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tés (1861), il siégea a la droite, et y fit entendre quelquefois sa parole claire et facile. Intimement lié avec le poëte Giusti, avec Gino Capponi et avec le baron Ricasoli, S M. Giorgini est devenu le gendre de Manzoni. Il a publié plusieurs opuscules littéraires et politiques, qui se lisent avec un vif intérêt. Ses deux dernières Études, sur la Centralisation et sur le Pouvoir temporel des papes, sont fort remarquables.

GIORGINI (Jean), chimiste italien, né à Carpi (duché de Modène) en 1821. Il fit ses études scientifiques à l’université de Modène, devint, en 1847, professeur adjoint de chimie, puis, ’ en 1853, professeur au lycée de Reggio, et enfin professeur à l’université (Académie) de Modène. Il est auteur d’un grand nombre de mémoires, la plupart insérés dans divers recueils scientifiques de Modène et de Milan. Il a traduit les Éléments de chimie du docteur Ferd. Hoeffer. Voici les titres de ses principaux travaux : Nouveaux moyens d/> réduire les métaux précieux, etc. ; D’un liquide propre à aryenter sans l’application de l’électricité ; Méthode pour détruire les empreintes argentifères, etc. ; Analyse d’une eau minérale sulfureuse gui existe à Gesso ; Des vins faits sans raisin, etc.

GIORGIO (SAN-), bourg d’Italie, dans la Vénétie, prov. et à 26 kilom. de Vérone, sur la rive gauche du Mincio, en face de Mantoue, dont il forme un faubourg. En 1790 eten 1797, Wu miser y fut battu par le générai Bonaparte.

G10BGTONE (Giorgio Barbarklu, dit le), peintre, l’une des grandes renommées de l’école vénitienne, né à Castelfraiico (marche trévisane) en 1478, mort à Venise en 1511. Tout jeune encore, il vint dans cette dernière ville et entra dans l’atelier de Bellini. Le maître était vieux déjà et sentait sa gloire dé cliner ; l’élève, au contraire, tout rempli d’enthousiasme, voyait s’ouvrir devant lui un avenir brillant. Giorgione se mit au travail avec une furia sans exemple, et, tout émerveillé de l’organisation puissante de cet enfant prodigieux, Giovanni ne pouvait s’empêcher de lui témoigner son admiration. Doué d’une nature fiévreuse et passionnée, le jeune Giorgio recherchait avidement les aventures ; il lui fallait les courses folles de la nuit, la romance sous le balcon d’une belle inconnue, les coups d’épée au clair de lune, enfin une vio d’émotions et de plaisirs. Il était du reste beau garçon, élégant et de mine distinguée ; il avait donc tout ce qui peut plaire aux femmes. Cependant, chose digne d’attention, chez Giorgione, l’homme déplaisir ne nuisit jamais à l’artiste ; après des nuits passées dans l’ivresse de l’orgie, on le retrouvait toujours le même, ardent au travail et plein de fougue, dans l’atelier de Bellini. Il débuta magnifiquement par un grand tableau religieux : la Vierge accompagnée de saint Georges et de saint François, exécuté dans l’église de Castelfraiico, sa patrie. Cette œuvre révéla tout un monde inconnu jusque là : c’était l’infini de la peinture succédant aux traditions bornées de l’art antérieur. L’énergie et la vérité de son coloris, qui fut qualifié par les Italiens de feu yiorgionesque, la hardiesse savante de ses’raccourcis, la fermeté et l’audace de sa touche, la fougue de son exécution, la finesse et la perfection de ses modelés étaient alors des qualités entièrement nouvelles en peinture. Les anciens maîtres, les Angelico, les Giotto, les Bellini ne connaissaient pas cet art de l’effet, ni cet éclat de l’ensemble obtenu avec une simplicité de.moyens qui était un des caractères de la puissante originalité du Giorgione. De retour à Venise, il peignit des portraits et des Vierges, qui mirent le comble à sa réputation. Le vieux Bellini, reconnais-sant son infériorité, aurait, d’après une tradition bizarre, demandé lui-même des leçons à son ancien élève. Ce ne peut être qu’un conte ; il est plus vrai que Titien dut à Giorgione d’entrer dans la voie qu’il parcourut si glorieusement. Giorgione s’avisa le premier de couvrir la façade des palais de ces fresques immenses, qui donnèrent aux murailles des rues de certaines villes d’Italie une splendeur inouïe, mais-malheureusement peu durable ; le soleil eut bientôt dévoré ces chefs-d’œuvre, dont il ne reste plus rien aujourd’hui. Il avait décoré sa propre maison, la casa Soranza, de la place Saint-Paul, la casa Grimani et, plus tard, en collaboration avec Titien, l’une des faces du Fondaco de' Tedeschi. Ce travail fut terminé, d’après Vasari, en 1503. L’artiste n’avait plus que trois ans à vivre ; il les employa à produire des chefs-d’œuvre qui feront éternellement regretter une mort aussi prématurée.

