Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 4, Gile-Gyz.djvu/181

Cette page n’a pas encore été corrigée

gram

et dont la publication a duré près de vingt années (1833-52). Cet ouvrage fut traduit eu anglais par M. Eastwick (Londres, 1845-53), et le premier volume d’une traduction française par M. Michel Bréal a paru en 186G, sous ce titre : Grammaire comparée des langues indo-européennes, comprenant le sanscrit, le zend, l’arménien, le grec, le latin, le lithuanien, l’ancien slave, le gothique et l’allemand. Dans une remarquable introduction, M. Bréal fait à chacun des précurseurs de Bopp la part C|ui lui est due ; mais il réclame pour celui-ci 1 honneur d’avoir établi sur des bases solides la science du langage. Avant Bopp, si l’on avait déjà, fait des rapprochements entre les divers idiomes indo-européens, personne ne s’était avisé que ces comparaisons pouvaient fournir les matériaux d’une histoire des langues ainsi mises en parallèle. On donnait bien les preuves de la parenté du sanscrit et des idiomes de l’Europe ; mais, ce point une fois démontré, on semblait croire que le grammairien était au bout do sa tâche et o, u’il devait céder la parole à l’historien et a l’ethnologiste. La pensée du livre de M. Bopp est tout autre : il ne se propose pas de prouver la communauté d’origine du sanscrit et des langues européennes ; c’est là. le fait qui sert de point de départ, non de conclusion, à son travail. Mais il observe les modifications éprouvées par ces langues identiques à leur origine, et il montre l’action des lois qui ont fait prendre à des idiomes sortis du même berceau des formes aussi diverses que le sanscrit, le grec, le latin, le gothique et le persan. A. la différence do ses devanciers, Bopp ne quitta pas le terrain de la grammaire ; mais il nous apprend qu’à côté de l’histoire proprement dite il y a une histoire des langues qui peut être étudiée pour elle-même et qui porte avec elle ses enseignements et sa philosophie. C’est parce

qu’il a eu cette idée féconde, qu’on chercherait vainement dans les livres de ses prédécesseurs, que la philologie comparative a reconnu dans Bopp, et non dans William Jones ou dans Frédéric Schlegel, son premier maître et son fondateur.

Bopp s’est proposé un triple objet, qui a été en grande partie atteint soit par lui, soit par son école : il a successivement analysé le système phonétique, les éléments radicaux et les formes grammaticales des langues de la famille aryenne. La grande expérience tentée par le génie de ce philologue a prouvé qu’en réunissant en un faisceau tous les idiomes de même famille on peut les compléter l’un par l’autre et expliquer la plupart des faits.quéles grammaires spéciales enregiST trent sans les éclaircir. Chaque mot, chaque flexion nous conduit, par une filiation directe, jusqu’aux temps les plus reculés de la langue. Mais la grammaire comparée ne s’arrête pas encorélk : elle pénètre plus avant et montre quelle est la nature des éléments qui ont servi à composer le langage. Elle constate que les idiomes indo-européens se réduisant en dernière analyse a deux sortes de racines : les racines verbales et les racines pronominales, les premières exprimant une action, une manière d’être, les autres désignant les personnes, non d’une façon abstraite, mais avec l’idée accessoire de situation dans l’es- ■ pace. Elle découvre enfin que les désinences grammaticales furent originairement des mots indépendants, lesquels se sont agglutinés à la fin d’autres mots qu’ils étaient destinés à. modifier, et se sont réduits peu à peu à n’être plus que de simples syllabes on de simples lettres formntives, sans signification par elles-mêntes, mais révélant encore leur ancienne valeur par les modifications qu’elles apportent au sens des mots auxquels oh les ajoute.

