Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 2, Fj-Fris.djvu/362

Cette page n’a pas encore été corrigée

troupes du serment de fidélité, accorda une amnistie complète et laissa le pouvoir à une régence chargée de donner au pays un statut semblable à celui du Piémont. La révolution fut, comme dans toute l’Italie, modérée et honnête ; et lorsque le 10 août 1848, le duc put rentrer à Modène, il retrouva tout à sa place, jusqu’à une montre qu’il avait oubliée dans sa chambre. Pendant l’intervalle qui s’écoula entre l’armistice de Milan et la bataille de Novare, le duc, complètement incertain de l’avenir, cherchait à ménager les libéraux par de mensongères promesses de constitution, tandis qu’il faisait désarmer la garde nationale. Il réorganisa quelque peu son gouvernement, s’assigna une modeste liste civile de 600,000 fr. et établit quatre ministères sous les noms de ministères de l’intérieur, des finances, de la justice et des affaires ecclésiastiques, et de buon governo, c’est-à-dire de la police. Après la bataille de Novare (avril 1849), ses troupes rentrèrent en possession des provinces situées en deçà des Apennins (Massa et Carrare), et s’y livrèrent à de honteux et sanglants excès. En même temps, comme François V n’avait plus peur de la révolution, il proscrivit sans se gêner. Il rappela les jésuites (1850) et confia le jugement des délits politiques à des commissions militaires qui, sur 518 individus jugés, en condamnèrent 470. Ces conseils de guerre étaient formés d’Autrichiens, mais tout le sang versé doit retomber sur la tête du prince, qui ordonnait les exécutions. Pourtant François V consentit à la publication de quelques bonnes lois et de codes plus modernes ; la confiscation des biens fut un peu adoucie. La politique extérieure de François V n’était pas moins tranchée que son administration. Auteur, dès sa jeunesse, d’un plan d’invasion de la France, il refusa toujours de reconnaître Napoléon III, dans l’espoir de voir arriver au trône son beau-frère, le comte de Chambord. Le 11 juin 1859, il partit, poursuivi par la haine de tous ses sujets. Retiré avec ses troupes dans les pays autrichiens, il assista à la bataille de Solferino. Depuis, il a lancé de bruyantes protestations contre la réunion de ses anciens États à l’Italie. Il n’a pas d’enfants, et son frère, l’archiduc Ferdinand, n’a qu’une fille.


FRANÇOIS D’ASSISE (Marie-Ferdinand), ex-roi d’Espagne, né en 1822. Il est neveu du roi Ferdinand VII et fils de l’infant François de Paule, duc de Cadix. Le 10 octobre 1846, il épousa sa cousine germaine, Isabelle II, reine d’Espagne, et reçut le titre de roi. Ce titre toutefois fut purement honorifique, et François d’Assise, tenu à l’écart des affaires publiques, ne joua qu’un rôle complètement effacé. La reine lui conféra le grade de capitaine général des armées, bien qu’il fût le moins belliqueux des hommes. On sait que l’union des deux cousins a été loin d’offrir un exemple d’accord conjugal. Isabelle sut faire sentir à maintes reprises à François d’Assise qu’elle était reine, qu’il n’était que son sujet, et celui-ci se le tint pour dit. Très-dévot, comme la plupart de ses compatriotes, il chercha volontiers l’oubli de ses infortunes conjugales dans de pieuses retraites. À ce sujet on raconte que, dans le célèbre couvent de Calatrava, des coups de couteau furent échangés entre les nonnes, à l’occasion des fréquentes visites de François d’Assise à ce couvent. Il existe au même endroit un tableau fort connu, représentant la Vierge et l’Enfant Jésus ayant à ses côtés saint François d’Assise en grand costume de chevalier de Calatrava. Un plaisant s’avisa un jour d’orner la tête de ce portrait de ces deux jets de lumière que Moïse portait au front en descendant du mont Sinaï, ce qui a fait dire à l’auteur sacré : Facies ejus erat cornuta ; mais on ne tarda point à les effacer. Au mois de septembre 1868, il accompagna à Saint-Sébastien la reine Isabelle, qui se proposait d’avoir une entrevue avec l’empereur Napoléon. On sait que ce fut sur ces entrefaites qu’éclata l’insurrection de Cadix, qui s’étendit comme une traînée de poudre en Espagne et se termina par la chute de la dynastie régnante. Dans ces circonstances si graves, François d’Assise joua, comme toujours, un rôle des plus effacés et ne sut prendre aucune résolution virile. Il passa la frontière de France avec la reine, et vint avec elle habiter Paris. François d’Assise a commandé le 44e régiment d’infanterie et a été colonel du régiment de cavalerie Castilla. Le plus beau trait de sa vie militaire, c’est la revue d’honneur que l’empereur Napoléon ordonna en 1865 pour fêter sa venue en France. « François d’Assise, dit M. Blairet, est un assez bel homme, surtout quand il est assis, ses jambes étant plus courtes que le reste du corps. Il a une figure efféminée, contrairement à celle de sa femme ; autant la voix de celle-ci est dure, rauque, autant celle du roi est maigre, fluette ; on dirait celle d’un chantre du pape. » Pendant le séjour à Paris des deux majestés déchues, leur incompatibilité d’humeur ne fit que s’accroître, et, au commencement de 1870, François d’Assise se sépara de sa femme, qui consentit à lui faire une pension annuelle.


