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one grande partie du globe : Polynésie, Afrique centrale, Amérique du Nord. Très-inférieur à la civilisation au point de vue du raffinement industriel, l’état sauvage a cependant son aurait, et l’on ne voit pus chez les I-ftirons, chez les Osnges, un grand désir d’imiter les formes civilisées. Si le sauvage se résigne difficilement à changer de vie, c’est que les obligations, les sujétions de la vie civilisée sont nombreuses, tandis que le sauvage est, selon Fçurier, en possession des sept droits naturels suivants : droit de cueillette, droit de pâture, droit de chasse, droit de pêche, droit de vol extérieur, droit de ligue intérieure, droit d’insouciance. L’humanité dut sortir de l’état sauvage lorsque, après avoir détruit le gibier, elle fut obligée de chercher d’autres moyens d’existence. Habituée à l’insouciance, à une vie facile, elle ne pouvait se résigner éncore a féconder le sol, a labourer ; mais elle développa l’élève des animaux domestiques, en forma des troupeaux ; il fallut leur chercher des pâturages, et l’on entra dans la phase de la vie nomade, pastorale et patriarcale.

Le patriarcat donna au père ou chef de tribu des jouissances ; mais, pour tous les autres hommes, cette forme sociale est oppressive ; le père a droit de vie et de mort sur ses enfants : il peut les vendre ; il a. des esclaves ; il achète sa femme et la répudie suivant ses caprices. Dans l’état patriarcal, il est facile de distinguer deux périodes : te patriarcat simple, existence isolée pour chaque tribu (les Hébreux sous Abraham), et le patriarcat fédératif, où plusieurs tribus se liguent et se donnent un chef commun (les Heureux sous Moïse ; le kati des Tartures). Il y a des contrées, dans la haute Asie par exemple, où l’abondance "des pâturages perpétue la vie nomade et pastorale-, ailleurs, ce mode d’existence n’a qu’une durée fort limitée : les tribus Confédérées tendent à devenir un peuple, k se fixer au sol ; la nécessité du travail agricole se fait sentir. On envahit les régions iertiles : les Arabes Hyksos se jettent sur l’ancienne Égypte, les Hébreux sur la Palestine, les Goths, les Huns, les Vandales sur l’Occident, les Turcs sur la Grèce, les Tartares sur la Chine. L’invasion des barbares n’est pas un accident, c’est un fait général et qui a

. sa place marquée dans le développement de la série humanitaire.

La barbarie est un état d’asservissement complet : nous y trouvons le sérail organisé, l’esclavage dur, les supplices raffinés, le gouvernement arbitraire ; le despotisme n est plus tempéré, comme dans l’étal patriarcal, par un sentiment paternel ; mais, pendant la période barbare, l’agriculture s’organise, et l’humanité, parvenue au comble de l’infortune, cesse de déchoir ; elle fait de puissants efforts, s’élève à la civilisation.

Relativement à la barbarie, la civilisation est un progrès ; mais, pour la proclamer le dernier terme de la perfection sociale, il faut fermer les yeux sur l’indigence générale, la fourberie, l’oppression déguisée, mais réelle, le carnage résultant de la guerre soit civile, soit étrangère, et autres fléaux auxquels nous sommes encore en proie. Comme la sauvagegie, comme le patriarcat, comme la barbarie, la civilisation fait partie des sociétés que Fourier a appelées timbiques. La religion nous enseigne que les justes de l’Ancien Testament attendaient aux limbes la venue du Messie : Fourier a appliqué une épithète tirée de ce mot limbes aux états sociaux dans lesquels l’homme attend un organisateur qui fasse succéder l’ordre, la prospérité générale et les lumières li la misère, a l’ignorance, au chaos économique et social. Pour Fourier, la civilisation n’est qu’une station passagère dans la marche du genre humain ; c’est une organisation sociale particulière, destinée, comme l’état patriarcal ou barbare, à se décomposer, à se dissoudre. Comme les autres phases sociales, la civilisation a eu son enfance, sa jeunesse, son apogée ; elle est maintenant à son déclin, voisin de la cadueitêét de la mort. Nous trouvons la civilisation à l’état d’enfance chez les Grecs et les’Romains. Ils sont civilisés, puisqu’à la polygamie et à l’escla-Vagô de la femme ils substituent la rntmoga* mie ou mariage exclusif, puisqu’ils attribuent à l’épouse des droits civils ; elle possède, elle peut tester, elle peut hériter. L’extension des privilèges féminins est la véritable mesure des progrès sociaux ; ce qui distingue la barbarie de la civilisation, c est que le barbare

