindre souffle à tomber dans les fatals ubimes de l’Océan. (Shak-Spe.ire.) Dormez votre sommeil, okands de la terre. (Boss.) Les grands ne nont grands que parce que nous sommes à genoux ; lettonsnous ! (Vergniaud.) La huine entre Us grands se calme rarement. (Corneille.)

Héla* ! on voil que de tout temps Les petiu ont pati d«s sottises dos  ;/randsl La Fontaine.

Les grands pour la plupart sont masques de théâtre, Leur apparence impose au vulgaire idolâtre.

La Fontaine.

Je connais trop les grands, dans le malheur amis. Ingrats dans la fortune, et bientôt ennemis !

Voltaire.

La cour a sifflé tes talents,

Paris applaudit tes merveilles.

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Grétry, les oreilles des grands Sont^ouvent de grandes oreilles.

Voltaire.

Tous les discours sont des sottises Partant d’un h.omme sans éclat j Ce seraient paroles exquises

Si c’était un grand qui parlât.

Molière.

— Titre que l’on donne, en Espagne, incertains nobles privilégiés : Les Grands d’Espagne restent couverts devant le roi. Il S’emploie quelquefois nu féminin, pour désigner les femmes nobles qui ont les mêmes privilèges : La comtesse de Noailles était grande d’Espagne. (Complérn. de l’Acad.)

— Ce qui est noble, élevé ou trèsmïiportant : H y a cinq sources du. GRAND : l’élévation d’esprit, le pathétique, les figures, la noblesse de l’expression, la composition et l’arrangement des paroles. (Boil.) On ne va point au grand si l’on n’est intrépide.

Gbesset.

— Fam. Grand luxe, grande dépense :.Aimer te guano. Donner dans le grand.

— Mar. Grand de l’eau, Plus haut point de la mavée, dans le courant du même mois.

— Loc. adv. En grand, En grandeur naturelle ou plus que naturelle : Se faire peindre j !N grand. Des animaux microscopiques représentés un grand, il Sur une vaste échelle, dans de vastes proportions : Culture en grand. On veut que l’univers ne soit en grand que ce qu’une montre est en petit. (Fonten.) il Sans entrer dans le détail, sans examiner de trop près ; Il faut voir les choses en GRa.no. Les grands hommes ne doivent être vus qu’w grand. (Clém. XIV.)

— s. f. Techn. Nom donné, dans les sucreries coloniales, it la première des cinq chaudières qui composent un équipage.

— Rem. L’e muet du féminin grande s’ë- lide devant un certain nombre de substantifs féminins commençant par une consonne : A grand’ peine, faire grand’ chère, c’est grand' pitié, grand’mère, grand’ messe, etc. Dans les locutions consacrées où se fait cette élision, grand’ reste invariable pour le nombre : les grand’mères, les grand’messes. Voici la remarque judicieuse que cette anomalie a. inspirée k Cénin : « Signalons, en passant, l’absurdité d’écrire avec une apostrophe grand’route, grand’messe, etc., comme s’il y avait une élision de l’e sur une consonne. Cet e n’a jamais existé. Tout adjectif était invariable pour le genre, venant d’un adjectif latin en is, et n’ayant, par conséquent, qu’une seule terminaison pour le masculin et pour le féminin. De la vient que mortel, royal, grand, etc. n’avaient qu’une forme pour les deux genres : c’est qu’ils dérivent de mortalis, régalis, grandis. »

Cette observation est justifiée par l’exemple d’écrivains anciens, suivi par quelques modernes : La grand faveur. (SL-Gelais.) Les Grands mers. (Cl. Marot.) C’est pour vous dire que nous sommes en grand misère, l’orphelin* et moi. (Ch. Nod.)

S’enrichir de bonne heure est une grand sagesse ; Tout chemin d’acquérir se ferme à la vieillesse,

Reonard.

Ces locutions sont aujourd’hui condamnées par l’usage. On remarquera toutefois que F adjectif grand a conservé son ancienne forme féminine dans mère grand.

— Syn. Grand, ample, spacïeui, vaste. V. AMPLE.

— Grand, considérable, important, etc. V. CONSIDERABLE.

