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  • — S. m. pi. Dénomination générique de tous

les corps gommeux.

GOMMOIR s. m. (go-moir — ràd. gommer). Techn. Baquet qui contient la gomme dont se sert le fabricant de ouate.

GOMMO - RÉSINEUX, EUSE adj. Chim. Qui tient de la gomme-résine : Suc gommorksineux.

GOAIOL, rivière de l’Afghanistan. Elle prend sa source dans la province de Ghizni ou Gazria, au milieu des montagnes de ce nom, coule d’abord du N.-E. au S.-O., puis au S.-E., et sh jette dans l’Indus, après un cours de 400 kilomètres.

GOMOLKA (Michel), le seul compositeur polonais du xvte siècle dont l’œuvre soit parvenue jusqu’il nos temps, né à Cracovie, mort en 1609. Il étudia la musique en Italie, où, selon toute probabilité, il eut pour maître, Palestriha, et il se fit connaître comme un excellent chef d’orchestre. On a de lui un recueil de compositions, lequel a paru, pour la première fois, k Cracovie en 1580, sous le titre de : Psaume polonais {De hoc opère metodi’irum).

GOMOPHIE s. f. (go-mo-fî). Echin. Division des astéries ou étoiles de mer..

GOMOR s. m. (go-mor). Métrol. Nom d’une mesure de capacité usitée chez les Hébreux et les Égyptiens, pour les grains, et qui, étant le dixième de l’epha, valait 1111,809, et, plus tard, après la réforme philétérienne, sous les Ptolémées, 3l’i,5.

GOMOB ou GGEMOER (comitat de), division administrative de la Hongrie, entre les co

l’O. Superficie, 491 kilom. carrés ; 180,000 hab., dont 90,000 Madgyars,80,000 Slaves, 4,000 Ruthènes, 6.000 Allemands. Au point de vue des confessions, on compte 59,000 catholiques, 70,000 luthériens, 38,000 réformés : le reste appartient à l’Église grecque. C’h.-i., Rima-Szombat (Gross-Sieflelsdorf j, et autrefois Pleissnitz. Le comitat renferme 7 villes, 8 bourgs, 261 villages et G7 hameaux. C’est une des provinces les plus montagneuses du royaume, traversée dans toutes les directions par les Karpathes, qui renferment de riches mines de fer, de cobalt et de cinabre, dont l’exploitation forme la principale occupation des habitants. Les principaux cours d’eau sont : le Hernad et la Golnitz, tributaires de laZips, le Gran et le Sajo. La partie méridionale du comitat, moins montagneuse que la région du nord, est aussi la plus fertile, surtout en blé, maïs, fruits, tabac, chanvre, lin, noix de galle, vin. Outre l’industrie métallurgique, dont nous avons déjà parlé, l’industrie manufacturière y est également trèSétendue ; elle embrasse la fabrication de toiles, de papier, d’ouvrages en bois, de draps et de poterie. Nombreuses sources minérales, thermales et froides, avec 21 établissements de bains.

GOMORRHE, ancienne ville de la Palestine. V, SODOMKET GOMORRHE ;

GOMORTÈGUE s. f. (go-mor-tè-ghe). Bot. Nom donné par quelques auteurs à la lucenne, genre de plantes de la famille des sapotacées.

GOMOTE s. f. (go-mo-te). Bot. Genre de

palmiers.

GOMOZIE s. f. (go-mo-zï). Bot. Genre de plantes, de la famille des rubiacées, dont l’espèce type croit dans l’Amérique du Sud.

GOMPHANDRE s. in. (gon-fan-dre — du gr. gomphos, clou ; anër, — andros, mâle). Bot. Genre d’arbustes, de la famille des olacinées, comprenant plusieurs espèces, qui croissent dans l’Inde.

GOMPHI, ville de la Grèce ancienne, dans laThessalie, près des sources du Pénée. C’est aujourd’hui le bourg de Stagi,

GOMPHIASIS s. m. (gon-fi-a-ziss— du gr. gomp/Uos, dent molaire). Pathol. Maladie des dents molaires.

GOMPHIE s. f. (gon-fî — du gr. gomphos, clou). Bot. Genre d arbres, de la famille de3 ochnacées, comprenant plusieurs espèces, qui croissent en Asie et en Afrique, et surtout dans l’Amérique tropicale.

GOMPHOCARPE s. m. (gon-fo-kar-pedu gr. gomphos, clou ; k/upos, fruit). Bot. Genre de plantes, de la famille des asclépiadées, tribu des cynanchées, comprenant plusieurs espèces, qui croissent au cap de BonneEspérance.