Depuis la publication du premier ouvrage de Bopp sur la Grammaire comparée, il parut en Allemagne un grand nombre de travaux qui continuèrent ses recherches et complétèrent ses découvertes. On peut citer entre autres : les liecherçhes étymologiques de Pott (1833-1836) ; la Grammaire teutonique de lacob Grimm (1819-1837) ; la Grammaire comparée de Rapp (1852-1859) ; le Compendium de la grammaire comparée des langues indogermaniques de Schleicher (1831-ISG2) ; la Grammaire comparée des langues slaves (1852-185G) ; la Grammaire des langues celtiques de Zens. De 1845 à 1853, Hœfer fit paraître le Journal pour la science du tangage ; Aufrecht et Kuhn ont fondé en 1852, à Berlin, la Devue de philologie comparée, que Kuhn continue ; depuis 1800, Laznrus et Steinthal publient la Revue pour ta psychologie des nations et la science du langage, et depuis 1802 Benfey fait paraître à Gœttingue une revue philologique ayant pour titre : Orient et Occident.

Le 10 mai 18G5, l’Allemagne savante célébra le cinquantième anniversaire de l’ouverture du cours de sanscrit, à l’université de Berlin, par le vénérable Franz Bopp. La principale circonstance do cette fête, ù laquelle Bopp lui-même était présent, a été la fondation qui porte le nom de cet homme il-lustre, linpp-Stiftung, et qui a consisté en une souscription à laquelle tous les États de l’Europe ont pris part. Il a été décidé que la rente de cette fondation serait destinée à entretenir un élève en philologie à. l’université de Berlin. Bopp est mort l’année suivante.

La science du langage a été cultivée en France par Eugène Burnouf, Raynouaid,

CtRAM

Sylvestre de Sacy, Quatremère, Saint-Martin, Hase. Elle a aujourd’hui pour représentants k ^l’Institut MM. Régnier, Littré, Renan, dans l’instruction supérieure, MM. EichhofT, Egger, Oppert, Michel Bréal, Louis Benloew etc., etc. En Angleterre, elle possède M. Max Millier.

La grammaire comparée est enseignée aujourd’hui dans tous les pays do l’Europe. En 1852, une chaire fut créée pour elle au Collège de France, et, dès 1856, M. Louis Benloew, professeur à la Faculté des lettres de Dijon, faisait de cette science l’objet d’un cours spécial, qui eut un grand succès.. Les premières leçons de ce cours ont été publiées sous ce titre : Aperçu général de la science comparative des tangues (Paris, 1858).

Terminons cet article un peu aride par quelques anecdotes.

Rivarol, forcé par son libraire d’écrire sa Grammaire, disait plaisamment : « Je ressemble à un amant obligé de disséquer sa maitresse. »

Le grammairien Beauzée étant malade, un ignorant lui demanda : « Comme vous portezvous ?

Comment vous voyez, » répondit-il avec un ton de superbe ironie.

« Monsieur, dit un jeune homme en entrant dans la boutique d’un artiste capillaire, je voudrais que vous me coupassiez les cheveux. » L’artiste répond avec un air de dignité : « Monsieur, je ne coupasse pas les cheveux, je les coupe. »

Le même Beauzée, s’étant aperça que sa femme avait des complaisances pour son secrétaire, sermonna vertement celui-ci, qui voulut résigner son emploi. Beauzée refusa d’y consentir. À quelque temps de là, Beauzée ayant pris le coupable in flagrante delicto : « Vous voyez bien, s’écria le secrétaire, qu’il fallait que je m’en aille. — Que je m’en allasse, » reprit le grammairien, sensible avant tout à l’outrage fait à la syntaxe.

Urbain Domergue, le fameux grammairien, était un jour retenu au lit par une esquinanoie qui menaçait de le suffoquer. Son médecin s’approche et lui dit : > Si vous n’exécutez pas mon ordonnance, je vous observe que.... — Ah ! malheureux, s’écrie le moribond transporté d’une sainte colère, n’est-ce pas assez de m’empoisonner par tes remèdes ? Faut-il encore qu’à mon dernier moment tu viennes m’assassiner avec tes soléeismes ? Va-t’en ! » À ces mo.ts, prononcés avec impétuosité, l’abcès crève, la gorge se débarrasse, et, grâce au solécisme, l’irascible philologue est rendu à la vie.