— Grand homme, liéro». Le grand homme se distingue par toutes sortes de qualités extraordinaires ; il aune haute capacité, une

vaste prévoyance, il conçoit de grands desseins, il fait de grandes choses. Le héros se distingue surtout par le courage, et, le plus souvent, parle courage militaire ; il remporte de grandes victoires, -ou il se couvre de gloire par des faits d’armes dignes d’admiration. Il y avait aussi de l’héroïsme chez les martyrs, et leur courage ne consistait pas à combattre, mais h souffrir noblement pour une grande cause.

— Antonymes. Exigu, mesquin, minime, petit, intittitesunal ou innnitésime, médiocre, moyen.

Grand Albert (le), recueil de préceptes médicaux et de recettes empiriques extraits ou traduits des livres attribués à Albert le Grand, et principalement du traité lie seerc tis mulierum, de oirtutibus herbarum, lapidum, qiiorumdam animalium aliorumque. Ce livre est pltuôt d’un des disciples d’Albert le Grand, Henri de Saxe, et c’est sous ce nom qu’on le trouve dans certains entalogues ; mais lu vogue du maître était telle, qu’un lui rapportait même les œuvres de ses élèves. On ne peut considérer cette compilation du Grand Albert comme une traduction exacte du traité latin ; il s’en est fait pourtant des estions et des réimpressions nombreuses. Au xive et au xve siècle, le renom de magicien, d’alchimiste, de sorcier, inséparable du renom de savant en ces temps d’ignorance, et que, d’ailleurs, Albert le Grand s’était presque légitimement acquis par ses travaux hermétiques, ajoutait encore à la valeur de ces prescriptions et de ces recettes. L’état peu

avancé des connaissances en chimie, en fus GRAN

toire naturelle et en thérapeutique faisait attribuer aux herbes, aux pierres, aux animaux des vertus curatives ou ne peut plus singulières. À côté de recettes banales, on en trouve, dans le Grand Albert, de surprenantes. On ne pe>" plus aujourd’hui prêter grande attoniion à la" partie technique, médicale et chirurgicale, qui forme le premier traité/ : De secretis mulierum ; ce n’est qu’une lecture de curiosité, et c’est K ce livre qu’Albert a du de passer pour avoir rempli l’office d’accoucheur. On y trouve, en effet, des théories sur la génération et les accouchements, des préceptes de pratique qui dénotent des études spéciales ; mais on pourrait y relever aussi bien d’inconcevables étrangetés et des superstitions incroyables. Le mélange de l’astrologie et de la médecine y est opéré a de très-hautes doses. La curiosité trouve plus encore à se satisfaire dans les Secrets des vertus des herbes et des pierres. C’est là que l’on apprend qu’avec un fer aimanté on peut découvrir la chasteté des femmes ; que l’onyx suscite des fantaisies terribles, nés humeurs noires ; que la pierre appelée feripendanus ( ?) brûle les mains au simple toucher, et que la topaze, jetée dans un vase d’eau bouillante, fait écouler l’eau par les pores. Comment de pareilles rêveries peuvent-elles avoir été mises sur le compte de ce savant professeur, Albert le prand ? Et les propriétés des animaux ? les vertus des pattes de lièvre, du sang de chameau, de la langue du phoque, de la peau du lion, du cœur de la belette ? Les compilateurs de ces niaiseries ont certainement montré quelque imagination ; mais, comme il était facile au lecteur de s’apercevoir que ces propriétés sont entièrement imaginaires, ils ont montré ainsi quel fonds on peut faire sur la crédulité publique.

La réimpression du Grand Albert, en latin, au xviiie siècle (Amsterdam, 1760), témoigne de la curiosité qu’inspirent encore ces sortes de livres. On y a ajouté un traité de Michel Scott qui le complète, De secretis nalura, et qui traite principalement de la génération et de la physionomie. La vogue du Grand Albert fut telle pendant trois siècles, qu’elle engagea des éditeurs à compiler un Petit Albert, qui n’est qu’un livre de magie populaire ; on le vend surtout dans les foires.

Grand «aurie» (lk) (El gran Tacnflo], roman espagnol de Quevedo-Villegas (xvn<* siècle), un des chefs-d’œuvre du genre picaresqué. Un monde étrange circule dans cette singulière composition : étudiants en guenilles, valets fripons, spadassins, chevaliers d’industrie, mendiants, filous, pages, nonnes, comédiens et comédiennes, poètes affamés, savants licenciés a. figures de parchemin, tous ces personnages, fort réels, que Quevedo a pu coudoyer dans les universités d’Alcala et de Salatnanque, dans les bouges de Madrid ou de Sévilie, semblent être un produit de l’imagination ; la fantaisie se meut à l’aise dans un tel milieu.