Signalons d’abord le Concert champêtre, cette merveille du Louvre d’une si suave poésie, d’une grttee si amoureuse, d’une coloration si-puissante. ■ On peut, dit de Piles à propos de cette œuvre admirable, on peut regarder comme une chose étonnante le saut que Giorgione a fait, tout d’un coup, de la manière de Jean Bellini au suprême degré où il a porté le coloris, eu joignant à une extrême force une extrême suavité. » — « lJe Piles a raison, ajoute M. P. Mantz, le saut est considérable, et le Concert champêtre en est un évident témoignage. Il y a dans les chairs I de la femme qui tient le vase une chose que i les Bellini n’ont point connue et qui manqua 1 mèrae à Titien débutant, je veux dire la mor GIOT

bidesse attendrie et vivante, le frémissement de l’épiderme, la grâce fondante des contours qui se baignent dans la lumière et des courbes qui se modèlent doucement et presque sans ombre. Tels sont aussi ses portraits. Il vit tour à tour poser devant lui Gonzalve de Cordoue, le doge Léonard Lorédan, Catherine Cornnro, reine de Chypre, et bien d’autres dont l’histoire a oublié les noms. À tous il a donné un éclat dans le regard, une apparence austère et grave ; un caractère enfin qui, de si loin qu’on aperçoive ces portraits, y font aussitôt reconnaître la puissance d’une main magistrale. Il a surtout animé ses carnations d une chaleur de coloris qui n’appartient qu’à lui, et que les Italiens, inventant pour une chose nouvelle un nom nouveau, ont si bien appelée il fuoeo giorgionesco. »

Ses tableaux religieux sont absolument dépourvus de conviction. La Sainte Fumille, du Louvre ; le Christ à la colonne, gravé par Mofin ; Saint Marc ; Saint Nicolas et saint Georges apaisant la tempête ; Moïse sauvé des eaux, n’ont de religieux que le nom ; ils n’en sont pas moins d’inimitables chefs-d’œuvre. D’après une anecdote qui est rapportée par Vasari, Giorgione prétendait que la peinture peut rendre la forme sous tous les aspects possibles, à l’aide^-d’un seul personnage, comme la statuaire. Ayant soutenu ce paradoxe, il voulut le prouver. Il peignit un homme nu, vu de dos ; une source limpide s’étendait devant lui et réfléchissait le devant de la figure ; une cuirasse d’acier poli posée à terre en faisait voir le côté gauche, et un miroir le côté droit. Vasari loue beaucoup cette bizarre composition. « Très-belle imagination, s’écrie-t-il, et qui prouve que la peinture a plus de moyens que la statuaire pour montrer d’une seule vue tous les aspects de la nature. » N’en déplaise au grand critique, ce tableau ne pouvait être que déplaisant ; en outre, ^ prouvait, non pas le paradoxe avancé, ^nais seulement la fertilité d’imagination du peintre et sa prodigieuse adresse. Il ne réussit à montrer, à l’aide d’artifices inimitables, que quatre des aspects de son modèle ; une statue a autant d’aspects qu’il y a de points dans l’espace.

Giorgione touchait à l’apogée de sa gloire, quand une mort imprévue l’emporta. D après Vasari, sa maîtresse, qu’il aimait tendrement, ayant été frappée de la peste entre ses bras, l’artiste, fou de douleur, voulut encore une t’ois baiser les lèvres de la morte et fut lui-mêhie atteint de la terrible contagion. Ridolfi, mieux informé peut-être, raconte que Pietro Luzzo, de Feltre, ami intime de Giorgione, lui enleva cette maîtresse adorée, et que cette double trahison causa" au grand peintre un violent chagrin dont il mourut.