GOMPHOCÉRAS s. m. (gon-fo-sé-rassdu gr. gomphos, clou ; kf.rtis, corne). Moll. Genre de céphalopodes fossiles.

GOMPHOCÉRAT1TE adj. (gon-fo-sé-ra-ti-te — du gr. gomphos, clou ; keras, corne). Moll. Qui ressemble à un gomphocéras,

— s. m. pi. Moll. Famille de céphalopodes fossiles, ayant pour type le genre gomphocéras.

GOMPHOCÈRE s. m. (gon-fo-sè-re — du gr. gomphos, clou ; keras, corne). Entom. genre d’insectes orthoptères, de la tribu des acridiens, à antennes renflées, dont l’espèce type habite le nord de l’ancien continent.

GOMPHOUTE s. ra. (gon-fo-li-te — dugr,

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gomphos, clou ; lithos, pierre). Miner. Roche composée de noyaux ou fragments anguleux de roches diverses, agglomérés dans une pâte calcaire : Le gompholitk est assez commun dans les montagnes de la Suisse. (Th. Château.)

GOMPHOLOBE s. m. (gon-fo-lo-be — du gr. gomphos, clou ; lobion, gousse). Bot. Genre d’arbrisseaux, de ia famille des légumineuses, tribu des podalyriées, comprenant une douzaine d’espèces, qui habitent l’Australie.

! GOMPHONÈME s. m. (gon-fo-nè-me — du
; gr. gomp/ios, clou ; néma, fil). Infus. Genre
! d’infusoires, de la famille des bacillariées,1 comprenant une dizaine d’espèces : Les gom-
phonèmes sont des animaux à carapace simple. (K. Desmarest.)

I GOMPHOSE s. f. (gon-fo-ze — du gr. gom-

! films, clou). Anat. Kspèce d’articulation im-I

mobile, par laquelle les os sont emboîtés l’un j dans l’autre comme un gond dans sa penture : L’articulntion des dents avec la mâchoire est une go.mvhosë.

— s. m : Ichthyol. Genre de poissons, de la famille des lubroîdes, comprenant trois espèces qui habitent la mer des Indes : Les gom- PHOSiss n’ont pas la ligne latérale interrompue, mais infléchie vers ta queue. (Valenciennes.)

GOMPHOSPHÉRIE s. f. (gon-fo-sfé-rldu gr. gomphos, clou ; sp finir a, boule). Infus. Genre d’infusoires, de la famille des bacillariées.

GOMPHOSTEMME s. m. (gon-fo-Stè-medu gr. gomphos, clou ; slemma, couronne). Bot. Genre de plantes, de la famille des labiées, tribu des prasiées, comprenant plusieurs espèces qui croissent dans l’Inde.

GOMPHRÈNE s. f. (gon-frè-ne— altér. de yromplieiia. amarante, d’après Pline). Bot. Genre de plantes, de la famille des ainarantacées, type de la tribu des gomphrénées.

— Encycl. Les gomphènes forment un genre voisin des amarantes, auxquelles on les réunissait autrefois, et qu’on appelle encore aujourd’hui amurantira ou amarantoïde. Il comprend plusieurs espèces originaires des

I régions chaudes des deux continents. Leurs fleurs, fugaces et peu apparentes, sont ac I compagnees de bractées sèches et colorées, dont lu réunion présente l’aspect d’une fleur qui se conserve très-longtemps, ce qui lui a valu le nom populaire d immortelle. On cultive ces plantes dans les jardins d’agrément ;

! si l’on a soin, après avoir coupé leurs rameaux

à Heurs, de les faire sécher a l’ombre

! et la tète en bas, on peut les employer à orner

les appartements ou à faire des bouquets d’hiver.

| GOMPHRENE, ÉE adj. (gon-fré-né — rad.

I gomphrène). Bot. Qui ressemble ou qui Se

1 rapporte au genre gomphrène.

I — s. f. pi. Tribu de la famille des amaran [ tacées, ayant pour type le genre gomphrène.

GOMPHUS s. m. (gon-fuss — du gr ! gom-

I phos, clou). Entom. Genre d’insectes névroj ptëres, formé aux dépens des libellules, et comprenant un assez grand nombre d’espè I ces, dont plusieurs habitent l’Europe.

GOMROUN, ville de l’imanat de Mascatel V. Goumuoun.

