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À l’heure indiquée, les deux rivaux se rendent sur les bords de la Tamise, escortés de leurs parrains, comme autrefois les chevaliers qui entraient en champ clos. Une foule immense les suivait, attirée par la singularité de l’aventure : les badauds sont de tous les temps et de tous les pays. Voilà nos deux hommes en présence et dans un costume léger qui indique à quel genre d’exercice ils vont se livrer. Le Gascon semble tout joyeux de se voir devant son élément favori. Il avait à ses côtés une sorte de planchette en bois de liège et une petite caisse. Le nègre, intrigué à la vue de cet attirail, ne put s’empêcher de lui en demander l’explication. » Capédébious I lui répondit le Gascon sur un ton goguenard, croyez-vous que je vive dé l’air du temps ? Ceci est pour charmer les ennuis du voyage, car, lorsque je mé décide à faire une petite excursion en mer, j’ai soin dé faire mes provisions. Voilà ma table de voyage et voici mon viatique. » Ce disant, il montra sa tablette de liège et ouvrit la caisse, où se trouvaient une douzaine de bouteilles avec des victuailles à l’avenant. Le nègre écarquiliait de grands yeux blancs ; les cheveux commençaient h lui dresser à la tête. « Sandis ! mon pauvre garçon, continua le sycophante, je vois bien que vous avez envie de mourir de faim en route. Savez-vous que je vous mène tout droit à Gibraltar ? ■

Pour le coup, le nègre n’y tint plus ; le regard moqueur du Gascon, son ton résolu le frappèrent d’épouvante. Il s’enfuit en criant que jamais il n entrerait en lice avec un pareil homme. On eut beau courir après lui et essayer de lui prouver que ce n’était, de la part de son adversaire, qu’une fanfaronnade impossible, ridicule, il ne voulut entendre à rien, de quelques reproches que l’accablât son maître, furieux de perdre un si beau pari.

Qu’on nous permette de consacrer à la poésie la fin de ce grave chapitre. Les poètes, tous gascons plus ou moins, ne pouvaient manquer d’être inspirés par un pareil sujet.

Certain Gascon, pressé d’argent. Vint dire au bon Fleury : • Je suis votre parent, drille, Monseigneur. — Mon parent ? — Oui, répondit le Je le suis. — Par où dons ?— Eh ! du côté d’Adam. ■

Lors le prélat, d’un sou le régalant, Lui dit : • Cousin, passez dans toute la famille, Et que chacun vous en donne autant ! • L’abbé de Retrac. «

Un Gascon chez un cardinal Exaltait la Garonne avec persévérance ; C’était un fleuve d’importance ; C’était un fleuve sans égal.

« À ce compte, monsieur, lui dit Son Eminence, Le Tibre auprès de lui ne serait qu’un ruisseau.

— Le Tibre, monseigneur ! Sandis ! belle merveille ! S’il osait se montrer au pied de mon château, Je le ferais mettre en bouteille. •

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Ces jours passés, maint grave politique, Gazette en main, parlait de la tactique. . Moi, disait l’un, je suis pour un assaut.

— C’est, disait l’autre, un siège qu’il me faut.

— Une bataille a pour moi plus de charmes, Criait un tiers ; il y fait un peu chaud ; Mais j’aime fort le cliquetis des armes.

— Ma foi, messieurs, tout ce qu’il vous plaira, Dit un Gascon en secouant la tète,

Siège, bataille, assaut, et estera... Moi, je suis fou d’une belle retraite. •

Pons de Verdun.

« De noblesse à noblesse on fait la différence,

Disait quelqu’un ; sans me vanter, Dans ma maison je puis compter Jusqu’à douze bitons de maréchaux de France. C’est bien honnête. — Et qu’est-ce la ? Dit un Gascon. Belle vétille ! Depuis cent uns et par delà. Ce n’est qu’avec ces bâtons-la. Que l’on se chauffe en ma famille. •

  • »

PORTRAIT D’UN OASCON TEINT PAR LUI-MÊME.

Tel qu’on ma voit, je suis l’ai né, — Né D’illustre noblesse ; Personne né m’a demandé Dé Prouver mon aînesse. Car chacun, en ce pays-ci, Si- Gnerait mon histoire ; Et j’aurais de l’esprit aussi. Si L’on vouloit mé croire.

