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défenseurs pourrait se retirer librement. La capitulation fut violée par les Russes, et Goslawski fut conduit en Russie. Il parvint h s’échapper pendant le trajet, et se réfugia en France. Il revint en 1833 en Gallicie, dans l’intention de provoquer de là un soulèvement dons la Pologne russe ; mais ce

projet échoua, et les autorités autrichiennes arrêtèrent la plupart des patriotes qui y avaient pris part. Goslawski fut emprisonné à Stanislawow, où il mourut du typhus peu de mois après. Il s’était fait connaître par des compositions inséréesdans le Journal de Varsovie, do 1826 à 1830, réunies en volume en 1828, et réimprimées pendant son séjour en France, sous ce titre : Poésies d’un uhlan polonais (Paris, 1833). En 1859, Léon Zienko"wicz lit paraître, à Paris, les Poésies inédites de Goslawski ; il donna plus tard la première édition complète de ses Œuvres (Leipzig, 1864). Parmi les pièces que renferme ce recueil, il faut citer : la Podotie, poëme en quatre chants ; VEnnui, fantaisie en trois actes ; le Déserteur ou le Renégat ; Banko, fantaisie ; enfin un grand nombre de petites pièces sur des sujets divers.

’ GOSLIN ou GOZLIN, en latin Gauzlenus, prélat et homme d’État français, né au commencement du ixe siècle, mort en 88G. D’après quelques auteurs, il était fils de Roric ou Roricon, comte d’Anjou ; selon d’autres, il était fils naturel de Louis le Débonnaire. Goslin entra dans l’ordre des bénédictins, devint, vers 848, abbé de Saint-Germain-des-Prés, puis archinotaire et archichapelain de Charles le Chauve, combattit les Normands, qui le firent prisonnier vers 85S, et n’obtint sa liberté que moyennant une forte rançon. Nommé chancelier en 867, il conserva cette dignité jusqu’en 882. Vers cette époque, Goslin fut appelé au siège épiscopal de Paris, qu’il fit fortifier dans Ta prévision d’une attaque de la part des Normands. Ses craintes ne tardèrent pas à être justifiées : les pirates du nord, commandés par Sigefroi, vinrent mettre le siège devant Paris. On vit alors Goslin, sans cesse sur la brèche, combattre les Normands avec la plus grande intrépidité ; mais il n’eut pas la consolation de voir sa ville épiscopale délivrée : il mourut pendant la durée du siège ; on croit même qu’il reçut la mort en combattant, et qu’il fut atteint d’une Hoche normande dans une sortie qu’il avait voulu diriger lui-même, le 16 des calendes de mai 886. Il reste quelque doute sur l’endroit précis où il reçut le coup mortel. L’édilité parisienne a cru probablement que ce fut en défendant l’église de Saint-Germain-des-Prés, et elle a donné le nom de

rue Goslin à l’ancienne-rue Sainte-Marguerite, située au sud de cette église, honneur mérité par la mort patriotique et glorieuse de l’homme qui a porté ce nom.

GOSPOHT, ville forte d’Angleterre, comté de Hantz, à 2 kilora. O. de Portsmouth, dont elle n’est séparée que par un "petit bras de mer ; 15,000 hab. Moulin à vapeur et machines

Ïiour faire le biscuit de mer. Bel hôpital pour es marins ; établissement considérable pour l’approvisionnement des vaisseaux, de guerre. Il "Ville des États-Unis d’Amérique, dans l’Etat de Virginie, avec un port sur l’Elisabeth-River, à 2 kilom. de Norfolk, 2,900 hab. Arsenal maritime et chantiers dé construction.

GOSSAMPIN s. m. (go-san-pain — du lat. gossypium, cotonnier). Bot. Syn. de fromager ou bombax, arbre dont le huit contient un duvet semblable au coton.

GOSSAU, bourg et paroisse de Suisse^ cant. et à » kiloin. O. de Saint-Gall, ch.-l. du district de son nom ; 2,649 hab. catholiques. Commerce de trunsit assez important Le Ï3 novembre 1795, les paysans s’assemblèrent à Gossau pour forcer l’a’bbé de Saint-Gall k reconnaître les droits du peuple. Il Autre bourg de Suisse, canton de Zurich, district de Giuningen ; 3,150 hab. Industrie agricole ; filage et tissage de coton et de soie.

GOSSE s. in. (go-se). Pop. Jeuno enfant ; apprenti : Faites taire ces gosses.

GOSSE s. f. (go-se). Raillerie, mensonge badin : Conter des gosses. V. gausse.