FRANÇOIS (dom Claude), bénédictin de saint-Vannes, né à Paris vers 1559, mort en 1632. Il entra en religion en 1589, prit une part active à la réforme de sa congrégation, fut envoyé au Mont-Cassin pour y examiner les constitutions de ce célèbre monastère, rédigea en partie les nouveaux règlements et se rendit à Paris en 1610, pour les faire approuver. François fut, à douze reprises, président de sa congrégation. On a de lui, entre autres écrits : Propositions d’accommodement pour terminer les difficultés touchant les approbations, élections, etc., des supérieurs de la congrégation (1627).

FRANÇOIS (dom Philippe), bénédictin français de la congrégation de Saint-Vannes, né à Lunéville en 1579, mort à Verdun en 1G35. Il devint prieur de Saint-Airy de Verdun, et écrivit un assez grand nombre d’ouvrages de piété et de controverse religieuse. Les principaux sont : la Règle de saint Benoit, traduite avec des considérations (Paris, 1013) ; la Guide spirituelle pour les nout’cBs(lol0), etc.

FRANÇOIS (Jean), mathématicien et jésuite français, né à Saint-Claude (Franche-Comté) en 1582, mort à Rennes en 1603. Il enseigna les mathématiques et compta parmi ses élèves l’illustre Descartes. Nous citerons parmi ses ouvrages : ia Science de la géographie (Rennes, 1052, in-Sq), OÙ l’on trouve des faits curieux ; ses Éléments des sciences et des arts mathématiques (Rennes, 1655, in-4o) ; Traité des influences célestes (lOCO, in-4o).

FRANÇOIS (Laurent), controversiste et géographe français, né à Arinthod (Franche-Comté) en 1698, mort à Paris en 1782. Après avoir été quelque temps lazariste, il al !a se fixer à Paris, où il donna des leçons particulières, et se livra à la composition d’ouvrages pour défendre la religion contre les attaques des philosophes. C’est en parlant de lui que Voltaire a écrit dans son Épître à d’Alembert :

L’abbé François écrit : le Léthé sur ses rives Reçoit avec plaisir ses feuilles fugitives.

François fut estimé pour son savoir parmi les controversistes du temps. Ses principaux ouvrages sont : Preuves de la religion de JésusChrist contre les spinosisles et les déistes (Paris, 1751, 4 vol. in-12) ; Défense de la religion chrétienne contre les difficultés des incré■dules (Paris, 1755, 2 vol. in-12) ; Réponse aux difficultés proposées contre la religion chrétienne par J.-J. Rousseau dans l'Emile, la Confession du vicaire savoyard et le Contrat social (17C5) ; Examen des faits qui servent de fondement à la religion chrétienne (Paris, 1767, 3 vol. in-12).

FRANÇOIS (Jean-Charles), graveur français, né à Nancy en 1717, mort à Paris en 1769. Cet artiste obscur ne mériterait pas grande attention, malgré son double titre de graveur du cabinet de Louis XV et de conservateur des dessins du roi Stanislas, s’il n’avait fait dans son art des découvertes utiles et perfectionné les procédés déjà connus. C’est à Lyon qu’il fit paraître, pour la première fois, dans une série de modèles de dessins, la gravure fac-similé, imitant à s’y méprendre le dessin original jusqu’aux moindres bavures du crayon. Ce procédé, dont la chalcographie du Louvre résume aujourd’hui la plus grande perfection, n’était pas alors absolument inconnu ; mais François, dans ce premier essai, venait d’y apporter des perfectionnements considérables, et, chercheur

infatigable, il ne devait point s’arrêter en si beau chemin.

