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La séance fut levée ; mais, le jour fixé pour le vote, les rassemblements se renouvelèrent plus nombreux, aux. cris répétés de : Mort au papisme ! Les Chambres ne cédant pas à l’intimidation, il y eut d’incroyables scènes de désordre : les émeutiers forcent les prisons, les malfaiteurs se joignent à eux, un grand nombre de maisons sont livrées au pillage, la feu est mis à sept quartiers de Londres et la ville est menacée d’un embrasement complet. Le ministère, atterré, n’osait sévir. Ce ne fui qu’au bout de trois jours que George III prit sur lui de faire marcher les troupes. La répression fut terrible, impitoyable. Quant à Gordon, aussi lâche que turbulent, il avait disparu au premier moment du danger. Mis en jugement, le 5 février 1781, il fut renvoyé absous. Plus tard, il devait être moins heureux : un pamphlet diffamatoire qu’il publia en 1788, contre Marie-Antoinette et Catherine II, lui valut une condamnation à cinq années d’emprisonnement.

GORDON (John-Waltson sir), peintre écossais, né a Édimbourg en 1790, mort à Londres en 1864. Il entra fort jeune à l’école de dessin de sa ville natale. Ses premières productions, sans originalité et sans valeur, ne purent faire présager ce qu’il deviendrait un jour. Il abandonna bientôt les grands sujets historiques pour faire une étude spéciale du portrait, et arriva en peu de temps à acquérir une grande habileté dans ce genre. Le fameux Portrait de sir Walter Scott (1831) fut son premier succès. On trouva dans cette œuvre des qualités de premier ordre ; l’intelligente bonhomie de l’illustre romancier, sa finesse native, sa parfaite distinction y étaient représentées avec une grande adresse d’exécution et cette précision méticuleuse particulière aux Anglais. Le Docteur Chalmers, en 1837, plus habilement peint peut-être, n’avait pas les grandes qualités du portrait précédent, mais ne contribua pas moins à la réputation de l’artiste. Tous les grands personnages d’Angleterre, toutes les célébrités contemporaines, tinrent à avoir leur portrait de la main de sir Gordon. Le célèbre critique de Quincey (1843), les lords Buccleuch, Cockburn, Robertson (1847), le président de la Chambre des communes Sohaw Lefèvre (1852), le comte d’Aberdeen, lord Dunfermline eurent l’honneur d’être peints par le célèbre artiste écossais.

La plupart de ces tableaux furent envoyés à l’Exposition française de 1855 et firent décerner à leur auteur une 1er médaille. Si l’on n’y trouva pas les grandes qualités des maîtres célèbres, on y admira la finesse du dessin, le rendu des détails. Dessinateur savant, mais sans grandeur, l’artiste anglais fait seulement une sorte de photographie intelligente de la physionomie qu’il traduit ; toujours terre à terre, il ne comprend pas, à la manière des Titien et des Van Dyek, l’intérêt poétique qu’on peut donner à son modèle par une analyse profonde de l’expression. On admire toutefois la chaude couleur de ses portraits, sa touche ferme et hardie, sa science du clair-obscur, son style simple et fin tout à la fois. Fondateur de l’Académie écossaise, sir Gordon en a été longtemps le président. Il avait été nommé, en 1851, membre de l’Académie royale de Londres.

GORDON (Angélique), femme de lettres, née à Paris en 1791, morte en 1839. Elle était d’origine écossaise. Élevée d’une façon aussi solide que brillante, elle savait le latin, le français, l’anglais, l’italien, l’espagnol et s’était familiarisée avec l’étude des sciences, lorsque des revers de fortune la forcèrent d’accepter, pour vivre, une place d’institutrice (1819). Elle parcourut avec ses élèves une partie de l’Europe, éprouva une passion malheureuse, et, dégoûtée du monde, elle alla s’enfermer à Saint-Pons, dans mie maison d’ursulines. C’est là qu’Angélique Gordon a composé ses nombreux écrits. Nous citerons entre autres : Essais poétiques d’une jeune solitaire (Paris, 1826, in-8º) ; Azine et Déliska (Nantes, 1829) ; Victorine et Eugénie (1832) ; Augustine ou les Avantages d’une éducation chrétienne (1833) ; les Sœurs jumelles (1834) ; les Dangers de la légèreté (1835) ; les Vacances ou Lettres de quelques jeunes personnes (1838) ; Drames et proverbes (1839).