— Mar. Anneau de fer coudé, que l’on garnit de petits cordages pour empêcher que les câbles ne se coupent en passant au travers.

GOSSE (Henri-Albert), chimiste et naturaliste suisse, né k Genève en 1753, mort à Mornet en 1816. Il renonça k suivre, comme son père, la profession de libraire, pour s’adonner à son goût pour les sciences. Dans ce but, il se rendit à Paris, étudia particulièrement la physiologie et la pharmacie, et entra en relations avec les savants les plus distingués de la capitale. Après avoir remporté la médaille d’or au collège de pharmacie da Paris en 1781, et deux prix à l’Académie deâ sciences pour des mémoires, l’un sur la nature et les causes des maladies auxquelles sont exposés les doreurs au feu et gur métaux (1783), l’autre sur la nature et les causes des maladies des ouvriers employés dans la fabrication des chapeaux (1787), Gosse s’établit à Genève où il fonda une pharmacie. À l’époque de la Révolution, dout il avait adopté les principes, il lit tous ses efforts pour empêcher l’annexion de Genève à la France, et devint par la suite maire de cette ville, ou il établit un inusée et des cours de botanique, liosse a enrichi la pharmacie de diverses pré GOSS

parations ; il a contribué au perfectionnement de plusieurs industries, particulièrement de la poterie, de la fabrication des cuirs, de la chandelle, des tissus imperméables, etc. On lui doit l’invention des eaux minérales artificielles. C’est également lui qui le premier a substitué le gaz hydrogène au calorique dans les aérostats. Enfin il a pris part à la fondation de la Société de physique et d’histoire naturelle de Genève, à la création du premier journal scientifique qu’ait possédé cette ville, et a conçu le plan des congrès scientifiques.

GOSSE (Étienne), littérateur et poëte dramatique français, né à Bordeaux en 1773, mort à Toulon en 1834. Il fut militaire au début de la Révolution, collabora à l’j4m ! du Peuple, de Marat, dont il était l’ami et qu’il estimait beaucoup, et occupa à Toulon un emploi administratif que la Restauration lui enleva. Il ouvrit alors un café qui ne réussit pas, et se décida à venir tenter à Paris la carrière littéraire. Déjà sous la République il avait écrit un assez grand nombre de pièces de circonstance, empreintes de l’esprit du moment, et parmi lesquelles nous distinguerons les Femmes politiques (1797). En 1S16, il donna au Théâtre-Français la Médisance, comédie en trois actes et en vers, qui qbtint beaucoup de succès. Cette pièce, son meilleur ouvrage, est de la bonne école ; on y trouve de la gaieté, une verve de bon a’loi, un style excellent, On doit encore à cet écrivain, en fait d’œuvres dramatiques : l’Epreuoe par ressemblance, en un acte et en vers libres (théâtre Montansier. 1799) ; VAuleur dans son ménage, eu un acte et en prose (1799) ; l’Esclave par amour et le Roman, opéras-comiques (18U0) ; le Nouveau débarqué, comédie en un acte, en prose (1801) ; Auguste ou l’Enfant naturel, drame en trois actes, en prose (1812) ; le Nouveau Mentor, comédie en trois actes, en vers (1813) ; le Susceptible par honneur, comédie en trois actes, en vers (Théâtre-Français, 1818) ; Proverbes dramatiques (1819, 2 vol. in-S<>) ; le Flatteur, comédie en cinq actes, en vers (Théâtre-Français, 1820) ; Manon Lescaut, mélodrame en trois actes, en prose (1821) ; les Jésuites ou les Autres Tartufes, comédie en cinq actes, en vers (1327). Il a écrit plusieurs romans : les Amants vendéens (Paris, 1799, 4 vol. in-12) ; Gasparin ou le Héros provençal (Paris, 1800, 2 vol. tn-18) ; des Fables (Paris, 1818, in-12) ; un poème satirique imité de Casti, les Bêtes parlantes (Paris, 1827, in-8°) ; des brochures politiques : Quatre millions à retrancher du budget (Paris, 1831, in-8°), etc.

Gosse, petit homme gros, boiteux et très-bavard, passait sa vie au café des Variétés, où, pendant dix ans, on l’entendit juger, blâmer les hommes du gouvernement. Un beau jour il imagina d’éclairer son pays avec le flambeau d’un petit journal ; il fonda la Pandore avec quelques amis, et décocha ses traits les plus acérés contre le roi et les ministres. Mais il renonça bientôt à la lutte et retourna dans son pays. Plus tard il n’eut qu’un tort, celui de croireque la Pandore avait amené la révolution de Juillet. Mais ce tort, combien de gens l’ont partagé I À part cette pe ite faiblesse de se poser en homme qui renverse les gouvernements, Gosse était franc, loyal et convaincu. Il avait des opinions, ce qui fait défaut à la plupart des vaudevillistes de son temps.

