Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 3, Frit-Gild.djvu/396

Cette page n’a pas encore été corrigée

1230

GERT

projeté, que le manque de fonds et le mauvais vouloir des actionnaires firent abandonner avant son achèvement, et passa, en 1S34, en Russie, où il construisit le premier chemin de fer établi dans ce pays, celui de Saint-Pétersbourg à Zarskoe-Selo. Quatre ans plus tard, cet habile ingénieur se rendit aux Etais-Unis pour y faire des études analogues à celles qu’il avait déjà faites en Angleterre, et il y termina sa vie. Il a laissé : Sujets d’enseignement <ie la géométrie pratique (Vienne, 1818) ; Mémoire sur les grandes routes, 1rs chemins de fer et les canaux de navigation, trad. en français par Girard (Paris, 1827, in-8o). — Sa femme, Clara Gerstnkiî, a publié après sa mort ses études sur les voies ferrées d’Amérique, sous la litre de : /Inscription d’un voyage iliuis les États-Unis de l’Amérique dit Nord (Leipzig, 1842) ; mais ces études ont été remaniées au point de vue technique par Klein et publiées par lui sous ce titre : les Communications intérieures des États-Unis de l’Amérique du Nord (Vienne, 1842, 2 vol.).

GERTRUDE (sainte), abbesse de Nivelle (Brubant), née en 026, morte à Nivelle en 639. Elle était fille de Pépin de Landen, maire du palais du roi d’Austrasie. Ell< ; refusa la main d’un puissant seigneur de la cour, se retira dans l’abbaye de Nivelle, fondée par sa mère, et en devint abbesse à l’âge de vingt ans. Trois ans avant sa mort, elle se démit fie ses fonctions. Gertrude avait un goût éclairé pour les lettres et était en relation avec les nommes les plus instruits de son temps. L’Eglise l’honore le 17 mars, jour anniversaire de sa mort.

GERTRUDE (sainte), née à Eisleben au xmc siècle. Elle était sœur de sainte Mathilde ou Mechtilde, dont elle imita la dévotion et partagea les extases et les révélations. Placée dis l’âge de cinq ans chez les bénédictines de Robt’rdof, elle en devint abbesse en J294, et transféra bientôt après toute sa communauté à Heldelss, où elle mourut, dit-on, d’un transport d’amour divin. Gertrude était lettrée. Elle a écrit le récit de ses révélations et divers ouvrages de théologie mystique.

GERTROIDENBEHG, ville forte de Hollande, prov. du Brabant septentrional, à 17 kilom. N.-E. de Bréda, sur la rive orientale du Biesboch ; 1,600 hab. Bière estimée. Cette localité est mentionnée pour la première fois en 647. Les confédérés la prirent en 1573 sur les Espngnols ; le prince de Parme la reprit en 1593, après un siège de trois mois. On p<Sche aux environs de la cote une quantité étonnante de saumons, d’esturgeons et d’aloses. Gertruidenberg a un port sur la Meuse. Des bateaux la mettent en communication avec les différentes villes dulittoral.

Gerlruitlenher* (CONKtëRIÏNCES DK), conférences fameuses ! qui se tinrent en 1710, et où Louis XIV dut vider jusqu’à la lie le calice d’amertume, qu’il avait fait boire si souvent à ses ennemis. Il avait usé sans ménagement de la victoire ; il fut traité sans pitié dans les revers, et, disons-le, sans grandeur, sans dignité même de la part de ses ennemis. Après la perte de la bataille de Malplaquet et la prise de Mûns, qui ouvrait à l’ennemi les portes de la France, il se résigna à implorer pour la troisième fois la paix de ces alliés devenus si hautains et si insolents, après avoir dévoré tant d’humiliations. À une demande de ce genre, formulée l’année précédente par le marquis de Torcy, le grand pensionnaire Heinsius avait répondu pur de révoltants prt-liminaires en quarante articles, dont le quatrième et le trente-septième portaient :

« Le ivi de France fera en sorte que, dans l’espace de deux mois, à commencer du 1er juin 1709, le royaume de Sicile soit remis à Charles iil et que- Philippe d’Anjou sorte de l’Espagne. Si ce terme s’écoulait sans que Philippe consentît à l’exécution de cette convention, Louis XIV prendra, avec les puissances alliées, les mesures convenables pour en assurer l’entier effet.