GORDON (Eléonore-Marie Brault, femme), cantatrice et femme politique française, née à Paris en 1808, morte en 1849. Fille d’un officier, elle fut élevée, jusqu’à dix-huit ans, dans le couvent des Dames de la Congrégation, rue de Sèvres, accompagna ensuite son père en Espagne et se signala, dès cette époque, par quelques traits qui révélaient un caractère des plus romanesques. Revenu à Paris, où il avait fondé un établissement industriel, M. Brault essaya en vain de lutter contre le désir de sa fille, qui se sentait entraînée vers la carrière artistique. Elle entra au Conservatoire de musique et remporta le grand prix de chant. Elle partit alors pour l’Italie, où elle eut des succès comme cantatrice et comme femme galante. Elle était d’une remarquable beauté. De retour à Paris, en 1831, elle essaya d’entrer aux Italiens, et, n’ayant pu y réussir, passa en Angleterre. Elle y connut le prince Louis-Napoléon, dont elle devint dès lors un des agents secrets les plus actifs. Elle épousa à Londres M. Gordon-Archer. Quelques jours après son mariage se produisit un fait dont on n’eut jamais l’explication : la jeune femme, se promenant, dans le parc de Saint-James, au bras de son époux, reçut dans la figure un coup de poignard de la main d’un homme qui resta inconnu. Le coup fut heureusement mal porté et ne fit qu’une blessure légère qui laissa à la cantatrice tout le charme de sa beauté.

Mme  Gordon continua de briller dans les concerts ; elle repassa le détroit, vint à Paris, puis partit pour Naples ; elle donna aussi des soirées musicales à Rome et à Florence. En avril 1836, elle était de retour à Paris. Ce fut là qu’elle apprit qu’elle était devenue veuve. Son mari, nommé commissaire des guerres dans la légion anglaise de Biscaye, avait été emporté par le typhus. Le deuil de cette femme remuante dura peu. Trois mois après, on la retrouve à Strasbourg, dans les salons du général Voirol, qui la comble d’égards et de politesses, elle y fait la connaissance du colonel d’artillerie Vaudrey, et noue les premiers fils de la conspiration bonapartiste, qui se tramait secrètement et devait éclater quelques mois plus tard. De Strasbourg elle se rendit à Bade, dans le but apparent de donner des concerts. Louis-Napoléon s’y trouvait ; ils eurent ensemble de fréquentes conférences. Elle repartit ensuite pour Paris, se mit en rapport avec de Bruc, déploya le plus grand zèie et la plus grande activité pour la réussite du complot, dont le principal agent devait être le colonel Vaudrey. L’intimité de ses relations avec ce dernier et l’empire qu’elle avait sur lui sont, suivant l’acte d’accusation dans le procès de Strasbourg, des faits absolument avérés. « Elle a essayé sur cet homme, y lit-on, tous les moyens qui étaient de nature à agir sur sa volonté : à l’homme essentiellement vain, elle a prodigué la flatterie ; au vieux soldat et à l’homme qui l’aimait, elle a fait entendre tantôt que reculer, après une promesse donnée, serait lâcheté, tantôt qu’elle ne pouvait appartenir qu’à l’homme qui se dévouerait entièrement au succès de l’entreprise… Elle conduisit Vaudrey, dans les derniers jours d’octobre, à Fribourg, où Persigny avait donné rendez-vous. Elle partageait le logement de Vaudrey ; s’attachant plus que jamais à sa personne, elle ne s’est séparée de lui qu’au moment où il était irrésistiblement entraîné vers l’abîme. » Enfin, le 30 octobre, éclate la tentative préparée : le prince Louis-Napoléon apparaît à Strasbourg, revêtu de la redingote grise, coiffé du petit chapeau ; le régiment de Vaudrey crie : « Vive l’empereur I » mais les régiments de ligne refusent de suivre le mouvement, et la plupart des chefs des conjurés sont arrêtés. On retrouve à ce moment Mme Gordon dans l’appartement de M. de Persigny, « avec qui, dit l’acte d’accusation, elle avait des rapports fort intimes. » Elle l’aide à brûler des papiers compromettants et parvient à le faire sauver. Traduite devant la cour d’assises de Strasbourg, elle fut acquittée. Elle revint à Paris, mais ne put obtenir l’autorisation d’y donner des concerts.