GOSSB (Louis-François-Nicolas), peintre, né à Paris en 1787. Les débuts de sa carrière d’artiste en fixèrent définitivement le cours. À peine sorti des ateliers d’André Vincent, son maître, et après un premier début au Salon, où il exposa un ex-voto, il reçut des commandes qui le vouèrent pour toujours à la peinture officielle, c’est-à-dire au genre solennel et sans caractère. Il a peint, tantôt sur toile, tantôt à fresque, tantôt k la détrempe, tantôt sur cire, de vastes compositious où il a fait preuve au moins, à défaut d’autre mérite, d’une grande prestesse d’exécution et d’une extrême fécondité. Les œuvres de M. Gosse sont semées à profusion dans les églises et les monuments de Paris et de la province. Citons ses principales peintures décoratives : Entrée du duc d’Anyoulème à Paris (Hôtel de ville de Paris) ; Plafonds de l’Opéra-Comique, de la Comédie-Française, de la salle Ventadour ; Minerve récompensant les Arts, peinture sur cire (Institut) ; les Quatorze rois sacrés à Reims (archevêché de Reims) ; le plafond du palais de justice de Rennes, des théâtres de Lyon et de Strasbourg ; des décorations à Saïnt-Étienne-du-Mont, Suinte-Elizabeth, Saint-Nicolas-du-Chardonnet, etc.

Parmi ses toiles de grande dimension, plusieurs appartiennent à la galerie de Versailles : Napoléon recevant la reine de Prusse à Tilsitt ; les Conférences d’Erfurt ; l’Arrivée de Charles X à Notre-Dame ; Louis-Philippe refusant la couronne de Belgique.

M. Gosse a exposé à presque tous les Salons, depuis 1808. Nous nous dispenserons d’énumérer cette innombrable série d’œuvres quelquefois estimables, presque toujours médiocres, aussi bien que les portraits produits par cet artiste, qui n’a que trop travaillé ; mais nous citerons, pour la singularité du fait, un tableau de genre dû à son pinceau généralement voué à la peinture historique : c’est une Cour de ferme, exposée au Salon de 1S31.

M. Gosse est naturellement décoré de la croix de la Légion d’honneur depuis 1828 ; il a obtenu une deuxième médaille en 1S24, pour

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un Saint Vincent dePaulconvertissant son maître, mais il a échoué comme candidat à l’Académie, en 1853.

GOSSE (Philippe-Henri), naturaliste anglais, né à Worcester en 1810. Après avoir passé sa jeunesse à Poole, dans le comté de Dorset, il alla faire le commerce à Terre-Neuve en 1827. Il demeura huit années dans cette colonie, et resta ensuite trois ans au Canada et un an dans l’Alabama. Depuis sa plus tendre enfance, il avait contracté pour l’histoire naturelle un goût très-prononcé. Il employa le temps de ses différents séjours sous des zones si différentes à réunir ses merveilleuses collections d’insectes, et principalement de lépidoptères. En 1844, il passa une partie de 1 année à la Jamaïque, et s’occupa a écrire, pour la Société des connaissances chrétiennes, plusieurs ouvrages élémentaires d’histoire naturelle. À partir de 1848, il s’est beaucoup aidé du microscope dans ses recherches. C’est ainsi qu’il a pu décrire les animaux des plus petites espèces et principalement le genre des rotifères. Parmi les ouvrages de M. Gosse, nous citerons : le Naturaliste canadien ; les Oiseaux de la Jamaïque (1845, in-fol.) ; le Séjour d’un naturaliste à la Jamaïque (1846) ; les Promenades d’un naturaliste sur les côtes du Devonshire (1852, in-8°) ; l’Aquarium et les merveilles du fond de la mer (1854, in-8°) ; Manuel de zoologie maritime pour les Iles Britanniques (1856, in-12) ; Tenby, ou Un dimanche au bord de la mer (1856), et la Vie dans toutes ses manifestations (1859). M. Gosse a publié le résultat de ses belles observations sur les rotifères dans les Transactions philosophiques et les Transactions de la société micrographique.