Le héros du roman, don Pablo, est de la race incorrigible des vagabonds, nés pour la paresse et les tours pendables, mais jouissant d’une imagination endiablée. Quevedo a appelé son œuvre, dans le sous-titre : Exemple de vugnbonds et miroir des tacanos. Le mot tacano n un sens particulier de fourberie et de scélé—ratesse. Merlin Coccaie a latinisé le mot, à propos des méfaits de Cingar :

Cingar id advertens non restai more, tacagni. Et il explique en nota : Tacagnus fuit homo sceleratissimus omnium. C’est aux exploits d’un pareil garnement que veut nous intéresser Quevedo. Le père de don Pablo est barbier dans un village, ■ tondeur de joues et tailleur de barbes. » Pendant qu’il lave la figure du client dans le plat de faïence ébréché. un de ses fils, gamin de sept ans, retourne les poches du malheureux. ’La mère a raccommode les jeunes filles et ressuscite les cheveux. • Son père lui dit carrément : « Fais-toi voleur. Ou ne peut vivre sans voler, en ce bas inonde. Voler, ce n’est pas une profession manuelle, c’est un art libéral. Pourquoi crois-tu que les alguazils et les alcades nous détestent si fort ? C’est parce qu’ils veulent voler tout seuls : jalousie de métier. » Cependant, on met le petit Pablo à l’école ; puis, il accompagne, en qualité de page, un jeune gentilhomme, don Diego, que sa famille s’est déterminée à placer enpupillage chez un licencié fort renommé. Là se trouve une des peintures les (dus achevées de Quevedo, le portrait du licencié Cabra, et le récit de la vie que l’on mène dans cette maison de la faim. Ces peintures, poussées a l’extrême, sont jolies. Leur mauvais côté, c’est qu’elles livraient au ridicule un excellent homme encore vivant, le licencié Cabreriza, de Sègovie. « Il eût pu être plus courtois et moins ingrat, » disait-il de Quevedo, dont il ne pouvait entendre prononcer le nom depuis la publication de cette histoire. Mais Quevedo agit toujours avec la même cruauté vis-à-vis de ceux qui lui déplaisaient.

En poursuivant la lecture de cet amusant ouvrage, vrai miroir où viennent se. refléter les types les plus variés, on retrouve don Diego et sou page en roule pour l’université d’Alcala. La venta de Viveros, qu’ils rencontrent sur leur chemin, est hantée par des étudiants de trentième-année, des spadassins et des filles. Les étudiants feignent de

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reconnaître le gentilhomme, les spadassins font la courbette, les filles k.ncent des œillades à lui brûler l’âme. Tou ; se conclut par un excellent dîner, que don Diego reste seul à payer, les autres ayant cécampé durant In nuit. Pendant que le vaurisn et le gentilhomme sont à l’université, l’jn comme maître, l’autre comme valet, qui fournit à. Quevedo l’occasion de peintires fort vives, bien des malheurs arrivent k la famille de don Pablo. Son père est pondu. Sa mère, surprtee à déterrer les morts, a été condamnée au feu ; on a trouvé se chambre plus pleine qu’une chapelle à mi.-acles de squelettes, de bras, de jambes et d j têtes. Un sien oncle, bourreau du lieu, lui gt.rde 4 00 ducats, provenant de l’héritage pa«ernel, et même le sonde afin de Savoir s il veut lui succéder. Le vaurien aime mieux aller à Ut cour ; avec sa petite mise de fonds, il entre dans une association de filous, coupeurs de bourses, souteneurs de filles, capitans de comédie ; il lait fait même partie d’une troupj de saltimbanques ambulants, et l’on doit à cette aventure un curieux chapitre sur les commencements du théâtre espagnol. Jeté en jrison, puis relâché, il finit par s’embarquei pour les Indes. Quevedo a répandu à plein es. mains, dans ce livre, tout le sel, toute l’amertume dont ses écrits débordent. Esprit fin, recherché, observateur profond, il fait haïr l’homme ; ii prend plaisir à ne peindre que les mauvais instincts. Où il pourrait être plaisant, il est cruel, acre ; la société, ses distinctions, ses classes sont toujours bafouées chez lui. Mais il a tant d’esprit, ses mots t, emporte-pièce sont si vivement décochés, ses peintures sont si vives, qu’on le lira toujours avec plaisir. La Hisloria y vida del gran Tacano parut pour la première fois en 1G2G ; elle a été traduite plusieurs fois en français : per de La Genest (lG4i) ; par un anonyme, sous le titre de Le fin matois, histoire du grand Tacafw. autrement dit Buscon (La Haye, 1T, C). M.Germond de Lavigne s’est contenté djiniter Quevedo, sans le traduire : Histoire de don Pablo de Ségovio (1843, 1 vol. illustré). Il a eu l’idée assez bizarre de mêler au Gran Tacano des fragments d’un autre ouvrage, La fortuua cou seso, dont il a l’ait un pro ogue et un épilogue. Son roman ne manque pas de mérite.