Tantôt à Londres, tantôt à Paris, cette femme, que la police surveillait attentivement, fut, pendant plusieurs années, un des plus actifs instruments du parti bonapartiste. Quoiqu’elle ne soit pas nommée dans le procès qui suivit l’affaire de Boulogne, il n’est pas douteux qu’elle n’ait contribué à préparer cette nouvelle tentative. Elle ne cessa d’intriguer et de comploter jusqu’à la révolution de Février. A cette époque, elle avait perdu beaucoup de ses charmes, et, la jugeant dès lors inutile à leurs desseins, ceux qu’elle avait servis semblèrent préférer qu’elle se tint à l’écart ; il paraît même qu’on fut ingrat envers elle. Elle ne profita pas des libéralités que Napoléon III accorda a plusieurs de ceux qui depuis si longtemps préparaient son avènement au pouvoir ; on la laissa mourir dans le délaissement et dans l’oubli.

GORDON (Lucy Austin, lady Duff), femme de lettres anglaise, née en 1821, morte en 1869. Fille de mistress Austin, elle suivit de bonne heure les traces de sa mère, et se fit connaître par des traductions d’ouvrages étrangers, tels que les Légendes grecques, de Niebuhr ; la Sorcière de l’ambre jaune, de Meinhold, les Causes criminelles, de Feuerbach ; l’Histoire de Prusse et Ferdinand et Maximilien, de Ranke ; les Campagnes des Russes sur le Danube en 1828 et 1829, de Moltke ; Stella et Vanessa, de Léon de Wailly ; le Médecin de village, de la comtesse d’Arbouville, etc. Elle collabora aussi à la Bibliothèque des familles et y publia, notamment, les Français en Algérie. Elle fut mariée, en 1841, à sir Alexandre Duff-Gordon, commissaire du Trésor, qui a lui-même publié des Scènes de la vie allemande. Au bout de quelques années, elle éprouva les premières attaques d’une maladie de consomption, pour la guérison de laquelle les médecins lui ordonnèrent de grands voyages sur mer. Elle se rendit au cap de Bonne-Espérance, puis, de là, dans la haute Égypte, et s’établit définitivement à Louqsor, où elle se mit à étudier la langue arabe. C’est pendant cette espèce d’exil volontaire qu’elle publia ses Lettres du cap de Bonne-Espérance et ses Lettres d’Égypte, qui parurent en 1865 et obtinrent le plus grand succès.

GORDONIE s. f. (gor-do-nî — de Gordon, n. pr.). Bot. Genre d’arbrisseaux, de la famille des camelliées ou theasées, type de la tribu des gordoniées, comprenant plusieurs espèces, qui croissent dans les régions chaudes de l’Amérique du Nord.

GORDONIÉ, ÉE adj. (gor-do-nié — rad. gordonie). Bot. qui ressemble ou qui se rapporte au genre gordonie.

— s. f. pi. Tribu de plantes, de la famille des camelliées ou théacées, ayant pour type le genre gordonie.

GORE s. f. (go-re). Min. Nom donné par les mineurs du Centre et du Midi aux argiles schisteuses qui accompagnent souvent les couches de houille. || On dit escaille dans le Nord.

GORE (Catherine-Grace Francis, mistress), femme de lettres anglaise, née à Londres en 1799, morte en 1861. Elle débuta dans la littérature, après son mariage avec le capitaine Charles-Arthur Gore, par un roman, Theresa Marchmont ou la Fille d’honneur (1823), bientôt suivi de la Chaine, poëme dramatique (1824). Elle fit ensuite un voyage en France, en Autriche et en Hongrie, d’où elle rapporta la Leltre de cachet (1827), et des Contes hongrois (1828). En 1830, elle publia, les Femmes comme elles sont, série de portraits croqués avec autant de vérité que d’humour. Vinrent ensuite divers ouvrages moraux et des romans de caractère : Mères et filles (1831), plusieurs fois réimprimé ; la Foire de May-fair, Mistress Armytage (1836), et le Journal d’une désennuyée (183S). par opposition au Journal d’une ennuyée, de mistress Jameson, qui avait paru en 1826. Sur ces entrefaites, les succès de Bulwer dans le roman de high life amenèrent mistress Gore à traiter ce genre de littérature fashionable. Elle publia successivement : Mary Raymond (1837) ; les Mémoires d’une pairesse (1837) ; la Femme du monde (1838) ; l'Héritier de Selwood (1838) ; le Secrétaire d’État (1838) ; Cécil ou les Aventures de Coxcomb, Cécil anobli, la Douairière, Mon oncle le comte (1840): Greville (1841) ; l'Ambassadrice (1842), esquisse du grand monde en Russie ; la Femme du banquier (1S43) ; la Chevalerie muderne (1844) ; Pairs et parvenus, Soi-même (1845) ; la Reine de Danemark (1846) ; les Châteaux en Espagne (1847) ; les Hommes d’argent, le Diamant et la Perte, le Premier de l’an, les Hamillon, les Tuileries, Scènes de la vie domestique (1850) ; Contes de Pologne (1852): le Député populaire, le Pot-de-uin (1854) ; la Fille du doyen (1855) ; Mammon ou les Tribulations d’une héritière (1855) ; la Science de la vie (1856) ; etc.