GOMUTO s. m. (go-mu-to). Bot. Espèce de palmier de l’Inde, dont les libres sont textiles. Il PI. GOMUTI.

— Encycl. Les gomuti croissent en abondance dans l’Inde, dans l’archipel Indien et en Chine. Les fibres mouillées de ces palmiers possèdent une élasticité et une ténacité extraordinaires, ce qui les rend très-propres à la fabrication des cordages et câbles pour la marine. On ne se sert guère que de cordages de gomuti en Chine, dans la Malnisie et à Siain. On en fait maintenant des brosses et des tapis de pied. Ces ouvrages résistent longtemps a l’usure, mais la sécheresse leur enlevé de leur ténacité.

GON s. m. (gon). Entora. Un des noms vulgaires du charançon et delà calandre.

GONAGRE s. f. (go-na-gre — du gr. gonu, genou ; agra, proie). Pathol. Goutte du genou.

GONAÏVES (les), ville d’Haïti, sur la côte occidentale, au N.-O. de Port-au-Prince, sur le golfe de Gonave ou de Léogane, par 19° 29’ de lac. N. ce 75" 6’ de long. O., ch.-l. de ia province de l’Artibonite ; 6,000 hab. Port excellent, même pour les gros navires. Tribunaux ; vice-consuls de France, d’Angleterre et des États-Unis. Commerce important en acajou, campêehe, café et coton. Les forêts d’acajou qu’on exploite se trouvent à l’E. de la ville. C est aux Gonaïves que fut proclamée l’indépendance d’Haïti, en 1804. En 1868 et 1869, cette ville soutint un siège d’un an contre les insurgés qui voulaient renverser Salnave, et finit par succomber.

GONALGIE s. f. (go-nal-jl — du gr. gonu, genou ; algos, douleur). Pathol. Douleur rhumatismale fixée sur l’articulation du genou.

GONALG1QUE adj. (go-nal-ji-ke — rad. gonalgie). Pathol. Qui appartient k la gonalgie : Douleur gona.lgiq.ui3.

GONANBOUCH s. f. (go-nan-bouck). Ornith. Espèce de bruant de la Guyane.

GONAQUOIS, nation indigène de l’Afrique

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australe. Les Gonaquois diffèrent des Ilottentots par la teinte plus foncée de leur peau, par leur nez moins camus, leur taille plus haute, mieux formée, par un air et des formes plus nobles.

GONARQUE s. f. (go-nar-ke — du gr. gânia, angle). Astron. Espèce de cadran solaire tracé sur différentes faces d’un polyèdre.

GONARTHROCACE s. f. (go-nartro-ka-se — du gr. i/nnu, genou ; urthron, articulation ; kakia, maladie). Pathol. Inflammation de l’articulation du genou.

GONATOCÈRE adj. (go-na-to-sè-re — du gr. gonu, gonatos, angle ; keras, corne). Entom. Qui a les antennes coudées.

— s. m. pi. Tribu d’insectes, de la famille des curculionides où charançons, qui ont les antennes coudées.

GONATODE s, m. (go-na-tn-de— gr. gonatâdês, noueux). Erpét. Genre de reptiles sauriens, formé aux dépens des geckos.

GONATOPE s. m. (go-na-to-pe — du gr. gonu, gonatos, angle ; poas, pied). Entom. Genre d’insectes hyménoptères, à tarses munis de grands crochets.

GONATOPHORE adj. {go-na-to-fo-redu gr. gonu, gonatos, genou ;pherà, je porte). ZooT. Qui est marqué de lignes formant des angles.

GONATOPITE adj. (go-na-to- pi-te — rad. • gonatope). Entom, Qui ressemble ou qui se rapporte au gonatope.

— s. m. pi. Groupe d’insectes hyménoptères, ayant pour type le genre gonatope.

GONAVE feolfe de). V. Léogane.

GON’ÇALVEZ (Joaehim-Alfonso), sinologue portugais, né en 1780, mort à Macaoen 1S41. Il partit en 1812 pour se consacrer a l’œuvre des Missions, s’arrêta au Brésil, à la côte de Malabar, aux Philippines, arriva à Macao en 18U, s’y fixa et se voua entièrement à l’étude de la tangue chinoise, surtout de la langue parlée par les mandarins. On a de ce savant sinologue plusieurs ouvrages estimés : Grammatica latina nd usum Sinensium jitoe«um (1828, in-16) ; Arte China (Macao, 1829, in-4<>), grammaire portugaise-chinoise ; Diccionario porluyuez - china, no estilo vnlgar mandarim e classico gerat (Macao, 1831, in-8o), son ouvrage capital ; Diccionario china-portuguez (Macao, 1833, in-8o).