Au cas que le roi exécute toutes les clauses stipulées, et que toute la monarchie d’Kspagne soit rendue et cédée au roi Charles dans le terme stipulé, on accorde que la cessation d’armes entre les puissances belligérantes continuera jusqu’à la conclusion et a la ratilicatiori du traita de paix à faire. »

À ces insolentes propositions, le marquis de Torcy répondit par un refus perenipto’ire ; mais les malheurs de la campagne de 1709 furent tels qu’il fallut encore demander la paix. Louis XIV déclara qu’il acceptait . les articles préliminaires, moins le trente-septièine, mais il convint qu’un équivalent serait substitue à cet article humiliant. Il ne put obtenir, néanmoins, qu’on ouvrit des conférences publiques et générales à La Haye ; les états généraux ne consentirent qu’à des conférences particulières et censées secrètes, qui devaient se tenir dans la forteip.sse de Gertruidenberg. C’est là que se rendirent les plér nipoientiaires de la France, le maréchal d’Huxelles et l’abbé de Polignac, celui-là inéine qui avait fait un jour cette fière réponse aux ministres hollandais : ■ Nous traiterons de vous, nous traiterons chez vous et nous traiterons sans vous. » Les temps étaient bien changés.

Dans "une première conférence tenu» à Moërdyck, le 9 mars 1710, les plénipotentiaires français s’efforcèrent, ainsi que dans la (suite des négociations, d’obtenir jiour Phi GERU

lippe d’Anjou les Deux-Siciles et les places de la Toscane ou le royaume d’Aragon. N’ignorant pas qu’il existait, aussi bien en Angleterre qu’en Hollande, un parti qui inclinait fortement à la paix, le maréchal d’Huxelles et l’abbé de Polignac traînèrent les conférences en longueur, afin de laisser à ce parti le temps de profiter de quelques circonstances favorables. Ils bornèrent ensuite leurs demandes à l’île de Sicile avec les places de la Toscane, et les députés hollandais exigèrent qu’on leur présentât une déclaration de Philippe V portant qu’il se contentait de cette indemnité et accéderait à la paix à cette condition. En même temps, Louis XIV faisait déclarer’par" ses envoyés que, si le duc d’Anjou ne se contentait pas d’un médiocre partage, non -seulement il lui retirerait toute assistance, mais qu’il punirait quiconque lui porterait secours et qu’il romprait même avec lui, si Philippe recevait des Français à son service. Dans une conférence du 15 juin, les plénipotentiaires français déclarèrent donc que Louis XIV était disposé à entrer* comme on l’avait demandé, dans un concert de mesures avec les alliés, et ils offrirent des subsides dans le cas où ceux-ci se verraient obligés de continuer la guerre pour détrôner le petit-fils du roi de France ; et comme Philippe V avait déclaré qu’il n’abandonnerait jamais le trône d’Espagne, les ministres français promirent jusqu’à million de subsides par mois. C’est une triste et navrante lecture que celle de leur correspondance ! « Les représentants du plus fier des rois et de la première des nations semblent reconnaissants quand on ne manque pas envers eux aux plus vulgaires égards. Quelle expiation de notre superbe !» (Henri Martin.)

Devant l’humiliation de nos plénipotentiaires, l’insolence des alliés ne connut plus de bornes : leurs prétentions et leurs ressentiments contre la France éclatèrent sous les formes les plus impitoyables, les plus cyniques même. Dans le principe, ils avaient seulement exigé que Louis XIV joignit ses troupes aux leurs pour chasser Philippe V d’Espagne ; cette fois, ils déclarèrent brutalement qu’il ne s’agissait plus ni de troupes auxiliaires ni de subsides ; mais que Louis XIV devait s’engager à faire exécuter dans deux mois toutes les conditions des préliminaires. En d’autres termes, Louis XIV devait se charger seul de chasser d’Espagne son petit-fils. À ces propositions monstrueuses, qui outrageaient également le père et le roi, Louis bondit d’orgueil et Je colère ; il eut un noble mouvement : « Puisqu’il faut que je fasse la guerre, s’écriat-il, j’aime mieux la faire à mes ennemis qu’à mes enfants ; » et il rappela aussitôt ses ambassadeurs, qui repartirent le 25 juillet 1710, après avoir dévoré quatre mois et demi d]humiliations.

La passion et la présomption firent ainsi manquer aux alliés l’occasion de conclure une paix aussi avantageuse et glorieuse pour eux que déplorable pour la France. Cette occasion ne devait plus se représenter pour nos ennemis

GÉRUMA s. m. Cé-ru-ma). Bot. Genre de

Fiantes, de la famille des méliacées, dont espèce type habite l’Arabie.

GERUNUA, ville de l’ancienne Hispanie, aujourd’hui Girone.