GASCONNER v. ri. ou intr. (ga-sko-nérad. gascon). Parler avec un accent gascon ; imiter l’accent gascon : Il gasconne toujours un peu, malgré les dix ans qu’il a passes à Paris. File gasconna si prodigieusement, que les comédiens ne doutèrent pas qu’elle ne fût îifjlée. (Grimm.)

— Se vanter, mentir ; dire des gasconnades : Ne l’écoutez pas ; il gasconne.

— Activ. Dire avec un accent gascon : jl/llo Delahaye GASCONNE gentiment le râle de la soubrette. (De Biéville.)

GASCOYNE (Guillaume), astronome anglais, né vsrs 1630, tué le 2 juillet 1644 à la bataille

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de Marston-Moor. On a de lui une série d’observations, commencées en 1638 et continuées jusqu’en 1643, qui parurent, en 1725, dans l’Histoire céleste de Flamstced. Il se servait, pour sesobservations, d’une lunette de 4 pieds, munie d’un micromètre de son invention et le premier qui ait été imaginé ; car celui de Huyghens ne fut mis en usage, pour la première fois, qu’en if.58, pour la détermination du diamètre de Vénus.

Le micromètre de Gascoyne était composé de deux fils parallèles dont la distance pouvait être agrandie ou diminuée à volonté par un mouvement de vis. Le rapport de la demidistance des deux fils à la longueur focale de l’objectif donnait la tangente du demi-diamètre apparent observé. Gascoyne trouva ; à l’aide de cet instrument, pour les valeurs maximum et minimum du demi-diamètre apparent du soleil, les nombres 16’ 27",5 et 15’52",5, qui sont très-approchés.

Auzout et Picard, en France, n’pnt conçu que plus tard la même idée ; mais, comme l’invention de Gascoyne n’a été publiée que postérieurement aux communications qu’ils firent de la leur, ils doivent partager avec lui l’honneur d’une découverte très-simple assurément, mais qui devait avoir la plus grande influence sur les progrès de l’astronomie.

Townley avait apporté quelques modifications au micromètre de- Gascoyne, et Hooke se chargea de revendiquer devant la Société royale de Londres les droits de l’Angleterre, à propos de l’invention contestée. On répondit avec juste raison que les droits, en pareille matière, s’acquièrent par la publication.

GASFOT s. m. (ga-sfo). Pêche. Petit croc servant à tirer d’entre les roches les crabes, les homards et autres gros crustacés.

GASKELL {Elisabeth Clkqlom, mistress), une des femmes de lettres les plus distinguées de l’Angleterre, née vers 1822, morte en 1866. Elle épousa, à vingt ans, un ministre unitaire, habitant Manchester, et qui s’est distingué lui-même par ses recherches sur l’histoire et le dialecte du comté de Lancastre. On lui doit des romans dans lesquels la condition si digne d’intérêt des classes laborieuses est dépeinte avec une vigueur remarquable. Ils appartiennent, en général, à cette école qui s’applique surtout à reproduire la vie réelle, real life. Dans celui qui a pour titre Mary Barton (1848), édité sans nom d’auteur, mistress Gaskell a exposé avec une effrayante vérité la condition misérable, les souffrances et les besoins des ouvriers de fabrique. Ce livre a causé, à son apparition, une grande impression, et le succès qu’il obtint s’est continué dans les œuvres que le même écrivain donna ensuite, œuvres morales qui ont obtenu beaucoup de faveur en France, où les traductions de M"" Morel, entre autres, les ont fait connaître. Mais mistress Gaskell, à côté de scènes d’un réalisme effrayant, a, dans les meilleures intentions du monde, propagé les erreurs économiques les plus manifestes, à propos des droits et des devoirs des ouvriers et des patrons, c’est-à-dire en ce qui concerne les rapports du travail et du capital. Le premier livre que publia mistress Gaskell, après Mary Barton, fut Moorland Cottage, ce que nos voisins d’outre-Manche appellent un conte de Noël, et qui parut en 1830. Sur ces entrefaites, M. Dickens ayant publié ses Household words, mistress Gaskell en devint la collaboratrice assidue. Elle publia successivement dans ce recueil Lizzie Leigh, Cranford, Autour du sofa, De droite à gauche, et plusieurs contes. Le second roman de longue haleine de mistress Gaskell, Ruth, parut en 1853 et, par la nature même de son sujet, obtint un succès moins grand que Mary Barton. Dans North and Souik (1855), elle regagna un peu de popularité par la peinture exacte et attachante de la vie des classes ouvrières du Yorkshire. La traduction française porte le titre de Marguerite Hall. Le dernier ouvrage de mistress Gaskell est une biographie fort remarquable et fort étendue de son amie, l’auteur de Jane Eyre. La Vie de Charlotte Bronte, publiée en 1857, est un récit d’autant plus touchant qu’il est vrai, et il a eu déjà plusieurs éditions.