Mistress Gore a aussi abordé le théâtre ; de 1830 à 1842, elle a fait représenter le Sceau du roi, le roi O’Neil, Lords et bourgeois, l'École des coquettes, dacre du Sud, le Champion de la reine et la Paysanne de Croissy. Musicienne accomplie, mistress Gore a composé pour des vers de Burns des mélodies qui sont devenues populaires. Elle préparait, dit-on, ses Mémoires, lorsque la mort la surprit.

GORECKI (Antoine), poëte polonais, né vers 1790, dans le gouvernement de Grodno, mort en 1861. Lors de la formation du grand duché de Varsovie, il entra dans l’armée polonaise, prit part à la campagne de 1812 et s’y distingua par sa bravoure. En 1831, il se mêla activement à l’insurrection, assista à plusieurs combats et, après la ruine de ses espérances patriotiques, se retira en France. Il doit sa réputation littéraire surtout à ses fables, qui sont pour la plupart de courtes, mais vives satires des travers et des vices de notre temps. On a de Gorecki : la Prise du défilé de Sommo-Sierra ; Fables et poésies nouvelles (Paris, 1839, in-16) ; la Voix libre, ou Nouveau recueil de poésies (’Paris, 1850, in-16) ; les Semailles, poésies (Paris, 1857, in-16) ; Nouveau recueil (Paris, 1858, in-16) ; Encore un volume (Paris, 1858, in-16).

GORÉE, île de l’océan Atlantique, dans l’Afrique française, sur la côte de la Sénégambie, à 2 kilom. S. du cap Vert, dont elle est séparée par le canal Dakar, à 167 kilom. S.-S.-O. de Saint-Louis ; ch.-l. d’arrond. et de quatre cercles ; par 14° 39’ 55" de lat. N. et 19° 45’ de long. O. L’arrond. de Gorée comprend les cercles de Gorée, d’Ubidjein, de Kaolakh et de Sedhiou, qui ont ensemble une population de 45,712 hab. L’Ile de Gorée n’est qu’un immense rocher d’environ 800 mèt. dans sa plus grande longueur, du N.-O. au S.-E, et de 215 mèt. de largeur moyenne. On évalue sa circonférence à 2,250 mèt. et sa superficie à 17 hect. Elle est divisée en deux parties bien distinctes : la Ville et le Castel. Ce dernier est construit sur un rocher élevé, qui domine la mer et forme un poste militaire très-important ; il occupe la pointe S. de l’île. Le Castel est occupé par une garnison d’infanterie de marine. La population de l’île était autrefois beaucoup plus nombreuse qu’aujourd’hui. On rencontre d’ailleurs des ruines de maisons qui indiquent une splendeur éteinte. Dans ces ruines, où abondent les serpents, les noirs ont construit des cases en bois et en paille. « La nature du sol de Gorée, dit le Dictionnaire des communes, ne se prête à aucune culture utile ou d’agrément. Deux sources, situées au pied du rocher du sud, ne peuvent suffire aux besoins des habitants, qui doivent s’approvisionner d’eau, de bois et de denrées à la côte voisine. Le port est d’une bonne tenue et d’un bon abri pour les bâtiments qui naviguent dans ces parages et pour les croiseurs de la station. Un embarcadère a été établi dans le N.-E. de l’île. Gorée passe, à juste titre, pour le plus salubre des points que nous possédons sur la côte d’Afrique. Le thermomètre atteint 32°,81 et descend à 17° ; moyenne 24°,87.