Gcrundio (fray), roman de mœurs ecclésiastiques au xvnie siècle, en Espagne, par le Pore Isla (175S). De même que la chevalerie errante et les sottises des vieux romans ont rencontré leur plus mordant satirique dans un vieux soldat, le peintre inimitable de Don Quichotte, les extravagances, les mœurs singulières des prédicateurs ont rencontré le leur dans un prêtre, un jésuite, le Père Isla, une des plumes les plus hues de la littérature espagnole.

Pour en finir avec une manie ridicule de son temps, la prédication en plein vent, et avoir une bonne fois raison de tous ces frères débraillés, ignorants, qui parcouraient les villages, faisant la parade sur des tréteaux comme des baladins, il lança par le monde son Fr<iy Gerundio, sorte de Don Quichotte de l’Église, chevalier errant du prêche, à la recherche d’auditoires bénévoles. Le Père Isla avait vu de près les couvents, l’éducation du prédicateur ; il avait entendu et fait lui-mime des sermons : il savait sur le bout du doigtla composition des auditoires espagnols ; aussi a-t-il créé un type qui restera.

Fray Gerundio, né dans un village, passe son enfance entre la Tia Catanla, le licencié Quijano de Perote et le chapelain de Campazas, un trio de têtes grotesques. Un frère qui passe par Campazas et qu’on vénère comme un saint, « parce qu’il tutoie tout le monde, appelle les leinmes des bestioles et la sainte Vierge une brebis, » avait tâté la tête du Gerundio nouveau-né et prophétisé qu’il serait moine, grand lettré et prédicateur stupéfiant. On le met à l’école. Le Boiteux, son magister, est l’inventeur d’un merveilleux système d orthographe, qu’il inculque à son élève. Du Boiteux, il passe sous la férule du domine de Sau-Lueas, bonhomme tout farci de citations grecques, latines, d’hémistiches, de vers entiers, d’aphorismes. Toute son étude consiste à bourrer le jeune gars de lambeaux de Platon, d’Euripide, de Juste-Lipse, d’Aristote, qu’il lui fait répéter comme k un perroquet. Au bout de cinq ans quatre mois et vingt jours de cet exercice, le petit

G-ÉRTJ

Gerundio est déjà très-fort, et, à son retour au village, il s’écrie : Proh dii immnrtalesl c’est-à-dire : ■ Bonjour, mes amis ! » Un Père provincial de passage à Campazas est ravi de son intelligence et l’emmène au couvent. Là, il apprend lascotastique ; on lui démontre l’usage du distinguo, au syllogisme en imrbara ou en celareut ; on lui explique l’être et la substance, les entités, l’intrinsèque et l’accidentel. Là, il voit, il entend les maîtres du jour, les prédicateurs à la mode. L’un d’eux, fray Blas, personnifie admirablement les ridicules, l’emphase, la recherche bouffonne qui étaient de mise à cette époque dans la chaire. Haut et ferme, comme frère Jean des Entommeures, bien en chair, robuste de poumons, mais soigné de sa personne, veillant aux plis de sa robe, mettant à ses phrases baroques toutes les nuances du bon ton, fray Blas enlève les foules à la force de la voix, comme un hercule des poids de 100 kilogr. à la force du poignet.

Fray Gerundio, nourri de si bons exemples, ayant plein la bouche de grands mots, paraphrase chaldaîque, version de Théodose, ’ Bible de Symmaque, texte hébreu, texte arabe, texte grec, est jugé apte aux fonctions de prédicateur, débute dans le réfectoire des frères et commence ses pérégrinations.

Cette seconde partie ne tient pas, à beaucoup près, ce que promettait la première. A vrai dire, le sujet était épuisé ; il n’y avait plus absolument qu’à glaner, et jamais Gerundio, avec sa tête obtuse, ne pouvait aller à la-cheville des maîtres fameux cités en exemple. Cependant, il eut un beau jour : ce fut celui où il vint prêcher dans son village, devant la Ti£i Catanla. le licencié Quijano, ’ le curé, etc. C’était pendant une grande fête ; il y avait funcion, auto sacramental, et même on y voyait le carrosse d’Ezéchiel avec les quatre animaux symboliques. Fray Gerundio cherchait un texte, un dilemme étourdissant ; il lui en vint trois à l’esprit : 1» Ou il y a un sacrement à Campazas, ou-il n’y a pas de foi dans l’Église ; 2» Ou ceci est le corps du Christ, où il n’y a pas-de règles dans le jeu de cartes ; 3° Ou ceci n’est ni pain ni vin. on je ne suis qu’un ivrogne. Tout bien pesé, il choisit le premier, comme entièrement inintelligible, et émerveilla son auditoire.