Voici le jugement qu’a porté sur elle et sur son œuvre M’ne L.-Sw. Belloc : « Le sentiment du devoir, le respect de la vérité, la domination de soi et la chaste réserve qu’elle impose ont présidé à toute l’existence publique et privée de mistress Gaskell. Son style flexible sa prête, comme sa belle organisation, à exprimer des sentiments variés. Une sensibilité vive s’allié chez elle à l’humour, cette gaieté anglaise qui naît de l’observation des contrastes et en tire des effets plaisants ; innocente moquerie exempte d’amertume, qui ne s’attaque qu’à de petits travers et ne blesse pas ceux qu’elle atteint. Son extrême finesse de touche, si remarquable dans les détails, ne fait que mieux ressortir la fermeté du trait. Quand la justice est en cause, elle a pour la défendre de* courageux accents. Elle ne pactise pas avec le vice ; elle ne s’applique jamais à le farder, à lui donner un faux air de grandeur ; si elle l’aborde, ce qu’elle fait rarement, elle le montre, abject, tel qu’il est en réalité j mais elle ne confond pas l’erreur avec le crime. Elle a pour la brebis égarée la compassion du Christ, et sa foi religieuse est tout l’opposé du rigorisme puritain. Sa moralité ne se modèle pas non plus sur celle qui a

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cours dans le monde : souvent elle abaisse ce qu’il exalte et relève ce qu’il humilie. D’excellentes traductions de ses principaux romans ont popularisé en France son talent et son nom. •

GASMANN (Florian-Léopold), compositeur allemand. V. Gassmann.

GASPACHO s. m. (ga-spa-tebo — mot espagnol). Art culin. Espèce de salade, très-estimée en Espagne, et qui consiste en un mélange de pain émietté et de petits morceaux de tomates, de concombres, de cerfeuil, de persil et d’oignons, le tout assaisonné d’huile, de vinaigre, de sel et de poivre, relevé avec de l’ail et du piment, et réduit à la consistance d’une soupe avec de l’eau.

GASPAR, GLASSA ou GÉLASSA, Ile de l’Océanie, dans la Malaisie, archipel de la Sonde, par 2» 21’ de latit. S. et 104» 45’ delongit. E., entre celles de Banca à l’O. et de Billiton au S.-E. Sol boisé.

Gaspard llauaer, drame tiré d’une historiette de Méry ; représenté, en 1838, à l’Ambigu et à la Gaîté. Une noble châtelaine allemande a eu. avant son mariage un enfant qu’elle a fait disparaître. Le petit être a été pendant dix-huit ans enfermé dans une horrible prison. Un jour que Gaspard a faim, il pousse des cris qui sont entendus par un jeune médecin ; celui-ci soupçonne quelque crime, fait un trou à travers le mur "et, aidé d’une jeune camériste, tire de prison le pauvre idiot. Gaspard Hauser est tout étonné du spectacle nouveau qui se présente à ses yeux ; le seul mot qu’il puisse dire est : < Faim ! faim ! > La jeune fille va chercher un pasteur du voisinage, et tous trois emportent Hauser. Schwartz, la geôlier, vient de découvrir que la prison était vide, lui qui avait empêché le baron de la faire murer ; il se sauve. Quant à Hauser, il renaît à la vie et même à l’amour, soigné dans un village voisin où le gardent Schwartz, Fritz et Anna. C’est dans ce village que le baron et la comtesse ont résolu de passer l’été. Schwartz somme le baron de rendre à Gaspard la place qui lui appartient, il le menace ; mais le baron le tue d’un coup de pistolet. La comtesse est émue en présence de Gaspard ; elle sent tressaillir ses entrailles de mère. Mais son père aime mieux s’empoisonner que de voir l’honneur de sa maison souillé, et Gaspard Hauser, comprenant que sa place n’est plus dans ce monde, s’empoisonne aussi. Ce drame assez bizarre a réussi, parce que le public était surtout empoigné par l’histoire de Gaspard Hauser,