GOSSEC (François-Joseph), compositeur belge, né à Vergnies (Hainaut) en 1733, mort en 1829. Il entra, àTâge de sept ans, comme enfant de chœur, à la cathédrale d’Anvers, et en sortit pour se livrer à l’étude du violon et de la composition musicale. À dix-huit ans. il vint à Paris où, après quelques jours de tâtonnements et d’indécision, il eut la bonne fortune, d’être engagé par le fermier général de la Popelinière, pour diriger son orchestre A l’abri du besoin, l’artiste, soutenu par Rameau, comprit qu’il y avait une réforme à opérer dans notre musique instrumentale ; il remplaça par des symphonies de sa coriiposition les ouvertures de Lulli et de Rameau, qui se jouaient dans tous les concerts de cette époque. Le public fut d’abord étonné de ces ell’ets d’instrumentation si complexes et si nouveaux ; mais, au bout déquelque temps, tous les auditeurs étaient conquis par la puissance de ces œuvres originales, pleines de sève et de vigueur. Il est à noter que, dans l’année où Gossec créait en France le genre symphonique, Haydn tentait en Allemagne la même innovation. Cependant Rameau, parvenu à une vieillesse avancée, avait cessé d’écrire, et M. de la Popelinière, dont les séances musicales n’avaient qu’un but, celui d’essayer les œuvres de ce maître, congédia son orchestre. Gossec, remercié en même temps que les instrumentistes, fut immédiatement agréé par

M. le prince de Conti, comme chef et directeur de sa musique particulière, avec des appointements supérieurs» ceux qu’il venait de perdre. Les loisirs que lui laissa son nouvel emploi lui permirent de se livrer à la composition de ses quatuors, qui parurent en 1759 et obtinrent un immense succès.

Cette première réforme opérée dans la musique instrumentale, Gossec s’essaya dans le genre religieux- Jusqu’alors la musique d’église se bornait à quelques motets et fragments détachés qui, exécutés primitivement aux messes basses de Versailles, avaient ensuite été adoptés dans quelques paroisses. Mais on n’avait point encore de messe complète. Gossec se mit à l’œuvre, et, en 1760, parut sa fameuse Messe des morts, qui fut chantée à Saint-Roch. Ce fut une révolution. L’ouvrage fut gravé et resta, pendant trente ans, le type consacre de ce genre, jusqu’à ce qu’apparût en France le Requiem de Mozart.

En même temps que Gossec ouvrait une nouvelle voie à la musique instrumentale et religieuse, le drame lyrique subissait une complète transformation. L’apparition passagère des bouffons italiens à Paris, en 1660, n’avait provoqué qu’une guerre stérile d’épigrammes et de coups de plume passionnés. L’Académie royale de musique tenait k s’enterrer avec les psalmodies lugubres de Lulli, tandis qu’à la Comédie-Italienne la muse française, représentée par Duui, Philidor, Monsigny, créait l’opéra-comique avec le Soldat magicien, le Maréchal ferrant, Tom Jones, Rose et Colas, le Roi et le fermier. Gossec suivit la bannière des novateurs et donna, en 1764, son opéra du Faux lord ; puis, en 1706, les Pêcheurs, dont le succès fut si considérable que cet ouvrage occupa presque seul la scène jusqu’à la fin de l’année. Le Double déguisement, Toinon et Toinette achevèrent de classer Gossec parmi les compositeurs les plus distingués de l’école française. Mais, en 1769, parut un rival redoutable, Grétry, qui éclipsa bientôt Gossec. Celui-ci, homme de tact et de ilair, sentit l’impossibilité de la lutte et quitta momentanément le théâtre pour se vouer à l’art instrumental. Il fonda, l’année suivante, le Concert des amateurs, et y organisa le premier orchestre complet de France. Comprenant qu’à l’aide de parties doubléeset de nouveaux instruments il obtiendrait des effets inconnus,

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Gossec écrivit sa vingt et unième symphonie en , dans laquelle il ajouta aux parties usitées jusque-là le violoncelle, la contre-basso, la flûte, la clarinette, le basson, la trompette et les timbales. Il donna ensuite sa symphonie imitative de la Chasse, qui passa pour le modèle du genre pittoresque, jusqu’à ce que l’ouverture du Jeune Henri, de Méhul, vînt la faire oublier.

L’entreprise du concert spirituel devint vacante en 1773. Gossec se joignit à Gaviniére et à Leduc aîné pour la continuer. Pendant les quatre années que dura sa direction, cet établissement jouit d’une vogue sans pareille, tant par le choix des ouvrages exécutés que par la variété du programme et le mérite des virtuoses français et étrangers qui briguèrent l’honneur de s y faire entendre.