, fait de îa femme une esclave et que le civilisé lui donne le rang d’épouse. Après l’avènement du Christ, la civilisation’passe de l’enfance à la jeunesse. Ce second âge de la civilisation est marqué par la féodalité nobiliaire, d’où sort l’affranchissement des industrieux, la transformation du l’esclave en serf, puis en membre de la commune. Enfin, la ci’ vilisation parvient, du xvie au xvmo siècle, à son apogée. C’est alors que se développe l’art nautique ; les navigateurs deviennent entreprenants ; guidés par la boussole, ils ne craignent plus de s’éloigner des côtes et sillonnent les mers dans tous les sens. Christophe Colomb découvre un monde ; Vaseo de Gain» franchit le cap de Bonne-Espérance, et l’humanité fait la reconnaissance de tout son globe. Après l’apogée, la civilisation tombe en déclin par l’influence du mercantilisme, qui engendre la banqueroute, l’agiotage, l’accaparement, le parasitisme, la falsification de3 denrées. Contre ces fléaux de la civilisation

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agonisante, il n’y a de remède que dans la sixième forme de société, dans le garantisme. Le garantisme Se compose des tentatives que fait le génie social pour passer, de l’état d’incohérence inhérente à la civilisation, à une forme sociétaire mieux ordonnée et plus favorable au développement de la nature humaine. Le motgarantisme exprime clairement en quoi le régime social ainsi désigné diffère de la civilisation. Ce qui caractérise la civilisation, selon l’école fouriériste, c’est l’absence de garanties. » On ne raisonne que de gaian lies, dit Fourier, et l’on ne peut en établir aucune : elles sont nombreuses eu paroles et nulles en réalité ; nulles sur l’objet primordial, sur les subsistances, dont là disette se fait périodiquement sentir ; nulles sur le travail,

qu’on ne peut pas assurer nu peuple ; nulles sur le progrès social, Car nous ne savons pas même élever la civilisation en quatrième phase ; nulles sur les libertés publiques, toujours sacrifiées aux intrigues ; nulles sur l’emploi des deniers publics, dévorés plus audacieusement que jamais par les sangsues ; nulles sur le progrès des lumières nus sciences éludant leur tâche au moyen de contes Sur les voiles d’airain ; nulles sur la vérité, dont on s’éloigne de plU3 en plus par la licence accordée aux astuces commerciales, aux falsifications de toute espèce ; nulles pour les savants, qui sont la classe la plus mal rétribuée, la plus asservie, la plus bâillonnée de toutes les classes a éducation ; enfin nulles pour les-inventeurs, sur qui les sophistes se vengent de leur stérilité. »

Le yaruntisme se définit et se caractérise naturellement par les réformes qu’appellent les abus du commerce civilisé. Il serait salutaire, par exemple, disent les phalanstériens, que le corps commercial devint assureur de lui-même, c’est-à-dire qu’il répondit des banqueroutes de ses membres vis-à-vis des créanciers ; une fois cette solidarité, cette assurance mutuelle établie, le commerce serait plus intéressa qu’uujuurd’hui à prévenir la banqueroute, et il prendrait les moyens d’y parvenir. Ces réformes devraient commencer par certaines corporations qui font courir au public beaucoup de risques, celles des banquiers, agents de change, notaires, etc., etc. 11 est nuisible à plus d un égard que le marchand soit propriétaire des denrées qu’il a mission de placer ; intermédiaire entre le fabricant et le coiisouimateiir, il devrait s’en tenir à la commission, qui est le commerce véridique, le commerce réduit à des bénéfices limités, mais exempts de désastres. Enlever au marchand lu propriété intermédiaire, d’où résultent Souvent l’engorgement des magasins, le dépénssemejii des jnurchundiseset la banqueroute ; transformer l’agent commercial en simple mandataire du producteur, ce serait opérer un grand progrès. Aux falsifications, il faudrait opposer la constatation d’origine. La marque de fabrique obligatoire aurait l’avantage de rendre chaque industriel responsable de ses œuvres. En considérant les déplorables résultats de la concurrence anarchique, n’est-on pas conduit à souhaiter que le gouvernement, représentant de l’unité, intervienne efficacement, et s’empare, pour les régulariser, de certaines branches commerciales, du roulage et du courtage, par exemple ? Les voies de communication, les moyens de circulation qui relient tous les points du sol sont une dépendance naturelle et nécessaire de l’État. Quand l’école phalanstérienne a vu la construction et l’exploitation des chemins de fer abandonnées à des compagnies particulières, -elle a protesté ; car elle a senti qu’on faisait un pas rétrograde et que le pouvoir aliénait son apanage. Maître du roulage et du courtuge, le gouvernement aurait une connaissance exacte ces fabriques et des débouchés ; il pourrait verser sur toutes les opérations commerciales une large et impartiale publicité. C’est de renseignements, de lumières surtout que le commerce a besoin, et les nouvelles adroitement surprises ou même inventées par quelques-uns, les nouvelles, armes terribles dans les mains de l’ègoïsme et de la cupidité, viennent bouleverser k chaque instant la Bourse et l’industrie. L’État, prenant part au commerce, afin de le régulariser, préviendrait ces intrigues.