Malgré la brièveté de. sa vie, les œuvres de Giorgione sont assez nombreuses, et il —est peu de collections^ publiques en Europe qui ne prétendent en posséder. Il s’en faut cependant que toutes soient authentiques. M. Paul Mantz a dressé un catalogue des toiles qui lui paraissent véritablement du peintre vénitien, mais néanmoins sans garantir absolument toutes celles qu’il indique. On y distingue : la Sainte Famille’a. le Concert champêtre (au Louvre) ; le Christ mort ta. Trévise) ; les portraits de Luther, de sa femme et de Calvin, attribution tout ù fait douteuse ; David vaim/ueur de Goliath (à Madrid) ; un Portrait d’homme (à Saint-Pétersbourg), qui, suivant M. Viardot, serait celui du peintre ; Moïse sauvé des eaux (k Florence), etc.

G10RN1CO, bourg de Suisse, cant. du Tessin, ch.-i. du cercle qui porte son nom, sur la rive gauche du Tessin ; 707 hab. En 1478, 600 habitants de Giornico mirent en fuite, à Bodio, près de 15,000 Milanais. On remarque à Giornico : une haute et vieille tour ; l’église Santa-Maria-di-Castello, bâtie, dit-on, sur les ruines d’un fort attribué aux Gaulois, et l’église Saint-Nicolas-di-Mira, qui passe pour avoir été un temple païen. D.ins les environs, belles cascades de la Barolgia et de la Cramosina.

GIORNO (À) loc. adv. (a-djior-no — mots ital.). Littéral. A jour ; d’une façon très-brillante, de manière à produire un éclat comparable à celui du jour : Une salle éclairée À

UIORNO.

G [OSA (Nicolas de), compositeur italien, né à Bari (terre de Labour) en 1820. Envoyé k Naples pour y faire son instruction musicale, il entra au conservatoire de cette ville, où il reçut les leçons de Mer’cadante. Bientôt après, M. Giosa fut en état de voler de ses propres ailes. Doué d’un talent souple et facile, il composa d’abord plusieurs petits opéras-bouffes, parmi lesquels on cite : la Casa dei tre artisti (1842), Puisit écrivit des œuvres théâtrales plus importantes, soit dans le genre sérieux, soit dans le genre comique, et conquit rapidementjin rang honorable parmi les compositeurs italiens. Nous mentionnerons parmi ses meilleures œuvres : le Zingaro ; Folio d’Arles ; Due guide et Don Checco, opéraboulfe, représenté pour la première fois à Naples en 1S52, avec un très-grand succès, et regardé comme son chef-d’œuvre. Cet opéra jouit encore d’une très-grande popularité en Italie. Cn doit de plus à M. de Giosa des messes, des symphonies, et un grand nombre de romances et de chansons.


GIOTTINO (Thomas di Lappo ou di Stefano, dit), peintre italien, né à Florence en 1324, mort en 1356. Il eut pour maître Stefano de Florence, dont, au dire de quelques auteurs, il était fils, et dut son surnom de Giottino à l’habileté avec laquelle il savait reproduire la manière du Giotto. Bien que mort à l’âge de trente-deux ans, Giottino laissa un jrrand nombre de fresques et de peintures k 1 huile, que le temps a détruites pour la plupart. Parmi les fresques qui restent de lui, nous citerons : VAssomption et le Christ mis au tombeau, dans la chapelle Saint-Sylvestre de l’église Santa-Croce K Florence. Nous mentionnerons parmi ses tableaux à l’huile : la Vierge glorieuse ; Saint Grégoire traçant les ’fondations d’un temple, au musée de Naples ; la Vierge avec saint Antoine, saint Laurent, etc., k la pinacothèque de Munich. La peinture qui avait surtout fondé la célébrité du Giottino était celle qui représentait Gauthier de Brienne, duc d’Atlîènes, et quelques-uns de ses adhérents. Pour plaire h la populace florentine, qui avait chassé Gauthier de Florence en 1340, après avoir odieusement égorgé divers membres de sa famille, Giottino représenta le duc d’Athènes sous des formes grotesques et entouré d’attributs satiriques, à L’image du prince, dit Félibien, était accompagnée de celles du conservateur, de Visdomim, de Maliadassè, de Ranieri, de San-Germaniano et de plusieurs autres de ses

créatures, qui n’étaient pas peints d’une manière moins désavantageuse ; car, pour leur donner aussi une coiffure ridicule, il leur mit sur la tête une sorte de mitre dont on affuble en Italie ceux qui sont convaincus de crimes. »


GIOTTO (Ambrogiotto ou Angiolotto di Buondone, dit), célèbre peintre florentin, né à Colle, près de Vespignano, en 1276, mort à Florence en 1336. Il était pâtre et gardait un troupeau de moutons lorsqu'un hasard heureux le fit rencontrer par Cimabué ; le peintre florentin fut étonné des singulières dispositions de cet enfant, qui traçait d'instinct des esquisses pleines de naturel, avec du charbon ou de la craie ; il s'intéressa au petit berger, l'emmena avec lui et lui apprit à peindre. L'élève ne tarda pas à surpasser le maître.