GASPARI (André), diplomate espagnol, né à Morsiglia (Corse) en 1542, mort à Madrid en 1590. Il entra, en 1568, dans le conseil secret du roi d’Espagne, Philippe II, qui l’envoya deux ans plus tard, en qualité d’ambassadeur, auprès du dey d’Alger. Gaspari acquit bientôt l’estime du souverain musulman et obtint de lui la mise en liberté de plusieurschrétiens tombés en esclavage, et au nombre desquels se trouvait le neveu du pape Pie V. Vers la même époque, le trône de Maroc se trouvait disputé par plusieurs prétendants. Gaspari fit envoyer par le roi d’Espagne 30,000 hommes à Muley-Abd-el-Melek, qui, grâce à ce secours, remonta sur le trône. Plein de reconnaissance pour le service que Gaspari lui avait rendu, 1 empereur de Maroc demanda à Philippe II de lui envoyer ce diplomate comme ambassadeur, le combla de présents et lui assura un revenu de plus de 80,000 écus. Gaspari était depuis six mois au Maroc, lorsque les cruautés de Muley-Abd-el-Melek provoquèrent une nouvelle révolte, à la tête de laquelle se trouvait Muley-Mohamed, neveu de l’empereur. À l’appel de Muley-Mohamed, le roi de Portugal, dom Sébastien, arriva au Maroc avec une armée et livra, en 157S, à Muley-Abd-el-Melek la bataille dite des trois rois, parce que dom Sébastien, Muley-Abd-el-Melek et Muley-Mohamed y trouvèrent la mort. Sous le nouvel empereur, Muley-Achinet, Gaspari resta au Maroc comme ambassadeur. Il obtint la liberté de 300 chevaliers que l’empereur envoyait en présent au Grand Seigneur, la liberté sans rançon du duc de Bragance et la remise du corps de dom Sébastien, qu’il accompagna lui-même en Espagne. Fatigué des intrigues continuelles de la cour de Maroc, il refusa les propositions de Muley - Achmet, qui voulait se l’attacher comme premier ministre. En 1586, il fut envoyé en Portugal pour dissiper les troubles occasionnés par la mort de dom Sébastien. Au retour de cette mission, le roi se l’attacha plus particulièrement et lui donna un appartement dans l’Escurial. C’est là qu’il mourut, ne laissant d’autres héritiers que ses frères, qui vinrent s’établir en France, ou leur branche s’est éteinte en 1840. La branche cadette a francisé son nom et est devenue la famille Gasparin.

GASPARI (Adrien-Chrétien), géographe allemand, né à Schleusingen (Saxe prussienne) en 1752, mort en 1830. Il professa successivement la philosophie à Iéna (1795), l’histoire et la géographie à Oldenbourg, à Dorpat et à Kœnigsberg (1830). Gaspari a publié plusieurs ouvrages, dont les principaux sont : Tables statistiques pour les grands États d’Europe (Gotha, 1778) : Sources et matériaux pour ta connaissance de l’histoire et du gouvernement des États du Nord (Hambourg, 1786) ; Essai sur l’équilibre politique des États européens (Hambourg, 1790) ; De l’enseignement métho-

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digue de la géographie et des moyens pour atteindre ce but (Hambourg, 1791), etc.

GASPARILLA, détroit des États-Unis, sur la côte de la Floride. Il s’étend depuis le golfe de Clini jusqu’à la baie Charlotte, sur une longueur de 10 kilom. Sa largeur est d’environ 3 kilom.