Le ijaiaiuisme embrasse un grand nombre d’institutions. Quelques-unes existent déjà ; d’autres, dont on soupçonne à peine la possibilité, ou qui n’existent qu’en germe, sont signalées par les fouriéristes comme des réformes urgentes. Pour mettre de l’ordre dans l’étude de ces faits nombreux et variés, il convient d’en faire plusieurs groupes relatifs aux diverses branches de l’activité humaine. Un des plus éminents disciples de Fourier, M. Barrier, distingue, dans ses Principes de sociologie : 1° le garantisme appliqué aux travaux de production industrielle et agricole ; 2° le garantisme commercial, comprenant les fonctions de circulation, c’est-à-dire Ue transport, d’échange, de crédit, d’achat et de vente ; 3° le garantisme appliqué aux fonctions domestiques, ménage et consommation ; le garantisme appliqué aux travaux scientifiques esthétiques, à l’éducation et a l’administration ; 5° le yaruntisme mutuel et philanthropique. Nous suivrons ici cette division.

Garantisme agricole et industriel. L’écola fouriériste trouve dans l’industrie actuelle deux germes de garantisme d’une certaine importance : l’un est le mode actionnaire, seul

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capable de fournir les énormes capitaux nécessaires à certaines entreprises de notre époque : construction des chemins de fer, régénération des villes, grandes usines, etc. Le capital collectif, qui donne à notre production une force inouïe, a encore l’avantage de disséminer le gain ou la perte entra un grand nombre de personnes. Un autre germe de^orantisme est l’emploi du cautionnement, ou garantie industrielle, qui tend à proléger les intérêts engagés contre l’improbitè ou l’incapacité d’une gérance. Pour appliquer sérieusement, et sur une grande échelle, le guranlisme à l’agriculture, il faudrait, suivant Fourier créer ce qu’il appelle des fermes fiscales ou fermes d’asile : fiscales, parce qu’il suppose que ces fermes, entreprises ou patronnées par le gouvernement, seraient lucratives pour l’État ; fermes d’asile, parce qu’on y appellerait les familles de la classe pauvre, à qui l’on procurerait à peu de frais des occupations gaies et très-productives à la grande culture, aux jardins, aux étables et kaes fabriques variées à leur choix. « On pourrait créer ces fermes en proportion d’un dixième de la population rurale ; car, dans les campagnes, sur mille familles, à y en a cent et plus qui n’ont pas de quoi subsister. On fonderait lesdites fermes en nombre d’une par quatre cents familles, afin de pouvoir réunir dans chacune au moins quarante familles formant deux cents personnes. C’est le nombre nécessaire pour atteindre trois buts : subsistance bonne et économique, travaux variés et lucratifs, gestion peu coûteusé. Il ne resterait aucun risque de disette ; la ferme aurait des approvisionnements en silos, en greniers ; aucun gouvernement ne redouterait les famines ; la restauration des chinatures et des forêts serait assurée, en ce que la consommation de bois serait très-diminuée et le vol de bois en même proportion ; quelques poêles remplaceraient les feux de cinquante à cent pauvres familles prodigues du bois qu’elles volent dans les communaux, le vol étant l’occupation de.-i paysans pauvres, des petits ménages si chors à’ la morale. »