En 1757 il réussit, en effet, h. imiter avec la même bonheur, sur du papier teinté, les dessins à crayons multicolores, et même des aquarelles à teintes simplifiées. Il ne faut pas oublier que les planches s’exécutaient sur cuivre, qu’elles étaient préparées à l’eauforte et terminées au burin. Il vint à Paris présenter le spécimen de ce nouveau genre de gravure à M. de Marigny, intendant des beaux-arts. Ce fonctionnaire intelligent, appréciant les efforts de l’inventeur, lui lit donner en récompense une pension de 600 livres sur la cassette du roi.

François fut nommé graveur des dessins du cabinet de Louis XV et de Stanislas, roi de Pologne, qui lui fit graver les vues des constructions et embellissements exécutés à Lunéville, à la Malegrange et à Commerey. Divers artistes : Magny, Bonnel, Demarteau, marchèrent sur les traces de François. Demarteau, non content de l’imiter, voulut s’approprier sa découverte. Il y eut à ce sujet, entre les deux artistes, un long débat, qui fut tranché par des lettres patentes du roi donnant à François le droit exclusif d’exploiter ses procédés. Toutefois, comme Demarteau exécutait généralement ses gravures avec plus de talent que François, elles se vendirent beaucoup mieux que celles de cet artiste. Demarteau fit fortune, tandis que François serait mort de faim sans sa pension sur la cassette royale. Parmi les œuvres qu’il a laissées, il en est, mais en petit nombre, qui valent celles de Demarteau ; citons entre autres : une Charge de cavalerie d’après Parocel ; une Vierge, d’après Vieil ■ un grand Portrait du docteur Quûsnay,

FRANÇOIS (dom Jean), bénédictin de la congrégation de Saint-Vannes, né dans le duché de Bouillon en 1722, mort en 1791. Il devint prieur de l’abbaye de Saint-Arnoutd et de Saint-Clément à Metz. Il s’attacha surtout à l’étude de l’histoire, et fit preuve dans ses ouvrages d’une sagacité et d un esprit critique remarquables. Ses principaux écrits sont : histoire de Metz (Metz, 1709 et ann. suiv., 4 vol. in-4o) ; Dictionnaire roman, wallon, celtique et tudesque, pour servir à l’intelligence

PRAN

des anciennes lois et contrats (1777, in-4o) ; Bibliothèque générale des écrivains de l’ordre de Saint-Benoit (Bouillon, 1777, 4 vol. in-4»).

FRANÇOIS (Alphonse), littérateur et administrateur, né à Paris en 1802. Lorsqu’il eut achevé ses études de droit, il se fit inscrire au barreau de sa ville natale, et publia, à partir de 1828, sous les initiales A. F., des articles politiques et littéraires dans le Journal dès Débats et dans le Constitutionnel. l’artisan des idées libérales, il fut attaché, après la révolution de juillet 1830, à. la direction des affaires civiles au ministère de la justice, devinr, l’année suivante, auditeur au conseil d’État, et fut nommé maître des requêtes en 1833. M. François a rempli ces fonctions sous Louis-Philippe, sous la République, sous l’empire, et a été nommé, en 1806, conseiller d’État en Service extraordinaire. Cette même année, il a recula croix d’officier do la Légion d’honneur. Cet administrateur, qui est doublé d’un homme de lettres, est membre de la Société philotechnique et de plusieurs autres sociétés littéraires. Il est l’auteur de plusieurs pièces de théâtre, parmi lesquelles nous citerons : Molière, comédie en vers, représentée en 1828 au Théâtre-Français ; le Comte de SaintGermain ou Une présentation (1835), comédie en trois actes, en collaboration avec M. N. Fournier, et jouée au même théâtre ; les Ennemis, le Jeunepére, les Diamants de madame, le Filleul, pièces données sous le voile de l’anonyme au Gymnase. On lui doit en outre des traductions du Théâtre complet de Piaule (1845) et de la Vie d’Agricola, de Tacite ; des Notices sur Bervilie, Bignan, Casimir Delavigne, Casimir Bonjour ; des éditions des œuvres de L. Arnault, d’Étienne, des Lettres inédites de Voltaire (3 vol.) ; enfin, dans un tout autre ordre d’idées, RI. François a publié un Manuel des pensions civiles (1840) et un Précis de la législation du conseil d’État dans le Dictionnaire de l’administration.