GASPARIN (Thomas-Augustin db), homme politique français, né à Orange en 1750, mort dans cette ville en 1793. Il appartenait à la branche cadette de la famille Gaspari, originaire de Corse. Capitaine au régiment de Picardie lorsque la Révolution éclata, il en embrassa les principes avec ardeur, contribua à la réunion à la France du Comtat-Venaissin, et engagea sa fortune personnelle pour payer aux soldats de son régiment révoltés l’arriéré de solde qu’ils exigeaient. Nommé, en 1791, par le département des Bouches-du-Rhône, qui comprenait alors l’arrondissement d’Orange, député à l’Assemblée législative, Gasparin obtint l’assimilation des officiers de volontaires aux officiers de l’armée régulière et fit décréter une organisation démocratique des conseils de guerre. Vers la même époque, il fut envoyé en mission au camp de Chàlons, pour y apaiser une révolte, puis fit, en qualité (le commissaire, un voyage dans le Midi. En 1792, les électeurs des Bouches-du-Rhône l’envoyèrent à la Convention, où il siégea avec les montagnards. Au mois de septembre de la même année, il fut chargé, avec Dubois-Crancé et Lacombe-Saint-Michel, de porter au général Montesquiou le décret qui le destituait. Dans la séance du. 3 janvier 1793, il dénonça violemment les girondins et les accusa d’entretenir des intelligences arec le roi, par l’entremise de Boze et de Thierry. Lors du procès du roi, il vota pour la mort, sans appel au peuple ni sursis. Envoyé auprès de l’année du Nord, il y provoqua un décret d’accusation contre Duinouriez, déjoua ses tentatives pour embaucher ses troupes et concourut puissamment à les rallier.

De retour k Paris, Gasparin fut nommé membre du comité de Salut public. Il se rendit successivement alors en Vendée, à l’armée des Alpes avec Escudier, puis à Toulon, pour surveiller le siège de cette ville avec Albitte, Barras, Fréron, Ricord, Robespierre jeune et Salicetti. La mésintelligence ne tarda pas à se mettre parmi ces hommes de caractères si différents et tous réunis pour résoudre une difficulté qui était du seul ressort des hommes spéciaux dans l’art de la guerre. Gasparin entra en rapport avec Bonaparte, approuva son plan d’attaque, le défendit contre quelques-uns de ses collègues et risqua même sa tête pour le faire adopter. Napoléon s’en souvint à Sainte-Hélène, et l’article 3 du quatrième codicille de l’empereur, daté de Longwood le 24 avril 1821, contient les lignes suivantes : « Nous léguons 100,000 francs aux fils ou petits-fils du député de la Convention Gasparin, représentant du peuple à l’armée de Toulon, pour avoir protégé, sanctionné de son autorité, le plan que nous avons donné, qui a valu la prise de cette ville et qui était contraire à celui envoyé par le comité de Salut public. Gasparin nous a mis, par sa protection, à l’abri des persécutions de l’ignorance des états-majors qui commandaient l’armée avant l’arrivée de mon ami Dugommier. ■ Gasparin ne put voir le triomphe qu’il avait préparé ■ il avait pris une vaillante part aux combats livrés autour de Toulon et commandé, comme adjudant général, les trois attaques successives dirigées en un seul jour contre la principale redoute. Une maladie, occasionnée par ses fatigues, le força de quitter le siège ; il se retira à Orange, où il mourut. Les sociétés populaires de la Provence prirent un arrêté pour honorer sa mémoire. Son oraison funèbre, prononcée par Alittié, fut envoyée et lue à la Convention, qui, d’après ses derniers vœux, reçut son cœur. Les honneurs du Panthéon lui furent accordés sur la demande de Granet.

GASPARIN (Adrien-Étienne-Pierre, comte de), fils du précédent, agronome français, pair de France, membre de l’Institut, ancien ministre de l’intérieur et de l’agriculture, né à Orange en 1783, mort le 7 septembre 1862. 11 embrassa d’abord la carrière des armes, fit comme officier de dragons une campagne en Italie et fut attaché, en 1800, à l’état-major de Murât, qu’il suivit dans la campagne de Pologne. Forcé, par suite d’une blessure, de quitter le service, M. de Gasparin rentra dans la vie privée, employa ses loisirs à l’étude des sciences naturelles, de l’agriculture, de l’économie politique, et ne tarda pas à se faire connaître comme un des premiers agronomes de son temps. Pendant l’Empire et la Restauration, M. de Gasparin resta complètement à l’écart des affaires publiques. En 1810, il lit paraître un Mémoire sur le croisement des races, couronné par la Société d’agriculture de Lyon, et, en 1811, un Mémoire sur la gourme des chenaux. Ces premiers travaux se rattachent à une mission qui lui avait été donnée, lorsqu’il était attaché à l’armée d’Italie, pour se livrer en France à des études sur la médecine vétérinaire, fort négligée alors. Il recueillit ses observations et ses études dans un ouvrage : Manuel d’art vétérinaire (1S17), destiné à populariser cette science si utile à l’agriculture. Il a donné, dans le mémo ordre d’idées : Mémoire sur les maladies contagieuses des bêtes à laine (1820), couronne par 1b So-