M. Barrier se plaît à montrer les conséuences heureuses que l’institution des fermes d’asile ne pourrait, dit-il, manquer de produire. Elles amèneraient la chute du faux commerce en se concertant pour se passer des négociants, faire leurs achats et ventes directement les unes chez les autres ; elles, auraient abondance de denrées en vente, tenant entrepôt pour les petits cultivateurs ou propriétaires, qui déposeraient volontiers à la ferme, attirés surtout par l’appât des avances qui leur seraient faites à prix modique. La chute des marchands serait un effet de libre concurrença, car on ne les empêcherait pas de trafiquer ; mais personne n aurait confiance en eux, parce que les termes et des agences provinciales présenteraient des garanties suffisantes de vérité. La plupart des fabriques abandonneraient les villes pour sa disséminer dans les fermes fiscales, où l’ouvrier, pouvant varier ses travaux, jouirait d’une existence plus douce que dans les villes, où à fait du matin au soir le même ouvrage, au préjudice de sa santé. La comptabilité des termes serait visible k tout actionnaire. Enfin la ferme serait lucrative, en raison du charme qu’elle procurerait aux classes inférieures. «Au lieu de coûter vingt-cinq sous par jour à l’État, dans les dépôts de mendicité, le pauvre en rendrait, au contraire, vingt-cinq dans les fermes ; on le stimulerait par les chances d’avancement en grade ; on lui donnerait l’esprit de propriété en lui attribuant des coupons d’action, et on le soulagerait des frais d’éducation, la ferme devant-y pourvoir par l’essai du régime sériaire et de l’attraction industrielle, dès que les enfants seraient assez nombreux pour former les tribus et les chœurs. •

Garantisme commercial. De tous les éléments économiques, il n’en est pas, selon l’école fouriériste, de plus vicieusement organisé que la fonction commerciale. Fourier et ses disciples nous la montrent placée entre la production et la consommation, faisant peser sur l’une et l’autre un joug devenu, par a force du temps et des choses, presque impossible à secouer. Rien n’arrête ses usurpations Sur deux branches qu’elle devrait se borner à servir ; elle les rançonne à son gré, décide des pris d’achat et de vente, met sans cesse aux prises le sens moral et l’intérêt, favorise l’habitude du mensonge, et voue la plupart de ses agents à l’alternative des gains immoraux, des fortunes scandaleuses, Ou de la ruine et des faillites. Ue qui caractérise le commerce civilisé, c’esi la concurrence individuelleet la propriété intermédiaire. Concurrence sociétaire et consignation continue, tels sont les caractères de la méthode commerciale qui convient au garantisme.

Pourquoi la concurrence individuelle est-elle si féconde en mauvais résultats ? C’est, répond l’école fouriériste, parce que le nombre des marchands étant trop élevé, surtout dans le commerce de détail, la plupart, pour vivre et à plus forte raison pour faire fortune, offrent la vente à bon marché, mais trompent sur la quantité ou la qualité des choses vendues. Toute concurrence réelle, sincère, serait une cause de ruine. Aussi l’abaissement du prix est-il d’ordinaire un leurre et un mensonge, tant il est largement compensé par les sophistications et les fraudes