FRANÇOIS (Charles-Remi-Jules, (graveur distingué, né à Paris en 1809. Élève d’I-Ienriquel-Dupont, il suivit aussi durant plusieurs

années !es cours de l’École des beaux-arts dans l’espoir d’arriver au prix de Rome. N’ayant pu atteindre ce but, quoiqu’il eût été distingué dans les concours préparatoires, et malgré les qualités solides d’un talent très-réel, il prouva bien vite que ce n’était point par impuissance qu’il avait échoué, en exposant, en 1841, le Couronnement d’épines de Van Dyclî. Cette planche n’est pas absolument originale ; elle est l’expression d’une science acquise, d’enseignements puisés aux meilleures sources ; elle représente Henriquel-Dupont, sa manière, son style, l’ombre et la lumière qu’il aime, sa coloration douce, ses blondes harmonies. Cependant l’élève, et cette nuance fut remarquée, n’avait pas eu pour unique objet l’imitation du maître, à la façon des faiseurs de pastiches : on voit que la main est encore inhabile, et que ses tentatives d’indépendance, d’originalité, ont été influencées par l’autorité de ce maître ; que s’il a dû forcément voir, sentir, comprendre comme lui, il a néanmoins développé ce qu’il sentait par une exécution remarquable, où se révèle un véritable tempérament de graveur. Henriquel-Dupont, alors dans tout l’éclat de son grand renom, absorbait dans son rayonnement les succès secondaires, et ceuxlà surtout qui suivaient de loin ou de près la voie qu’il avait ouverte avaient peu de chances d’être remarqués. M.Jules François passa inaperçu aux yeux du grand public. Les artistes cependant avaient observé dans cette planche intéressante tout co qu’elle révélait de promesses. Paul Delaroche, l’un des maîtres les plus difficiles à l’endroit de la reproduction de ses tableaux, et bien qu’Henriquel-Dupont lui-même fût son graveur ordinaire, ne craignit pas de confier à M. François celles de ses peintures qu’il aimait le mieux. Ce qui explique cette faveur, c’est qu’au moment où le peintre de Y Hémicycle se livrait au burin du jeune graveur, ce dernier exposait au Salon (1842) deux morceaux hors ligne : la Vision d’Ezéchiel et le Paradis terrestre, de Raphaël. Aucune médaille ne vint constater la valeur sérieuse, le succès mérité de ces gravures. Mais, en travaillant pour P. Delaroche, il ne pouvait attendre longtemps. En 1847, il exposa les Pèlerins sur ta place Saint-Pierre, d’après ce maître. Le tableau n’est pas un chef-d’œuvre ; mais, comme tout ce qui est sorti de sa brosse, il est assez accidenté de traits heureux pour que la gravure puisse être variée de tous et pittoresque d’effet. La planche de M, François eut co double mérite. Pourtant, le graveur n’ayant pas eu la hardiesse ou la puissance d’exagérer en noblesse de stylo la forme assez bourgeoise du peintre, son œuvre demeura, à ce point de vue, aussi médiocre que l’original. Malgré ces imperfections, que n avaient ni le Paradis ni la Vision, de Raphaël, cette planche valut à l’auteur une troisième médaille. Elle fut suivie du Napoléon à Fontainebleau, qui montre absolument les mêmes qualités et les mêmes défauts. Exposée en 1850, à une époque où le chauvinisme, mal éteint, préparait l’empire, cette planche fut remarquée particulièrement à cause du sujet. Une deuxième médaille remercia M. François de ce qu’il s’était occupé de Napoléon. L’Heureuse mère, le Comte de Feltre et M100' Paul Delaroche, gravures bien supérieures à tous les points de vue, ne

PRAN

furent l’objet d’aucune distinction au Salon de 1S53. En 1555, M. François réunit les pièces capitales de son œuvre, et le public donna la préférence à ses gravures d après les maîtres anciens. Malgré son opinion personnelle, qui lui fait préférer ses reproductions d’après les maîtres vivants, nous croyons, en effet, que les magistrales créations des princes de la peinture doivent être essentiellement sympathiques à. la simplicité large et puissante, à la souplesse de son burin. C’est même en cela surtout qu’il se distingue do son illustre maître Henriquel - Dupont. Co dernier applique aux chefs-d’œuvre de la Renaissance la finesse parisienne de son talent si distingué, si fin et si modeste ; M. François, au contraire, traduit les vivants comme il traduit les morts. Outre les récompenses déjà signalées, il a reçu une médaille da fû classe en 1858. Depuis cette époque, à cause peut-être du double emploi que faisait son talent en face de celui de son frère, ou pour tout autre motif, il est ailé habiter Bruxelles, où il jouit d’une notoriété et d’uno considération méritées à tous égards.