Grammaire générale de Port-Royal, ouvrage didactique composé par les solitaires de Port-Royal, et notamment par Arnauld et Claude Lancalot. Il fut imprimé en 1660. C’est dans ce livre que l’on a mis pour la première fois les grandes définitions de la grammaire, les notions les plus exactes et les plus accessibles à tous. Un ouvrage de grammaire ne saurait être analysé chapitre par chapitre ; c’est dans son esprit philosophique, dans sa méthode, qu’il faut 1 examiner. Le livre de Port-Royal fut composé, en quelque sorte, sans dessein prémédité. PendantqVil travaillait aux grammaires particulières des diverses langues, Lancelot s’adressait Souvent à M, Arnauld pour lui proposer les difficultés qui l’arrêtaient. Le docteur consulté cherchait ses’raisons dans les véritables fondements de l’art de parler, et ses réflexions judicieuses, recueillies par Lancelot, parurent être à celui-ci les lois secrètes de l’usage et de la coutume. Ainsi fut écrite la Grammaire générale, excellent petit livre, que des travaux plus complets n’ont pas fait oublier. Ce qui le caractérise, c’est l’esprit philosophique qui y domine ; l’auteur se sépare, par sa méthode, et de l’Université, astreinte à la routine, et de- l’Académie, inféodée à l’usage, au bel usage. Il donne une expression plus générale aux règles trop étroites fournies par Vaugelus. Ainsi, ce grammairien avait écrit que, dans la langue française, on ne doit pas mettre le relatif après un nom sans article ; par exemple, on dira tout court : Il a été traité avec violence ; et l’on dira : 11 a été traité avec uno violence qui a été tout à fait inhumaine. Mais on dit très-bien, contrairement k cette règle : Il agit en politique qui sait gouverner... Arnauld cherche l’explication de ces irrégularités, et les réduit à une règle.commune. En développant l’analyse de la langue en général, Port-Royal devançait les travaux du xvme et du xixe siècle, et ouvrait la voie aux Dumarsais, aux Condillac, aux Tracy. Toutefois, il ne faudrait pas inférer de ce rapprochement que l’ouvrage de Port-Royal expose une doctrine métaphysique, une certaine théorie absolue, enchaînant l’ensemble des observations particulières. Il n’a d’autre prétention que d appliquer au langage une analyse sévère, et de soumettre l’usage au contrôle d’une raison éclairée. Cet ouvrage a été réimprimé en 1756, avec des notes de Duclos.

Grnuimaire frjmçnise, par Règnier-Desma- j

GRAM

irais, 1705. « Cet ouvrage, dit J. Chénier, est ■ une production bien imparfaite, mais qui répandit des lumières, grâce à quelques notions fort saines, clairement développées. » La grammaire de l’abbé Rêgnier-Desmarais est demeurée inachevée, et ne comprend que les détails des parties de l’oraison. Les motifs pour lesquels l’auteur ne publia pas la syntaxe, qu’il s’était proposé de traiter, sont restés ignorés. Selon d’Alembert, la critique très-vive qui en fut faite l’aurait détourné d’achever la tache qu’il s’était imposée. Cette grammaire, trop prolixe pour les élèves, fut une source féconde que les successeurs de Régnier ont exploitée largement. Une des parties intéressantes du livre est le traité de Vorthographe. Avant Régnier beaucoup d’autres, se fondant sur cette raison que les caractères des lettres sont institués pour représenter les divers sons qu’on forme en parlant, voulaient réduire l’orthographe à la prononciation propre et primitive de chaque lettre ; c’était, d’après eux, simplifier et faciliter l’étude de notre langue. Régnier s’étend, avec de longs détails, sur les changements qui avaient été proposés, mais c’est pour les combattre. Il prétend, entre autres choses, que si, dans la société civile, il n’est pas permis aux particuliers de rien changer à l’écriT ture de leur nom sans lettres du prince, il doit leur être encore moins permis d’altérer de leur propre autorité la plupart des mots d’une langue, ainsi que la plupart des noms des peuples, des provinces et des familles. Il ajoute que, outre qu’ils s’attribuent une juridiction qui ’ne leur appartient pas, ils abusent du principe sur lequel ils se fondent. « Cette règle a ses exceptions, dit Desmarais, et vouloir réformer ce qui en est excepté, ce serait comme si un grammairien voulait réduire tous les verbes irréguliers d’une langue sous les principes généraux de la grammaire. »

(La Grammaire de Régnier-Desmarais fut l’objet d’une critique assez maligne de lapart du père Buffier. Selon les Mémoires de Trévoux, Régnier-Desmarais s’emporta et fit à cette critique une réponse plus vive que solide.