GONCE s. m. (gon-se). Argot. Homme que les filous prennent pour victime ; homme qui paraît facile à duper, il On dit aussi gonciek.

GONCEI.IN, bourg de France (Isère), ch.-l. de cant., arrond. et à 29 kilom. de Grenoble, près de l’Isère ; pop. agg)., 1,189 hab. — pop. tôt., 1,587 hab. Le 14 juin 1827, ce bourg faillit être détruit par une trombe d’eau qui causa de grands ravages dans la vallée dont il oc» cupe le débouché.

GONCHON, révolutionnaire et l’un des meneurs habituels du faubourg Saint-Antoine. Il joua un rôle fort actif dans tous les mouvements, et fut souvent l’orateur des députations qui se présentaient à la barre de 1 Assemblée. Le 9 mars 1792, il vint, à la tète des vainqueurs de la Bastille, offrir aux représentants les bras et les piques des patriotes du faubourg. Le mois suivant, il alla avec une autre dèputation au-devant des suisses de Châteauvieux, délivrés des galères, et les accompagna à la barre de l’Assemblée. Gonchon était une puissance populaire ; les girondins parvinrentkl’attacheràleurparti. Ce n’était point d’ailleurs un agitateur vulgaire et frénétique, comme l’ont dépeint quelques historiens. Homme ardent et sincère, il n’en avait pas moins des opinions assez modérées.

L’orateur du grand faubourg parut encore plusieurs fois à la barre de l’Assemblée dans cette même année 1792, soit pour protester contre les complots de la cour, soit pour exalter la révolution du 10 août, soit pour inviter la Convention à la concorde. À la fin de 1792, il remplit, avec un autre citoyen du nom de Foureade, une mission patriotique dans le département d’Eure-et-Loir, où des troubles graves avaient éclaté ; ils contribuèrent à les apaiser par leurs exhortations et leur courageux dévouement. Dans sa séance du 10 décembre, la Convention, après avoir entendu leur rapport, les félicita chaleureusement, et !e président, avec la noble simplicité du temps, leur décerna le titre de oohs citoyens.

Au commencement de 1793, le conseil exécutif envoya Gonchon comme commissaire en Belgique ; il faillit être massacré à Tournay, dans un mouvement fomenté par les préires et les aristocrates. Il tint vaillamment tête à l’émeute, et, le pistolet au poing, parvint à se faire jour à travers une foule de fanatiques armés.

Il fut encore chargé d’une mission à Lyon, lorsque éclatèrent dans cette ville les troubles qui précédèrent sa défection. Arrêté ensuite comme partisan des girondins, il fut cependant traité avec ménagement, mis en liberté sur parole, et définitivement délivré quelque temps après le 9 thermidor. Il ne joua plus dès lors aucun rôle ; cette curieuse physionomie parisienne et révolutionnaire disparaît de 1 histoire épisodique du temps. — Son frère, Antoine Gonciion, présida l’une des commissions militaires de 1 armée de l’Ouest,

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lutta contre Carrier, et mourut h Nantea le 5 février 1794.

GONCOURT (Edmond et Jules Hhot de), romanciers français, nés, le premier, à Nancy le 2S mai 1822, le second, k Paris le 17 décembre 1830. M. Jules de Goncourt est mort en 1870. En 1863, M. Hachette leur ayant contesté leur nom, MM. de Goncourt lui intentèrent un procès qu’ils gagnèrent, en prouvant, pièces on main, leur qualité de petits-dis’ de Huot de Goncourt, député à l’Assemblée nationale en 1789. Leur père était officier supérieur dans la grande armée

Après avoir fait d’assez bonnes études, les deux frères, entraînés par la même sympathie vers la littérature, résolurent de travailler en commun et donnèrent l’exemple assez rare de deux intelligences absolument jumelles, tournées vers les mêmes goûts, les mêmes recherches, et fournissant chacune une part égale à la même œuvre. Ils débutèrent en 18, ïl par une étude sur le. ?a/on et de petites monographies : les Mystères des théâtres (1853, in-s°), la Lurette (1854, in-32) ; puis ils publièrent des travaux historiques d’un genre Spécial, sur le xvtuc siècle : Histoire de la sociale [raiiçnisr penrlai’t la dévolution et /iendanl le Directoire (1854-18..5, 2 vol. in-S°) ; la Résolution dans les mœurs (ISôG, in-8o). Maigri ; le succès qu’obtinrent ensuite leurs œuvres de pure imagination, ils sont souvent revenus à ce genre de recherches ; mais ils y ont apporté plus de curiosité d’esprit que de profondeur, et spécialement, en ce qui Concerne la Révolution, ils n’ont jugé cette grande époque que par ses tout petits côtés. Leur point de vue est constamment monarchique et réactionnaire.