L’œuvre du Père Isla est excellente de malice et de fine raillerie. On a reproché au plan de ressembler un peu à celui du Don Quichotte. Certaines pages sont devenues classiques. Bien accueilli d’abord, même par le clergé, Fray Gerundio fut ensuite très-sévèrement proscrit par l’inquisition, qui interdit, non-seulement le livre, mais tout plaidoyer pour ou contre. La première partie seulement était publiée, Historia del famoso prédicador fray Gerundio de Campazas, alias Zotes (Madrid, 1757, in-4o). La mise à l’index est de* 1791. La deuxième partie parut en Angleterre en 1792. Le Père Isla s’était réfugié en Italie. Les prohibitions ne furent levées qu’en 1813. Dans le style populaire, un fray Gerundio désigne encore un prédicateur boursouflé, emphatique.

GÉRUZEZ (Jean-Baptiste-François), littérateur français, né à Reims en 1764. mort en 1830. Il appartenait à l’ordre desgénovet’ains lorsque la llévolution éclata. Après la suppression des ordres religieux, il devint curé de Sacy, près de Reims, outint pendant ia Terreur un emploi de commis rédacteur au ministère de l’instruction publique, concourut ensuite avec succès pour une chaire de grammaire générale à l’École centrale de Beauvais, et fut enfin nommé professeur à Reims, Géruzez a publié, entre autres écrits : Discours sur l’oriijine et les progrès de la langue française (Beauvais, 1801, in-8o) ; VElude des langues anciennes et de sa propre langue (1818, in-8o) ; Sur l’instruction primaire (1824).

GÉRUZEZ (Eugène), littérateur français, neveu du précèdent, né à Reims en 1799, mort en 1865. Il était éiève de l’École normale lorsque, en 1821, elle fut licenciée. Sept ans plus tard, il se fuisait recevoir agrégé des lettres, passait son doctorat en 1838 et devenait, en 1840, professeur agrégé de la Faculté de Paris, dont il fut secrétaire, après avoir suppléé, pendant dix-neuf ans, M. Villemain dans la chaire d’éloquence française. Cet écrivain érudit a publié plusieurs ouvrages estimés. Nous citerons : Cours de philosopliie (1S33), plusieurs fois réédité ; Histoire de l’éloquence politique et religieuse en France aux Xtvc, xve et xvie siècles (1837-1833, 2 vol. in-8o) t Essais sur l’éloquence et ta phitosop/iie de saint Bernard (1839, in-8o) ; Essais d histoire littéraire (1839, in-8u), recueil d’articles ; Leçons de mythologie (1844, in-8<>) ; Nouoeaux essais d’histoire littéraire (1845), ouvrage couronné par l’Académie française ; Cours complet d’éducation pour les filles (1846, in-8o), plusieurs fois reédité ; Cours de littérature (18-16) ; Histoire de la littérature française jusqu’en 1789 (1852, ili-8», et 1861, 2 vol. in-8"), œuvre substantielle, aussi remarquable par le style que par les appréciations littéraires, et qui a obtenu, en 1861, un des prix Gobert. Outre ces ouvrages, M. Géruzez a publié de nombreux articles dans divers journaux politiques et littéraires, la Revue française, la Jieoue brilannique, le Moniteur, le Temps, le National, le Constitutionnel, le Lycée, la lievue de l’instruction publique, etc. Après sa mort, on a réuni divers écrits de lui, publiés sous le titre de

GERV

Mélanges et pensérs (1866, in-lS"), et précédés d’une notice de M. Prévost-Paradol.

GËRVA1S (SAINT-), bourg de France (Hérault), ch.-l. de cant., arrond. et à 45 kilom. de Béziers ; pop. aggl., 1,391 hab. — pop, t’t., 2,323 hab. Mines de plomb et de houille ; fabriques de draps. Vestiges d’un chàteatu fort, n Village de France (Isère), cant. de Vinay, arrond. et à 16 kilom. de Saint-Mnrcellin ; 591 hab. Fonderie de canons pour la marine, possédant 2 hauts fourneaux, 4 fours à réverbère, 9 bancs de forerie. Cette fonderie, l’une des plus importantes de France, fut créée, en 1619, par la présidente de Saint-André, vendue à Louis XV en 1731. pillée en 1814 par les Autrichiens et rétablie en 1816. Elle fabrique des canons d’un poids moyen de 3,200 kilogr.