Cette grammaire fut publiée k Paris en 1705 (in-4°), et en 1706 (in-12). Elle fut aussi éditée k Amsterdam l’année suivante.

Grammaire française (ÉLÉMENTS DE), par

Lhomond (1780). Ce petit livre fut la première grammaire où les élèves de nos collé. ges universitaires purent apprendre les règles les plus générales et les plus indispensables de la langue française. Jusque-là, les jeunes gens passaient huit ou dix ans à étudier le latin et le grec ; ils sortaient du collège sachant plus ou moins la langue de Cicéron et de Virgile, mais ignorant leur’propre langue, et souvent n’ayant jamais entendu parler d’une syntaxe française. Lhomond, qui comprenait mieux qu’aucun autre professeur les besoins de l’enfance, parce qu’il avait passé sa vie toute entière avec elle, sentit le premier combien il était ridicule de laisser ainsi dans l’oubli la langue maternelle, et il composa sa petite Grammaire française, qui avait le défaut d’être trop calquée sur la grammaire latine, mais qui suffisait néanmoins pour donner aux enfants des collèges les notions les plus nécessaires sur la langue qu’ils parlaient tous les jours et qu’ils devaient parler toute leur vie. La Grammaire française de Lhomond, comme tous ses autres ouvrages, se distinguait d’ailleurs par une grande simplicité, qui la rendait, accessible aux plus faibles intelligences. Il serait impossible de compter le nombre des éditions qu’on a faites de ce petit ouvrage. Parmi ces éditions, plusieurs s’écartaient considérablement du travail primitif, et des hommes voués à l’enseignement avaient essayé de mettre ce travail au niveau des connaissances actuelles. Quelques instituteurs continuent encore aujourd’hui de mettre entre les mains de leurs élevés des grammaires de Lhomond corrigées.

Grummniro des Grammulrel (la), par Girault-Duvivier. C’est une analyse raisonnée

des meilleurs traités de grammaire, la réunion en un seul corps d’ouvrage de tout ce qui a été dit par les meilleurs grammairiens et par l’Académie sur les questions les plus délicates de la langue française. Rarement l’auteur émet son avis ; il se contente de rapporter, ou textuellement, ou par extrait, celui des grands maîtres ; il prend, dans les meilleurs écrivains des deux derniers siècles et de nos jours, les exemples qui constatent leurs opinions. L’ouvrage se termine par des remarques détachées sur un grand nombre de mots, et sur l’emploi de certaines locutions vicieuses. La Grammaire des Grammaires a obtenu, dès son apparition, un immense succès ; elle a fait autorité, et, quels qu’aient été les progrès ultérieurs de la science grammaticale, on peut encore avoir recours au livre de Girault-Duvivier. La première édition date de 1811 (2 vol. in-8°).

Grammaire française, de NoSl et Chapsal.

Les deux auteurs se proposèrent pour but, dans leurs éléments de Grammaire française, de coordonner, sans excéder les bornes d’un livre destiné k l’instruction de la jeunesse, les préceptes de la langue. Avant eux, d’antres étaient entrés dans cette voie ; Frémion avait déjà publié ses leçons théoriques et pratiques de la langue grecque ; mais personne,

GRAM

1435

avant Noël et Chapsal, n’avait eu l’idée d’appliquer spécialement cette méthode k l’enseignement de la langue française. Leur grammaire se compose de deux Parties distinctes : la première comprend la Grammaire proprement dite ; la seconde renferme les Exercices. Dans la première partie, les auteurs ont fait tous leurs efforts pour atteindre k l’accord constant d’une théorie claire, simple et méthodique, et d’une pratique bien graduée et proportionnée à l’intelligence des enfants. Ils ont tâché’ de mettre dans les définitions plus de clarté et plus de précision qu’on ne l’avait fait avant eux. Ils ont présenté, quand ils l’ont cru nécessaire, les règles sous un nouveau jour, et, ramenant les principes de la grammaire française k ceux de la grammaire générale, ont préparé et rendu plus facile aux jeunes esprits l’étude des autres langues. Enfin, il3 ont distribué les matières avec une méthode qui leur permit de renfermer dans un cadre assez étroit plus de notions qu’il ne s’en trouve habituellement dans une grammaire élémentaire.