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de tout genre, que le consommateur ne reconnaît qu’à l’usage des denrées et qu’il se résigne k subir parce qu’il les rencontre partout. Ce qui rend ces fraudes si faciles dans le commerce morcelé, c’est que la boutique du marchand est en quelque sorte, comme le foyer de la vie privée, murée et fermée ii tous les regards. Bans d’autres circonstances, la concurrence exagérée n’a pas d’autre objet que d’écraser des rivaux dans l’espoir d’un monopole qui profitera au plus fort. La concurrence sociétaire, tout autre dans son mécanisme, n’aurait à redouter ni des actions individuelles en scission avec l’action i : olluctive, ni tes défaillances du sens moral chez quelques individus. Etablie dans de bonnes conditions. une ass dation a toujours un sentiment d’honneur plus sûr, un soin plus chatouilleux de sa dignité et de sa réputation. Enfin, ses opérations, du moment où un grand nombre d’intéressés auraient le droit de les suivre et de les surveiller, prendraient, grâce à cette publicité, un caractère véridique. Si l’intérêt du producteur est do réduire le négoce à son véritable rôle, de son côté le consommateur, loin de désirer la concurrence anarchique et réductive, sachant combien lui coûte cher le bas prix apparent des choses, consentirait Sans peine à es payer ce qu’elles valent, mais à la condition de n’être dupe d’aucune fourberie et pourvu qu’aucune intervention parasite ne vint grever les produits. En second lieu, le commerce en consignation supprimant la propriété intermédiaire, l’agent commercial, désormais désintéressé, n’aurait pas plus de raisons pour déprécier la marchandise à acheter que pour renchérir celle qui est à vendre ; sa fonction se bornerait a transmettre la demande et l’olfre d’un prix quelconque du vendeur à l’acheteur, etuice uersu, en produisant des échantillons ou la marchandise elle-même, avec les preuves d’origine et des certificats d’experts compétents.

Fourier a posé les principes de la transformation garantiste du commerce dans les termes suivants : « Dans tout mécanisme, soit matériel, soit politique, la véritable économie consiste à simplifier le jeu des rouages et le nombre des machines, à diminuer les dépenses et les agents plutôt que d’y ajouter. Partant de ce principe, quo penserait-on d’un mécanicien qui, voyant un moulin en bon état, et propre k moudre dix quintaux de grain par jour, proposerait de le remplacer par un autre qui contiendrait dix fois plus de roues, de meules, de bluteaux, etc., et qui exigerait dix meuniers au lieu d’un pour ne moudre que la même quantité de dix quintaux par jour ? Chacun ferait observer à ce mécanicien qu’il est dix fois fou de vouloir décupler la dépense de mouture, et qu’il faut, au contraire, s’évertuer à la diminuer, en simplifiant, s’il se peut, la machine. Il y a dans le commerce trois ordres de mouvements à distinguer et à traiter diversement : 1 oies fonctions utiles qu’il faut protéger, comme le transport, le détail distributif, etc., etc., mais réduire aux voies les plus directes, à la plus grande économie d’agents, de capitaux, etc. ; 2" les fonctions superflues, comme l’agiotage, les complications mensongères, les pullnlations d’agents et autres vices qu’il faut réprimer par l’association et le régime véridique ; 3° les fonctions mixtes, comme certains mercantiles, les manufacturiers qui participent du genre productif et du genre improductif et dont il faut protéger les uns et réprimer les autres. »

Le principal moyen préconisé par Fourier pour opérer la transfiguration gai autiste du commerce consiste dans ce qu’il appelle l’entrejiôl concurrent. Cette institution, donc la maître et les disciples ont décrit le fonctionnement et célébré les avantages, a pour but de liguer les trois fonctions sociales, production, consommation et distribution, contre tout empiétement intermédiaire, de manière it éviter [es frais et les fraudes dont les parasites commerciaux surchargent l’objet mis en circulation ; de réserver tout le bènélico de vente au producteur primitif, sauf une provision pour les frais d agence. Elle comprendrait, pour un grand pays comme la France, des établissements coûteux dans cinq ou six des plus grandes villes, puis d’autres moins considérables dans les villes de deuxième ordre, dans les chefs-lieux de département, d’arrondissement, de canton, dans les communes rurales. Chaque établissement su compose d’un entrepôt et d’une banque ou comptoir. L’entrepôt reçoit la marchandise en consignation dans les magasins appropriés à la nature des denrées, blés, vins, produits manufacturés, et en fait lever des échantillons. L’acheteur, après examen et d’après le prix demandé, conclut le marché ou offre un prix inférieur dont il est pris note. Cette action directe rend tout courtage inutile et économise les frais de ce rouage parasite.

Ces données générales établies, le plus important des avantages attachés a l’entrepôt concurrent est la possibilité de faire l’avance du numéraire commercial au producteur, en attendant la vente de ses produits. Cette avance est, suivant les cas, égale k la moitié, aux deux tiers ou aux trois quarts de la valeur de l’objet déposé, préalablement estimé par un conseil d experts compétents. Cette avance est faite en numéraire ou en warrants. Le numéraire proviendra de diverses sources. D’abord le capital de l’entreprise,