GERVAIS (SAINT-), bourg et comm. de France (Puy-de-Dôme), ch.-l. de cant., arrond. et à 35 kilom. de Riom : pop. aggl., 854 hab. — pop. tôt., 2,530 hab. Important commerce de céréales et de toiles de lin. Mines de houille inexploitées. Église romane,

GERVAIS et PROTAIS (saints), nés à Milan, martyrisés dans cette ville sous Néron. Ils étaient frères et avaient pour père saint Vital. Leurs reliques furent, dit-on, miraculeusement retrouvées par saint Ambroise et transportées dans la basilique que ce dernier venait de faire construire à Milan. La fête de ces deux martyrs se célèbre le 19 juin.

Gervnis (ÉGLISE DE Saint-). Dès le Vie siècle, il existait, dans le faubourg septentrional de Paris, une église dédiée aux deux martyrs Gervais et Protais. Le poète Fortunat, qui écrivait sous les règnes de Childebert et de Chilpéric, parle de cette église dans sa Vie de l éaêque saint Germain, et lui donne le titre de basilique. Cet édifice- a subi plusieurs reconstructions. Dans le collatéral du chœur de l’église qui existe aujourd’hui, se trouve l’inscription suivante : " Bonnes gens, plaise vous sçavoir que cette église de messieurs saint Gervais et saint Piôtais fut dédiée le dimanche devant la fête de saint Simon saint Jurle, l’an 1420, par la main du révérend Père en Dieu, maître Gombault, évêque d’Agrence, et sera à toujours la fête de l’annualité de dédicace le dimanche devant ladite fête saint Simon saint Jude, s’il vous plaît y venir y recommander vos maux et prier pour les bienfaiteurs de cette église, et aussi pour les trépassés. Pater noster. Ave, Maria. » L’abbé Lebeuf ne croyait pourtant pas que l’église actuelle de Saint-Gervais fut celle que L’évêque d’Agrence dédia eu 1420.

! L’église de Saint-Gervais se trouve aujourd’hui

enveloppée de maisons, à l’exception du

! portail, qui a été dégagé 11 y n quelques années.

Ce portail, autrefois en grand renom, fut construit par Jacques de Brosse, l’architecte du Luxembourg ; Louis XIII en posa la pre■ mière pierre le 24 juillet 1616. Il se compose 1 de trois ordres suporposés, le dorique, l’ionique et le corinthien ; les deux piemiersor|. dres sont de huit colonnes et le dernier de quatre. Des niches, des guirlandes, les statues de saint Cervais et de saint Protais, celles des évangénstes complètent la décoration. Trois portes sont percées dans ta fuçade. La hauteur de l’ensemble dépusse 150 pieds. L’église de Samt-Gervais est en forme de croix, et, à l’exception du portail dont nous venons de parler, elle appartient, par son architecture, à la dernière époque du style gothique. L’abside parait un peu plus ancienne que la nef. Des contre-forts garnis d’à guilles et de clochetons soutiennent la poussée des voûtes ; des gargouilles eu forme d’animaux fantastiques déversent les eaux de la toiture. De nombreuses fenêtres à meneaux éclairent l’uglise. La tour s’élève à l’angle du croisillon septentrional et de l’abside. Sa partie inférieure est du style ogival ; les étages supérieurs datent du xvuc siècle.

L» nef de Saint-Gervais est accompagnée de deux collatéraux simples et de chapelles. Les voûtes -de l’église sont très-élevees. La plupart des verrières sont attribuées à Robert Pinaigrier et à Jean Cousin. La tribune de l’orgue est en pierre ; elle a été construite au xvue siècle. La chapelle de la Vierge, placée au point extrême du chevet, est éclai. rée par cinq fenêtres à meneaux flamboyants ; les nervures de la voûte forment une clef pendante travaillée avec beaucoup d’art et de délicatesse. Cette clef de voûte, chefd’œuvre des frères Jacquet, habiles maçons du xvie siècle, a 6 pieds de diamètre et 3 pieds 6 pouces de saillie ; elle représente la couronne de la Vierge. Les stalles du chœur ont été sculptées au xvie siècle ; leur ornementation, des plus curieuses, ne respecte pas toujours la décence. D’après M. de Guilheinin, on y voit, entre autres sujets, un homme accroupi, coiffe d’un bonnet à oreilles d’àiiB, qui souilie le seuil d’une porte, taudis que te propriétaire de la maison le regarde d’un air piteux. Dans la chapelle des fonts baptismaux se trouve une copie réduite du portail de l’église, qui fut sculptée en bois par un menuisier nommé de Hanci, et qui servit longtemps de rétable à l’autel de la Vierge. Ou voit dans la chapelle de Saint-Denis un tableau sur bois attribué k Albert Durer et représentant, en neuf compartiments, les principales scènes de la Passion. Au-dessus du oanc d’oeuvre est placé un tableau du Pérugin, représentant Dieu le Père entouré d’un chœur