Grand œuvre (LE) OU Entretiens sous nu

châtaignier, dialogues philosophiques publiés, en 18G6, par M. Victor Cherbuliez. L’auteur a voulu passer en levue les différentes solutions qui ont été données de la lin des sociétés humaines, discuter le fort et le faible de chacune d’elles et les embrasser toutes ensemble dans une conclusion optimiste issue du syncrétisme hégélien. Pour ce faire, il a choisi trois interlocuteurs, dont chacun représente un des trois principes qu’on peut assigner comme moteurs au train des choses d’ici-bas :1a Providence, le hasard, la nécessité. Or, chacun des interlocuteurs plaide si bien sa cause, possède un arsenal de preuves si bien fourni, démontre la égitimité de sa doctrine par de si bons argurients, que l’auteur semble embarrassé de choisir et que sa conclusion parait beaucoup moins celle d’un hégélien optimiste que celle d’un sceptique d’un naturel bienveillant. « L’auteur, d après M. Emile Montégut, ne s’est embarrassé dans ses conclusions que parce qu’il n’a qu’une foi pleine de.doutes aux doctrines qu’il déclare siennes, et son titre le dit a ; ; sez clairement pour qui sait bien le lira : 1b Grand œuvre ! Le Grand œuvre ! mais n’est-ce pas la nom que les alchimistes du moyen âge donnaient k la transmutation chimérique qu’ils poursuivaient, et n’y a-t-il pas une ironie cachée dans ce titre, qui assimile la doctrine du progrès à la pierre philosophalé, ’ • L’auteur, en effet, voudrait croire au progrès, mais il ne peut parvenir à constater, dans ce remuement perpétuel de l’humanité, qui nous fait croire à une inarche en avant, qu’un perpétuel déplacement de forces. L’inexorable nature

nous fait payer chacun de nos gains par une perte, et tient la balance des biens et des maux avec le même équilibre dans la vie des sociétés que dans ta vie des individus. Telle est au fond la doctrine de M. Cherbuliez, avec cette modification importante : il est vrai que ce que nous nommons progrès n’est qu’une série de déplacements ; mais, comme ces déplacements s’opèrent sur une surface de plus en plus ètencue, on peut affirmer que le progrès existe, puisque chacune des évolutions de l’humanité exige, pour Se développer, une circonférence toujours plus vaste.

Grandes questions (les), par Emile Hannotiu (Paris, 1S67, un fort vol. in-S<>). Cet important ouvrage se divise en quatre parties : If iVolt’ons genérnle.’ : ; 2° fli’cu et l’homme ; 30 la Création et la fin de l’homme ; 4° la Moraie. Les grandes questions qui y sont examinées sont au nombre de c nquante-deux ; il y en a dix dans la première partie, seize dans la seconde, treize dans la troisième et treize dans la quatrième. En voici quelquesunes : Est-il raisonnable de chercher a connaître la nature divine ? L’un vers est-il éternel, de telle sorte qu’il coexiste avec Dieu ï Quelle est la substance des êtres ? L’intelligence, l’âme, la nature spirit îelle constituet-elle un moteur se mouvant lui-même avec activité, ou bien existe-t-elle à l’état immobile ? Quelle est la nature de Dieu ? Le désir, la volonté et l’amour existeut-ils dans la na-