La seconde partie comprend, comme nous l’ayons dit, les exercices, et c’est là surtout ce qu’il y avait de neuf dans l’ouvrage. Calqués successivement sur les principes, dont ils rappellent le souvenir, ils marchent parallèlement avec les préceptes, pour les mieux graver dans la mémoire des élèves.

Cet ouvrage fut accueilli avec la plus grande faveur lors de son apparition ; il obtint les suffrages du conseil de l’instruction publique, et fut mis au nombre des livres classiques. Cette faveur a diminué depuis l’apparition de. travaux plus exacts et plus complets, mais’il y a encore un certain nombre d’instituteurs et de professeurs qui font suivre à leurs élèves la grammaire de Chapsal, car on soit, aujourd’hui que le nom de Noël n’a été accolé au sien que pour assurer le succès du livre.

Grammaire générale et historique do la

langue française, présentant l’étude et l’analyse de la formation, des développements et des variations de notre idiome national, depuis son origine jusqu’k nos jours, par M. P. Poitevin (Paris, 1856, 2 vol.). « Les études de linguistique et de philologie, dit l’auteur, ont pris depuis quelques années un développement remarquable. La philosophie a rattaché la faculté des signes k celle des idées, la parole et la pensée ; un parallèle entre les langues en a établi clairement la filiation ; enfin, la publication des monuments les plus anciens de notre littérature, restaurés par une laborieuse et intelligente érudition, a jeté un jour tout nouveau sur l’histoire de notre langue nationale. Au milieu de ces progrès de la science générale, comment se fait-il que la théorie particulière de notre idiome soit demeurée stationnaire ? Quand toutes les connaissances humaines ont trouvé leurs procédés, la linguistique n’a rien su faire pour la langue usuelle. Entre la grammaire philosophique et historique et ce qu’on appelle la grammaire française, il est resté une lacune que nul n’a cherché a combler. ■ Au lieu de se noyer dans de vagues généralités, M. Poitevin énonce hardiment les faits, los établit, les explique, les prouve. Il rappelle la grainmaire k ses origines, et il la rattache, d’une part à la grammaire générale et philosophique, et, d’autre part, k sa propre histoire, c’est-k-dire k toutes les grammaires particulières qu’on aurait pu établir aux différents âges de notre idiome. Enfin, l’auteur a rapproché les formes et les constructions anciennes des formes et des constructions modernes qui en sont dérivées, de manière k bien établir la filiation et le lien de la langue moderne avec les dialectes dominants au xivo et au xve siècle. « C’est du roman, dit M. Poitevin, ou de la langue vulgaire parlée dans la Gaule du vu» au Xic siècle, que s’ost formée la langue française. De toutes les langues romanes ou néo-latines, la nôtre est celle qui a le plus emprunté aux idiomes germaniques ; la langue grecque elle-même lui a fourni un grand nombre de termes et de constructions ; quant aux analogies qu’elle peut avoir avec l’Jjébreu, elles ne résultent pas d’une transmission directe, mais d’emprunts faits aux dialectes celtiques, qui probablement avaient avec l’hébreu un certain nombre de racines communes. Le peu de traces que le gaulois a laissées dans notre langue constitue un fait étrange, qu’il est cependant facile d’expliquer. Les druides n’écrivaient pas, et leur enseignement était purement oral ; ils ne nous ont donc transmis aucun monument qui ait perpétué leur langue ; des noms propres de iieux, de fleuves, de montagnes, et un petit nombre de vocables, que les idiomes celtiques se sont appropriés, voilà tout co qui nous est parvenu de 1 ancien gaulois. À la fin du ixe siècle, on parlait dans la Gaule deux langues tout a. fait distinctes, la langue d’oïl et la langue d’oc. Les trois dialectes principaux dont s’est formée notre langue sont le normand, le picard et le bourguignon. •

Après ces observations préliminaires, M. Poitevin aborde la partie technique de son ouvrage, et il la traite avec tous les développements qu’exigent la connaissance parfaite de la langue et la solution de toutes les difficultés.

Grammaire historique de In langue française, par M. Auguste Brachet (1S07). Cet