Giotto est un des plus vastes et des plus brillants génies qui aient illustré l'art de peindre. Non-seulement il transforma la méthode, les procédés, le style de ses devanciers, mais il créa un idéal nouveau ; il introduisit dans l'art le mouvement, l'expression, la passion, la vie ; à la roideur et à l'âpreté des formes byzantines, il substitua des grâces, des élégances inconnues ; il remplaça les vêtements aux plis réguliers, monotones, par des draperies disposées suivant le sexe, l'âge et l'attitude de ses personnages. En un mot, il consulta la nature, ce modèle incomparable que l'on avait perdu l'habitude de regarder.

Giotto fut l'ami de Dante : ces deux puissantes intelligences étaient faites pour se comprendre. Le poëte célébra, dans sa Divine comédie, le talent de l'artiste ; l'artiste fit un superbe portrait du poëte et s'inspira de ses conceptions pour quelques-unes des fresques dont il décora une chapelle de la Vierge, connue sous le nom de l'Arena, à Padoue.

Cette décoration, l’œuvre la plus considérable qui nous reste de Giotto, comprend une série de compositions dont les sujets sont tirés de l’Évangile. Dans le nombre, se trouve la Résurrection de Lazare ; c'est une des plus belles pages de ce magnifique poëme. Le Jugement dernier, qui est peint au-dessus de la porte d'entrée de la chapelle, n'est pas moins admirable ; le Christ y apparaît dans sa gloire ; les anges font sonner, aux quatre coins du ciel, leurs trompettes redoutables. Les morts étonnés sortent de leurs tombeaux. Lucifer, portant sur un corps colossal une triple tête, comme l'Hécate antique, attend, au milieu des flammes, les coupables voués aux supplices éternels. Et, pour faire contraste à ces horreurs, des enfants s'élancent joyeusement de leurs petits cercueils, pour aller jouer sur les gazons fleuris du céleste jardin ; d'autres tendent leurs mains à leurs mères à demi ressuscitées.

De pareilles œuvres étaient bien faites pour exciter l'enthousiasme. Les princes se montrèrent jaloux de posséder des peintures de l'illustre artiste. Les Polentani de Ravenne, les Malatesta de Rimini, les Este de Ferrare, les Castruccio de Lucques, les Visconti de Milan, les Scala de Vérone, voulurent tour à tour se l'attacher. Dans chacune de ces villes, Giotto laissa des chefs-d’œuvre ; il travailla également à Florence, où l'on admire encore ses superbes peintures de l'église Santa-Croce ; à Assise, où sont quelques-unes de ses meilleures fresques, et à Rome, où l'appela Boniface VIII. On a dit aussi qu'il se rendit à Avignon, à l'appel de Clément V ; mais s'il est vrai que l'invitation lui ait été adressée, il ne semble pas moins prouvé que le grand artiste ne fit pas le voyage de France. La mort du pape l'empêcha de l'entreprendre. Toutefois, on montre dans le palais des papes, à Avignon, des fresques remarquables, qui sont attribuées à Giotto.

Trop indépendant pour s'asservir à aucun maître, Giotto fut un véritable apôtre de l'art, empressé à porter partout la bonne nouvelle de la régénération dont il était lui-même le promoteur.

Le roi Robert d'Anjou le fit venir à Naples et le combla de distinctions, Il aimait les saillies de cet esprit âpre et frondeur, qui avait les coudées franches chez les protecteurs les plus orgueilleux. Le voyant peindre un jour, par une chaleur accablante, il lui dit : « Si j'étais à ta place, Giotto, je me donnerais un peu de relâche. — Et moi aussi, si j'étais roi, » repartit l'artiste.

Une autre fois : « Puisque rien n'est impossible à tes pinceaux, peins-moi donc mon royaume, » demandait le même prince, d'un ton malicieux. Quelques instants après, revenant dans l'atelier, il reçut des mains de l'artiste un tableau sur lequel était peint un âne couvert d'un bât fort usé, flairant, avec un air d'avidité niaise, un bât tout neuf placé à ses pieds. C'était une caricature spirituelle et énergique à l'adresse des Napolitains, toujours empressés de changer de roi, et qui, après comme avant, demeuraient bâtés.

L'histoire ne dit pas quelle réflexion cette peinture inspira au roi de Naples.