Leur premier roman, bâti sur une donnée assez originale, et qui fut remarqué, est intitulé : En 18.. (18r>4, in-8<>) ; il fut suivi de : Une voiture de masques (185G) ; Sophie Arnould (1857), étude huinoris’ique du genre des précédentes^ l’ortraitsintimestiu xix’si’<ècle (1857-1838, in-8o, deux séries) : Histoire de Marie-Antoinette (1858, iu-S°) ; les SaintAuhin (18Ô9, in-4o) ; les AI mirasses de Louis XV (1860, 2 vol. iïi-8°) ; les Hommes délettres (18> ; o, in-lSi. Leurs dernières œuvres, d’un réalisme ilue personne n’avait encore poussé aussi loin, ont l’ait beaucoup de bruit et ont acquis à MM. de Gonrouri, dans le monde des lettres, une notoriété k part. Ce sont : Sœur Philomine (186 !, in-S°) ; Jtenée Mauperin (1864), Germinie Lneerteux (186r.), deux romans psychologiques diversement appréciés ; Henriette Maréchal, dm me en trois actes et en prose, joué an Théâtre-Français (décembre 1865), dans lequel, faisant pour l’art dramatique ce qu’ils avaient fait pour le roman, les frères de Goncourt portèrent au théâtre l’observation et le sentiment de la vie moderne, mais dont les hardiesses excessives provoquèrent de bruyantes protestations ; Idées et sensations (1866. in-S°) ; Manette Salomon (1868, 2 vol. in-8o) ; Madame Gervaisais (186-J, in-8o). Le Grand Dictionnaire a consacré un article bibliographique à la plupart de ces œuvres, ce qui nous dispense de les analyser ici. C’est sans doute pendant que Madame Gervaisais, singulière étude de mysticisme, était sur le chantier, que le portrait suivant de Jules de Goncourt, tracé dans la Presse par M. G. Maillard, a dû être vrai ; « Travailleur assidu de la bibliothèque du Louvre, il demandait constamment les ouvrages de saint François de Salles, qu’il lisait et relisait sans cesse, VIntroduction à la vie dévote, les Sermons, les Lettres à A/aie de Chantai, etc., prenant des notes nombreuses et se plongeant dans cette lecture abstraite avec des ardeurs extrêmes, comme absorbé et noyé dans ce courant intense de mysticisme et d’idéalisme chrétien. •

Enfin MM. de Goncourt ont achevé, après l’avoir poursuivie pendant une dizaine d années, la publication d’un ouvrage d’art fort remarquable, l’Art au xvine siècle, Watteau, Prudhon, Boucher, Frugonard, Greuze, Debricourt, Latour, etc. (1S60-1867, 17 vol. in-4<>, avec eaux-fortes). Quelques-unes de ce3 eauxfortes sont dues à Jules de Goncourt, qui maniait presque aussi bien la pointe que la piume.

M. Jules de Goncourt était depuis quelques années en proie à une maladie nerveuse, qui le rendait impressionnable au point que le moindre bruit le faisait horriblement souffrir. Il alla, pour ce motif, se fixer à Auteuil avec son frère, et c’est là qu’il est înott, en pleine maturité, en pleine possession d’une célébrité laborieusement acquise.

Th. de Banville a très-bien défini le caractère de cette fraternelle collaboration, qui a fait l’étonnement de Paris, à laquelle nous devons deux ou trois œuvres remarquables, et où pourtant on ne découvrait point les tiraillements qu’un œil exercé trouve dans la plupart de ces mariages littéraires : f Ames si étroitement mêlées et tressées ensemble que, pour ainsi dire, on entendait se mêler leurs souffles, ils ont certes l’imagination, la force créatrice, la valeur de deux écrivains et de deux grands écrivains. Mais ils sont, ils veulent être un seul, s’étant habitués depuis qu’ils existent, par le plus adorable sacrifice qu’un être puisse faire à un autre êtro, à voir, à obsorver, à deviner, à penser, à imaginer ensemble, à trouver ensemble, à la fois, en même temps (merveilleux prodige

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