FRANÇOIS (Alphonse), graveur distingué, frère du précédent, né à Paris en 1811. Saisir les nuances presque insensibles qui séparent le talent d’Alphonse François de celui de son frère Jules n est pas chose facile, tant il y a de similitude dans ces deux talents jumeaux, qui semblent procéder du même tempérament. Alphonse n’a pas eu une éducation^ différente de celle de son frère : il a étudié sous le même maître, Henriquel-Dupont ; il a été également, durant plusieurs années, élève de l’École des beaux-arts ; comme son frère, il renonça au prix de Rome juste au moment où il y pouvait prétendre. Ses débuts furent absolument semblables. En 1842, il exposait une excellente gravure, le Portrait du Titien. Déjà, cependant, par le choix du sujet, s’annonçaient des tendances qui n’étaient pas absolument identiques ; Jules préférait, en effet, aux coloristes de Venise les grands dessinateurs de Florence et de Rome. Mais cette nuance a d’autant moins d’importance qu’elle n’entraîne point des différences sensibles dans le style et l’exécution. Alphonse François, en étudiant Titien, Corrége et Véronèse dans les premières années de sa carrière, garda les procédés, obéit aux traditions, aux habitudes de l’atelier Henriquel-Dupont. Néanmoins, ses productions portent l’empreinte des sujets qu’il a abordés, et qui s’éloignent complètement, par leur nature, do ceux que préférait son frère ; tout en se servant en quelque sorte du même burin, il a cherché à donner une idée juste de la couleur et de la lumière, qui constituent la double supériorité du Titien. De cette intention, la seule que Von puisse avoir en traduisant Titien, résultent des effets, une couleur, des nécessités d’exécution qui donnent aux épreuves d’Alphonse un aspect que ne sauraient avoir celles de son frère. Leurs seules dissemblances sont là. Aussi, durant les dix ou douze premières années de la carrière d’AlphonseFrançois, put-on croire qu’il n’y avait qu’un seul et même graveur de ce nom, traitant tour à tour, avec uno grande souplesse, tes coloristes et les dessinateurs. Cette similitude s’amoindrit dés

que les deux frères se livrèrent à l’interprétation de Paul Delaroche, et se partagèrent, en 1839, l’œuvre de ce maître. Il arriva que Jules, plus classique, cherchant la forme surtout dans ces tableaux dont la forme n’est pas le plus réel mérite, s’éloignait sensiblement de son frère, qui, plus jeune, plus moderne et moins familiarisé avec les grandeurs de la ligne, ne poursuivait dans Delaroche que le côté anecdotique et pittoresque. C’est ainsi que ces deux graveurs, se complétant l’un par l’autre et ne pouvant donner que par leur réunion une idée entière de Paul Delaroche, purent se distinguer l’un de l’autre. Le Pic de la Mirandole et le Bonaparte franchissant les Alpes, qui parurent de 1850 à 1853, firent une sorte de notoriété particulière à Alphonse François, et furent accueillis d’une façon très-sympathique, bien qu’ils soient en réalité inférieurs aux planches de son frère. Cette préférence s’explique par la désinvolture d’une exécution plus familière et plus jeune. Une. gravure de st3’le, même très-belle, a quelque chose de froid, d’austère, qui ne séduit pas d’abord ; tandis que celle dont le burin est plus léger, moins sérieux, avec de lestes hachures et des tailles irrégulières, captive l’attention plus vite et charme l’œil. La vogue qui accueillit les gravures d’Alphonse François dure depuis ce moment et est loin de s’affaiblir ; elle atteignit son apogée en 1S67, avec la fameuse MarieAntoinette après sa condamnation. La croix de la Légion d’honneur fut la consécration de ce succès. Alphonse François avait déjà reçu une première médaille en 1851 et un rappel en 1855. Peu après cette récompense, qui a pour les artistes un attrait si puissant, son aîné, qui avait le droit de se croire le plus fort, quitta la France, un peu triste sans doute de ne pas recueillir les hommages dont son frère était comblé. Alphonse François est resté à Paris, et continue à jouir d’una notoriété fort honorable et très-lucrative.


FRANÇOIS DE BONNE-ESPÉRANCE (Crespin, en religion le P.), controversiste flamand, également connu sous le nom latin de Franciscus Bonae Spei, né à Lille en 1617, mort à