Voici le jugement porté sur Giotto par M. H. de La Borde : « Lorsque Giotto s'empara du champ de l'art, ce fut pour en reculer dès les premiers jours les limites et pour y implanter une doctrine toute nouvelle. Avec Giotto, tout s'agrandit, se développe, se régénère. La nature, dont on osait à peine simuler les aspects strictement immobiles, est étudiée et reproduite jusque dans les violences du mouvement et du geste. Pour la première fois, d'autres personnages que les hôtes du ciel interviennent dans la composition d'une scène religieuse et en généralisent la signification, soit par la vraisemblance extérieure des types, soit par l'élévation de la force des sentiments que résument ces figures sans nom historique, sans consécration de sainteté. Pour la première fois, l'image tout humaine des vertus ou des passions, des grandeurs de l'âme ou de ses faiblesses, se mêle à la représentation des choses surnaturelles ; pour la première fois, enfin, la recherche du beau pittoresque se combine avec l'emploi de l'élément dramatique. Sans renoncer, tant s'en faut, à idéaliser la vérité, le pinceau veut et sait désormais en analyser toutes les conditions et en aborder toutes les faces... Ce qui caractérise principalement l'admirable organisation de Giotto, c'est l'universalité de ses aptitudes ; c'est cette faculté, propre aussi au génie de Dante, de tout sentir, tout comprendre, tout exprimer, depuis la sombre image du désespoir jusqu'aux douleurs qui ont des larmes, depuis les emportements criminels jusqu'à la paix sereine de l'âme, jusqu'à ses plus chastes tendresses... Partout une incroyable souplesse d'imagination et de style, partout le don de s'assimiler les contraires, de scruter avec une égale certitude les passions qui tourmentent ou qui dégradent l’âme humaine et les sentiments qui en sont l'honneur ; partout, enfin, l'art de traduire en termes aussi simples que décisifs les vérités ou les beautés, quelles qu’elles soient, d'en résumer le sens, d'en imiter sincèrement les formes... On l'a dit avec raison : « Giotto régénéra l'art en y apportant un principe nouveau, la bonté, sans laquelle le génie même est impuissant à obtenir l'amour. »

Outre les innombrables fresques dont il enrichit les diverses villes d'Italie que nous avons nommées, Giotto peignit une foule de tableaux portatifs, disséminés aujourd'hui dans les musées et les galeries les plus célèbres de l'Europe. Il ne fut pas seulement le premier peintre de son temps, il rivalisa d'habileté et de science avec les meilleurs architectes, en donnant les plans du campanile qui se dresse, si élégant, si pur, si délicat, à côté de la cathédrale de Florence, et il sculpta de sa propre main deux des bas-reliefs qui ornent cet édifice.

Il s'occupait de ce dernier ouvrage lorsqu'il fut frappé par la mort, le 8 janvier 1336. Il n'était âgé que de cinquante ans.

Giotto fut le chef d'une école nombreuse, qui s'étendit dans toute l'Italie et où se distingua, entre autres, Taddeo Gaddi de Florence.


GIOURTASCH s. m. Ci-our-tach). Mythol. orient. Pierre qui a la vertu de faire pleuvoir, selon la croyance des Turcs.


GIOVANE (Juliana de Mudbrsdach, duchesse), femme auteur allemande, née à

Wurtzbourg (Bavière), morte à Ofen en 1807. Elle s’adonna à la culture des lettres, parcourut l’Allemagne et l’Italie, *Se rendit à Vienne, où elle fut nommée, en 1795, première gouvernante de l’archiduchesse Marie-Louise, que Napoléon épousa en 1810, et devint membre des Académies de Stockholm et de Berlin. La duchesse Giovane a publié, entreautresécrits, des Lettres sur l’éducation des princesses (Vienne, 1791, in-8«) et Vidée sur la manière de rendre les voyages des jeunes gens utiles à leur propre culture, etc. (Vienne, 1796, in-8").

GIOVANEI.L1 (Ruggiero), compositeur italien, né à Velletvi vers 1560, mort après 1015. 11 fut successivement maître de chapelle o Saint-Louis-dés-Français, à l’église ilu collège allemand à Rome et à la chapelle de Saint-Pierre du Vatican (1594). Giovanelli fit, en outre, partie du collège des chapelainschantres de la chapelle Sixtine. Cet artiste fut un des meilleurs maîtres d’une époquo qui produisit un grand nombre de compositeurs de premier ordre. Ses œuvres se distinguent surtout par la pureté de l’harmonie, par une facture savante. Le pape Paul V, qui appréciait son mérite, le chargea de corriger le

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