GORÉE, ville d’Afrique, sur la côte de la Sénégambie, dans l’île de son nom, dont elle occupe presque entièrement la Superficie ; 2,858 hab., dont 144 Européens et 2,768 chrétiens indigènes. Résidence d’un commandant supérieur, relevant du gouverneur du Sénégal ; tribunal de première instance comprenant dans sa juridiction l’île de Gorée et les établissements au S. de cette île. Le service postal est fait par un aviso à vapeur, qui part de Saint-Louis pour Gorée le 28 de chaque mois. La ville de Gorée est construite sur un rocher où l’on ne voit, en fait de végétation, que quelques plantes grasses. Le gouvernement a créé des jardins artificiels entre le débarcadère et le quartier dit de la Pointe-du-Nord. On remarque aussi, en face de l’hôtel du gouverneur, quelques rares palmiers. La ville renferme le Gouvernement, bel édifice qui sert de résidence au commandant supérieur ; des écoles, une église, des ateliers pour le génie, la maison du port, un fort dit de la Pointe-du-Nord. Les rues sont droites en général, mais très-étroites et assez malpropres. Les maisons en pierre, au nombre d’environ deux cents, sont construites à un étage, rarement à deux. La toiture se termine par une terrasse bordée de parapets, qui reçoit les eaux des pluies pendant l’hivernage. Ces eaux sont conduites dans des citernes et servent pendant toute l’année à l’alimentation. Gorée n’a plus aujourd’hui de commerce qui lui soit propre, elle sert d’entrepôt. C’est un de nos points militaires les plus importants, et sa rade est très-fréquentée. Il y stationne presque toujours deux navires de l’État. Sur la jetée, entre le warf de la ville et celui du génie, est un petit chantier de construction.

Gorée a fait autrefois partie, avec Dakar, de la république M’bambarra. Un de ses quartiers s’appelle encore aujourd’hui M’bambarra. La population est très-mélangée, mais les M’bambarras y dominent encore. La religion la plus répandue est le caiholioisme. L’islamisme y compte aussi quelques sectateurs. Gorée a été successivement occupée par les Hollandais et les Portugais. Les Français s’en emparèrent en 1667, mais les Anglais la leur enlevèrent en 1763. Elle revint a la France en 1779. Reprise par les Anglais en 1800, reconquise, par la France en 1804, enlevée encore une fois par les Anglais, elle fut rendue définitivement à la France en 1817.

GORENDE s. m. (go-ran-de). Erpét. V. gérende.

GORET s. m. (go-rè — De l’ancien français gore, truie, que Diez tire de l’allemand gorren, gurren, grogner, qui est probablement une onomatopée. On note aussi l’anglais gore, boue, limon, et M. Litré signale cette coïncidence singulière, indiquée dans la relation des voyages de Chardin en Perse : « La province de Certhuel a quatre villes seulement : Gory, Suram, Aly et Tiflis… On dérive le nom de Gory d’un tenue qui signifie cochon, parce qu’il y est abondant et excellent. » Peut-être est-il permis de comparer le sanscrit gharsthi, gharshoi, cochon, sanglier). Petit cochon.

— Pop. Petit garçon malpropre.

— Techn. Premier ouvrier cordonnier ou chapelier. On voit dans ce mot, pris en ce sens, une corruption du mot correct, nom que porte, dans plusieurs industries, le chef des compagnons chargés des épures. On distingue le goret à la pâte et le goret coupeur. Le goret à la pâte appartient à une berlogue de boueux, c est-à-dire à une boutique de bottier. Il y en a ordinairement deux chez le maître, employés-aux basses fonctions, aux raccommodages et à la peinture et décoration de la besogne achevée. V. gniaffe.

— Mar. Espèce de balai fort raide, employé à nettoyer la surface extérieure de la carène d’un vaisseau.

— Pêche. Nom que l’on donne aux parcs en Provence.

GORETER v. a. ou tr. (go-ro-té — rad. goret. Double la consonne t devant un e muet : Je gorette, nous goretterons). Nettoyer avec un balai la surface extérieure de la carène d’un vaisseu : Goreter la carène.

GORETTE s. f. (go-rè-te — fém. de goret). Ichthyol. Genre de poissons acanthoptérygiens, de la famille des sciénoïdes, qui ont un profil en forme de grain de cochon.

GORFOU s. m. (gor-fou — de goir-fugl, nom du grand pingouin aux îles Féroé). Ornith. Genre d’oiseaux palmipèdes, formé aux dépens des manchots, et dont l’espèce type habite les mers antarctiques : Le gorfou sauteur est un oiseau de la taille d’un gros canard. (P. Gervais.) Le gorfou parait être un manchot décidé à quitter sa condition ; il prend vue aigrette coquette qui met en relief sa laideur. (Michelet.)

Encycl. Le grand gorfou est caractérisé par un bec très-robuste, court, droit, élevé, comprimé sur les côtés ; la mandibule supérieure convexe, arrondie, recourbée et un peu crochue ; la mandibule inférieure plus courte et pointue au sommet. Il habite les îles Malouines, le littoral de la Patagonie et les parages du détroit de Magellan.