Cependant, si la puissante individualité de Grétry avait écarté Gossec de la Comédie-Italienne, les compositeurs de l’Académie royale de musique, au contraire, n’avaient pas produit une œuvre qui fît sensation dans le monde. Gossec pouvait donc espérer de prendre, sur ce grand théâtre, la place laissée vide par la mort de Rameau. Sabinus, joué à l’Opéra en 1773, avec un succès mérité, fut suivi, en 1775, à’Alexis et Daphné, qui réussit également. Il allait peut-être parvenir au premier rang, quand arriva en France le chevalier Gluck. Iphigénie en Aulide, représentée à l’Opéra en 1776, passionna tellement l’opinion publique que l’on oublia Gossec ; Alexis et Daphné fut relégué dans l’ombre. Gossec fonda alors une école de chant, destinée à former des sujets pour l’Opéra. Le baron de Breteuil, auquel il communiqua son idée, non-seulement s’associa à son projet, mais encore lui fournit le moyen de le mettre à exécution. Ce premier conservatoire de musique produisit de très-bons résultats ; mais les événements de 1789 obligèrent Gossec à suspendre son œuvre ; cet artiste vit sa carrière interrompue et son entourage dispersé. Toutefois, il ne se laissa point abattre. Le pouvoir exécutif d’alors, connaissant ses opinions républicaines, le chargea de composer la musique des chants patriotiques, et l’enthousiasme qui l’animait lui fit trouver dans cette voie nouvelle de grandes et larges inspirations. Il composa pour la fête de la Fédération l’hymne : Dieu du peuple et des rois, et pour celle de l’Être suprême l’hymne : Père de l’univers. D’autres morceaux destinés à être chantés dans les fêtes de la République, l’hymne : Peuple réveille-toi, le Chant funèbre sur la mort du député Ferraud, les chœurs pour l’apothéose de Voltaire et pour celle de J.-J. Rousseau, toute la partie musicale des funérailles de Mirabeau, révélèrent les aptitudes de Gossec pour le maniement des

grandes masses chorales et instrumentales. Il composa à la, même époque deux opéras patriotiques -. le Camp de Grandpré et la Prise de Toulon, œuvres pleines d’énergie et de chaleur. Dans la première de ces partitions, il introduisit la Maj-seillaise arrangée en chœur et orchestrée avec une science et une vigueur au-dessus de tout éloge.

Lors de la fondation du Conservatoire, Gossec fut nommé l’un des cinq inspecteurs de cet établissement, auquel il consacra, dès lors, tout son temps et tous ses soins ; et c’est lui qui, malgré son âge avancé, prit la plus grande part à la confection et à la rédaction de nombreux et volumineux traités didactiques destinés à l’enseignement musical. Une chairéde composition lui fut confiée, et il l’occupa jusqu’en 1814, date de la suppression momentanée du Conservatoire. Parmi ses élèves, nous citerons Gatel, Dourlen, Gasse et Panseron.

À l’époque de la création de l’Institut, Gossec y fut appelé comme membre de la section de musique. Quand, en 1S16, le Conservatoire fut rouvert sous un autre titre et réorganisé sur de nouvelles bases, Gossec ne voulut pas reprendre ses fonctions de professeur, moins à cause de son grand âge qu’à cause de son intention bien arrêtée de partager la disgrâce de Sarrette, son ami, ancien directeur du Conservatoire. Gossec avait alors quatre-vingt-un ans. L’heure du repos était sonnée pour lui, et cependant l’art musical était son occupation continuelle ; il suivait avec assiduité les séances de l’Institut, où il lut encore quelques rapports remarquables. Peu à peu, ses facultés s’affaiblirent, et il se relira à Passy, où il mourut paisiblement.

Aujourd’hui, le nom da Gossec est k peine connu, même dans le monde des artistes. Ce nom, cependant, doit figurer uvec éclat dans l’histoire de l’art.

Les ouvrages de Gossec, trop nombreux et trop variés pour être cités ici, se composent d’œuvres dramatiques, entre lesquelles-brillent particulièrement les chœurs d’Athalie, composés pour la Comédie-Française et exécutés dans la tragédie de ce nom, jusqu’au jour où ils furent remplacés par les morceaux d’ensemble de M. Cohen. Dans sa musique d’église, on distingue en première ligue un O salutaris hostia à trois voix, et, Sa fameuse Messe des morts. Quant à ses compositions patriotiques, les principales sont l’Hymne à l’Être suprême et le Réveil du peuple. Ses symphonies instrumentales et ses ouvrages didactiques ont été scrupuleusement analysés par M. Pierre Hédouin, dans l’excellente notice qu’il a publiée sous ce titre : Gossec, sa vie et ses asuores. On trouve dans celto intéres-